Noctuelle d'Edwards (Anarta edwardsii) évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2009

Photo de la noctuelle d’Edwards (Anarta edwardsii) par Gary. G. Anweiler.

En voie de disparition - 2009



COSEPAC
Comité sur la situation
des espèces en péril
au Canada
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COSEWIC
Committee on the Status
of Endangered Wildlife
in Canada

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

COSEPAC.2009. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la Noctuelle d'Edwards Anarta edwardsii au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vi + 29 p. (Rapports de situation du COSEPAC sur le Registre public des espèces en péril)

Le souhaite remercier Nicholas A. Page, qui a rédigé l’ébauche du rapport de situation sur la noctuelle d’Edwards (Anarta edwardsii), et Gary G. Anweiler, qui a participé à la préparation du rapport de situation provisoire. Ces deux rapports ont été préparés en vertu d’un contrat avec Environnement Canada. Tous les changements apportés au cours des étapes subséquentes de la préparation du présent rapport ont été supervisés par Laurence Packer, coprésident du Sous-comité de spécialistes des arthropodes.

Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :

Secrétariat du COSEPAC
a/s Service canadien de la faune
Environnement Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 0H3

Tél. : 819–953–3215
Téléc. : 819–994–3684
Courriel du COSEPAC
Site Web du COSEPAC

Also available in English under the title COSEWIC Assessment and Status Report on the Edward’s Beach Moth Anarta edwardsii in Canada.

Photo de la couverture :
Noctuelle d'Edwards -- Photographie de Gary. G. Anweiler.

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 2009.
No de catalogue : CW69-14/573-2009F-PDF
ISBN : 978-1-100-91919-5

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COSEPAC Sommaire de l’évaluation

Sommaire de l’évaluation – Avril 2009

Nom commun :
Noctuelle d'Edwards

Nom scientifique :
Anarta edwardsii

Statut :
En voie de disparition

Justification de la désignation :
Cette espèce noctuelle n’a été observée au Canada que sur des plages sablonneuses à couverture végétale clairsemée et des habitats de dunes sur la côte de l’île de Vancouver et sur deux petites îles adjacentes dans le golfe. Ensemble, celles-ci ne constituent que 2 localités. Les habitats sont menacés par la succession, les espèces envahissantes, les activités récréatives ainsi que par des changements aux modèles de dépôt de sable attribuables à l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des tempêtes hivernales. L’espèce est actuellement présente dans les îles James et Sydney et dans le parc national du Canada Pacific Rim. Les possibilités d’un échange génétique entre le littoral du Pacifique et d’autres régions sont minimes, et entre les îles du golfe, faibles. Une population n’a pas été observée récemment, et l’espèce n’a pu être observée dans 38 autres localités où l’habitat semble propice.

Répartition :
Colombie-Britannique

Historique du statut :
Espèce désignée « en voie de disparition » en avril 2009. Évaluation fondée sur un nouveau rapport de situation.

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COSEPAC
Résumé

Noctuelle d'Edwards Anarta edwardsii

Information sur l’espèce

La noctuelle d’Edwards est un papillon nocturne robuste de taille moyenne (envergure de 3,2 à 3,8 cm). L’aile antérieure gris-brun est marquée au bord extérieur d’une ligne de points noirs. L’aile postérieure blanche porte une large bande noire mate sur le bord extérieur. Les populations canadiennes se composent de la sous-espèce nominale, qui occupe la plus grande partie de l’aire de répartition de l’espèce edwardsii. Les populations de l’intérieur, dans le sud de la Californie et en Arizona, ont été décrites comme une sous-espèce distincte.

Répartition

L’aire de répartition de la noctuelle d’Edwards englobe les zones côtières du sud de l’île de Vancouver et des îles Gulf adjacentes, en Colombie-Britannique, et s’étend le long de la côte jusqu’au sud de la Californie. Elle est toutefois discontinue : l’espèce est semble-t-il absente de la plupart des zones côtières des États de Washington et de l’Oregon. Au Canada, la présence de l’espèce n’est confirmée à l’heure actuelle que dans deux localités. Il existe par ailleurs deux endroits faisant l’objet de mentions historiques : île Thetis (spécimens uniques capturés en 1966 et en 1971) et baie Mill, sur la péninsule Saanich (un spécimen capturé en 1935).

Habitat

Cette espèce a été capturée dans des milieux sablonneux (plages et dunes) à couvert végétal clairsemé, y compris sur des plages voisines de marais salés. Les substrats sont généralement constitués de sable à granulométrie moyenne, avec un couvert végétal variant de 5 à 35 %. On connaît mal quelles pourraient être les espèces végétales hôtes des chenilles au Canada. Dans l’ensemble de l’aire de répartition, les populations côtières ont tendance à se concentrer dans des groupes d’îles ou des bras de mer, plutôt que sur des plages exposées au vent et aux vagues.

Biologie

Les adultes des populations canadiennes volent de la mi-mai à la fin juillet; ils ne se reproduisent qu’une fois par an. L’accouplement, la ponte, le développement des chenilles et la nymphose n’ont jamais été observés au Canada. La capacité de dispersion de la noctuelle d’Edwards est inconnue.

Taille et tendances des populations

On ne dispose d’aucune estimation quantitative de la taille et des tendances des populations de la noctuelle d’Edwards. Les échantillonnages récents donnent à penser qu’elle peut être abondante par endroits, dans les milieux qui lui sont propices. Divers facteurs contribuent à réduire son habitat et ont vraisemblablement conduit à un déclin des populations. Le recensement le plus récent conduit à conclure qu’elle serait disparue d’un des deux endroits faisant l’objet de mentions historiques. On ne reconnaît que trois populations distinctes de l’espèce, réparties en deux localités. Les données historiques indiquaient l’existence de trois populations supplémentaires, dans deux autres localités.

Facteurs limitatifs et menaces

Au Canada, la noctuelle d’Edwards est confrontée aux facteurs limitatifs et aux menaces suivantes : 1) la spécialisation de l’habitat qui limite la répartition à des milieux côtiers sablonneux rares à l’échelle régionale et isolés les uns des autres; 2) l’élévation du niveau de la mer et la fréquence et l’intensité accrues des tempêtes, qui entraînent une érosion de son habitat sablonneux; 3) l’invasion des derniers sites d’occupation des îles Gulf par le genêt à balais et par le daim, qui réduisent la végétation indigène.

Importance de l’espèce

La noctuelle d’Edwards fait partie d’une liste grandissante d’espèces dont l’habitat se limite aux écosystèmes côtiers sablonneux à couvert végétal clairsemé particulièrement exposés à la destruction ou à la détérioration. Il n’existe plus au Canada que deux colonies de cette espèce largement isolées l’une de l’autre.

Rien n’indique que la noctuelle d’Edwards a ou a déjà eu une importance culturelle ou économique pour les Premières nations.

Protection actuelle ou autres désignations de statut

La noctuelle d’Edwards ne bénéficie d’aucune mesure particulière de protection ni au Canada, ni aux États-Unis. Les noctuelles bénéficient à deux endroits de la protection générale procurée à la faune par les parcs nationaux; un troisième site bénéficie de la protection partielle d’un parc régional, et un autre fait l’objet d’une convention de conservation.

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Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale–provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous–espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous–comités de spécialistes des espèces et du sous–comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions (2009)

Espèce sauvage
Espèce, sous–espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’une autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.

Disparue (D)
Espèce sauvage qui n’existe plus.

Disparue du pays (DP)
Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.

En voie de disparition (VD)*
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.

Menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.

Préoccupante (P)**
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.

Non en péril (NEP)***
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.

Données insuffisantes (DI)****
Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.
*
Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.
**
Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.
***
Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
****
Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
*****
Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.

