Rorqual commun (Balaenoptera physalus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC: chapitre 6

Habitat

Pour bien connaître l’habitat des baleines à fanons, il faut tenir compte de tous les aspects du cycle biologique de l’espèce, notamment les lieux d’alimentation estivaux ainsi que les lieux de mise bas et d’accouplement hivernaux. Il faut également prendre en considération les populations résidentes à l’année, de même que les besoins particuliers des diverses classes d’âge et de chaque sexe. Malheureusement, dans la majorité des cas, l’information dont nous disposons sur l’habitat du rorqual commun ne concerne que les lieux d’alimentation estivaux. Nous savons encore peu de choses sur ses lieux d’hivernage, ses lieux de mise bas et ses lieux d’accouplement (Reeves et al., 2002); le lecteur est prié de se reporter plus bas à la section « Migration » sous « Biologie ».

Le rorqual commun fréquente abondamment les deux côtes pendant les mois d’été. Bien que les populations de l’Atlantique et du Pacifique semblent migrer vers le large et peut-être également vers le sud en hiver, elles ne sont pas complètement absentes des eaux canadiennes pendant la saison froide (voir la section « Migration »).

Besoins en matière d’habitat

L’habitat estival du rorqual commun se caractérise généralement par des zones abritant de fortes concentrations de proies (Kawamura, 1980; Gaskin,1982). Woodley (1996) a découvert que, dans la baie de Fundy, les rorquals communs se rassemblent surtout dans les eaux peu profondes au relief élevé et qu’il existe une corrélation entre les secteurs choisis comme habitat et les concentrations de harengs et d’euphausiacés.

Au large des États du nord-est des États-Unis et dans la baie de Fundy, les rorquals communs sont surtout concentrés dans des secteurs où les températures de surface sont basses pendant les mois d’été (Woodley et Gaskin, 1996). Hain et al. (1992) ont documenté une association avec les fronts océaniques, secteurs connus pour leur forte productivité biologique (Herman et al., 1981).

Gaskin (1983) a noté que les rorquals communs disposaient d’abondantes réserves de nourriture à l’année dans les eaux situées à l’est de la Nouvelle-Écosse. Cette conclusion rejoint celle de Brodie (1975), qui a observé des rorquals communs à longueur d’année dans cette région. Elle est également corroborée par des rapports plus récents, qui font état de la présence de rorquals communs qui se nourrissent de hareng au large du cap Chebucto, en Nouvelle-Écosse, surtout en hiver (H. Whitehead, données inédites).

Dans l’estuaire du Saint-Laurent, les conditions qui règnent à l’entrée du chenal sont idéales pour les euphausiacés. Ce secteur sert de lieu d’alimentation saisonnier à de nombreux mammifères marins, dont le rorqual commun (Simard et Lavoie, 1999).

Gregr et Trites (2001) sont d’avis que les conditions océanographiques au large de l’extrémité nord de l’île de Vancouver sont propices à l’entraînement de masses d’eau riches en phytoplancton et en zooplancton. Citons notamment le transport de la production primaire depuis les zones de remontée des eaux situées plus au sud, la dérive du zooplancton de la plateforme continentale et la convergence de grands courants qui créent des phénomènes d’entraînement tels que des fronts et des tourbillons.

Tendancesen matière d’habitat

Il est difficile de décrire les changements survenus dans l’habitat d’une espèce pélagique migratrice. Le rorqual commun paraît physiquement capable de se déplacer sur de vastes étendues à la recherche de parcelles d’habitat convenables. Ainsi, une altération localisée de l’habitat pourrait venir modifier la répartition spatiale de l’espèce sans toutefois réduire la superficie totale de l’habitat disponible. Les facteurs susceptibles de modifier l’étendue de l’habitat disponible sont probablement davantage liés à des changements dans la productivité à l’échelle de bassins entiers. La qualité et la superficie de l’habitat du rorqual commun sont également tributaires des interactions trophiques entre l’espèce, ses proies et ses concurrents.

Protection et propriété

En Amérique du Nord, tant sur la côte du Pacifique que sur la côte de l’Atlantique, certaines parties de l’aire de répartition de l’espèce chevauchent les zones économiques exclusives des États-Unis et du Canada. Dans les deux pays, les mammifères marins sont protégés contre toute perturbation délibérée. Ainsi, les parcelles d’habitat qui se trouvent dans ces zones bénéficient sans doute d’une certaine protection (voir plus bas « Protection actuelle et autres désignations »).

L’habitat de l’espèce n’est explicitement protégé que dans la toute nouvelle zone de protection marine (ZPM) du Gully. Le rorqual commun figure parmi les nombreuses espèces qui fréquentent ce secteur (Hookeret al., 1999). Cependant, la ZPM est relativement petite comparativement à l’aire de répartition totale de l’espèce.

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