Sébaste canari (Sebastes pinniger) évaluation et rapport de situation du COSEPAC: chapitre 9

Description des pêches

Pêches commerciales

 

Les pêcheries au chalut américaines se sont relocalisées vers le nord, dans les zones 3C + 3D, au cours des années 1950 et ont atteint les zones côtières centrales (5A + 5B + 5C) au début des années 1960, à peu près a même moment où les chaluts canadiens se relocalisaient vers le sud à partir de la zone 5D dans le Nord de la Colombie-Britannique. Dans le reste de la région (5E), à l’ouest des îles de la Reine-Charlotte, la pêche au chalut a commencé vers la fin des années 1970, bien que cette zone soit en grande partie non chalutable à la profondeur où vit le sébaste canari.

 

Tableau 1 : Capture du sébaste canari Note de bas de page a , Note de bas de page b (t) en Colombie-Britannique (1980-2004)
Année 4B 3C+3D 5A+5B 5C+5D 5E Inconnu Totaux Grand Total
Chalut Li. Réc. Chalut Li. Chalut Li. Chalut Li. Chalut Li. Chalut Li. Chalut Li. Réc.
1980 0,0     602,2   365,4   205,2   0,5   0,0   1173,3     1173,3
1981 0,3     311,8   184,7   127,2   2,4   0,0   626,4     626,4
1982 0,5     388,8   359,4   59,6   18,3   0,0   826,6     826,6
1983 0,0     845,9   360,3   118,9   10,4   0,0   1335,5     1335,5
1984 0,6     1189,6   513,3   73,6   12,7   0,0   1789,8     1789,8
1985 0,0     904,2   394,9   190,4   9,4   0,0   1498,9     1498,9
1986 0,1   1,0 720,7   280,0   44,5   110,5   0,0   1155,8   1,0 1156,8
1987 0,0   5,7 727,4   563,3   102,9   12,6   0,0   1406,2   5,7 1411,9
1988 0,0   4,0 1061,9   585,7   83,6   79,1   0,0   1810,3   4,0 1814,3
1989 0,0   2,0 1170,9   502,3   122,0   19,5   0,0   1814,7   2,0 1816,7
1990 0,0   4,6 767,1   601,1   153,7   64,4   0,0   1586,3   4,6 1590,9
1991 0,0   0,7 650,9   517,7   154,3   29,0   0,0   1351,9   0,7 1352,6
1992 0,9   0,3 768,6   480,2   125,5   26,3   0,0   1401,5   0,3 1401,8
1993 0,0   0,0 827,4   191,0   73,8   21,7   0,0   1113,9   0,0 1113,9
1994 0,0   5,1 780,2   293,9   112,0   7,7   0,0   1193,8   5,1 1198,9
1995 0,0 0,3 2,6 625,2 9,1 171,5 14,5 60,3 5,5 3,5 5,5 0,0 26,2 860,5 61,1 2,6 924,2
1996 0,0 0,2 2,2 473,5 20,4 149,8 9,9 68,8 4,2 10,6 10,7 0,0 11,3 702,7 56,7 2,2 761,6
1997 0,0 0,7 1,5 438,7 9,9 189,9 8,4 41,6 4,4 20,1 8,7 0,2 22,6 690,5 54,7 1,5 746,7
1998 0,0 0,2 0,4 421,3 21,4 288,4 13,5 43,7 5,5 2,5 17,9 0,0 17,9 755,9 76,4 0,4 832,7
1999 0,0 0,5 4,6 542,9 31,0 314,6 9,5 42,0 4,7 7,2 11,9 0,0 6,9 906,7 64,5 4,6 975,8
2000 0,0 1,0 1,4 459,7 19,1 216,2 10,5 78,7 1,5 15,5 11,4 0,0 6,2 770,1 49,7 1,4 821,2
2001 0,0 1,2 5,4 492,2 13,3 223,0 15,6 73,0 4,0 2,0 17,7 2,2 2,4 792,4 54,2 5,4 852,0
2002 0,0 0,1 0,5 566,5 10,0 236,2 5,8 64,3 2,9 3,2 5,7 0,0 1,2 870,2 25,7 0,5 896,4
2003 0,0 0,8 0,9 503,1 10,8 239,9 10,1 71,4 1,2 18,6 5,6 0,0 2,3 833,0 30,8 0,9 864,7
2004 0,0 0,2 0,5 516,1 8,5 191,7 14,2 65,8 1,7 3,9 5,8 0,0 0,8 777,5 31,2 0,5 809,2


Les prises des pêcheries américaines n’ont pas été identifiées à l’échelle de l’espèce avant 1967, mais Westrheim (1977) fait état de quantités importantes capturées à partir des zones 3C + 3D dès 1960 à tout le moins. À la suite de l’extension de la compétence en matière de pêches de 1977, les chalutiers canadiens ont progressivement pris la place des pêcheurs américains, qui ont définitivement abandonné la pêche en eaux canadiennes en 1982. Depuis 1982, il n’existe aucune pêcherie étrangère au sébaste canari dans les eaux canadiennes, mis à part une prise accessoire négligeable par la pêche au merlu du Pacifique (Merluccius productus) par des chaluts pélagiques.