 

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du


Rapport de situation du COSEPAC sur la Noctuelle d'Edwards Anarta edwardsii au Canada 2009

Table des matières

Liste des figures

Liste des tableaux

Information sur l’espèce

Nom et classification

Nom scientifique :
Anarta edwardsii (Smith, 1888)
Ordre :
Lépidoptères
Superfamille :
Noctuoïdes
Famille :
Noctuidés
Sous-famille :
Hadeninés
Tribu :
Hadenini
Genre :
Anarta
Espèce :
edwardsii
Sous-espèce :
edwardsii
Synonyme :
Trichoclea edwardsii edwardsii (Smith).
Numéro MONA (Moths of North America) :
10255


Citation bibliographique :
Smith, J. B. 1888. New genera and species of North American Noctuidae, pages 460 à 479, Proceedings of the United States National Museum Vol. X, p.460 à 479).
Spécimens types :
Localité type : Indio, Comté de Riverside, Californie. Holotype conservé au Musée national des États-Unis ( US National Museum).
Nom anglais :
Edwards’ Beach Moth
Nom français :
Noctuelle d’Edwards

 

Contexte taxinomique et similarités

L’espèce edwardsii était jusqu’à récemment classée dans le genre Trichoclea, déclaré synonyme d’Anarta (Fibiger & Hacker, 2005). Les espèces nord-américaines de Trichoclea, y compris edwardsii, ont été transférées au genre Anarta par Mustelin (2006). On rencontre en Amérique du Nord 23 autres espèces d’Anarta. La noctuelle d’Edwards est reconnue comme une espèce distincte valide. Les populations canadiennes se composent de la sous-espèce nominale, qui occupe la plus grande partie de l’aire de répartition de l’espèce edwardsii. Les populations de l’intérieur, dans le sud de la Californie et en Arizona, ont été décrites comme une sous-espèce distincte : l’A. edwardsii deserticola (Hill).

Description morphologique

Adulte

La noctuelle d’Edwards est un papillon nocturne trapu de taille moyenne; elle a une envergure de 32 à 38 mm (figure 1). La tête, le thorax, l’abdomen et les antennes sont uniformément gris brunâtre. L’aile antérieure présente une coloration relativement uniforme, exception faite d’une ligne de petits points ou triangles noirs marquant la bordure extérieure. La ligne subterminale floue et rudimentaire n’est formée que de quelques écailles noires aux endroits où elle croise les nervures. Chez la plupart des spécimens, la tache réniforme n’est marquée que par quelques écailles foncées. L’aile postérieure très blanche porte une large bande terminale gris foncé ou noir mat. La frange est gris-brun sur l’aile antérieure, et blanche sur l’aile postérieure. Les ailes antérieures ont tendance à être plus foncées chez les femelles que chez les mâles.

Figure 1 : Mâle adulte de la noctuelle d’Edwards – flèche littorale Sidney, C.-B.

Photo d’un mâle adulte de la noctuelle d’Edwards provenant de la flèche littorale Sidney, en Colombie-Britannique.

Œuf

L’œuf de la noctuelle d’Edwards n’a pas été décrit.

Chenille

Les descriptions suivantes de la chenille et de la chrysalide sont tirées de Comstock et Henne (1941). La chenille mature porte de légères marques vert blanchâtre sur fond de couleur vert pâle. La peau est légèrement translucide, laissant transparaître le tube circulatoire du milieu du dos qui donne une ligne verte plus foncée. Le corps est marqué de bandes longitudinales subdorsales et dorsolatérales blanchâtres et bordées de vert foncé qui partent du premier segment thoracique pour se terminer près de la zone caudale. La bande supérieure est la plus visible. Les pattes vraies et fausses sont un peu plus pâles que la couleur de fond du corps. Les stigmates sont brun foncé, et les mandibules presque noires.

Chrysalide

La chrysalide, effilée aux deux extrémités, mesure environ 19 x 6 mm. Immédiatement après le passage du stade larvaire, elle est de couleur chamois et ornée d’une bande dorsale foncée sur les segments abdominaux. Les stigmates sont brun foncé. Les étuis des ailes couvrent environ les deux tiers de la distance séparant leur base de l’extrémité caudale. Les étuis des yeux sont gros et légèrement proéminents. Le crémaster se compose d’une petite plaque à crêtes latérales, légèrement soulevée, située sur la face ventrale de l’extrémité caudale, ornée de deux épines d’environ 1 mm à l’extrémité parfois bifide. La chrysalide prend une couleur brun rougeâtre foncé juste avant l’émergence de l’adulte (Comstock et Henne, 1941).

Description génétique

Les renseignements dont nous disposons sur la génétique de la noctuelle d’Edwards sont limités. Le projet All Leps Barcode of Life (Biodiversity Institute of Ontario, 2007) a produit des données partielles (environ 350 paires de bases du gène COI) pour un seul spécimen canadien de l’A. edwardsii (Biodiversity Institute of Ontario (en anglais seulement), 2007).

Répartition

Aire de répartition mondiale

On a rencontré la noctuelle d’Edwards sur les plages des côtes est et ouest de l’île de Vancouver et des îles Gulf adjacentes, et sur la côte du continent, jusqu’à San Diego (Californie). L’aire de répartition connue de la sous-espèce edwardsii est discontinue : l’espèce est semble-t-il absente de la zone côtière qui s’étend du nord de l’État de Washington au sud de l’État de l’Oregon (figure 2).

La sous-espèce deserticola se rencontre dans le désert intérieur de la région de Palm Springs, dans le sud de la Californie, et vers l'est, jusqu'en Arizona (California Moth Specimen Database, 2007; Walsh, non daté) (figure 2). La zone d'occurrence mondiale (polygone convexe) couvre environ 350 000 km².

Aire de répartition canadienne

La noctuelle d’Edwards a été capturée sur les plages des côtes est et ouest du sud de l’île de Vancouver, ainsi que sur plusieurs des îles Gulf adjacentes (figure 3). Au cours des 15 dernières années, sa présence n’a été signalée dans le sud de la Colombie-Britannique qu’à 7 endroits, regroupés en 2 localités selon la définition du COSEPAC puisque tous les sites d’échantillonnage sauf un sont groupés dans une petite zone. Les recherches récentes effectuées dans 2 des anciens sites de collecte sont restées vaines. On fait par ailleurs état de 2 captures plus anciennes effectuées dans l’île Thetis (1966 et 1971) et d’une autre effectuée dans la baie Mill, sur la péninsule Saanich (1935). La superficie estimée de la zone d’occurrence canadienne est de 2 050 km².

La zone d’occupation maximale actuelle, telle qu’estimée à l’aide d’une grille de 2X2 km² superposée aux occurrences, s’établit à 20 km² au Canada (28 km² si on tient compte des mentions historiques). Les milieux propices qui existent dans cette zone (sable à couvert végétal clairsemé) sont beaucoup moins étendus, ne représentant que 10 % environ de la superficie totale. Les milieux ont été cartographiés par orthophotographie en 2002 à l’aide du SIG Arcview.

Structure de la population

Au Canada, la noctuelle d’Edwards se rencontre dans des milieux de plages sablonneuses à couvert végétal clairsemé ou sur les plages voisines de marais salés qui sont rares à l’échelle régionale et discontinus. Cette particularité des milieux influe sur la structure de la population. Ces milieux sont créés lorsque l’érosion côtière et le transport du sable à partir de dépôts d’origine glaciaire forment sur la côte de vastes accumulations de sable et en assurent la persistance à long terme. Les zones côtières dominées par le sable sont généralement rares en Colombie-Britannique et ont tendance à former des îlots dans les zones où les conditions physiographiques et les processus côtiers sont propices.

