Noyer cendré (Juglans cinerea) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 9

Taille et tendances des populations

Ontario 

Le programme Ontario Tree Atlas, lancé en 1996, vise à établir la répartition et l’abondance de chaque espèce d’arbre, selon une grille dont les carrés mesurent 100 km2 (figure 2). D’après le nombre des carrés où chaque classe d’effectif a été relevée, on peut obtenir une estimation très prudente d’environ 13 000 arbres pour l’effectif total du noyer cendré en Ontario. Il existe également 32 mentions de l’espèce dans les bases de données personnelles de Mike Oldham et de Wasyl Bakowsky, du Centre d’information sur le patrimoine naturel (CIPN) de l’Ontario. Par ailleurs, selon la base de données Natural Areas Database (NADb) du CIPN, le noyer cendré a été signalé dans 32 des zones naturelles de la province. Une autre base de données du CIPN, la Element Occurrence (EO) Database, renferme 17 mentions de l’espèce.

La Forest Gene Conservation Association (FGCA) a recueilli 500 mentions de l’espèce dans le cadre d’une enquête réalisée entre 1996 et 1998 par des bénévoles auprès de propriétaires fonciers. Nous n’avons pas tenu compte de ces mentions dans l’estimation de l’effectif total, afin d’éviter que les mêmes arbres soient comptés deux fois.


Nouveau-Brunswick

Au Nouveau-Brunswick, le noyer cendré a été jugé commun et indigène dans la vallée du fleuve Saint-Jean et dans la vallée supérieure de la Miramichi Sud-Ouest (Hinds, 2000). Selon la carte publiée par cet auteur, l’espèce serait présente dans ces deux vallées ainsi que dans celles de plusieurs grands affluents du bas Saint-Jean. Cependant, par rapport aux autres espèces d’arbres présentes dans la province, il vaudrait peut-être mieux considérer le noyer cendré comme peu commun, même s’il est abondant dans certains terrains inondables (Dwayne Sabine, comm. pers., 2003).

Le ministère des Ressources naturelles (MRN) du Nouveau-Brunswick ne tient pas de suivi particulier des occurrences du noyer cendré dans cette province. Le MRN note cependant la présence de l’espèce dans les parcelles d’échantillonnage permanentes qu’il a établies pour son inventaire forestier ainsi que dans les parcelles temporaires qu’il a établies pour son relevé sur la croissance des peuplements forestiers. Le noyer cendré a ainsi été observé dans 2 des parcelles permanentes et 29 des parcelles temporaires, c’est-à-dire dans environ 2 p. 100 des parcelles permanentes et 2 p. 100 des parcelles temporaires se trouvant dans l’aire de répartition principale du noyer cendré.


Figure 2 : Données de l’Ontario Tree Atlas sur le noyer cendré (arbres non plantés)

Figure 2 : Données de l’Ontario Tree Atlas sur le noyer cendré (arbres non plantés). Entre 1996 et 2000, les bénévoles ont noté l’abondance, selon une échelle comportant quatre classes d’effectif, de chacune des espèces d’arbres présentes dans le carré de 10 x 10 kilomètres qui leur a été assigné.

Entre 1996 et 2000, les bénévoles ont noté l’abondance, selon une échelle comportant quatre classes d’effectif, de chacune des espèces d’arbres présentes dans le carré de 10 x 10 km qui leur a été assigné.

Afin de préciser davantage le nombre de sites du noyer cendré existant au Nouveau-Brunswick et l’effectif de ces populations, nous avons interrogé à ce sujet cinq employés du MRN connaissant bien cette espèce et ayant une solide expérience de terrain à l’intérieur de son aire de répartition. Nous avons ainsi pu dresser une liste et une carte des sites connus de l’espèce dans la province. Comme ces données sont fondées sur des souvenirs de visites récentes qui ne visaient pas à dénombrer les noyers cendrés, il était difficile d’en tirer des informations sur l’abondance de l’espèce. Nous avons donc demandé aux employés de faire une estimation prudente du nombre d’individus matures selon une échelle exponentielle comportant les classes suivantes : 1-10, 11-100, 101-1 000 et « plus de 1 000 ». Dans le calcul des effectifs minimum et maximum d’arbres matures, nous avons attribué un maximum de 1 000 arbres à la catégorie « plus de 1 000 », pour obtenir une estimation prudente. Les occurrences ont été consignées en termes de sites ou peuplements distincts, sauf dans les secteurs où le noyer cendré était jugé répandu et abondant. Dans ces cas, nous avons noté que le noyer cendré présentait une grande aire d’occurrence, et nous avons fait une estimation prudente du nombre de sites ou peuplements existant dans cette zone (tableau 1).

