Chauve-souris de Keen (Myotis keenii) évaluation et rapport de situation du COSEPAC: chapitre 4

Répartition

Étant donné les problèmes d’identification dans les secteurs occupés en sympatrie par le M. keenii et le M. evotis, les mentions dans les secteurs autres que Haida Gwaii (où le M. keenii est la seule espèce de Myotis à longues oreilles) se résument à des spécimens de musée de référence identifiés à partir des traits morphométriques décrits par van Zyll de Jong et Nagorsen (1994), ou encore à des spécimens de référence et à des animaux capturés et relâchés vivants, qui ont été identifiés par analyse de l’ADNmt d’échantillons de tissus (Dewey, données inédites).

Répartition mondiale

Le M. keenii est confiné à l’ouest de l’État du Washington, à l’ouest de la Colombie-Britannique et au sud-est de l’Alaska (figure 3). Dans l’État du Washington, l’espèce habite la presqu’île Olympic et le secteur du Puget Sound, y compris les îles Whidbey et San Juan. L’extrémité sud de son aire semble correspondre au fleuve Columbia. En Alaska, le M. keenii a été vu dans quatre îles de l’archipel Alexander (Chichagof, Prince of Wales, Revillagigedo, Wrangell). Malgré l’absence d’observations, cette chauve-souris habite probablement aussi la côte continentale adjacente du même État.

Répartition canadienne

Au Canada, le M. keenii est confiné à la Colombie-Britannique (figure 3), où il est présent sur la côte jusqu’à Telegraph Creek dans la vallée de la rivière Stikine vers le nord, sur quatre îles de Haida Gwaii (Kunghit, Gandl K'in Gwaayaay [île HotspringNote de bas de page2], Graham, Moresby), ainsi que sur l’île de Vancouver et ses îles satellites (île Denman). Bien que son aire britanno-colombienne principale corresponde aux îles côtières, à la côte du continent et à la chaîne Côtière, des captures faites récemment au ruisseau Nine Mile, dans les monts Skeena, révèlent que l’aire du M. keenii se prolonge à l’est de la chaîne Côtière, dans l’arrière-pays britanno-colombien. Firman et al. (1993) ont réalisé, à l’aide de filets japonais et de pièges à chauves-souris, le seul relevé de chauves-souris de la côte indiquant les espèces capturées à chaque site d’échantillonnage. Ils ont capturé des Myotis à longues oreilles à seulement 5 des 51 sites, mais comme ils n’ont pris que quelques spécimens de référence et qu’ils n’ont prélevé aucun échantillon de tissus, la plupart des Myotis à longues oreilles capturés ne peuvent être identifiées que comme des M. keenii/M. evotis. Lors d’un relevé semblable réalisé dans le Skeena Management District par Mackay et al. (2000), des Myotis à longues oreilles ont été capturés ou détectés à 13 des 46 sites, mais les M. keenii n’ont pu être distingués des M. evotis (par des spécimens de référence) que pour un site. Les sites d’échantillonnage des deux études sont présentés à la figure 4. Les données de ces deux relevés donnent à penser que la répartition est discontinue, mais les résultats ont pu être biaisés du fait que chaque site n’a été échantillonné que pendant une ou deux nuits.

Figure 3.  Répartition de la chauve-souris de Keen (Myotis keenii) en Amérique du Nord. Les localités ont été déterminées d’après des spécimens de musée capturés dans le passé identifiés au moyen de traits morphométriques, des spécimens de référence récents ou des animaux capturés et identifiés par une analyse de l’ADNmt faite sur des échantillons de tissus. La flèche indique le nord magnétique.

Figure 3.  Répartition de la chauve-souris de Keen (Myotis keenii) en Amérique du Nord. Les localités ont été déterminées d’après des spécimens de musée capturés dans le passé identifiés au moyen de traits morphométriques, des spécimens de référence récents ou des animaux capturés et identifiés par une analyse de l’ADNmt faite sur des échantillons de tissus. La flèche indique le nord magnétique.

Étant donné que le recensement du M. keenii a été inadéquat et non systématique, les limites de son aire de répartition, particulièrement sur la côte continentale de la Colombie-Britannique, ne sont pour l’instant pas bien définies. Il n’existe pas de données permettant de connaître l’évolution de l’aire de répartition. Certaines mentions consistent en des spécimens de musée récoltés il y a 50 à 120 ans. Aucune étude n’a été effectuée récemment afin de vérifier si ces populations existent toujours aux mêmes endroits. On ignore à quel point l’aire canadienne est fragmentée. Les quelques mentions éparses pour le continent reflètent essentiellement le biais dû à l’échantillonnage; il se peut qu’en fait cette chauve-souris soit répartie uniformément sur l’essentiel de la côte continentale. On n’a pas analysé le degré d’isolement des populations insulaires. La population insulaire considérée comme la plus isolée est celle de Haida Gwaii, archipel séparé du continent par le détroit d’Hécate, large d’environ 68 km. Même si on ignore dans quelle mesure se produisent des échanges entre Haida Gwaii et le continent, les M. keenii associés à cet archipel devraient être considérés comme une sous-population distincte.

Figure 4. Les cinquante-trois endroits échantillonnés par Firman et al. (1993) durant un relevé de la chauve-souris de Keen (Myotis keenii) sur toute la côte, et les 46 endroits échantillonnés par MacKay et al. (2000) durant un relevé dans le Skeena Management District. Carrés : sites de capture de M. evotis ou de M. keenii; cercles : sites où aucune espèce de Myotis à longues oreilles n’a été capturée.

Figure 4. Les cinquante-trois endroits échantillonnés par Firman et al. (1993) durant un relevé de la chauve-souris de Keen (Myotis keenii) sur toute la côte, et les 46 endroits échantillonnés par MacKay et al. (2000) durant un relevé dans le Skeena Management District. Carrés : sites de capture de M. evotis ou de M. keenii; cercles : sites où aucune espèce de Myotis à longues oreilles n’a été capturée.

Étant donné que la répartition des populations existantes est inconnue, il est impossible de déterminer l’aire d’occupation du M. keenii. Son aire d’occurrence au Canada est d’environ 268 830 km² (continent : 226 500 km²; Haida Gwaii : 9 130 km²; île de Vancouver : 33 200 km²), ce qui représente environ 80 p. 100 de l’aire mondiale.

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