Les milieux côtiers dominés par le sable en Colombie-Britannique ont subi des modifications rapides et importantes sur l’ensemble de l’aire de répartition connue de la noctuelle d’Edwards au cours des 100 dernières années. L’intensité et l’étendue des effets négatifs varient selon leur cause : activités récréatives, construction de routes et d’immeubles, modifications apportées aux régimes de perturbation (p. ex., enrochement des côtes), stabilisation du couvert végétal et incidences des espèces végétales envahissantes et des herbivores. Au moins un des milieux connus a fait l’objet d’une exploitation agricole avant de devenir un parc. Les dunes, flèches littorales et autres communautés à couvert végétal clairsemé constituaient le plus rare des 7 types d’écosystèmes sensibles répertoriés dans le sud-est de l’île de Vancouver entre 1993 et 1997; l’analyse de photographies aériennes et les évaluations sur le terrain ont permis d’établir que les superficies des zones de dunes et des flèches littorales n’atteignaient respectivement que 39,5 et 111,3 ha (Ward et al., 1998).

Les milieux côtiers sablonneux et les marais salés étaient communs au début de la période postglaciaire (Mosher et Thomson, 2000), et l’isolement actuel des populations canadiennes de la noctuelle d’Edwards pourrait découler d’un changement à long terme de l’habitat; les populations actuelles pourraient être les vestiges d’une série de populations anciennes plus vastes et mieux interconnectées.

Il est difficile d’estimer le nombre de populations et d’en comprendre la structure à partir des localités éparses actuelles à cause de l’absence d’information sur la capacité de dispersion de la noctuelle d’Edwards.

Figure 2 : Répartition de la noctuelle d’Edwards en Amérique du Nord

Carte montrant la répartition de la noctuelle d’Edwards en Amérique du Nord.

Les données provenant de l’intérieur de la Californie et de l’Arizona correspondent à la sous-espèce deserticola. Les données de la côte californienne proviennent des îles Channel. Les polygones délimitent la zone d’occurrence de chacune des sous-espèces.

Figure 3 : Répartition de la noctuelle d’Edwards au Canada et dans les régions adjacentes des États-Unis

Carte montrant la répartition de la noctuelle d’Edwards au Canada et dans l’État de Washington adjacent.

Les points noirs désignent les données récentes (postérieures à 1990); les cercles désignent les données plus anciennes (antérieures à 1975); les cercles ombragés désignent les localités récentes de l’État de Washington. Les triangles gris désignent les localités côtières où N. Page a conduit des échantillonnages de 2001 à 2007 sans capturer de spécimens de la noctuelle d’Edwards.

Les échanges de spécimens de noctuelle d’Edwards entre l’île James (trois lieux d’échantillonnage) et l’île Sidney (un lieu d’échantillonnage), séparées l’une de l’autre par un bras de mer de moins de 2 km, sont probablement peu fréquents. Toutefois, des échanges sont probables entre les trois localités d’échantillonnage de l’île James. Il est probable que des échanges limités aient eu lieu par le passé entre l’île de Vancouver et les îles Gulf. La probabilité d’échanges significatifs entre l’île Thetis ou la baie Mill et l’une ou l’autre des populations qui persistent aujourd’hui est toutefois moins élevée, et il est probablement impossible pour les noctuelles de franchir la distance qui sépare les deux localités restantes (ouest de l’île de Vancouver et deux des îles Gulf) (figure 3).

On considère en conséquence qu’il n’existe plus au Canada que trois populations de noctuelle d’Edwards : une sur chacune des deux îles Gulf, et une sur la côte ouest de l’île de Vancouver. Il semble que la population qui se trouvait autrefois sur la côte sud-est de l’île de Vancouver soit disparue. Les populations historiques de l’île Thetis et de la baie Mill risquent de ne plus exister.

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Nous disposons de peu de renseignements sur les besoins particuliers de la noctuelle d’Edwards en matière d’habitat. Au Canada, ce papillon a été capturé dans des milieux sablonneux (plages et dunes) à couvert végétal clairsemé ainsi que sur des plages sablonneuses voisines de marais salés. Dans l’ensemble de l’aire de répartition, les populations côtières ont tendance à se concentrer dans des groupes d’îles ou des bras de mer, plutôt que sur des plages exposées au vent et aux vagues. On ignore l’importance que pourrait avoir, le cas échéant, la végétation des marais salés sur les populations de noctuelle d’Edwards. Les substrats sont généralement composés de sable à granulométrie moyenne, avec un couvert végétal variant de 5 à 35 %. Les plantes communes de ces milieux de plages sablonneuses sont le Leymus mollis (Trin.) Pilger, l’Ambrosia chamissonis (Less.) Greene, le Carex macrocephala Willd. ex Spreng, le Lathyrus japonicusWilld. et le Cakile edentula (Bigelow) Hook. Les plantes communes des marais salés comprennent notamment le Distichlis spicata (L.) Greene, le Salicornia virginica L. et l’Atriplex patula L.

Les lacunes de nos connaissances sur les espèces végétales hôtes des chenilles au Canada compliquent l’évaluation des besoins de la noctuelle d’Edwardsen matière d’habitat. Dans les îles Channel du sud de la Californie, des chenilles ont été capturées et élevées sur l’arroche Atriplex leucophylla (Moq.) D. Dieter (Comstock et Henne, 1941). L’Atriplex canescens est considéré comme l’hôte des chenilles de l’espèce étroitement apparentée Anarta antica en Californie, et les espèces du genre Atriplex sont également reconnues comme les hôtes des chenilles des populations européennes de l’Anarta trifoli et des populations indiennes de l’Anarta arenaria (Natural History Museum, 2007). L’Atriplex patula L., se rencontre communément dans les marais salés et sur les plages côtières du bassin de Géorgie, mais il était rare ou absent à certains endroits où des spécimens de noctuelle d’Edwardsont été capturés.

Les espèces d’Atriplex sont des hôtes connus de plusieurs espèces d’Anarta, et une espèce de ce genre constitue même le seul hôte connu de la noctuelle d’Edwards (en Californie). Toutefois, il convient de noter que l’Atriplex patula, qui n’est pas rare sur certaines plages et dans les marais salés du sud de la Colombie-Britannique, serait semble-t-il une espèce introduite à partir du vieux continent et ne saurait donc avoir servi d’hôte à la noctuelle d’Edwards avant son introduction et son établissement dans cette région. Il est donc plus probable que les chenilles utilisent en guise d’hôtes une ou plusieurs espèces indigènes de chénopodes, ou peut-être une ou plusieurs espèces non apparentées comme les Abronia(Nyctaginacées).

N.A. Page a procédé à une analyse de la végétation dans les localités de capture afin de mieux définir l’association d’espèces végétales particulières avec la noctuelle d’Edwards. Les plantes suivantes étaient les plus communes et les plus abondantes dans un rayon de 15 m des pièges où des noctuelles d’Edwards ont été capturées : Abronia latifolia, Ambrosia chamissonis, Carex macrocephala et Leymus mollis. Toutefois, ces plantes sont communes dans beaucoup de zones de plages sablonneuses où la noctuelle d’Edwards est apparemment absente, et ne sont pas toujours présentes dans les zones où on trouve cette noctuelle. L’Abronia latifolia est considéré comme une riche ressource pour beaucoup de noctuidés, y compris la noctuelle de l’abronie (Copablepharon fuscum), mais elle n’est toutefois pas abondante dans une des zones contenant une population de noctuelles d’Edwards, et ne semble pas être présente dans l’île Thetis ni dans la baie de Mill, où des noctuelles d’Edwards ont été capturées par le passé.

