Ours blanc (Ursus Maritimus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC: chapitre 4

4. Habitat

4.1 Besoins en matière d’habitat

Les caractéristiques physiques de la glace de mer sont les principaux déterminants de la qualité de l’habitat de l’ours blanc. Les changements de la glace de mer et du couvert de neige associé ont un effet sur la pénétration de la lumière et les processus thermodynamiques, facteurs importants pour les niveaux trophiques inférieurs de l’écosystème marin arctique (Welch et al. 1992; Barber et al. 1995), qui, combinés aux caractéristiques cinématiques ou topographiques de la glace de mer, influent sur la répartition des phoques annelés (Stirling et Lunn, 1997; Barber et Iacozza, 2004). Dans l’Arctique canadien, l’habitat de l’ours blanc est étroitement associé à celui du phoque annelé (Stirling et Øritsland, 1995); il comprend la banquise consolidée, le voisinage immédiat des crêtes de pression, les zones entre floes de l’année et floes âgés de plusieurs années, et la zone de dislocation de la banquise côtière (Stirling et al., 1982; Kingsley et al., 1985; Stirling et Derocher, 1993; Stirling et al., 1993; Ferguson et al., 2000a). L’ours blanc capture les phoques à leurs trous de respiration, à leurs tanières de mise bas ou quand ils se trouvent sur la glace (Stirling et Archibald, 1977; Smith, 1980). Le phoque barbu, le phoque du Groenland (Pagophilus groenlandica), le phoque tacheté (Pusa largha), le phoque à capuchon (Cystophora cristata), le morse (Odobenus rosmarus), le béluga (Delphinapterus leucas) et le narval (Monodon monoceros) figurent aussi dans le régime alimentaire de l’ours blanc (Stirling et Archibald, 1977; Kiliaan et Stirling, 1978; Fay, 1982; Lowry et al., 1987; Calvert et Stirling, 1990; Smith et Sjare, 1990; Derocher et al., 2002); cependant, les données scientifiques et les CTA indiquent que la majorité des ours blancs s’alimentent surtout de jeunes phoques annelés chassés dans leurs tanières subnivales (Stirling et Archibald, 1977; Smith, 1980; McDonald et al., 1997). Le phoque annelé, qui vit exclusivement en association avec la glace de mer pour au moins une partie de l’année (tout comme le phoque barbu et le phoque du Groenland), semble avoir constitué la principale proie de l’ours blanc durant une bonne partie de la coévolution des deux espèces, etbon nombre des comportements du phoque annelé semblent être des adaptations acquises pour éviter la prédation par l’ours blanc (Stirling, 1977; Amstrup, 2003). Les changements de la répartition des Phocidés qui se reproduisent sur la glace de mer causés par le réchauffement climatique influeront certainement sur la répartition des ours blancs (Stirling et Derocher, 1993; Barber et Iacozza, 2004; Derocher et al., 2004).

Étant donné que les ours blancs accèdent à leurs principales proies par la glace de mer, dans la plupart des régions, leur répartition change en fonction de l’étendue saisonnière du couvert de glace. Amstrup et al. (2007) et Durner et al. (2007) traitent des différents types de glace que l’ours blanc utilise et préfère; ils ont établi quatre écorégions fondées sur les quatre types de conditions de glace suivants : conditions divergentes, convergentes, archipélagiques et saisonnières. Dans l’ensemble du bassin polaire et dans l’archipel Arctique, les ours blancs se concentrent en été le long de la bordure de la banquise persistante. Les déplacements importants d’ours blancs vers le nord et vers le sud semblent être fonction de la fonte et de la reprise saisonnières de la glace près des côtes (Amstrup et al., 2000). Dans d’autres régions (baie d’Hudson, bassin de Foxe, baie de Baffin, détroit de Davis, baie d’Hudson, baie James, et certaines portions du Haut-Arctique), les ours blancs se trouvent forcés d’aller sur la terre ferme (zones de refuge en été) pour plusieurs mois durant la saison d’eau libre et d’attendre que de la nouvelle glace se forme (Amstrup et al., 2007).

