Chouette tachetée (sous-espèce caurina) évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

COSEPAC Résumé

Chouette tachetée
Strix occidentalis
sous-espèce caurina

Information sur l’espèce

La Chouette tachetée du Nord (Strix occidentalis caurina) est la sous-espèce de Chouettes tachetées vivant au Canada. Il s’agit d’un strigidé de taille intermédiaire mesurant 45 cm de longueur et ayant une envergure de 90 cm en moyenne. Le plumage et les yeux sont foncés, alors que les disques faciaux sont plus pâles. L’oiseau ne porte pas d’aigrettes. La Chouette tachetée du Nord est génétiquement distincte des autres sous-espèces et de son congénère sympatrique, la Chouette rayée, bien qu’il existe quelques cas d’hybridation.

Répartition

La Chouette tachetée est présente dans l’ouest de l’Amérique du Nord, depuis le sud-ouest de la Colombie-Britannique jusqu’au Mexique. La Chouette tachetée du Nord occupe le sud-ouest de la Colombie-Britannique continentale, l’ouest de l’État de Washington, l’ouest de l’Oregon et les chaînes côtières du nord de la Californie. L’ensemble de la population canadienne de Chouettes tachetées du Nord occupe un territoire d’environ 32 800 km² dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique continentale.

Habitat

La Chouette tachetée du Nord occupe des forêts de conifères d’âges variés caractérisées par un couvert à étages multiples comprenant de nombreux arbres de grande taille à la tête brisée, aux branches déformées et portant de grandes cavités, ainsi que d’abondants chicots de grande taille et d’importantes accumulations de billots et de débris ligneux au sol. Les troncs brisés de grand diamètre, les cavités dans les gros arbres ou d’anciens nids de branches d’autres espèces d’oiseaux sont utilisés pour la nidification. Une plus grande variété d’habitat est requise pour la recherche de nourriture que pour la nidification. La zone de neutralité thermique de la sous-espèce est étroite (c.-à-d. que sa tolérance aux écarts de température est faible). L’habitat est en déclin depuis la colonisation européenne, et ce déclin devrait se poursuivre pendant les 20 prochaines années. La plupart des sites actifs à l’heure actuelle se trouvent à l’intérieur d’aires protégées ou sont protégés par des décrets spéciaux du gouvernement, mais des coupes de bois autorisées par le gouvernement se poursuivent dans certains sites actifs.

Biologie

La Chouette tachetée du Nord est un oiseau longévif au faible potentiel reproducteur. Elle est généralement monogame et résidente. Les couples, qui généralement ne nichent pas chaque année, produisent un ou deux œufs et un ou deux juvéniles jusqu’à l’envol par nidification. En Colombie-Britannique, les juvéniles prennent leur envol entre le 9 et le 26 juin. Ils demeurent à proximité du nid pendant le mois d’août et jusqu’à la fin du mois de septembre avant de se disperser. Le taux de mortalité des juvéniles durant la dispersion est très élevé. Les principales sources d’alimentation de la sous-espèce en Colombie-Britannique sont le grand polatouche et le rat à queue touffue. Le domaine vital dans cette province couvre environ 2 000 à 3 000 ha.

Taille et tendances des populations

Pratiquement aucun inventaire n’a été mené avant 1985. Les inventaires ont commencé en 1992, et les tendances ont fait l’objet de suivis entre 1992 et 2001. Des relevés intensifs se sont poursuivis de 2002 à 2006. On a estimé que la population totale du Canada s’élevait à environ 500 couples avant la colonisation européenne, pour passer à moins de 100 couples en 1991 et à moins de 30 couples en 2002. De récents inventaires ont relevé 17 sites actifs avec 25 individus en 2004, 17 sites avec 24 individus en 2005, 14 sites avec 17 individus en 2006 et 14 sites avec 19 individus en 2007. En l’absence d’une protection accrue de l’habitat et d’un accroissement direct de la population, la disparition du pays semble désormais inévitable et devrait survenir d’ici 2012 si la tendance actuelle se maintient.

Facteurs limitatifs et menaces

Parmi les facteurs limitatifs figurent : la faible productivité annuelle, le haut taux de mortalité des juvéniles, l’absence de recrutement des dernières années, la très faible densité de sites actifs et la grande distance entre ceux-ci, la perte et la détérioration de l’habitat, la diminution présumée de l’immigration en provenance des États-Unis et la concurrence de la Chouette rayée. Parmi les menaces figurent : la détérioration continue de l’habitat par l’exploitation forestière et le développement humain, la détérioration de l’habitat par les feux de forêt et la pullulation d’insectes, l’hybridation avec la Chouette rayée et l’augmentation de la prédation des rapaces qui préfèrent les forêts plus fragmentées.

Importance de l’espèce 

La Chouette tachetée du Nord est l’un des strigidés les plus étudiés du monde et est un symbole de l’environnement au Canada et aux États-Unis. Elle est un prédateur de haut niveau, qui a des besoins spécialisés en matière d’habitat. La sous-espèce se trouve au sommet de la chaîne trophique dans certains écosystèmes de forêts de conifères aux stades avancés de succession sur la côte ouest de l’Amérique du Nord.

Protection actuelle ou autres désignations de statut

La plupart des sites actifs sont protégés à l’intérieur de parcs provinciaux ou d’autres aires protégées. Le plan de gestion de la Chouette tachetée couvre un territoire de 363 000 ha (dont la moitié environ est protégé dans des parcs) dans 19 zones spéciales de gestion des ressources (ZSGR) aménagées spécialement en tant qu’habitat pour la Chouette tachetée. D’autres territoires sont protégés en tant qu’aires temporaires de type Matrix (huit aires) qui seront éliminés progressivement au cours d’une période de 50 ans, ou par des aires d’habitat faunique créées récemment en vue de conserver neuf sites, dont huit étaient déjà des ZSGR. Le plan quinquennal de gestion de la Chouette tachetée annoncé dernièrement vise à maintenir cette espèce au Canada. Un programme national de rétablissement a été préparé et publié dans le Registre public de la LEP.

La Chouette tachetée du Nord figure sur la liste rouge de la Colombie-Britannique et est protégée dans cette province en vertu de la Wildlife Act. L’habitat peut également être protégé en vertu des dispositions de la stratégie de gestion des espèces sauvages désignées (Identified Wildlife Management Strategy) en application de la Forest and Range Practices Act, et des zones de gestion de forêts anciennes. Au Canada, la sous-espèce figure à l’annexe 1 de la LEP, et le COSEPAC lui a accordé le statut d’espèce en voie de disparition en 2000.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril(LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions (2008)

Espèce sauvage
Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’une autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.

Disparue (D)
Espèce sauvage qui n’existe plus.

Disparue du pays (DP)
Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.

En voie de disparition (VD)*
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.

Menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.

Préoccupante (P)**
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.

Non en péril (NEP) ***
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.

Données insuffisantes (DI)****
Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.

* Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.
** Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.
*** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
**** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
***** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

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