Les hôtes des chenilles de noctuidés non nuisibles sont mal connus, et on ignore si la plupart des espèces d’Anartase limitent à un genre, ou même à une seule espèce végétale hôte, ou si elles dépendent au contraire d’une gamme plus vaste d’hôtes. Seules quelques-unes des espèces végétales hôtes des chenilles ont été identifiées pour le groupe de plus de deux douzaines d’espèces nord-américaines d’Anarta. Au moins une de ces espèces (A. trifoli) qui utilise communément des Atriplex en guise d’hôtes se nourrit également d’une vaste gamme d’autres espèces, y compris divers légumes potagers, et est parfois considérée comme nuisible (Natural History Museum, 2007). Il est donc également possible que la noctuelle d’Edwards utilise plus d’une plante hôte.

L’importance que pourrait avoir la végétation des marais salés pour les populations de noctuelle d’Edwards est mal connue. La noctuelle d’Edwards est souvent abondante sur les plages sablonneuses voisines des marais salés (voir figure 4), mais on en trouve également (en moins grands nombres) à plus d’un kilomètre de ces milieux. Par ailleurs, des échantillonnages effectués dans plusieurs localités où l’habitat de marais salé ou d’une combinaison de marais salé et de plages sablonneuses était considéré comme particulièrement propice aux noctuidés (p. ex., baie Boundary, chemin Tsawwassen, plage Iona, marais salé Lionsgate, portions de la flèche littorale Goose et lagune Witty) n’ont permis de capturer aucune noctuelle d’Edwards.

La sous-espèce deserticola de l’A. edwardsii se rencontre dans les prairies arides et les terrains sablonneux de l’intérieur de la Californie et de l’Arizona. Une autre noctuelle du même genre, l’A. antica, se nourrit d’Atriplex canescens(Pursh) Nutt. Dans les déserts de la Californie, de l’Arizona et du Nevada.

Figure 4 : Caractéristiques environnementales de sites où des noctuelles d’Edward sont été capturées entre 2001 et 2007

a )

Photos montrant les caractéristiques de l’habitat à divers sites où des noctuelles d’Edwards ont été capturées entre 2001 et 2007. Les photos montrent l’habitat à plusieurs sites : l’île Sidney (Colombie-Britannique).

b)

Photos montrant les caractéristiques de l’habitat à divers sites où des noctuelles d’Edwards ont été capturées entre 2001 et 2007. Les photos montrent l’habitat à plusieurs sites : l’île James (Colombie-Britannique).

c)

Photos montrant les caractéristiques de l’habitat à divers sites où des noctuelles d’Edwards ont été capturées entre 2001 et 2007. Les photos montrent l’habitat à plusieurs sites : une dune à Abronia latifolia sur l’île James (Colombie-Britannique).

d)

Photos montrant les caractéristiques de l’habitat à divers sites où des noctuelles d’Edwards ont été capturées entre 2001 et 2007. Les photos montrent l’habitat à plusieurs sites : l’île James (Colombie-Britannique).

e)

Photos montrant les caractéristiques de l’habitat à divers sites où des noctuelles d’Edwards ont été capturées entre 2001 et 2007. Les photos montrent l’habitat à plusieurs sites : une parcelle dense d’Abronia latifolia sur l’île Sidney (Colombie-Britannique).

f)

Photos montrant les caractéristiques de l’habitat à divers sites où des noctuelles d’Edwards ont été capturées entre 2001 et 2007. Les photos montrent l’habitat à plusieurs sites : une bordure de dune et un marais salé sur la flèche littorale Dungeness (État de Washington).

a) île Sidney (C.-B.); b) île James (C.-B.); c) dune à A. latifolia sur l’île James (C.-B.); d) île James (C.-B.); e) parcelle dense d’A. latifolia sur l’île Sidney (C.-B.); f) bordure de dune et marais salé (flèche littorale Dungeness, État de Washington). Toutes les photographies ont été prises par : N.A. Page.

Tendances en matière d’habitat

À défaut de disposer de meilleurs renseignements sur les exigences de l’espèce en matière d’habitat, il est difficile de déduire quelles pourraient être les tendances en cette matière. Toutefois, les renseignements généraux disponibles selon lesquels l’espèce se rencontre dans les milieux côtiers sablonneux à couvert végétal clairsemé -- peut-être, en particulier, dans ceux voisins de marais salés -- donnent à conclure à un déclin de l’habitat propice.

Beaucoup de zones côtières du bassin de Géorgie dominées par le sable ont été modifiées sur l’ensemble de l’aire de répartition connue de la noctuelle d’Edwards au cours des 100 dernières années. Ces changements ont été provoqués par la construction de routes et d’immeubles et par l’aménagement de terrains de golf, par la modification des régimes de perturbation (p. ex., enrochement des côtes), les perturbations dues aux activités récréatives (p. ex., établissement et utilisation de sentiers) et la stabilisation de la végétation due aux effets des plantes envahissantes. Le genêt à balais et le daim réduisent la végétation indigène dans au moins une partie des sites où des noctuelles d’Edwards ont été capturées. Les pertes d’habitat naturel (p. ex., l’érosion des flèches littorales) ont également réduit les superficies propices de milieux sablonneux à couvert végétal clairsemé dans certaines régions. Par ailleurs, la fréquence et l’intensité accrues des tempêtes accélèrent l’évolution de l’habitat dans ces zones. Les dunes, flèches littorales et autres communautés à couvert végétal clairsemé constituaient le plus rare des 7 types d’écosystèmes sensibles répertoriés dans le sud-est de l’île de Vancouver entre 1993 et 1997; l’analyse de photographies aériennes et les évaluations sur le terrain ont permis d’établir que les superficies des zones de dunes et des flèches littorales n’atteignaient respectivement que 39,5 et 111,3 ha (Ward et al., 1998).

La perte progressive de milieux sablonneux dénudés due à la stabilisation de la végétation est la cause principale de la réduction de l’habitat propice aux espèces qui ont besoin de ce type d’habitat sur les côtes canadiennes -- p. ex., Copablepharon fuscum (COSEPAC, 2003). Les sites côtiers dominés par le sable sont formés par une accumulation de sable dépendant de divers processus de transport des sédiments (Thomson, 1981). Les taux de stabilisation de la végétation présentent une variabilité semblable dans le temps, et les tendances récentes de stabilisation observées dans beaucoup de zones de dunes et de flèches littorales du détroit de Géorgie pourraient refléter une période de réduction du transport des sédiments. Il est toutefois plus probable que la stabilisation de la végétation récemment observée soit due à l’action de l’homme. En particulier, l’introduction d’espèces végétales exotiques envahissantes comme le Cytisus scoparius (genêt à balais) et une gamme de graminées exotiques (p. ex., Bromus tectorum, Ammophila arenaria, Dactylis glomerata, Holcus lanatus, Bromus hordeaceus, Vulpia myuros, Anthoxanthum odoratum) ont accéléré le processus de stabilisation. Les mousses indigènes (Tortula ruralis, Racomitrium canescens, Ceratodon purpureus et Bryum capillare) interviennent de concert avec les plantes vasculaires pour coloniser rapidement les surfaces sablonneuses. Le Cytisus scoparius est l’espèce végétale exotique la plus importante des sites côtiers dominés par le sable à cause de sa croissance rapide et de son pouvoir de fixation de l’azote dans les sols sablonneux peu fertiles (Parker, 2002). L’Ammophila arenaria, une graminée envahissante répandue sur les plages extérieures de la côte ouest, de la Colombie-Britannique à la Californie (Wiedemann et Pickart, 1996), est également présent dans certains sites dunaires du sud du détroit de Géorgie. L’accumulation de billes de bois sur certains sites côtiers contribue peut-être également au phénomène de stabilisation.

