Saumon coho (Oncorhynchus kisutch) évaluation et rapport de situation du COSEPAC: chapitre 12

Protection actuelle

Le cadre législatif pour la conservation du poisson au Canada a été revu dernièrement (Anonyme, 2001). Le Canada est signataire de la Convention internationale sur la diversité biologique, qui oblige les gouvernements à élaborer des lois et des politiques pour protéger les écosystèmes et les habitats et maintenir la viabilité des diverses populations des espèces. Selon la Loi sur les pêches du gouvernement fédéral, tout projet de modification de l'habitat doit être autorisé au préalable par le MPO, bien qu'en Colombie-Britannique, un grand nombre des utilisations des terres et de l'eau susceptibles d'avoir une incidence sur les populations de poissons relèvent également du gouvernement provincial et des administrations municipales. Par exemple, c'est la Loi sur l'eau du gouvernement provincial qui régit l'allocation des ressources en eau, les permis d'utilisation de l'eau et la réglementation des ouvrages aménagés dans les cours d'eau. Selon la Loi concernant les océans du Canada, le gouvernement fédéral doit gérer ses ressources marines en vue de sauvegarder la diversité biologique et les habitats naturels.

En 1998, le MPO publiait Une nouvelle orientation pour les pêches du saumon du Pacifique au Canada (MPO, 1998c). Les deux premiers principes énoncés dans cette politique précisent que la conservation des stocks de saumons du Pacifique est l'objectif premier de Pêches et Océans et doit avoir la priorité dans la gestion des ressources, et que l'approche prudente doit continuer à régir la gestion des pêches. L'une des retombées de cette nouvelle orientation est la Politique concernant le saumon sauvage (un document de consultation) (MPO, 2000), dont le principal objectif est d'assurer la viabilité à long terme des populations de saumons du Pacifique et de leur habitat naturel. Ce document de politique, en cours de révision, devrait être prêt pour 2002.

Les raisons qui ont amené à considérer le coho du Fraser intérieur comme une population importante à l'échelle nationale ont été énumérées plus haut. Lors de la réunion du printemps 1998 du sous-comité sur le saumon du Comité d'examen des évaluations scientifiques du Pacifique (CEESP), le statut des cohos du Fraser intérieur a fait l'objet d'un examen (Irvine et al., 1999a), et une évaluation des risques a été entreprise (Bradford, 1998). Le comité directeur du CEESP a jugé que l'effectif des cohos de la Thompson avait énormément diminué et continuerait de décliner même en l'absence de mortalité des poissons, dans les conditions actuelles de survie en mer, et que certaines populations étaient gravement menacées de disparition (Stocker et Peacock, 1998). Le 21 mai 1998, l'honorable David Anderson, ministre de Pêches et Océans Canada, annonçait que : « malgré les mesures de conservation importantes que mon Ministère a prises dans les trois dernières années, des preuves scientifiques démontrent de façon convaincante que les stocks de coho sauvage sont en déclin et certains, en situation de péril extrême. » Le Ministre a annoncé l'adoption d'un objectif de conservation visant l'abolition de toute mortalité attribuable à la pêche dans les stocks critiques de coho de la Thompson (et du cours supérieur de la Skeena). Ces restrictions devaient en principe demeurer en vigueur de six à huit ans mais, comme on le voit à la figure 9, le temps nécessaire pour réellement reconstituer les stocks dépend beaucoup des taux de survie.

Les changements apportés à la réglementation à la suite de la déclaration du ministre Anderson sont sans doute les plus importants jamais mis en œuvre dans le domaine des pêches dans la région du Pacifique au Canada (Irvine et Bradford, 2000). Ces dernières années, les gestionnaires ont alloué aux pêcheries du Sud de la Colombie-Britannique ce que l'on considère comme un taux acceptable pour le coho de la Thompson (~2 p. 100). En 2000, le total des prélèvements pour les cohos du Fraser intérieur a été le plus faible jamais enregistré, soit seulement 3,4 p. 100 (tableau 1), et ces prélèvements ont été répartis également entre le Sud de la Colombie-Britannique et les États-Unis (surtout l'État de Washington). La faible pression exercée par la pêche, alliée à l'augmentation apparente de la survie en mer (qui reste quand même toujours faible), pourrait avoir freiné la tendance au déclin chez les cohos du Fraser intérieur.

Il n'y a aucun consensus au sein de la communauté scientifique au sujet des futures tendances de la survie pour le saumon coho. Comme presque tous les cohos du Fraser intérieur sont âgés de trois ans et qu'il n'y a guère d'échange génétique entre les générations, il faut compter un minimum de trois années consécutives de fortes échappées pour pouvoir confirmer une amélioration de l'abondance. Pour les populations importantes à l’échelle nationale comme le coho du Fraser intérieur, il faudra donc adopter une approche extrêmement prudente de la gestion des pêches et de l'habitat pour assurer le maintien de populations viables. Il faudra notamment prévenir tout impact négatif sur l'habitat et garder en place les prudentes mesures de gestion des pêches adoptées au cours des dernières années.

 

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