Brosme (Brosme brosme) évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2012: chapitre 3

COSEPAC
Résumé

Brosme
Brosme brosme

Description et importance de l’espèce sauvage

Le brosme est le seul membre de son genre et fait partie de la vingtaine d’espèces apparentées aux morues (Gadiformes) recensées sur la côte Est du Canada. Ce poisson possède un seul barbillon et une seule nageoire dorsale. Cette caractéristique permet de l’identifier.

Une étude génétique récente de la structure de la population laisse penser que la migration des adultes est limitée dans les zones d’eau profonde. Ce fait, combiné à l’échange restreint d’œufs et de larves pélagiques entre les sites, dû à des caractéristiques de la circulation océanique qui les retiennent à l’échelle locale, et au faible taux de survie durant les phases de dérive à travers les bassins profonds, pourrait entraîner une réduction du flux génétique. Les fonds génétiques de l’espèce dans le nord-est et le nord-ouest de l’Atlantique sont différents, les brosmes présents dans la partie sud du nord-ouest de l’Atlantique étant génétiquement distincts des brosmes du nord-est de l’Atlantique. On observe une discontinuité dans la répartition de l’espèce entre le Canada et l’ouest du Groenland, qui contribue sans doute à limiter les échanges génétiques. Ces observations appuient l’existence d’une seule unité désignable pour le Canada.

Répartition

Le brosme est une espèce du Nord qui vit dans les eaux de la plate-forme continentale de la zone subarctique et boréale de l’Atlantique Nord. Son centre d’abondance se trouve dans l’ouest de l’Atlantique, entre les 41e et 44e degrés de latitude nord (golfe du Maine et sud du plateau néo-écossais), où son aire de répartition chevauche la frontière canado-américaine dans le golfe du Maine. L’espèce vit aussi en eau profonde le long de la plate-forme continentale, au large de Terre-Neuve-et-Labrador, où elle est toutefois rare. Elle n’a pas été observée dans le sud du golfe Saint-Laurent, et seulement quatre poissons ont été capturés dans le nord du golfe Saint-Laurent depuis la fin des années 1970.

Habitat

Couramment observé sur les substrats durs, accidentés et rocheux, le brosme est rarement capturé sur les fonds de sable lisse. Il préfère les eaux relativement chaudes des profondeurs intermédiaires du plateau néo-écossais et du golfe du Maine. On le trouve à des températures variant entre 0 et 14 °C sur le plateau néo-écossais. La plage de température privilégiée est de 6 à 10 °C. L’espèce se trouve rarement près des côtes ou à des profondeurs de moins de 20 à 30 m; elle fréquente plutôt des profondeurs de 150 à 450mdans l’ensemble de son aire de répartition. Des relevés récents ont cependant révélé la présence de brosmes jusqu’à 1 185mde profondeur en bordure de la plate-forme continentale, au large de la Nouvelle-Écosse.

Biologie

Dans les eaux canadiennes, la longueur totale (LT) à laquelle 50 % des brosmes deviennent matures est de 42 cm, taille qui est atteinte vers l’âge de 4 à 5 ans. Une étude de détermination de l’âge est en cours; selon les estimations préliminaires, cet âge pourrait être sous-estimé de 100 % (l’âge auquel 50 % des brosmes sont matures serait de 10 ans). Le plus long brosme de l’ensemble de données sur l’échantillonnage de la pêche commerciale mesurait 115 cm, tandis que le plus long brosme capturé lors d’un relevé sur le flétan mesurait 118 cm. Selon les estimations liées à la longévité (L∞), la LT varie de 111,4 à 126,6 cm. La durée d’une génération est estimée à 12,1 ans, mais les résultats préliminaires d’une étude récente de détermination de l’âge laissent penser que la durée d’une génération pourrait aller jusqu’à 21 ans.

