Noyer cendré (Juglans cinerea) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

COSEPAC
Résumé

Noyer cendré
Juglans cinerea

Information sur l’espèce

Le noyer cendré (Juglans cinerea) est un arbre de la famille des Juglandacées, de dimensions petites à moyennes, qui dépasse rarement 30 mètres de hauteur. Si la profondeur du sol le permet, l’arbre produit généralement une racine pivotante ainsi que de nombreuses racines latérales qui s’étendent à grande distance. Les feuilles sont alternes et composées-pennées et comportent 11 à 17 folioles opposées et presque sessiles. Les rameaux sont robustes, pubescents, de couleur orange jaunâtre, à moelle cloisonnée. Le fruit est une noix ovoïde renfermant une seule graine; la coque de la noix est marquée de crêtes aiguës irrégulières, et le brou est couvert d’un duvet dense de poils courts et visqueux. Le noyer cendré ressemble au noyer noir (J. nigra). Cependant, chez le noyer cendré, les rameaux et les feuilles sont pubescents, la foliole terminale est aussi grande que les latérales, et la noix est ovoïde, à crêtes aiguës et à brou pubescent; chez le noyer noir, les rameaux et les feuilles sont glabres ou très faiblement pubescents, la foliole terminale est manquante ou plus petite que les latérales, et la noix est globuleuse, à crêtes arrondies et à brou presque glabre.

Répartition

Le noyer cendré est endémique du nord-est de l’Amérique du Nord, où il est présent depuis l’Arkansas et l’Alabama jusqu’au Minnesota et au Nouveau-Brunswick. Au Canada, l’espèce pousse dans le sud de l’Ontario et du Québec ainsi qu’au Nouveau-Brunswick.

Habitat

Le noyer cendré est commun dans les milieux riverains, mais il se rencontre également dans les loams riches, humides et bien drainés ainsi que dans les graviers bien drainés, particulièrement d’origine calcaire.

Biologie

Le noyer cendré est un arbre angiosperme qui vit relativement peu longtemps, ne tolère pas l’ombre et est monoïque (les fleurs mâles et femelles sont distinctes, mais produites par le même individu). Il commence à produire des noix vers l’âge de 20 ans, atteignant une production maximale entre 30 et 60 ans et donnant une bonne quantité de noix tous les deux ou trois ans. Le noyer cendré peut se multiplier par voie végétative, au moyen de rejets de souche. Les données actuelles semblent indiquer que l’espèce présente une faible diversité génétique, parmi ses populations et à l’intérieur de chacune, mais il faudrait des recherches plus approfondies pour pouvoir confirmer le degré de variabilité génétique existant chez l’espèce au Canada.

Taille et tendances des populations

À l’intérieur de son aire de répartition canadienne, le noyer cendré est répandu et se rencontre principalement comme composante mineure de certains peuplements de feuillus. Cependant, on en trouve de grands peuplements purs dans certaines plaines inondables. Jusqu’à présent, peu d’efforts ont été consacrés au recensement de ces populations. Selon des estimations très prudentes, l’effectif de l’espèce comprendrait environ 13 000 arbres en Ontario et entre 7 000 et 17 000 arbres au Nouveau-Brunswick. Au Québec, on en a signalé 378 sites, dont 39 où le noyer cendré constitue au moins 25 p. 100 de la surface terrière. Selon les données disponibles pour l’Ontario, la fréquence du chancre du noyer cendré est élevée dans cette province, de nombreux noyers cendrés sont en mauvaise santé, et on commence à signaler des cas de mortalité sans doute imputables au chancre du noyer cendré.

Facteurs limitatifs et menaces

Le chancre du noyer cendré (Sirococcus clavigignenti-juglandacearum V.M.G. Nair, Kostichka et Kuntz) est une grave menace pour le noyer cendré. Aux États-Unis, la mortalité due à ce champignon fait l’objet d’un suivi dans le cadre du programme Forest Inventory and Analysis (FIA) ainsi que d’études ciblées. Malgré le risque d’erreur associé à toute méthode d’échantillonnage, les résultats du programme FIA semblent indiquer que le taux de mortalité du noyer cendré est élevé dans ce pays. Ainsi, le taux de mortalité estimatif atteint 77 p. 100 en Caroline du Nord et en Virginie. Par ailleurs, les études ciblées menées au Wisconsin, où la maladie a été signalée pour la première fois, révèlent que la proportion d’arbres infectés est passée de 30 p. 100 à 91 p. 100 entre 1976 et 1992.

Le chancre du noyer cendré s’est propagé vers le nord et vers l’est dans l’aire de répartition canadienne du noyer cendré et se rencontre maintenant dans les trois provinces où l’arbre est présent. On ne connaît pas de façon exacte les taux de mortalité du noyer cendré au Canada, mais les observations concernant la mortalité ainsi que les données du Service canadien des forêts sur la répartition du chancre recueillies dans la plus grande partie de l’aire canadienne du noyer cendré permettent de prévoir des taux semblables à ceux signalés aux États-Unis.

Aucune lignée naturellement résistante n’a été découverte chez le noyer cendré. Des individus exempts de chancre ont été observés dans certains peuplements infectés, mais ils demeurent très rares. Dans les localités où le chancre est présent depuis plusieurs dizaines d’années et où s’observe une mortalité élevée, il se peut que les arbres survivants possèdent une certaine résistance même s’ils ne sont pas exempts de chancres.

Importance particulière de l’espèce

Le noyer cendré est connu pour ses noix comestibles, qui ont une teneur élevée en acides gras oméga-3. Le bois est considéré comme un produit de spécialité. Bien qu’il n’ait pas une grande importance commerciale, il est utilisé pour la finition intérieure et le tournage. Le noyer cendré possède également une valeur intrinsèque et esthétique et fournit nourriture et couvert à la faune.

Protection actuelle ou autres désignations

À l’échelle mondiale : G3G4
En Ontario : S3?
Au Québec : S4
Au Nouveau-Brunswick : S3, avec une situation générale dite « sensible ».

Dans les États du nord des États-Unis, les cotes (Natural Heritage Ranks) suivantes ont été attribuées au noyer cendré : Minnesota, S3; Wisconsin, S3?; Michigan, S3; Ohio, S3; Pennsylvanie, S4; New York, S4; Vermont, SU; État de New Hampshire, S1S2; Maine, SU. Ailleurs aux États-Unis, la cote correspondant au risque le plus élevé, S1, a été attribuée en Alabama et en Georgie. En Caroline du Nord et en Virginie, où le noyer cendré a subi des pertes graves, on a respectivement attribué à l’espèce les cotes S2S3 et S3?.

Le noyer cendré est toujours considéré comme une espèce préoccupante (species of concern) dans de nombreux États ainsi que dans la région fédérale no 9 des États-Unis.

 

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