Les ours blancs qui doivent aller sur la terre ferme pour l’été à cause d’un manque de glace de mer (c’est le cas de 50 p. 100 à 60 p. 100 de la population canadienne) présentent une variabilité quant à leur choix d’habitat, souvent selon le sexe et l’âge, les mâles déplaçant les femelles et les jeunes vers l’intérieur à distance de la côte (Stirling et al., 2004). Les ours sur la terre ferme peuvent n’avoir rien à manger et ne vivre que sur leurs réserves de graisse (Derocher et Stirling, 1990). Dans certaines régions, (p. ex. dans le nord-est du Manitoba [Derocher et al., 1993], et dans le détroit de Davis [M.K. Taylor, ministère de l’Environnement, gouvernement du Nunavut,obs. pers.]), on a vu des ours blancs se nourrir de bleuets (Vaccinium uliginosum) et de graines à corbigeaux (Empetrum nigrum). À l’occasion, les ours blancs peuvent aussi se faire prédateurs de nids de sauvagine (voir par exemple Smith et Hill, 1996) et de caribous (voir par exemple Derocher et al. [2000], Brook et Richardson [2002]). Au Labrador, on en a aussi vu se nourrir de saumon (Brazil et Goudie, 2006). Par ailleurs, les carcasses de baleines attirent de nombreux ours blancs durant la saison d’eau libre (Kalxdorff, 1997; Perham, 2005). Les ours blancs sont aussi attirés par les ordures ménagères durant la saison d’eau libre, ce qui constitue un important problème pour la gestion de l’espèce et la sécurité humaine dans l’Arctique (Lunn et Stirling, 1985). Quand l’océan s’englace de nouveau à la fin de l’automne, les ours qui se trouvaient contraints de demeurer sur la terre ferme se mettent à réoccuper les aires de répartition entières de leurs sous-populations respectives, sauf les ourses gravides, qui creusent leur tanière de mise bas (section 5.1).

4.2 Tendances en matière d’habitat

La question des tendances en matière d’habitat en rapport avec la situation de l’ours blanc est centrée sur les impacts du réchauffement climatique, particulièrement sur les tendances spatiales et temporelles des types et de la superficie de glace de mer, y compris la durée de la saison d’eau libre. Les tendances des conditions de l’habitat terrestre associées aux changements climatiques, notamment en ce qui concerne l’habitat de mise bas (voir par exemple Obbard et Walton, 2004), doivent aussi être prises en considération; cependant, la situation de l’espèce demeure principalement tributaire des effets du réchauffement climatique sur les conditions de glace de mer. Les changements climatiques sont en train de modifier la dynamique de la formation et de la répartition de la glace de mer dans l’Arctique. On s’attend à ce que les quantités de glace de mer pluriannuelle soient réduites, et à ce que la tendance vers une prédominance des formations de glace annuelle mince se maintienne. Ces changements sont d’ailleurs largement corroborés par les données scientifiques et les CTA. Plusieurs sources présentant des CTA relatives à l’ours blanc font état des préoccupations des Inuits concernant la détérioration des conditions de glace de mer et ses incidences sur les ours blancs (Atatahak et Banci, 2001; Dowsley, 2005; Keith et al., 2005; NTI, 2005; Nirlungayuk, 2008). On observe notamment qu’il y a de moins en moins de glace pluriannuelle et d’icebergs, que les ours blancs utilisent comme plateformes d’alimentation et de repos. Parmi les autres changements, on note l’amincissement de la glace, l’accroissement de la quantité de glace rugueuse, et la survenue hâtive de la débâcle printanière, qui peuvent réduire le succès de chasse à l’ours blanc.

