Woodsie à lobes arrondis (Woodsia obtusa) évaluation et rapport de situation du COSEPAC: chapitre 2

COSEPAC Résumé

Woodsie à lobes arrondis
Woodsia obtusa

Information sur l’espèce

La woodsie à lobes arrondies (Woodsia obtusa) est une fougère petite à moyenne se caractérisant par les lobes obtus (arrondis) de ses frondes. Le rachis (axe des frondes) est de couleur paille parfois plus foncée vers la base, et il est relativement fragile. Le limbe est grossièrement découpé et bipenné (deux fois divisé) et comporte normalement 8 à 17 paires de pennes (folioles primaires). L’espèce compte deux variantes chromosomiques considérées comme des sous-espèces, dont la seule présente au Canada est leWoodsia obtusasubsp.obtusa.

Répartition

La woodsie à lobes arrondies est une espèce commune et répandue dans l’est des États-Unis. Au Canada, on n’en connaît que neuf populations, toutes situées en Ontario ou au Québec à moins de 100 km de la frontière des États-Unis. En Ontario, les populations sont concentrées le long de l’axe Frontenac. Au Québec, les populations sont réparties entre deux régions distinctes, le parc de la Gatineau et le comté de Missisquoi.

Habitat

Toutes les populations canadiennes sont situées dans la région forestière des Grands-Lacs et du Saint-Laurent, sur des rochers calcaires orientés vers le sud. L’habitat de l’espèce est généralement boisé, avec une couverture arborescente moyenne de 82 p. 100. Une étude récente de six des sites canadiens révèle que les sols y ont une profondeur moyenne de 3,5 cm et que la pente moyenne y est de 43°. Aucun des sites ne semble avoir subi des modifications importantes au cours des dernières années. La plupart sont situés dans des secteurs abandonnés ou rarement utilisés qui risquent peu de subir des perturbations directement causées par l’activité humaine.

Biologie

La woodsie à lobes arrondies est une fougère vivace isosporée (dont les spores produisent des gamétophytes mâles et femelles de forme et de taille identiques) qui produit chaque année, vers la fin de l’été et le début de l’automne, un grand nombre de spores. Ces spores se transforment en gamétophytes (plantules haploïdes productrices de gamètes). On n’a jamais observé de reproduction par voie végétative chez l’espèce, mais le gamétophyte peut être bisexué et s’autoféconder, ce qui donne des descendants entièrement homozygotes.

Taille et tendances des populations

L’espèce compte actuellement quatre sites connus en Ontario, dont seulement deux étaient mentionnés dans le premier rapport de situation. Un des deux autres sites a en fait été retrouvé en 2001 après avoir été découvert en 1978, tandis que le dernier a été découvert en 2004. Tous les sites ontariens ont été visités en 2005. Parmi les cinq sites québécois connus, celui du belvédère Champlain, dans le parc de la Gatineau, n’a pas été retrouvé malgré plusieurs tentatives et la population y est probablement disparue. Deux autres sites québécois n’ont pu être visités parce que le propriétaire d’un des terrains en a refusé l’accès et que le propriétaire de l’autre terrain n’a pu être joint. Les deux autres sites québécois ont été visités en 2005. En général, l’effectif des populations semble avoir augmenté dans chacun des sites, mais cette augmentation s’explique peut-être par le caractère plus intensif des dernières recherches ou par le fait que 2005 a été une année particulièrement propice à l’observation de l’espèce, en produisant des individus vigoureux faciles à repérer.

Facteurs limitatifs et menaces

À grande échelle, le principal facteur limitatif pour l’espèce est sans doute le manque de milieux calcaires pouvant lui servir d’habitat. À petite échelle, le principal facteur limitatif est plus probablement le microclimat, notamment en ce qui a trait à la quantité d’eau disponible. La perturbation du milieu au bord du terrain de caravanes voisin de la plus grande population (Westport – lac Sand) a probablement favorisé la propagation du nerprun cathartique, arbrisseau exotique envahissant qui pourrait nuire considérablement à l’habitat de la woodsie à lobes arrondies.

Importance de l’espèce

Les populations canadiennes du Woodsia obtusapourraient avoir une importance particulière, parce qu’il s’agit de populations isolées situées à la limite nord de l’aire de répartition de l’espèce. En effet, il se peut que ces populations aient des caractéristiques génétiques ou des régimes de variation génétique inhabituels ou rares chez l’espèce dans son ensemble.

Protection actuelle

Le Woodsia obtusa figure sur la liste des espèces en voie de disparition de l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral. L’espèce est également désignée et protégée aux termes de la Loi sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario et de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions

Espèce
Toute espèce, sous-espèce, variété ou population indigène de faune ou de flore sauvage géographiquement définie.

Espèce disparue (D)
Toute espèce qui n’existe plus.

Espèce disparue du Canada (DC)
Toute espèce qui n’est plus présente au Canada à l'état sauvage, mais qui est présente ailleurs.

Espèce en voie de disparition (VD) *
Toute espèce exposée à une disparition ou à une extinction imminente.

Espèce menacée (M)
Toute espèce susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitatifs auxquels elle est exposée ne sont pas renversés.

Espèce préoccupante (P)**
Toute espèce qui est préoccupante à cause de caractéristiques qui la rendent particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels.

Espèce non en péril (NEP)***
Toute espèce qui, après évaluation, est jugée non en péril.

Données insuffisantes (DI)****
Toute espèce dont le statut ne peut être précisé à cause d’un manque de données scientifiques.

* Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.
** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
*** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
**** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le comité avait pour mandat de réunir les espèces sauvages en péril sur une seule liste nationale officielle, selon des critères scientifiques. En 1978, le COSEPAC (alors appelé CSEMDC) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. Les espèces qui se voient attribuer une désignation lors des réunions du comité plénier sont ajoutées à la liste.

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

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