Loup atlantique (Anarhichas lupus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2012: chapitre 3

COSEPAC
Résumé

Loup atlantique
Anarhichas lupus

Description et importance de l’espèce sauvage

Le loup atlantique, Anarhichas lupus, est un poisson de fond de grande taille qui possède de grosses dents du type canine. Les bandes foncées qui ornent son corps le distinguent des autres espèces de loups. Cette espèce est l’objet de captures accessoires dans un vaste éventail de pêches et présentait un intérêt économique dans les années 1990. Une pêche commerciale très restreinte de l’espèce est encore pratiquée, les plus fortes prises étant faites au large de la Nouvelle-Écosse et au sud de Terre-Neuve.

Répartition

Le loup atlantique vit dans les régions nordiques des deux côtés de l’Atlantique Nord ainsi que dans l’Arctique. Dans les eaux canadiennes, on le trouve depuis la portion canadienne du golfe du Maine jusqu’au large de l’île de Baffin, en passant par la baie de Fundy, le plateau néo-écossais, les bancs de Terre-Neuve, le golfe du Saint-Laurent, les eaux du nord-est de Terre-Neuve et la mer du Labrador. Il est le plus abondant au large du nord-est de Terre-Neuve, sur le plateau du Labrador et dans la partie sud des bancs de Terre-Neuve. Certaines données indiquent l’existence d’une différenciation génétique dans certaine partie de son aire de répartition, mais l’information dont on dispose à ce jour ne permet pas de diviser l’espèce en unités désignables distinctes.

Habitat

Les œufs du loup atlantique sont déposés dans des crevasses sur des fonds rocheux. Les larves sont planctoniques avant leur établissement au fond. On trouve les jeunes et les adultes principalement dans les eaux du plateau continental, sur des fonds rocheux ou sableux. Le loup atlantique peut vivre à des températures se situant entre -1,5 °C et 13 °C mais occupe principalement des eaux présentant une plage de températures plus restreinte, la sélection de l’habitat semblant être fortement déterminée par la température de l’eau chez cette espèce.

Biologie

La taille à laquelle 50 % des femelles atteignent la maturité sexuelle est de 51,4 cm dans la partie nord de l’aire de répartition de l’espèce, et de 68,2 cm dans le sud. Par ailleurs, l’âge auquel 50 % des femelles atteignent la maturité sexuelle varie de 8 à 15 ans. Ces valeurs sont fondées sur de vieilles données, aucune estimation n’ayant été réalisée récemment.

Chez les loups, la fécondation est interne. On pense que la fraye a lieu à l’automne, et les œufs sont protégés par le mâle jusqu’à leur éclosion. Les femelles pondent plusieurs fois au cours de leur vie, et la production d’œufs est faible. À l’éclosion, les larves mesurent plus de 20 mm de longueur et demeurent près du fond jusqu’à résorption complète du vitellus. Les adultes peuvent atteindre une longueur de 152 cm. La durée d’une génération est estimée à 15 ans chez cette espèce. Les adultes sont plutôt sédentaires, mais les jeunes peuvent se disperser sur de grandes distances. L’espèce s’alimente surtout d’invertébrés, mais aussi de poissons. De jeunes loups ont été trouvés dans l’estomac de phoques et de poissons carnivores, mais les loups de bonne taille ont probablement peu de prédateurs.

Taille et tendances des populations

L’effectif total de loups atlantiques dans les eaux canadiennes a été estimé à 49 millions d’individus, dont environ 5 millions d’individus matures. Il y a eu des réductions des effectifs et de la superficie occupée par l’espèce dans la majeure partie de son aire de répartition depuis les années 1970 ou 1980 jusqu’au milieu des années 1990. Depuis, on observe une tendance à la hausse significative des effectifs et de la superficie occupée dans une grande partie de l’aire de répartition de l’espèce, notamment dans les eaux du sud du plateau du Labrador, bastion historique du loup atlantique. Par contre, l’effectif d’adultes (mais pas de jeunes) et l’aire occupée par l’espèce sur le plateau néo-écossais ont continué de diminuer.

Dans le golfe du Maine à l’extérieur des eaux canadiennes, le loup atlantique se trouve à la limite sud de son aire de répartition; l’espèce y est généralement rare, et une immigration conséquente dans les eaux canadiennes depuis cette région est peu probable. À l’ouest du Groenland, l’effectif de l’espèce est estimé à plusieurs millions d’individus, et sur le Bonnet Flamand, il a été estimé à plus de 10 millions d’individus en 2006.

Menaces et facteurs limitatifs

La pêche commerciale (pêche dirigée et capture accessoire) constitue encore une certaine menace pour le loup atlantique. Les prises déclarées étaient relativement fortes dans les années 1970, mas elles ont chuté considérablement dans les années 1990 dans les eaux canadiennes en raison de la fermeture de plusieurs pêches de poissons de fond. Les changements climatiques et leurs effets sur les températures des eaux pourraient avoir un impact sur la répartition et les effectifs de l’espèce.

Protection, statuts et classements

Le premier statut attribué au loup atlantique par le COSEPAC a été celui d’espèce préoccupante en novembre 2000, et l’espèce a ensuite fait l’objet d’un plan de gestion. Le COSEPAC lui a réattribué ce même statut en 2012. L’espèce figure aussi sur la liste des espèces susceptibles d’être désignées comme menacées ou vulnérables aux termes de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec (L.R.Q., c. E-12.01). Une pétition demandant que le loup atlantique soit inscrit à la liste de l’Endangered Species Act des États-Unis n’a pas porté fruit. Les petites aires marines protégées du Canada protègent l’espèce dans une très faible proportion de son aire de répartition, et la pêche au chalut de fond est actuellement interdite dans certains autres secteurs.

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