La documentation portant sur les changements climatiques et la réduction de la glace de mer est continuellement mise à jour, et le présent rapport ne fait état que des résultats les plus pertinents au moment d’écrire ces lignes. Le travail de synthèse le plus étendu et le plus récent sur les observations scientifiques concernant les changements de la glace de mer a été réalisé par Lemke et al. (2007) dans le chapitre qu’ils ont rédigé pour le rapport de 2007 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). En bref, les données satellitaires indiquent une régression de la superficie annuelle moyenne de glace de mer de 2,7 ± 0,6 p. 100 par décennie depuis 1978. La diminution de superficie dans l’Arctique est plus importante en été qu’en hiver, le minimum estival ayant présenté un taux de régression de 7,4 ± 2,4 p. 100 par décennie depuis 1979. Certaines données indiquent que la diminution estivale a commencé vers 1970. Des données pour le centre de l’Arctique obtenues en sous-marin indiquent que l’épaisseur moyenne de la glace de mer de cette région a fort probablement diminué jusqu’à 1 m de 1987 à 1997. Pour cette même période, des reconstructions effectuées par modélisation corroborent cette observation, indiquant une réduction de 0,6 à 0,9 m à l’échelle de l’Arctique entier. Les tendances à grande échelle avant 1987 sont ambiguës. Pour l’ouest de la baie d’Hudson, où l’on a récemment utilisé des variables du réchauffement climatique pour expliquer la variation des taux de survie des ours blancs (Regehr et al., 2007a; voir aussi plus bas ainsi que les sections 6.1 et section7.10), des analyses des données climatiques régionales montrent que, de 1950 à 2000, les températures moyennes de l’air en avril, en mai et en juin se sont accrues de 0,3 à 0,8 °C par décennie (Skinner et al., 1998; Gough et al., 2004; Ferguson et al., 2005; Gagnon et Gough, 2005a; idem, 2005b). Par exemple, la température moyenne pour les mois d’avril et de mai combinés est passée de - 12,4 °C, en 1962, à - 9,8 °C, en 2000 (Ferguson et al., 2005). De 1979 à 2004, la date de la débâcle printanière, établie sur la base des concentrations de glace (présence de 50 p. 100 de glace et de 50 p. 100 d’eau) est passée de la fin de juin à la fin de mai, la date se trouvant devancée en moyenne de 0,75 ± 0,25 jour (moyenne ± 1 erreur-type) d’une année à l’autre (Stirling et Parkinson, 2006). Stirling et Parkinson (2006) ont dégagé des tendances similaires en ce qui concerne la précocité de la débâcle dans le bassin de Foxe (- 0,58 ± 0,19 jour/année), la baie de Baffin (- 0,66 ± 0,20 jour/année), et le détroit de Davis (- 0,64 ± 0,69 jour/année). Dans les régions susmentionnées, la glace de mer disparaît habituellement presque complètement durant l’été (figure 4). Parmi les régions où de la glace demeure présente en concentrations détectables par imagerie satellitaire durant toute l’année (figure 4), on a établi que les changements des concentrations de glace (mesurés sur la base des concentrations de glace minimales d’été) ont été les plus importants dans le mer de Beaufort et le golfe de Boothia, et les plus faibles dans le centre de l’archipel Arctique (Parkinson et Cavalieri, 2002; Comiso et Parkinson, 2004).

Les projections scientifiques des effets des changements climatiques sur la glace de mer dans l’Arctique diffèrent selon les modèles – parfois largement – de sorte que, pour anticiper les effets des changements climatiques sur la répartition et l’abondance des ours blancs, nous recommandons d’utiliser des projections fondées sur la moyenne des modèles, comme celles présentées dans le rapport de 2007 du GIEC et dans l’Évaluation de l’impact du changement climatique dans l’Arctique (Arctic Climate Impact Assessment [ACIA]) de 2004. Les changements projetés de la glace de mer dans l’Arctique selon le GIEC sont présentés dans le chapitre de Christensen et al. (2007). En bref, l’Arctique devrait très probablement continuer de se réchauffer durant le présent siècle dans la plupart de ses régions, et le réchauffement annuel moyen y sera très probablement supérieur à celui du réchauffement moyen de la planète. D’ici la fin du XXIe siècle, la température annuelle se sera accrue de 5 °C (projection moyenne d’ensemble issue des simulations présentées par le GIEC et réalisées avec le modèle MMD-A1B); cependant, les projections varient grandement selon les modèles, soit de 2,8 °C à 7,8 °C. On prévoit que le réchauffement sera plus marqué en hiver et plus faible en été. Il est aussi très probable que les précipitations augmenteront dans l’Arctique en hiver. La diminution de l’étendue et de l’épaisseur de la glace de mer se poursuivra très probablement, mais on ne sait pas très bien dans quelle mesure évoluera la circulation dans l’océan Arctique.

Figure 4. Évolution sur 24 ans des concentrations de glace, mesurées lorsque l’étendue du couvert glaciel est à son minimum estival.
Les images a et b montrent les minimums moyens pour les périodes allant de 1979 à 1990 et de 1991 à 2002, respectivement.
L’image c montre le minimum de 2003. La résolution pour la mesure de la concentration de glace est de 8 %, c’est-à-dire qu’il est impossible de distinguer l’eau libre des zones couvertes de glace quand la concentration de glace est inférieure à 8 %.
L’image d, qui présente la différence entre les deux premières images (b − a), révèle les changements entre les deux périodes. La superficie moyenne de la banquise dans la période allant de 1979 à 1990 était supérieure d’environ 12 % à celle de la période de 1991 à 2002.
Source : figure tirée de Comiso et Parkinson (2004), et © 2004 American Institute of Physics.