D’autres incidences comme celles de l’aménagement des terres (p. ex., routes, bâtiments, etc.) ou des utilisations récréatives ont également entraîné le déclin direct de l’habitat. Les activités récréatives pourraient avoir provoqué des dommages localisés dans certaines communautés végétales (p. ex., A. latifolia). En revanche, dans d’autres zones, une perturbation limitée pourrait avoir favorisé la persistance de zones sablonneuses dénudées.

Les modifications des berges -- y compris celles dues à la protection contre l’érosion -- risquent de réduire l’apport en sable et de modifier les processus de transport et de sédimentation. Ces effets risquent de conduire à une stabilisation des dunes.

Des photographies aériennes prises dans le passé ont servi à déterminer l’évolution du couvert végétal dans les trois zones canadiennes de la côte sud-est de l’île de Vancouver ou on rencontre le C. fuscum, une noctuelle apparentée présentant des besoins semblables en matière d’habitat sablonneux. Ces photographies ont été numérisées et mises à l’échelle pour permettre la mesure des divers types de couvert végétal (zones urbaines, arbres et arbustes, graminées et bryophytes, dunes dénudées). Pour les deux zones du nord, les photographies de 1957 ont été comparées à celles de 1995 ou de 1997. Pour la zone du sud, les photographies de 1932 ont été comparées à celles de 1995.

Tableau 1 : Variations de la superficie totale et du couvert végétal dans les localités abritant des C. fuscum
Site Date Sup.
totale
Zones
urbaines
Forêt /
arbustes
Graminées /
bryophytes
Dunes
dénudées
Endroit 1 (région de Comox, C.-B.) 1957 27,5 2,6 3,5 17,0 4,4
1997 28,2 9,2 8,2 8,8 2,2
Variation (ha.)   +0,7 +6,6 +4,7 -8,8 -2,2
Endroit 2 (région de Comox, C.-B.) 1957 5,4 0,0 1,3 3,3 0,8
1996 5,4 0,0 1,9 3,1 0,4
Variation (ha.)   0,0 0,0 +0,6 -0,2 -0,4
Endroit 3 (près de Sidney, C.-B.) 1932 6,8 0,0 0,5 4,0 2,3
1995 6,9 0,0 1,6 3,5 1,8
Variation (ha.)   +0,1 0,0 +1,1 -0,5 -0,5

En règle générale, les variations de la superficie totale sont relativement limitées dans l’ensemble, et les 3 régions laissent constater des pertes comparables, mais variables, de l’habitat dunaire (tableau 1). Deux endroits se sont légèrement étendus (0,7 et 0,1 ha) sous l’effet de l’accrétion du sable, tandis que l’autre est resté stable. Les zones de dunes dénudées ont été réduites aux 3 endroits : réduction de 50 % à 2 endroits (2,2 et 0,4 ha), et réduction de 21 % au troisième (0,5 ha). Les zones de graminées et de bryophytes ont également subi une réduction aux 3 endroits : plus de 52 %; 6 % et 13 %. Les zones couvertes d’arbres et d’arbustes se sont sensiblement étendues aux 3 endroits : 134 %; 46 % et 220 % (gains de 4,7, 0,6 et 1,1 harespectivement). Un seul des endroits examinés a subi une augmentation des zones urbaines (de 2,6 à 9,2 ha, soit 254 %) depuis 1957.

L’augmentation récente de l’intensité et de la fréquence des tempêtes hivernales a entraîné une accélération du transport du sable dans les zones qui ne sont pas stabilisées (figure 5).

Protection et propriété

Un des endroits où l’espèce se rencontre sur l’île Sidney bénéficie de la protection de la Réserve des Îles-Gulf du sud. L’île James est entièrement privée, mais la plupart de l’habitat propice à la noctuelle d’Edwards fait l’objet d’une convention de conservation. Les sites d’observation historique de l’A. edwardsii (île Thetis et baie Mill) se trouvent probablement sur des terres privées, mais on ignore le lieu exact de capture des spécimens. L’habitat des zones du sud-est de l’île de Vancouver se trouve principalement sur des terres des Premières nations, des portions plus petites faisant partie d’un parc régional (0,9 ha) et d’un parc municipal (1,8 ha). Une population bénéficie de la protection du Parc national Pacific Rim. Toutefois, ces « zones protégées » ne mettent pas l’espèce à l’abri de toutes les menaces qui pèsent sur elle.

Biologie

Notre compréhension actuelle de la biologie de cette espèce est fondée sur des données d’échantillonnages limitées recueillies sur le terrain, sur quelques renseignements sur les populations californiennes (Comstock et Henne, 1941; Hill, 1924), et sur les observations effectuées dans l’État de Washington par Lars Crabo (comm. pers.).

Cycle vital et reproduction

Les dates des captures d’adultes effectuées au Canada donnent à conclure qu’il s’agit d’une espèce univoltine dont la période de vol s’étale de la mi-mai à la fin juillet. Les populations californiennes semblent être bivoltines, les périodes de vol s’étalant de la mi-avril à la fin juillet, et d’octobre à novembre. La reproduction coïncide avec la saison de vol, et les adultes meurent probablement peu après.

L’accouplement, la ponte, la nymphose et le comportement d’alimentation des chenilles n’ont pas été observés au Canada. Comstock et Henne (1941) fournissent des renseignements sur la morphologie des chenilles et des chrysalides du sud de la Californie, mais sont avares de commentaires sur l’écologie de l’espèce, mentionnant simplement que les chenilles ont été capturées sur des plants d’Atriplex leucophylla, le long de la côte.

La seule plante hôte reconnue des chenilles de la noctuelle d’Edwards est l’arroche (Atriplex leucophylla); des chenilles ont été observées sur cette plante qui pousse sur les côtes des îles Channel, dans le sud de la Californie (Comstock et Henne, 1941). Des espèces d’Anarta apparentées, y compris l’A. decepta (Amérique du Nord), l’A. arenaria (Inde) et l’A trifoli(région holarctique) utilisent également des espèces d’Atriplex, les deux premières ayant été observées uniquement sur des plants de ce genre, tandis que la troisième utilise une gamme plus vaste de plantes appartenant à d’autres familles, y compris des légumes potagers et en particulier le trèfle (Trifolium), où il arrive qu’elle soit considérée comme une espèce nuisible. L’arroche étalée (Atriplex patula) est présente dans les marais salés et au bord des plages dans l’habitat de la noctuelle d’Edwards sur la côte de la Colombie-Britannique; elle constituerait donc un hôte logique pour les chenilles de cette noctuelle. Toutefois, il semble qu’elle soit rare dans certains milieux où on rencontre la noctuelle d’Edwards ou même absente de ceux-ci. De plus, cette espèce d’arroche est une plante exotique introduite, et n’est donc pas l’hôte original de la noctuelle d’Edwards dans cette région, à moins que la noctuelle n’ait immigré à cet endroit à partir du sud après l’introduction de l’arroche, scénario qui paraît peu probable. Il est plus vraisemblable de penser que la noctuelle se nourrit d’une ou plusieurs des graminées « charnues » qui poussent sur les plages qu’elle fréquente ou à proximité de ces dernières, les choix les plus probables appartenant à la famille des chénopodiacées. Nous savons déjà que l’abronie à feuilles larges (Abronia latifolia) est une plante charnue comestible pour les chenilles de noctuidés; il s’agit du seul hôte connu de la noctuelle de l’abronie (Copablepharon fuscum), une espèce en voie de disparition qui partage certains des milieux de la noctuelle d’Edwards (COSEPAC, 2003).

Prédateurs et parasitisme

Les taux de survie annuels et à plus long terme de la noctuelle d’Edwards sont inconnus. On ne dispose par ailleurs d’aucune information sur les prédateurs, la concurrence intra ou interspécifique, les maladies ou d’autres facteurs qui pourraient influer sur la survie de cette noctuelle.

