Couleuvres minces dans l'Atlantique (Thamnophis sauritus) programme de rétablissement: chapitre 3

3. Mesures menées à bien ou en cours de mise en œuvre

L’équipe de rétablissement de la couleuvre mince orientale a été mise sur pied en 2003 et plusieurs des mesures de rétablissement décrites dans le programme sont depuis en cours de mise en œuvre. À ce jour, les travaux ont principalement consisté à combler les lacunes au niveau des connaissances et à encourager la participation du public à la protection de l’espèce par l’intermédiaire de programmes de sensibilisation et d’intendance.

Des relevés à grande échelle sont menés depuis 2004 pour mieux connaître l’aire de répartition des couleuvres minces en Nouvelle-Écosse. La majorité des relevés effectués jusqu’à maintenant se sont cantonnés aux bassins hydrographiques des rivières Merseay et Medway et ciblaient plus particulièrement les sites où des observations ont été signalées dans le passé; de vastes zones contenant un habitat potentiel pour le serpent, en particulier à l’ouest de l’aire de répartition connue, restent essentiellement inexplorées. Ces relevés ont permis d’étendre l’aire de répartition connue dans la province à un troisième bassin hydrographique (rivière LaHave) et de confirmer un certain nombre de nouveaux sites à l’intérieur de l’aire de répartition connue. Ces relevés ont également permis de confirmer la présence d’une densité relativement élevée (> 20 observations) sur cinq sites (tableau 1). Les données concernant le secteur exploré, la date, l’effort déployé et les conditions météorologiques sont enregistrées lors de chaque relevé afin de raffiner les protocoles utilisés et de les rendre plus efficaces. Un grand nombre des zones humides ayant fait l’objet d’un relevé antérieur axé sur les couleuvres minces ont été caractérisées en collaboration avec l’équipe de rétablissement de la tortue de Blanding; en dernier ressort, les données seront utilisées pour tenter de développer des modèles permettant de prévoir où les couleuvres minces vivent.

Des chercheurs effectuent des travaux intensifs de marquage et de recapture dans un secteur particulier du lac Grafton depuis 2004 et du lac Molega depuis 2007 afin de caractériser l’utilisation saisonnière de l’habitat et de commencer la collecte de données à long terme sur l’abondance, la survie et la fidélité des serpents à leur site. Le premier gîte d'hivernation dans des habitats terrestres éloignés d'une zone humide a été trouvé en novembre 2009 et confirmé en mars 2010.

Bien que les chercheurs soient parvenus à documenter certains déplacements saisonniers et à localiser des secteurs d’alimentation et des secteurs potentiels de survie hiémale, leurs efforts ont jusqu’à maintenant été gênés par l’absence d’une technique qui permettrait de marquer les serpents de manière fiable à long terme, en particulier les jeunes spécimens, ainsi que par l’absence d’une technique de suivi des serpents. Depuis 2004, les serpents de ce site sont marqués par l’ablation d’écailles ventrales; ces marques disparaissent cependant souvent dans le courant de la même saison. À partir de 2006, certains serpents ont été marqués avec des étiquettes à transpondeur passif intégré; l’efficacité à long terme de cette technique sera évaluée au cours des prochaines années Les tentatives pour attacher des émetteurs externes aux adultes ont été en grande partie un échec, les émetteurs ne restant pas plus de quatre jours sur les couleuvres (Imlay, 2009). La poudre fluorescente a été utilisée pour suivre les couleuvres minces à la trace; elle s'est révélée utile pour documenter des trajets jusqu'à 16 m de long, mais pas pour retrouver les couleuvres minces (Imlay, 2009). En 2009, une étude a été entreprise sur la faisabilité d'utiliser des chiens dressés pour trouver des couleuvres minces à l'odorat. Les résultats de l'année pilote sont prometteurs, les chiens ayant été utiles pour trouver les couleuvres minces et retrouver celles qui s'échappaient (Gadbois et al, 2009). L'étude continuera en 2010.

Aucune analyse génétique n’avait été publiée sur les couleuvres minces orientales en aucun endroit de leur aire de répartition jusqu’en 2004, lorsque Harwood (2005) a lancé une étude visant à développer des amorces pour l’amplification de microsatellites et à conduire une analyse préliminaire de la structure de la population des couleuvres minces en Nouvelle-Écosse. Aucune structure génétique n’a pu être mise en évidence lors de l’analyse préliminaire; la taille des échantillons (n = 44) et le nombre des loci (n = 2) évalués étaient cependant petits et Harwood (2005) a recommandé de continuer à recueillir des échantillons d’ADN et à développer de nouvelles amorces. Selon une étude de suivi réalisée en 2007, il y aurait une structure apparente au sein de la population de la Nouvelle-Écosse, montrant des restrictions du flux génétique allant de faibles à modérées parmi les concentrations (McLaughlin, 2008). Toutefois, la taille des deux échantillons (n=46) et le nombre d'endroits examinés (n=1) étaient à nouveau peu élevés et insuffisants pour donner des résultats concluants (McLaughlin 2008).

L'équipe chargée du rétablissement sensibilise le public depuis 2004 pour que les gens signalent toute observation de couleuvres minces. Le public a été sollicité de différentes façons, notamment par contact direct avec les propriétaires fonciers, des expositions lors d'activités communautaires, des exposés dans les écoles locales et auprès des groupes communautaires, des excursions sur le terrain, des programmes d'interprétation (parc nationale et lieu historique national Kejimkujik) et des présentations par les médias. De plus, une ligne téléphonique directe et sans frais a été installée au Mersey Tobeatic Research Institute pour que les gens aient un numéro à composer pour signaler l'observation d'une espèce en péril quelle qu'elle soit. Ces mesures nous ont déjà donné un certain nombre d'observations crédibles, la plupart à l'intérieur du territoire connu. Des bénévoles apportent leur aide à tous les aspects de la recherche sur la Couleuvre mince, depuis leur participation à des explorations guidées du terrain sous la direction du personnel de Parcs Canada jusqu'à la réalisation d'explorations indépendantes. Un certain nombre d'outils pour joindre le public ont été élaborés, notamment un dépliant informatif, un guide d'identification et d'information relativement aux espèces en péril, un site Web (http://www.speciesatrisk.ca/ribbonsnake/French/index.html), et un guide d'intendance à l'intention des propriétaires terriens. Distribué pour la première fois en 2009, celui-ci est le résultat d'un effort conjoint destiné à informer les propriétaires terriens et les usagers sur la façon de réduire le plus possible les répercussions de leurs activités sur la Couleuvre mince, la Tortue mouchetée et la flore de la plaine côtière de l'Atlantique.

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