Une pêcherie au chalut de grande envergure a été pratiquée par des navires soviétiques durant les années 1960 et des navires japonais durant les années 1970, mais peu de données d’observateurs ont été obtenues de ces pêcheries. Elles visaient des bancs de sébastes à longue mâchoire (S. alutus) (Ketchen, 1980) à une plus grande profondeur, mais il est possible qu’elles aient également capturé des individus du sébaste canari.

Des pêcheurs canadiens ont rapporté que le rejet en mer était courant entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 1990, dans le but d’éviter d’excéder les limites par sortie, mais l’importance de cette pratique demeure inconnue. De nombreux pêcheurs affirment que ces rejets étaient importants par rapport à la quantité totale de poisson débarquée. Cependant, à la même époque, on a relevé de nombreux cas de dépassement des limites de prises qui venaient, en fait, d’une mauvaise identification des espèces débarquées. Les données sur les prises ne sont donc pas fiables entre 1985 et 1995. Elles pourraient être sous-estimées ou surestimées pour n’importe quelle année, le biais ayant changé presque chaque année au gré des divers moyens de limiter la récolte testés par les gestionnaires des pêcheries. D’ailleurs, c’est bien le manque de fiabilité des données sur la quantité de captures et les problèmes conséquents d’application des quotas de pêche au sébaste qui ont poussé le MPO à imposer une surveillance complète dans les ports en 1994 et la présence d’observateurs pour toute la flotte de chalutiers en 1996.

Les estimations de captures ne devraient être utilisées que pour se faire une idée de l’importance approximative des prises durant la période s’étendant de 1967 à 1996 (tableau 1). La crédibilité n’est accordée qu’aux données postérieures à la mise en place, en 1996, d’observateurs pour la totalité des chalutiers. Même pour la période la plus récente, soit de 1996 à 2006, il n’existe aucune estimation des remises à l’eau des captures de la pêche à la ligne quoique, dorénavant, cette flotte sera aussi entièrement surveillée (2006-2007). Par conséquent, des tendances démographiques ne doivent pas être déduites en se fondant sur le total des captures ou les captures par unité d’effort (CPUE) au cours de toute la période de pêche au sébaste canari. La réglementation de gestion, que ce soient les limites de prises par sortie ou les quotas annuels, a non seulement considérablement varié durant cette période, mais la manière dont les prises ont été signalées (ou délibérément non signalées) a également varié.

Depuis 1996, les détenteurs de divers types de permis et d’engins de pêche déclarent des prises de sébaste canari totalisant environ 840 t/an. Environ 95 p. 100 des prises déclarées proviennent de la flotte de pêche commerciale au chalut, principalement composée de chaluts de fond (figure 10, tableau 1). Le secteur de la pêche commerciale de poisson de fond à la ligne et à l’hameçon produit environ 5 p. 100 des captures déclarées, mais le sébaste canari n’est généralement pas une espèce visée par ces pêches (tableau 1, tableau 2 de l’annexe 1). Contrairement aux captures de la pêche au chalut, les captures déclarées, avant 2006, provenant de la pêche à la ligne et à l’hameçon n’incluent pas les remises à l’eau. Haigh et al. (2002) ont colligé les taux de prise de diverses pêches à la ligne d’après des données d’observation partielles de 1999 à 2001 et démontré que les estimations à valeur ajoutée des prises totales (captures et remises à l’eau) des observateurs étaient inférieures aux captures déclarées (voir le tableau 17 dans Haigh et al., 2002), ce qui est indicateur d’un échantillonnage non représentatif du programme d’observation en ce qui concerne la pêche à la ligne.

Les prises du sébaste canari provenant de la pêche au saumon à la traîne de la côte sud sont présumées à partir des données d’observation de 1998 à 2001 (Wrohan et al., 2002). Les prises du sébaste canari observées de la pêche à la traîne au saumon varient entre 0 et 11 250 prises/an, pour une moyenne de 2 866 prises/an (5,8 t/an, en présumant un poids moyen de 2,03 kg) sur la côte ouest de l’île de Vancouver et dans le détroit de Georgie entre 1998 et 2001. La quantité de captures était probablement plus élevée lorsque l’effort de pêche était plus intense, soit avant la fin des années 1990, mais aucune donnée n’est disponible pour cette période. Les journaux de bord et une enquête par téléphone concernant la pêche à la traîne au large de la côte ouest des îles de la Reine-Charlotte révèlent une récolte d’environ 1 000 prises/an, soit environ 1 t/an. La récolte de cette pêche est probablement négligeable par comparaison à celle d’autres pêches, surtout depuis la diminution de l’effort de pêche au saumon à la traîne au saumon dans la région. Les prises du sébaste canari semblent négligeables provenant de la pêche commerciale au saumon à la senne et au filet maillant (Wrohan et al. 2002). Les prises par la pêche aux invertébrés sont également négligeables, surtout depuis l’introduction, en 2000, de dispositifs de réduction des prises accessoires dans les chaluts à crevettes (Olsen et al., 2000, Dennis Rutherford, comm. pers.).