Physiologie

Au Canada, la période de vol de la noctuelle d’Edwards coïncide avec le réchauffement des températures du début au milieu de l’été. On suppose que le développement larvaire se déroule de la fin de l’été au début de l’automne. Les conditions dans lesquelles s’effectue l’hivernation demeurent inconnues.

Le climat risque d’influer sensiblement sur la répartition de la noctuelle d’Edwards. On ignore par ailleurs quels peuvent être les effets des variations saisonnières de la température sur les périodes de vol et l’accouplement des adultes ou sur la survie des chenilles.

Déplacements et dispersion

La capacité de dispersion de la noctuelle d’Edwards n’a pas été mesurée, et elle est difficile à déduire à partir d’observations portant sur d’autres espèces. Comme les milieux sablonneux sont souvent répartis irrégulièrement en îlots séparés au sein d’un paysage, la dispersion de l’espèce à une telle échelle apparaît très probable. En revanche, sa dispersion entre des milieux plus isolés (p. ex., à l’échelle du paysage, soit sur plus de 10 km), ou entre des îles séparées par des bras de mer est considérée comme peu probable ou très peu fréquente.

Il ne semble pas que l’espèce soit capable de migrer ou de se déplacer régulièrement sur de grandes distances.

Relations interspécifiques

On a observé des chenilles de noctuelle d’Edwards en train de se nourrir sur des plants d’A. leucophylla en Californie (Comstock et Henne, 1941). On ne dispose d’aucune information sur les interactions de cette noctuelle avec d’autres espèces.

Adaptabilité

On ne dispose d’aucune donnée sur l’adaptabilité de la noctuelle d’Edwards. Elle n’a pas été élevée en captivité, bien que Comstock et Henne (1941) aient, semble-t-il, utilisé des sujets élevés en laboratoire aux fins de leurs observations morphologiques.

Taille et tendances des populations

Activités de recherche

Deux stratégies d’échantillonnage ont servi à la recherche des noctuelles d’Edwards. L’espèce a d’abord été piégée sur des plages sablonneuses et dans les milieux de dunes ou de prés côtiers dans le cadre d’une étude plus large visant la noctuelle de l’abronie (Copablepharon fuscum) et d’autres noctuelles des dunes de la côte de la Colombie-Britannique (voir figure 3). Le choix des aires d’échantillonnage obéissait à une approche générale et visait à prendre en compte diverses communautés végétales et conditions de substrat au sein des milieux côtiers. Au total, 35 localités d’échantillonnage réparties sur la côte ouest de l’île de Vancouver et dans la région du Puget Sound (État de Washington) ont été échantillonnées de mai 2001 à juin 2007; on a déployé de 1 à 3 pièges par localité. Des échantillonnages répétés ont été effectués dans plusieurs localités, et l’activité de capture s’est établie à 60 nuits-pièges (un piège déployé pendant une nuit = 1 nuit-piège). La figure 3 indique les endroits où la plupart des échantillonnages ont été effectués. Tous les échantillonnages ont utilisé des pièges Robinson modifiés à piles.

Des échantillonnages ciblés ont également été effectués dans des communautés végétales renfermant des A. patula dans 12 régions de la côte de la Colombie-Britannique à cause de l’association signalée entre l’A. edwardsii et l’A. leucophylla en Californie. Les pièges ont été déployés dans des milieux de plages sablonneuses et de marais salés abritant des A. patula.

Ces études ont conduit à la capture de 266 noctuelles d’Edwards adultes dans des sites d’échantillonnage de l’île James, de l’île Sidney, de la côte ouest de l’île de Vancouver et de l’État de Washington (flèche littorale Dungeness). On a procédé à des échantillonnages répétés sur un des sites de l’île Sidney (2001, 2004, 2006 et 2007) afin de mieux définir les caractéristiques de l’habitat. Lars Crabo a également trouvé régulièrement des noctuelles d’Edwards à la base de la flèche littorale Dungeness (État de Washington) au début des années 1990, et en a récemment capturé beaucoup (> 50) au voisinage d’un marais salé de l’île Henry (État de Washington) (immédiatement à l’est de Roche Harbour, sur l’île San Juan). On a également fait état d’une capture non confirmée à Roche Harbour (L. Crabo, comm. pers.). Des spécimens de noctuelle d’Edwards conservés dans la collection Troubridge du musée Strickland de l’Université de l‘Alberta (University of Alberta Strickland Museum [UASM]) ont également été capturés dans la zone côtière de la Colombie-Britannique par J. Troubridge.

Le tableau 2 énumère les localités d’échantillonnage et indique le nombre de noctuelles d’Edwards capturées dans chacune d’elles par N. Page au cours de la période d’étude; il ne tient pas compte des données fournies par L. Crabo pour l’État de Washington.

Aucun nouveau spécimen n’a été capturé dans deux des sites où la présence de l’espèce avait déjà été confirmée en 1994 et 1995 par Troubridge (flèche littorale Cordova et plage Island View) malgré les recherches effectuées à ces endroits au cours des récentes années par N.A. Page.

Tableau 2 : Captures de noctuelles d’Edwards effectuées au Canada et dans l’État de Washington (de 2001 à 2007)
Localité d’échantillonnage Date Nombre de captures par piège
Parc national Pacific Rim 12 juin 2001 1*
Île Sidney 23 juillet 2001 23
Île Sidney 11 juin 2002 11
Flèche littorale Dungeness, WA 12 juin 2002 3
Île Sidney 11 juin 2004 1
Île Sidney 23 juin 2006 4
Île Sidney 23 juin 2006 1
Île James 27 juin 2007 177
Île James 27 juin 2007 19
Île James 27 juin 2007 27

Par N. A. Page.
* Nombre de noctuelles capturées à cette date inconnu; un spécimen déposé dans la collection du UASM

Abondance

Au total, 266 spécimens de noctuelle d’Edwards ont été capturés, à raison de 1 à 177 individus par piège (moyenne de 30 par piège) au cours des récentes campagnes d’échantillonnage conduites par Page (tableau 2). Là où elle se rencontrait, cette espèce était souvent la plus abondante de toutes les noctuelles capturées, donnant ainsi une indication de son abondance locale. Le grand nombre d’individus capturés dans une des localités de l’île James (177) montre que si l’espèce est rare à l’échelle régionale, elle peut néanmoins être abondante localement.

En raison des incertitudes qui se rattachent à l’évaluation du succès de capture, à la nature de l’habitat propice et à d’autres facteurs, il est impossible d’estimer la taille des populations de l’A. edwardsii à l’aide des données disponibles.

Fluctuations et tendances

On ne dispose d’aucune donnée sur les fluctuations et tendances des populations de noctuelle d’Edwards. Il est difficile d’obtenir des renseignements détaillés sur la taille, les fluctuations et les tendances des populations d’insectes nocturnes rares. Il est à prévoir que plus la perte ou la détérioration des milieux sablonneux des plages et des marais salés adjacents et du couvert végétal naturel de ces milieux sont importantes, plus graves seront leurs incidences sur les populations de noctuelles. On ne dispose d’aucune donnée permettant de conclure à des fluctuations mesurables des populations. Les tendances de la réduction et de la détérioration de l’habitat devraient être négatives dans l’ensemble.

Immigration de source externe

La population de noctuelles d’Edwards la plus proche de celles qui se trouvent au Canada -- dans les régions des îles James et Sidney -- est celle de l’île Henry (État de Washington); elle en est séparée par un bras de mer d’environ 12 km de largeur). Les noctuelles de la flèche littorale Dungeness (État de Washington) se trouvent environ 52 km plus au sud, et cette distance comprend 32 km de mer libre. Il est possible d’envisager, à long terme, une immigration à partir de l’île Henry, mais une immigration à partir de la flèche littorale Dungeness est peu probable.