Tableau 1 : Compilation des occurrences connues et estimation de l’effectif du noyer cendré au Nouveau-Brunswick
Localité Effectif Nombre de sites ou peuplements Superficie et nature du terrain Bassin hydrographique
1 11-100 1   Saint-Jean
2 101-1 000 2 île inondable de 97 ha Saint-Jean
3 101-1 000 5 île inondable de 536 ha Saint-Jean
4 11-100 1   Saint-Jean
5 11-100 1   Saint-Jean
6 11-100 1   Saint-Jean
7 11-100 1   Saint-Jean
8 11-100 1   Saint-Jean
9 101-1 000 4 zone inondable de 220 ha Saint-Jean
10 11-100 1   Saint-Jean
11 11-100 1   Saint-Jean
12 plus de 1 000 40 zone inondable de 1 700 Saint-Jean
13 11-100 5 île inondable de 122 ha Saint-Jean
14 plus de 1 000 10 île inondable de 312 ha Saint-Jean
15 1-10 1   Saint-Jean
16 101-1 000 1   Saint-Jean
17 plus de 1 000 30 zone inondable de 1 600 ha Saint-Jean
18 plus de 1 000 40 zone inondable de 2 900 ha Saint-Jean
19 101-1 000 1   Saint-Jean
20 11-100 5   Saint-Jean
21 11-100 1   Saint-Jean
22 11-100 1   Saint-Jean
23 101-1 000 10 zone inondable et urbaine de 900 ha Saint-Jean
24 1-10 1   Saint-Jean
25 11-100 1   Miramichi Sud-Ouest
26 11-100 1   Saint-Jean
27 11-100 1   Saint-Jean
28 11-100 1   Saint-Jean
29 101-1 000 10 25 km de vallée fluviale Saint-Jean
30 11-100 1   Saint-Jean
31 11-100 2   Saint-Jean
32 11-100 5   Saint-Jean
33 1-10 1   Saint-Jean
34 1-10 1   Saint-Jean
35 11-100 1   Saint-Jean
36 1-10 1   Saint-Jean
37 11-100 2   Saint-Jean
38 101-1 000 20 25 km de vallée fluviale et de zone inondable Saint-Jean
39 11-100 2   Miramichi Sud-Ouest
40 101-1 000 20 65 km de vallée fluviale et de zone inondable Miramichi Sud-Ouest
41 1-10 1   Saint-Jean
42 1-10 1   Saint-Jean
43 1-10 1   Saint-Jean
44 11-100 1   Saint-Jean
45 1-10 1   Saint-Jean
46 1-10 1   Saint-Jean
47 plus de 1 000 50 40 km de vallée fluviale Saint-Jean
48 plus de 1 000 50 40 km de vallée fluviale Saint-Jean
49 101-1 000 30 45 km de vallée fluviale Saint-Jean
50 1-10 1   Saint-Jean
Total 7 241 – 17 411 372    

Les employés interrogés connaissaient 50 secteurs où le noyer cendré est présent et ont estimé à environ 370 le nombre de sites ou peuplements distincts de l’espèce (tableau 2). Tous les secteurs où l’effectif estimatif de l’espèce était supérieur à 1 000 ont été considérés comme de grandes zones d’occurrence comptant chacune plusieurs sites. Parmi ces secteurs, quatre étaient des îles ou zones inondables occupant en tout 6 512 ha, et deux étaient des zones linéaires de vallée fluviale, de largeur inconnue mais mesurant en tout 80 km de longueur (tableau 1). Parmi les 10 secteurs ayant un effectif estimatif de 101 à 1 000 individus matures, quatre étaient des zones inondables occupant en tout 1 753 ha, et quatre étaient des zones linéaires de vallée fluviale mesurant en tout 160 km de longueur.

En additionnant séparément les effectifs minimaux et maximaux de tous les secteurs, on peut estimer que l’effectif total de l’espèce, au Nouveau-Brunswick, se situe entre 7 000 et 17 000 arbres matures. Étant donné le caractère exponentiel des classes d’effectif, l’effectif minimal constitue probablement la meilleure estimation de l’effectif total des sites que connaissaient les employés interrogés. Cependant, comme les sites connus des employés ne constituaient qu’une part, inconnue, des sites réels, cette valeur minimale demeure une estimation prudente de l’effectif de l’espèce au Nouveau-Brunswick.

Par la suite, nous nous sommes entretenus avec le botaniste du Centre de données sur la conservation du Canada atlantique, avec des naturalistes locaux ainsi qu’avec d’autres employés du MRN et avons examiné la carte publiée par Hinds (2000). Nous avons ainsi pu établir que le noyer cendré compte dans la province au moins 75 sites en plus de ceus mentionnés ci-dessus. Ces ajouts comprennent des sites situés dans les bassins de la Kennebecasis et de la Cannan (affluent du bas Saint-Jean) ainsi que quelques plantations dispersées dans l’ensemble de la province (Sabine, comm. pers., 2003).


Québec 

En ce qui concerne la répartition et l’abondance du noyer cendré au Québec, nous avons utilisé les données provenant des parcelles utilisées pour les inventaires forestiers et les relevés écologiques. Selon ces données, l’espèce serait présente dans 378 peuplements forestiers de la province, indiqués dans la figure 3, et elle constituerait au moins 25 p. 100 de la surface terrière ou du couvert forestier dans 39 de ces peuplements, indiqués dans la figure 4 (Saucier, comm. pers., 2002).

Les occurrences du noyer cendré ne font actuellement l’objet d’aucun suivi par le Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (Labrecque, comm. pers., 2002; Sean Blaney, comm. pers., 2002).

 

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