Figure 4. Évolution sur 24 ans des concentrations de glace, mesurées lorsque l’étendue du couvert glaciel est à son minimum estival. Source : figure tirée de Comiso et Parkinson (2004), et © 2004 American Institute of Physics.

Les projections fondées sur la moyenne des modèles concernant les changements de l’étendue de la glace de mer sont très souvent présentés comme prévoyant les changements de l’étendue minimale de la glace de mer dans l’Arctique à la fin de l’été (septembre). Les changements projetés de l’étendue de la glace de mer en été sont présentés à la figure 5, soit les changements projetés fondés sur la moyenne des modèles tirés de l'ACIA (2004). Les changements de l’étendue de la glace de mer ont varié régionalement au Canada et continueront de le faire, et on prévoit que les étendues mensuelles de glace de mer montreront les plus faibles taux de changement dans l’archipel Arctique, et les plus forts taux de changement dans la baie d’Hudson, le bassin de Foxe, la baie de Baffin, le détroit de Davis et la mer de Beaufort. Quoi qu’il en soit, les projections fondées sur la moyenne des modèles présentées dans l'ACIA indiquent que, d’ici 2090, il est probable que presque toute la glace de mer au Canada sera de la glace de mer annuelle (hivernale) (figure 5).

Figure 5. Étendue de la glace de mer courante et projetée (projections fondées sur la moyenne des modèles) en septembre, selon le rapport de l’Évaluation de l’impact du changement climatique dans l’Arctique (ACIA, 2004).
Source : ACIA (2004) et © Arctic Climate Impact Assessment.

Figure 5. Étendue de la glace de mer courante et projetée (projections fondées sur la moyenne des modèles) en septembre, selon le rapport de l’Évaluation de l’impact du changement climatique dans l’Arctique (ACIA, 2004). Source : ACIA (2004) et © Arctic Climate Impact Assessment.

L’augmentation des températures et la diminution de la glace de mer dans l’Arctique sont de mauvais augure pour l’ours blanc. Toutefois, on dispose de peu de données quantitatives pour établir de quelle manière les tendances en matière d’habitat influeront sur la répartition et l’abondance des ours blancs. En particulier, il y a un manque de données sur la manière dont les variables dépendantes utilisées dans les modèles de projection produits par des organisations telles que l’ACIA et le GIEC (p. ex. la température, les précipitations, l’étendue de la glace de mer en été) servent de prédicteurs de la survie et de la reproduction (et donc de l’abondance et de la répartition) des ours blancs. Comme les paramètres démographiques seront probablement liés aux variables des changements climatiques de manière non linéaire, du fait non seulement de la localisation (les sous-populations les plus au nord pourraient initialement bénéficier des réductions de la glace de mer pluriannuelle, qui rend le milieu moins productif), mais aussi de facteurs importants comme la densité de proies, il est difficile de prévoir objectivement les tendances futures des effectifs de la population à partir des seules données sur le réchauffement climatique. Déduire les implications démographiques des changements de l’étendue de la glace de mer estivale est difficile notamment en raison du fait que les ours blancs devant aller sur la terre ferme en été à cause de la fonte complète, ou presque, de la glace de mer est déjà le lot d’environ 50 p. 100 à 60 p. 100 de la population canadienne d’ours blancs.

L’acquisition de données liant les taux démographiques aux changements de la glace de mer s’impose. Au moment d’écrire ces lignes, quatre études empiriques ont tenté de corréler les conditions annuelles de glace avec les taux de survie des ours blancs. Il s’agit d’études qui ont porté sur l’ouest de la baie d’Hudson (Regehr et al., 2007a; voir plus bas les sections 6.1 et section7.10), le sud de la baie d’Hudson (Obbard et al., 2007; voir la section 7.11), le sud de la mer de Beaufort (Regehr et al., 2006; idem, 2007b; voir la section 7.2), et le nord de la mer de Beaufort (Stirling et al., 2007; voir la section 7.3). Les analyses pour l’ouest de la baie d’Hudson et le sud de la mer de Beaufort rapportent l’existence de liens entre les taux de survie des ours blancs et les conditions de la glace de mer; par contre, dans les études concernant le nord de la mer de Beaufort et le sud de la baie d’Hudson, on n’a trouvé aucune corrélation entre les conditions environnementales ou l’état corporel et la variation interannuelle du taux de survie des ours.