Facteurs limitatifs et menaces

Habitat

La noctuelle d’Edwards se rencontre dans les milieux sablonneux à couvert végétal clairsemé et sur les plages sablonneuses voisines des marais salés. Ses besoins particuliers en matière d’habitat − notamment les besoins des chenilles en matière de plante(s) hôte(s) − restent inconnus. L’association de l’espèce avec un habitat côtier rare est considérée comme un facteur limitatif puisqu’elle limite la répartition de l’espèce à des milieux côtiers rares à l’échelle régionale et isolés les uns des autres.

Perte d’habitat

La menace principale qui pèse sur les populations de noctuelle d’Edwards est la perte ou la détérioration des milieux de plages sablonneuses à couvert végétal clairsemé due à des perturbations anthropiques ou naturelles.

Les effets possibles du changement climatique sur la noctuelle d’Edwards sont complexes, mais probablement surtout négatifs. L’élévation du niveau de la mer menacera directement l’habitat. Les flèches littorales et les dunes sont particulièrement exposées à la détérioration lorsque l’élévation du niveau de la mer s’accompagne d’une augmentation de l’intensité et de la fréquence des tempêtes. L’élévation historique du niveau de la mer à Victoria a été estimée à 3,1 cm sur une période de 50 ans à partir des données recueillies entre 1910 et 2003 (ministère de l’Environnement de la Colombie-Britannique, 2008). En revanche, un accroissement des effets de détérioration des côtes et le transport des sédiments lié à une fréquence accrue des tempêtes pourraient favoriser la création de milieux de sable dénudés favorables à l’espèce. Néanmoins, le transport du sable pendant les tempêtes hivernales exposera inévitablement les insectes hivernants à une prédation accrue.

L’incidence croissante des grosses tempêtes entraîne une disparition des milieux sablonneux dans la portion sud-est de l’aire de répartition de l’espèce au Canada. La figure 5 illustre les changements survenus dans l’habitat sablonneux de la région de la flèche littorale Cordova et de la plage Island View (île de Vancouver), d’où la noctuelle d’Edwards semble être disparue récemment. On constate que des changements considérables sont survenus entre 2005 et 2007 sous l’effet des tempêtes hivernales, et ce processus se poursuit.

Figure 5 : Orthophotos de la plage Island View et de la flèche littorale Cordova, sur l’île de Vancouver, en 2005 (à gauche) et en 2007 (à droite), montrant la perte de sable due aux effets des tempêtes hivernales. Cet effet s’est poursuivi au cours de l’hiver 2008–2009

Orthophotos de la plage Island View et de la flèche littorale Cordova, sur l’île de Vancouver; une des photos a été prise en 2005 et l’autre en 2007. La comparaison de ces deux photos montre la perte de sable due aux effets des tempêtes hivernales. Cette perte s’est poursuivie au cours de l’hiver 2008 2009.

Les activités récréatives et la mise en valeur des côtes ont réduit la quantité et la qualité de l’habitat propice à l’espèce. L’île James a récemment fait l’objet de projets de mise en valeur, mais une convention de conservation des zones sablonneuses de l’ouest, du nord et du nord-est de l’île conclue entre le propriétaire et CNC interdit les travaux de mise en valeur de l’habitat important de l’espèce et ouvre la voie à une conservation active du milieu.

Espèces envahissantes

Le genêt à balais et le daim introduits sur les îles James et Sidney y causent d’énormes dégâts. Le genêt à balais étouffe la végétation indigène, et le daim la consomme tout en évitant généralement de s’attaquer aux plantes envahissantes.

Préoccupations relatives à la conservation d’espèces similaires

La noctuelle de l’abronie est une espèce en voie de disparition dont les milieux particuliers -- les plages et les dunes − ressemblent à ceux que fréquente la noctuelle d’Edwardssur les côtes du sud de la Colombie-Britannique. D’autres noctuidés rarement capturés sont plus ou moins limités, au Canada, aux plages côtières du sud de la Colombie-Britannique : l’Apamea maxima (Dyar), l’Oligia tusa (Grote), le Lasionycta wyatti(Barnes & Benjamin), le Lasionycta arietis(Grote), l’Agrotis gravis Grote et l’Euxoa wilsoni(Grote) (Troubridge et Crabo, 1996).

Importance de l’espèce

L’aire de répartition canadienne de la noctuelle d’Edwards est strictement limitée. On ne trouve cette espèce que dans les écosystèmes côtiers sablonneux à couvert végétal clairsemé de la Colombie-Britannique dont les milieux sont actuellement en train de changer ou de se détériorer.

Rien n’indique que la noctuelle d’Edwards a ou a déjà eu une importance culturelle ou économique pour les Premières nations.

Protection actuelle ou autres désignations de statut

La noctuelle d’Edwards ne bénéficie actuellement d’aucune protection au Canada ni aux États-Unis. Les noctuelles bénéficient à deux endroits de la protection générale procurée à la faune par les parcs nationaux; un autre groupe bénéficie d’une protection partielle dans un parc régional, et un dernier bénéficiera désormais de la mise en œuvre d’une convention de conservation. Les renseignements dont on dispose aux États-Unis sont insuffisants pour permettre d’établir le statut de l’espèce (Natureserve, 2007).

Résumé technique

Anarta edwardsii

Noctuelle d’Edwards
Edwards’ Beach Moth

Répartition au Canada : sud-ouest de la Colombie-Britannique (sud de l’île de Vancouver et îles Gulf adjacentes)

Données démographiques

Durée d’une génération (âge moyen des
parents dans la population)
1 an ou moins
Pourcentage soupçonné de la réduction du nombre total d’individus matures au cours des cinq ou dix dernières années ou deux ou trois dernières générations
Inconnu; la disparition de localités depuis 1994 a probablement entraîné un certain déclin
Pourcentage soupçonné de la réduction du nombre total d’individus matures au cours des cinq ou dix prochaines années ou deux ou trois prochaines générations
Inconnu; déclin probable dû à la perte de milieux sablonneux et à l’incidence des plantes envahissantes
Pourcentage soupçonné de la réduction du nombre total d’individus matures au cours de toute période de cinq ou dix ans ou deux ou trois générations, couvrant une période antérieure et ultérieure
Inconnu; déclin probable dû à la perte de milieux sablonneux et à l’incidence des plantes envahissantes
Les causes du déclin sont–elles clairement réversibles?
Il serait possible, mais coûteux, d’éliminer le genêt à balais; le retrait du daim serait possible, mais prêterait probablement à controverse. Les incidences du changement climatique sont probablement irréversibles.
Les causes du déclin sont–elles comprises?
En partie
Les causes du déclin ont–elles cessé?
Non
Tendance observée du nombre de populations
Une des populations a disparu
Y a–t–il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures?
Inconnu
Y a–t–il des fluctuations extrêmes du nombre
de populations?
Non

Information sur la répartition

Superficie estimée de la zone d’occurrence (fondée sur les données de répartition et
sur le polygone convexe)
2 050 km²
350 000 km²
Tendance observée dans la zone d’occurrence
Léger déclin observé au Canada depuis 1994
Y a-t-il des fluctuations extrêmes dans la zone d’occurrence?
Non
Indice de la zone d’occupation (IZO)
Selon une grille de 2X2 km²superposée aux occurrences connues, 16 km² pour les 10 dernières années, 20 km²pour les 15 dernières années, 28 km² en incluant les mentions historiques
Tendance observée dans la zone d’occupation
Déclin observé au Canada depuis 1994
Y a-t-il des fluctuations extrêmes dans la zone d’occupation?
Non
La population totale est-elle très fragmentée?
Oui, les deux localités connues sont largement séparées par un habitat inadapté à l’espèce
Nombre d’emplacements actuels
Il existe à l’heure actuelle deux emplacements connus au Canada
Tendance du nombre d’emplacements
Déclin probable (l’île Thetis et la baie Mill ne sont peut-être plus occupées).
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’emplacements?
Non
Tendance de la qualité, ou l’étendue de l’habitat
Déclin