La fraye sur le plateau néo-écossais se produit de mai à août, son apogée ayant lieu à la fin de juin. L’emplacement de sites de fraye distincts n’a pas encore été déterminé; ces sites pourraient se trouver à plus de 200mde profondeur. Les œufs sont pélagiques et éclosent pour donner des larves de 4 mm. Les larves restent dans la partie supérieure de la colonne d’eau et s’établissent sur le fond lorsqu’elles atteignent environ de 50 à 60 mm de longueur. L’emplacement des aires de croissance de l’espèce est inconnu, mais pourrait se situer en eau profonde, sur des fonds accidentés. Les juvéniles et les adultes ont un mode de vie démersal : ils demeurent fortement associés au substrat et ne nagent pas vers la partie supérieure de la colonne d’eau. Ils sont lents, sédentaires et solitaires, et ne se rassemblent pas en grands bancs.

Les prédateurs du brosme sont notamment l’aiguillat commun, la raie tachetée, la morue franche, le flétan atlantique, la merluche blanche, la baudroie d’Amérique et peut-être aussi le phoque gris. Le brosme se nourrit de crustacés, plus particulièrement de crabes, de crevettes et d’euphausiacés, de poissons et d’ophiures. Le taux de mortalité naturelle du brosme est probablement de l’ordre de 0,14, ce qui est comparable à celui des autres Gadidés.

Taille et tendances des populations

Selon les indices tirés des relevés au chalut de fond réalisés par le ministère des Pêches et des Océans (MPO) du Canada et par le National Marine Fisheries Service (NMFS) des États-Unis, l’abondance des brosmes adultes au cours des trois dernières générations est en baisse constante. Ces relevés pourraient toutefois signaler un hyperappauvrissement, phénomène qui se produit lorsque les taux de capture diminuent plus rapidement que la biomasse en raison d’une contraction de l’aire de répartition de l’espèce entraînant le retrait des individus dans des zones qui ne sont pas entièrement couvertes par les relevés. Le taux de déclin peut alors être surestimé. Une série chronologique sur les taux de capture de la pêche commerciale à la palangre couvrant les deux dernières générations montre également un déclin continu de l’espèce. En revanche, selon les résultats d’un relevé sur le flétan, l’abondance du brosme serait stable depuis 1999. On a utilisé un modèle de production excédentaire sur la dynamique des populations, intégrant tous les indices d’abondance canadiens et tenant compte de l’hyperappauvrissement lié à l’indice du relevé au chalut, pour estimer la tendance de la biomasse mature au cours des trois dernières générations. Le déclin a été estimé à 85 %, et rien n’indique qu’il a cessé.

Menaces et facteurs limitatifs

La surpêche constitue la menace la plus importante pour le brosme. La pêche dirigée au brosme a pratiquement cessé, mais l’espèce est toujours capturée de façon accessoire dans les pêches à la morue franche, à l’aiglefin, à la goberge et au flétan atlantique. Selon des données récentes, les débarquements de brosmes provenant de ces pêches seraient de l’ordre de 500 t par année. Le brosme constitue également une prise accessoire de la pêche au homard, où les débarquements de brosmes sont interdits et où toutes les prises doivent être remises à l’eau. D’après des données récentes, les poissons rejetés ont représenté de 250 à 300 t par année. Les brosmes remis à l’eau ne survivent probablement pas compte tenu de la propension de leur estomac à se retourner lorsqu’ils sont remontés à la surface.

Protection, statuts et classements

En 2003, le COSEPAC a désigné le brosme comme espèce menacée. Le gouverneur en conseil a décidé de ne pas inscrire l’espèce à la liste de la Loi sur les espèces en péril (LEP) (Gazette du Canada, 7 juillet 2012).

Au Canada, les plans de pêche axés sur la conservation du MPO constituent le principal outil de réglementation permettant de protéger le brosme. Depuis 1999, la pêche dirigée au brosme est interdite et un système de plafonnement des débarquements de brosmes a été mis en place. En 2010-2011, les plafonds imposés aux flottilles de la Région des Maritimes du MPO ont totalisé 656 t. Une fois les plafonds atteints, tous les bromes capturés doivent être remis à l’eau, mais la plupart ne survivent pas.

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