Fabronie naine (Fabronia pusilla) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 3

Information sur l’espèce

Nom et classification

Le Fabronia pusilla Raddi est une mousse de la famille des Fabroniacées. C’est la seule espèce de Fabronia au Canada (Ireland et al., 1987). Les autres espèces nord-américaines de ce genre sont le F. ciliaris (Brid.) Brid., présent du Nord-Est au Sud-Ouest des États-Unis, et le F. ravenelii Sull., présent du Maryland à la Floride (Anderson et al., 1990; Crum et Anderson, 1981). Grout (1928-1940) considérait le F. pusilla comme une sous-espèce du F. ciliaris, mais la plupart des auteurs ne sont pas de cet avis. Chez le F. pusilla, les dents marginales des feuilles sont longues, souvent semblables à des cils et souvent formées de plus d’une cellule. Chez le F. ciliaris, ces dents sont moins distinctes, ne ressemblent jamais à des cils et sont toujours unicellulaires (Crum et Anderson, 1981; Lawton, 1971).

Description

Le Fabronia pusilla est une minuscule mousse pleurocarpe ou rampante qui pousse en tapis minces et plats, souvent mélangée à d’autres espèces de bryophytes, notamment du genre Homalothecium. Les tiges sont minces et irrégulièrement ramifiées. Les feuilles sont couchées contre la tige, mais celles de l’extrémité de la tige tendent à avoir la pointe retroussée.

Les feuilles caulinaires mesurent de 0,4 à 0,75 (0,85) mm de longueur et de 0,2 à 0,35 mm de largeur. Elles sont ovées-lancéolées et portent à leur sommet une arête incolore ou hyaline se terminant par une seule cellule, généralement longue de 50 à 80 µm. Dans les deux tiers supérieurs de la feuille, celle-ci est bordée de dents aiguës souvent pluricellulaires et ressemblant à des cils; la cellule terminale de ces dents est souvent beaucoup plus longue que les cellules voisines. Les dents ainsi que l’arête des feuilles contribuent ensemble à l’aspect vert blanchâtre à argenté de la plante. La nervure de la feuille est étroite et relativement courte, mesurant souvent moins de la moitié de la longueur de la feuille. Les cellules médianes et supérieures de la feuille mesurent de 30 à 45 µm de longueur et de 10 à 12 µm de largeur; les cellules basales sont à peu près de la même largeur, mais de forme carrée à courtement rectangulaire. La feuille ne comporte pas de régions alaires différenciées.

La plante est autoïque, la même tige pouvant porter à la fois des organes mâles et des organes femelles. Les bractées périgoniales sont ovées et ne comportent ni dents ni nervure distinctes. Les bractées périchétiales sont plus longues, ressemblent davantage à des feuilles ordinaires et portent de petites dents marginales, mais ces bractées sont également dépourvues de nervure. La soie est dressée à légèrement courbée et longue d’environ 3 mm. La capsule est dressée, ovée à obovée, avec la base un peu plissée à maturité. L’opercule est en forme de cône évasé, et les dents du péristome sont plus ou moins soudées en huit paires. Selon Lawton (1971), les spores sont finement papilleuses et mesurent de 9 à 14 µm de diamètre, tandis que, selon Grout (1928 -1940), elles sont rugueuses et ont un diamètre de 12 à 17 µm. Buck (1994) décrit les spores comme étant papilleuses.

Les dents marginales des feuilles ne sont pas observables avec le faible grossissement que permet une loupe de poche, mais la taille minuscule de la plante, sa teinte vert blanchâtre et la pointe bien visible des feuilles aident à reconnaître l’espèce sur le terrain. Certaines petites mousses de la famille des Leskéacées poussent dans un habitat semblable et peuvent être à première vue confondues avec le F.pusilla. D’ailleurs, ce dernier risque de passer inaperçu sur le terrain, à cause de sa petite taille et du fait qu’il pousse souvent parmi de plus grandes espèces de mousses pleurocarpes.

On trouvera des clés permettant l’identification de l’espèce dans Grout (1928-1940), Lawton (1971) et Sharp et al. (1994), ainsi que des illustrations dans Lawton (1971) et Sharp et al. (1994). Les illustrations du Fabronia gymnostoma Sull. & Lesq. que fournit Grout semblent représenter en fait le F. pusilla, car les feuilles y portent des dents marginales multicellulaires. Anderson et al.(1990) considèrent d’ailleurs que le F. gymnostoma est une variété du F. ciliaris (var. ciliaris). Crum et Anderson (1981) exposent les différences existant entre le F. pusilla et le F. ciliaris. On trouvera à la figure 1 du présent rapport des illustrations du F. pusilla extraites, avec modifications, de Lawton (1971) et de Sharp et al. (1994).

Figure 1. Illustrations du Fabronia pusilla : 1 et 2, feuilles types, redessinées d’après Lawton (1971); 3, capsule avec partie supérieure de la soie, redessinée d’après Lawton (1971); 4, marge et sommet d’une feuille, redessinés d’après Lawton (1971) ainsi que Sharp et al. (1994).

Figure 1. Illustrations du Fabronia pusilla : 1 et 2, feuilles types, redessinées d’après Lawton (1971); 3, capsule avec partie supérieure de la soie, redessinée d’après Lawton (1971); 4, marge et sommet d’une feuille, redessinés d’après Lawton (1971) ainsi que Sharp et al. (1994)

Populationsd’importance nationale

La seule population canadienne actuellement connue du Fabronia pusilla se trouverait à l’extrémité Sud-Ouest du mont Sumas, près d’Abbotsford, en Colombie-Britannique, où l’espèce a été récoltée deux fois par W.B. Schofield en 1968. Ryan (1996) mentionne ces récoltes ainsi qu’un troisième spécimen, récolté sur le tronc d’un peuplier de l’Ouest (Populus trichocarpa). Cependant, un examen de ce spécimen a révélé qu’il ne s’agit pas du F. pusilla, mais d’une espèce de la famille des Leskéacées. Les seules autres récoltes canadiennes ont été faites par J. Macoun en 1890, près du lac Arrow, dans la vallée du Kootenay, dans le Sud-Est de la Colombie-Britannique, mais les localités où ont été récoltés ces spécimens sont inondées depuis qu’un barrage a été construit (Tan, 1980). Ainsi, si la population d’Abbotsford existe toujours, elle doit être considérée comme une population d’importance nationale.

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