Nombre d’individus matures dans chaque population

Population
Nombre d’individus matures
Total :
Inconnu
Nombre de populations (emplacements) :
3 populations (6 historiquement); 2 emplacements; (4 historiquement)

Immigration de source externe

Statut ou situation des populations de l’extérieur?
États-Unis : Deux populations connues dans l’État de Washington; affichent vraisemblablement des tendances similaires à celles des populations canadiennes; nombreuses populations en Californie, mais aucune donnée disponible sur les tendances.
Une immigration a-t-elle été constatée ou
est-elle possible?
Aucune connue. Aucune non plus aux États-Unis, à l’exception possible des populations des îles San Juan (Washington).
Des individus immigrants seraient ils adaptés pour survivre au Canada?
Oui
Y a t il suffisamment d’habitat disponible au Canada pour les individus immigrants?
Oui, probablement
La possibilité d’une immigration de populations externes existe–t–elle?
Peut-être, mais son importance serait limitée

Statut existant

COSEPAC:
Désignée « en voie de disparition » en avril 2009.

Statut recommandé et justification de la désignation

Statut :
En voie de disparition
Code alphanumérique :
B1ab (i,ii,iii,iv) + 2ab (i,ii,iii,iv)

Justification de la désignation :
Cette espèce noctuelle n’a été observée au Canada que sur des plages sablonneuses à couverture végétale clairsemée et des habitats de dunes sur la côte de l’île de Vancouver et sur deux petites îles adjacentes dans le golfe. Ensemble, celles-ci ne constituent que 2 localités. Les habitats sont menacés par la succession, les espèces envahissantes, les activités récréatives ainsi que par des changements aux modèles de dépôt de sable attribuables à l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des tempêtes hivernales. L’espèce est actuellement présente dans les îles James et Sydney et dans le parc national du Canada Pacific Rim. Les possibilités d’un échange génétique entre le littoral du Pacifique et d’autres régions sont minimes, et entre les îles du golfe, faibles. Une population n’a pas été observée récemment, et l’espèce n’a pu être observée dans 38 autres localités où l’habitat semble propice.

Applicabilité des critères

Critère A (Déclin du nombre total d’individus matures) : pas assez connu

Critère B (Petite aire de répartition, et déclin ou fluctuation) : Correspond au critère de la catégorie « en péril », B1ab (i,ii,iii,iv) + 2ab (i,ii,iii,iv), car la taille de la zone d’occurrence est inférieure à 5 000 km², l’IZO atteint au plus 24 km² dans 2 sites largement séparés, une population a disparu depuis 1994, et on assiste à une réduction constante de la qualité de l’habitat due à la fréquence et à l’intensité accrues des tempêtes hivernales, au broutage de la végétation indigène par les daims introduits, et à la concurrence exercée par le genêt à balais sur les plantes-hôtes des chenilles.

Critère C (Petite population et déclin du nombre d’individus matures) : pas assez connu

Critère D (Très petite population ou aire de répartition limitée) : Correspond au critère de la catégorie « menacée », D2, puisqu’on dénombre moins de 5 localités.

Critère E (Analyse quantitative) : Non effectuée

Sources d’information

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Sommaires biographiques des rédacteurs du rapport

Nicholas A. Page est un biologiste qui se consacre à l’évaluation et à la gestion des espèces et des écosystèmes. Ses domaines de spécialité comprennent la planification des bassins versants, l’écologie des communautés végétales et l’étude des espèces d’invertébrés rares. Il a obtenu une maîtrise ès sciences à l’Institut pour les ressources, l’environnement et la durabilité (Institute for Resources, Environment, and Sustainability) de l’Université de la Colombie-Britannique en 2003. Son mémoire portait sur les effets régionaux et locaux de l’envahissement des communautés végétales de plages de l’île de Vancouver (C.-B.) par des plantes exotiques. Il a rédigé le rapport de situation du COSEPAC sur la noctuelle de l’abronie, espèce du genre Copablepharon en voie de disparition qui vit dans des dunes, en bordure du détroit de Géorgie (C.-B.). M. Page mène actuellement des recherches sur trois autres espèces du genre Copablepharon (C. grandis, C. viridisparsa et C. absidum) qui vivent dans des milieux sablonneux à couvert végétal clairsemé des Prairies canadiennes, ainsi que sur le damier de Taylor, un papillon de la région côtière de la Colombie-Britannique en voie de disparition.

Gary G. Anweiler est adjoint aux recherches au Musée entomologique Strickland de l’Université de l’Alberta. Il bénéficie d’une vaste expérience dans l’étude des noctuidés de l’ouest du Canada. Il est l’auteur ou le coauteur de cinq ébauches de rapports de situation du COSEPAC sur des noctuidés de l’ouest du Canada.

Remerciements

Nous souhaitons remercier les personnes suivantes qui ont fourni les renseignements utilisés pour la préparation du présent rapport et contribué aux échantillonnages sur le terrain : Jim Troubridge (Agriculture et Agroalimentaire Canada), Lars Crabo (Bellingham, État de Washington), Jennifer Heron (ministère de l’Environnement de la Colombie-Britannique), Todd Golumbia (Agence Parcs Canada), parcs du district régional du Grand Vancouver (Metro Vancouver Parks), Bob Allan (ministère de la Défense nationale, CFB Comox), parcs de la Colombie-Britannique (BC Parks) et Parcs Canada. Jim Troubridge a gracieusement identifié tous les spécimens capturés dans le cadre du présent travail. Rob Cannings (musée royal provincial de la Colombie-Britannique [Royal British Columbia Museum – RBCPM]) et Karen Needham (Université de la Colombie-Britannique) ont gracieusement transmis les données figurant sur les étiquettes des spécimens de noctuelle d’Edwards qui se trouvent dans leurs collections respectives. Michael Bradstreet et David Fraser ont fourni des renseignements utiles sur l’habitat de l’espèce en Colombie-Britannique.

La préparation du présent rapport a bénéficié d’une aide financière d’Environnement Canada.

Experts contactés

  • Crabo, L. Entomologiste, Bellingham (État de Washington).
  • Heron, Jennifer. Biologiste, ministère de l’Environnement de la Colombie-Britannique, Vancouver (Colombie-Britannique).
  • Lafontaine, J. D. Chercheur, Collection nationale canadienne d'insectes, arachnides et nématodes, Agriculture et Agroalimentaire Canada, Ottawa (Ontario).
  • McCabe, T.Conservateur d’entomologie, entomologiste d’État, New York State Museum, New York (État de New York).
  • Troubridge, J. T. Directeur, collection d’insectes, Collection nationale canadienne d'insectes, arachnides et nématodes, Agriculture et Agroalimentaire Canada, Ottawa (Ontario).

Collections examinées

Les collections suivantes ont été contactées ou visitées :

  • Collection nationale canadienne d'insectes, arachnides et nématodes (personne-ressource : Jim Troubridge).
  • RBCPMVictoria (personne-ressource : Rob Cannings).
  • Musée d’entomologie George J. Spencer, Université de la Colombie-Britannique (personne-ressource : Karen Needham).
  • Jim Troubridge, collection privée (aujourd’hui répartie entre la Collection nationale canadienne et la collection du musée Strickland de l’Université de l’Alberta [UASM])
  • Lars Crabo, Bellingham (État de Washington) – collection privée
  • UASM Edmonton (personne-ressource : D. Shpeley)

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