Méné à grande bouche (Notropis dorsalis) évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 7

Habitat

Au Manitoba, le méné à grande bouche semble préférer les petits cours d’eau mesurant jusqu’à 12 mètres de largeur et un mètre de profondeur, mais sa présence dans des rivières plus larges comme l’Assiniboine est documentée. Stewart comm. pers., affirment que le méné à grande bouche vit souvent dans les radiers et les rapides où la vitesse du courant est modérément élevée, préférant par rapport au méné paille des eaux plus rapides. Le méné à grande bouche se tient aussi plus près de la partie amont des radiers et des rapides que le méné paille (K.W. Stewart, comm. pers., 2003). C’est dans les rivières Pembina et Cypress que le méné à grande bouche semble le plus commun. La rivière Cypress est un petit cours d’eau (jusqu’à 12 mètres de largeur) à pente moyenne et à substrat caractérisé par des affleurements de shales. Dans l’une des quelques études détaillées de l’habitat effectuées dans la rivière Cypress, le méné à grande bouche a été observé à des endroits où la largeur du chenal se situait entre 2 et 12 mètres (moyenne de 5,5 m), la profondeur de l’eau entre 0,11 et 1,0 mètre (moyenne de 0,41 m) et la vitesse du courant entre 0,10 et 0,62 m/sec (moyenne de 0,39 m/sec). Les substrats étaient formés des combinaisons de matériaux suivantes : gravier et shales; gros galets et blocs; shales et limon; gros galets et shales; et sable et shales. Le méné à grande bouche s’est avéré l’espèce la plus abondante (plus de 20 p. 100 des prises totales) dans des zones fluviales où les eaux s’étendaient sur 3 à 4 mètres de largeur et dont la profondeur se situait entre 0,28 et 0,5 mètre, le courant était de 0,39 à 0,62 m/sec et le substrat, constitué de gravier et de shales (B. Franzin, 1995, données inédites).

Dans la rivière Little Saskatchewan, un seul méné à grande bouche a été capturé dans une zone à substrat de sable et de gravier où la profondeur de l’eau était de 0,69 mètre (annexe 3 dans McCulloch et Franzin, 1996). L’espèce a également été capturée dans un habitat similaire dans les ruisseaux Oak et Epinette. Dans la rivière Assiniboine, le méné à grande bouche a toujours été capturé en petit nombre (< 10 individus) dans ses localités où le substrat est constitué de gravier, de sable et d’affleurements de shales et la profondeur de l’eau est d’au plus un mètre (annexe 1 dans McCulloch et Franzin, 1996).

Ailleurs, le méné à grande bouche occupe surtout des petits cours d’eau permanents à fond sableux instable dans les prairies (Mendelson, 1975; Pflieger, 1997). Becker (1983) et Mendelson (1975) ont observé que l’espèce était absente ou rare dans les gros cours d’eau. Dans les cours d’eau plus petits, l’abondance diminuait lorsque la largeur du cours d’eau devenait supérieure à 3 mètres. Toutefois, cette tendance à préférer les cours d’eau plus petits n’est pas observée dans toute l’aire de répartition du méné à grande bouche, Johnson et Becker (1970) ayant signalé que l’espèce était commune dans des cours d’eau sableux de taille moyenne du bassin hydrographique du Mississippi et Starrett (1950) qu’elle était abondante dans la rivière Des Moines. Dans les tributaires de la rivière Rouge au Dakota du Nord, Copes et Tubb (1966) ont constaté que les eaux légèrement troubles sur substrat sableux étaient celles où l’espèce était le plus abondante. Les autres habitats occupés comprenaient des petits cours d’eau à substrat limoneux (Eddy et Underhill, 1974) ou à substrat sableux recouvert de limon (Gilbert, 1980). Mendelson (1975) a constaté que le méné à grande bouche manifeste une préférence marquée pour les eaux peu profondes en amont de fosses. O’Shea et al. (1990) ont observé le méné à grande bouche et le méné paille dans des tronçons larges présentant de nombreux bancs de sable et de faibles quantités d’habitat riverain dans la rivière Platte, au Nebraska.

Bien qu’il soit difficile de déterminer le taux de changement de l’habitat, Tompkins (1987) a indiqué que les tendances des populations aux États-Unis donnaient à penser que la quantité d’habitat approprié avait augmenté dans les plaines centrales, mais qu’elle avait diminué dans la partie est de l’aire de répartition. Pflieger (1971) a avancé que la canalisation de cours d’eau dans les prairies au début du 20e siècle avait créé des habitats favorables au méné à grande bouche. De fait, Scarnecchia (1988) a constaté que les populations de ménés à grande bouche étaient nettement plus abondantes dans les tronçons canalisés que dans les tronçons non canalisés du ruisseau Pillsbury, en Iowa. Le pourcentage de ménés à grande bouche dans les prises totales n’était que de 1 à 4 p. 100 dans les tronçons non canalisés alors qu’il était de 22 à 54 p. 100 dans les tronçons canalisés (Scarnecchia, 1988). En général, on canalise un plan d’eau soit pour protéger l’infrastructure et les propriétés contre l’érosion fluviale naturelle, soit pour assurer, au moyen d’un ponceau, l’écoulement des eaux sous une route. Dans ce dernier cas, on doit habituellement effectuer de légers travaux de canalisation pour permettre à l’eau de passer dans le ponceau; on obtient alors un écoulement uniforme, présentant peu ou pas de variation.

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