Pêches des premières nations

Conformément aux lignes directrices du COSEPAC sur le recueil de connaissances autochtones, le seul conseil de gestion des ressources fauniques concerné, le comité mixte Nisga’a sur la gestion des pêches, a été consulté au cours de la préparation du présent rapport. La personne-ressource a affirmé n’avoir aucun ajout ni commentaire à formuler concernant la situation de l’espèce (Harry Nyce, comm. pers., 2005).


Figure 10 : Total des captures annuelles du sébaste canari en Colombie-Britannique

Figure 10. Total des captures annuelles du sébaste canari en Colombie-Britannique.


Il n’existe aucune donnée pour estimer l’importance de la récolte historique ou actuelle du sébaste canari par les Premières nations de la Colombie-Britannique. Il est probable que le sébaste canari ait toujours été pêché occasionnellement par les Premières nations de la côte dans le cadre d’activités de pêche visant d’autres poissons, y compris d’autres espèces de sébastes, le flétan du Pacifique (Hippoglossus stenolepis) et la morue-lingue. Les premiers ethnographes ont tous reconnu l’importance des « nombreuses espèces de morues » pour diverses Premières nations vivant près des côtes (Boas, 1895), mais d’après Stewart (1975), les premières ethnographies ne font aucune mention explicite des sébastes en tant que sous-groupe. Les enregistrements archéologiques de Sebastes spp. fondés sur la présence d’otolithes, de crânes et d’éléments de la ceinture pelvienne s’arrêtent au genre seulement (c.-à-d. Sebastes); l’information sur l’espèce n’y figure donc pas (Stewart, 1975).

La majorité des populations du sébaste canari vivent en haute mer, à des profondeurs généralement supérieures à 80 m. Il semble raisonnable de présumer que les espèces de sébastes vivant en eaux moins profondes, comme le sébaste aux yeux jaunes, le sébaste cuivré (S. caurinus) et le sébaste à dos épineux (S. maliger) ont été les espèces privilégiées par les pêcheurs autochtones. Il est donc probable qu’il n’existe aucune connaissance traditionnelle autochtone sur la situation de la population du sébaste canari.

Il n’existe aucune estimation quantitative de la récolte d’individus du sébaste canari par les Premières nations. Les données connues ne font référence qu’à la catégorie « sébaste ». Pour l’ensemble de la côte, la récolte du sébaste canari par les Premières nations est probablement infime comparativement à la récolte du sébaste canari d’autres pêches, même si les captures sont peut-être importantes dans certaines localités.


Pêches récréatives

Aucune pêche récréative ne vise directement le sébaste canari; les adultes occupent généralement des eaux trop profondes pour être capturés facilement par les pêcheurs récréatifs. Les individus du sébaste canari capturés sont presque toujours pris accidentellement par des pêcheurs au flétan ou à la morue-lingue sur la côte ouest de l’île de Vancouver et, dans une moindre mesure, sur la côte nord de la Colombie-Britannique (Jeremy Maynard, comm. pers.).

L’enquête annuelle sur les prises auprès des pêcheurs récréatifs actifs dans le détroit de Georgie indique une grande variation dans les prises annuelles du sébaste canari entre 1986 et 2004 (tableau 1, source : South Coast Creel Database). La variation de deux ordres de grandeur des estimations des prises sur des années consécutives donne à penser que ces estimations des prises ne sont pas crédibles. L’identification des espèces était probablement mauvaise et inconstante, c’est pourquoi aucune analyse de la CPUE n’a été prise en compte. Non seulement les estimations des prises sont peu fiables, mais les récentes modifications aux limites de prises interdisent toute inférence des tendances démographiques à partir des enquêtes sur les prises ou de la CPUE.

L’Enquête postale sur la pêche récréative au Canada, effectuée tous les cinq ans par le MPO en collaboration avec tous les organismes de délivrance de permis de pêche régionaux, provinciaux et territoriaux, ne contient aucune déclaration de prise de sébaste canari (http://www.dfo-mpo.gc.ca/communic/statistics/recreational/index_e.htm).

Détails de la page

Date de modification :