Stylophore à deux feuilles (Stylophorum diphyllum) évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

COSEPAC Résumé

Stylophore à deux feuilles
Stylophorum diphyllum

Information sur l’espèce

Le stylophore à deux feuilles (Stylophorum diphyllum) est une plante herbacée vivace à latex jaune à orange et à gros rhizome. La plante fleurit au début du printemps et, ses fleurs sont d’un jaune éclatant, réunies en groupes de 1 à 4 fleurs terminant chacun une longue pousse dépourvue de feuilles, outre les 2 ou 3 feuilles plus ou moins opposées. Chaque fleur comporte quatre pétales jaunes, mesurant 2 à 5 cm de longueur, et de nombreuses étamines. Le fruit est une capsule ovoïde, pubescente, grisâtre, s'ouvrant en 3 ou en 4 segments par des fentes longitudinales. La plupart des feuilles sont basilaires, leur pétiole est long, et le dessous du limbe est pâle. Les feuilles sont profondément divisées en 5 ou 7 segments irrégulièrement lobés ou dentés.

Répartition

Le stylophore à deux feuilles est confiné au nord-est de l’Amérique du Nord, où sa répartition est centrée au Kentucky et au Missouri, mais qui s’étend vers le sud jusqu’en Georgie et en Alabama. Dans la partie occidentale de son aire de répartition, l’espèce est présente en Arkansas, dans l’est du Missouri et au Michigan. En Ontario, on connaît quatre spécimens historiques, récoltés durant les années 1880, tous le long de la rivière Thames, près de London. Les trois populations existantes se trouvent près de London, où leur habitat couvre une superficie totale inférieure à 1 ha. La zone d’occurrence mesure 150 km², et la zone d’occupation, 3 km², d’après une grille de 1 km par 1 km, ou 12 km², d’après une grille de 2 km par 2 km.

Habitat

Le Stylophorum diphyllum se trouve habituellement dans des bois riches en espèces, dans des ravins et sur des versants boisés, au fond de ravins, le long de ruisseaux sylvestres et au pied d’escarpements. En Ontario, il est présent à la limite nord de son aire de répartition mondiale et se trouve en forêt de feuillus dans une plaine de till, dans des ravins boisés et sur les versants d’une vallée.

Biologie

L’espèce est une plante herbacée demeurant verte en été, et typique des forêts de feuillus. Sa croissance débute de la mi-avril à la fin d’avril, à partir d’un rhizome court et épais. Sa floraison a lieu de mai au début de juin, et ses graines se dispersent de la fin de juin à juillet. Les parties végétatives restent vertes jusqu’à la fin de septembre ou au début d’octobre, puis elles dépérissent. Les graines se forment rapidement dans les fleurs, qui peuvent s’autopolliniser ou recevoir du pollen d’autres fleurs. Elles ont besoin d’une période de dormance froide avant de germer. La plante peut fleurir dès sa première année, mais ce n’est généralement pas le cas en milieu naturel. Une fois établie, la plante peut souvent vivre cinq années ou plus. Elle forme généralement des colonies ou des peuplements denses, mais la population du sud de l’Ontario compte des individus isolés.

Taille et tendances des populations

Les trois populations canadiennes connues du stylophore à deux feuilles renfermaient respectivement, en 2006, environ 255, 250 et 24 individus adultes. La plus grande des populations connues a été en partie remblayée en 1993, et son effectif est alors passé d’environ 800 individus à environ 170. Depuis, l’effectif a légèrement augmenté, atteignant environ 250 individus, mais ce nombre n’est pas fondé sur un relevé détaillé. Les deux autres populations ont toutes deux légèrement augmenté depuis 2004, mais on ne sait pas exactement s’il s’agit d’une fluctuation naturelle à court terme ou d’une tendance.

Facteurs limitatifs et menaces

Les menaces auxquelles sont exposées le stylophore à deux feuilles au Canada sont la destruction ou la modification de son habitat, les effets du lotissement des terrains voisins, la compétition exercée par les plantes envahissantes, les activités récréatives et la contamination génétique. L’espèce n’a sans doute jamais été abondante au Canada, où elle survit dans un isolement relatif. Le recrutement à partir de la population la plus proche, se trouvant au Michigan et en Ohio, est peu probable.

Importance de l’espèce

Au Canada, le stylophore à deux feuilles se trouve à la limite de son aire de répartition mondiale et semble génétiquement distinct de la population principale de l’espèce. Outre une certaine popularité comme plante de jardin, l’espèce n’a pas d’usage connu.

Protection actuelle ou autres désignations de statut

Le stylophore à deux feuilles est considéré comme une espèce en voie de disparition au Canada (COSEPAC, 2000) et en Ontario. L’espèce et son habitat sont protégés en vertu de laLoi sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario ainsi qu’au titre de la Déclaration de principes provinciale. Deux des populations sont présentes sur des terrains privés, et la troisième se trouve dans une aire de conservation. Le stylophore à deux feuilles est également considéré comme une espèce préoccupante, sur le plan de sa conservation, dans quatre États des États-Unis, l’Alabama, l’Arkansas, la Georgie et la Virginie. Un certain nombre de mesures visant à atténuer les risques auxquels l’espèce est exposée a été entrepris à la suite des actions prises par l’équipe de rétablissement formée en 1997.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril(LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions (2007)

Espèce sauvage
Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’une autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.

Disparue (D)
Espèce sauvage qui n’existe plus.

Disparue du pays (DP)
Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.

En voie de disparition (VD) *
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.

Menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.

Préoccupante (P)**
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.

Non en péril (NEP) ***
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.

Données insuffisantes (DI) ****
Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.

* Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.
** Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.
*** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
**** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
***** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

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