Bien qu’il y ait un manque général de données sur le sujet (en partie à cause des longues périodes d’étude nécessaires pour construire des modèles précis), des travaux (Amstrup et al., 2007; Durner et al., 2007) ont été effectués pour prévoir l’abondance d’ours blancs sur la base des changements projetés de la glace de mer. En raison du manque de données sur la capacité limite du milieu en rapport avec les conditions de glace, ces projections demeurent préliminaires, mais leur caractère alarmant mérite notre attention : Amstrup et al. (2007) prédisent la disparition des deux tiers des ours blancs de la planète d’ici 45 ans (pour le Canada, la disparition complète ou une très importante diminution des effectifs de la baie de Baffin, du détroit de Davis, du bassin de Foxe, de l’ouest de la baie d’Hudson, du sud de la baie d’Hudson, et du sud de la mer de Beaufort). Le modèle d’Amstrup et al. (2007) est un réseau de Bayes combinant des données empiriques, des interprétations des données et le jugement professionnel d’Amstrup en un cadre probabiliste.Durner et al. (2007) modélisent la disparition projetée de l’habitat de choix de l’ours blanc (à partir de fonctions de sélection de ressources bien définies) dans le bassin polaire (au Canada, les ours touchés seraient ceux du sud et du nord de la mer de Beaufort). Si les ours disposent de moins d’habitat, leurs effectifs diminueront probablement, mais les relations exactes entre les pertes d’habitat et la démographie de l’espèce demeurent inconnues (Durner et al., 2007). Comme dans le cas des analyses de viabilité des populations (AVP; voir la section 7), les résultats de ces modèles sont fonction des entrées et des hypothèses utilisées. Nous traitons plus avant de l’importance des tendances de l’habitat (réchauffement climatique) pour la situation de l’ours blanc dans les sections 5, section6, section7 et section9.

4.3 Protection de l’habitat

Au Canada, la Loi sur les océans de 1996 autorise la création de zones de protection marines pour conserver l’habitat marin de l’ours blanc. Toutefois, à l’heure actuelle, il n’existe aucune aire marine nationale de conservation dans l’Arctique. La presque totalité de l’habitat de l’ours blanc ne jouit donc d’aucune protection officielle au Canada. Une partie de l’habitat terrestre important pour l’ours blanc se trouve protégée dans des parcs nationaux du Canada et des parcs provinciaux de l’Ontario, ainsi que dans des réserves nationales de faune. Les ours du sud de la mer de Beaufort peuvent trouver de l’habitat pour leurs tanières et de l’habitat terrestre sur le littoral nord du parc national du Canada Ivvavik (9 750 km²). Le parc national du Canada Tuktut Nogait (16,340 km²) offre une protection limitée à l’habitat des ours de la sous-population du nord de la mer de Beaufort parce qu’il est en grande partie en retrait (d’environ 20 km) de la côte du golfe d’Amundsen. On compte de grandes aires protégées dans l’archipel Arctique, soit le parc national du Canada Aulavik (12 274 km²) dans les Territoires du Nord-Ouest, les parcs nationaux du Canada Auyuittuq (19 707 km²), Sirmilik (22 200 km²) et Quttinirpaaq (37 775 km²) au Nunavut, et les réserves nationales de faune de Polar Bear Pass (2 624 km²), sur l’île Bathurst, et Nirjutiqavvik (1 650 km²), au large du sud de l’île d’Ellesmere (île Coburg). La nouvellement annoncée réserve de parc national des Monts-Torngat(9 600 km²), située au Labrador, protégera une quantité limitée d’habitat terrestre pour les ours blancs du détroit de Davis. Les parcs spécifiquement désignés pour protéger de l’habitat terrestre et de l’habitat propice à l’aménagement de tanières pour les ours blancs de la baie d’Hudson comprennent le parc national du Canada Wapusk (11 475 km²), au Manitoba, et le parc provincialPolar Bear (23 552 km²), en Ontario. Des tanières de mise bas sont présentes dans les zones de gestion de la faune du cap Tatnam et du cap Churchill, situées au Manitoba, et des plans de gestion prévoyant un contrôle de l’accès aux secteurs des tanières de mise bas sont en cours d’élaboration pour ces deux régions. L’ensemble des aires protégées officiellement se trouvant dans l’aire de répartition canadienne de l’ours blanc représente environ 2,9 p. 100 de la zone d’occupation de l’espèce (figure 3).

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