Léchéa maritime (Lechea maritima) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 5

Rapport de situation du COSEPAC
sur la
Léchéa maritime
Lechea maritima
au Canada
2008

Information sur l'espèce

Nom et classification

Nom scientifique de l’espèce :
Lechea maritima Leggett
Nom scientifique de la variété :
Lechea maritima Leggett var. subcylindrica Hodgdon
Synonymes pour l’espèce :
Lechea thymifolia Pursh
Lechea minorL. var. maritima A. Gray
Noms français de l’espèce :
Léchéa maritime, léchéa de la mer
Noms français de la variété :
Léchéa du golfe Saint-Laurent, léchéa du golfe du Saint-Laurent
Noms anglais de l’espèce :
Beach pinweed, maritime pinweed, hoary pinweed, seaside pinweed
Nom anglais de la variété :
Gulf of St. Lawrence beach pinweed
Famille :
Cistacées
Grand groupe végétal :
Eudicotylédones

La léchéa maritime (Lechea maritima) appartient à la famille des Cistacées, qui renferme environ 200 espèces réparties en 9 genres. Cette famille de taille moyenne réunit des plantes arbustives, suffrutescentes ou herbacées poussant dans des milieux mésiques ou xériques. Les régions du monde qui abritent le plus grand nombre d’espèces de cette famille sont les zones méditerranéennes arides de la péninsule Ibérique et la plaine côtière atlantique de l’Amérique du Nord (Hodgdon, 1938).

Le genre Lechea L., qui comprend 17 espèces (Hodgdon, 1938), n’est présent qu’aux États-Unis, au Canada et dans le nord du Mexique, sauf pour une espèce endémique à la moitié ouest de Cuba et deux espèces présentes dans le sud du Mexique, au Belize et au Guatemala. Les espèces du genre Lechea sont généralement des plantes herbacées vivaces ou bisannuelles poussant en terrain sec sableux ou rocheux, dans des milieux à la fois dégagés et exposés. La plus grande diversité d’espèces se rencontre sur la plaine côtière atlantique. Le nom du genre a choisi par Kalm en 1751, en l’honneur du botaniste suédois Johan Leche, puis il a été adopté par Linné en 1753 dans la première édition de Species Plantarum (Britton, 1894). Comme le résume Hodgdon (1938), le genre a subi plusieurs révisions au XIXe siècle, mais la variabilité des plantes et l’utilisation de caractères diagnostiques souvent microscopiques ont abouti à de grands écarts entre les premières descriptions des espèces. La révision la plus récente et la plus complète du genre est celle de Hodgdon (1938), dont la délimitation des espèces est encore en usage aujourd’hui.

Malgré ce passé taxinomique plutôt confus, la léchéa maritime (Lechea maritima) est considérée comme distincte de toutes les autres espèces canadiennes de Lechea (David Lemke, auteur de la future section sur les Lechea dans Flora of North America, comm. pers.). La variété de léchéa maritime qui se rencontre autour du golfe Saint-Laurent (L. maritima var. subcylindrica) est la seule variété poussant certainement au Canada, et les mentions du L. maritima var. maritima pour le Québec et l’Ontario semblent erronées, comme il sera expliqué dans la section « Aire de répartition canadienne ». Par conséquent, même s’il fallait effectuer des travaux taxinomiques plus approfondis pour confirmer le caractère distinct de la variété subcylindrica, l’espèce L. maritima dans son ensemble constitue certainement une unité valide aux fins de l’évaluation de son statut par le COSEPAC.

Le Lechea maritima Leggett a d’abord été inclus dans le L. thymifolia Pursh, en 1814. Le L. maritima a également parfois été inclus dans le L. thymifolia Michaux, mais il convient de considérer ce nom comme un synonyme de l’actuel Lechea minor L. (Hodgdon, 1938). Dans sa flore de 1890, Gray désignait le L. maritima par le nom Lechea minor L. var. maritima A. Gray. Lorsque Britton a révisé le genre en 1894, il a établi le nom L. maritima Leggett pour le L. thymifolia Pursh. Hodgdon (1938) a décrit plusieurs variantes marquées de l’espèce, dont la variété subcylindrica, sur la foi de différences dans la forme et le degré de ramification de la panicule, les caractères des sépales et le nombre de graines. Le spécimen type de la variété subcylindrica a été récolté par S.F. Blake en 1913, sur l’île Portage, au Nouveau-Brunswick, et a été déposé à l’herbier Gray. Hodgdon a spécifiquement identifié chacun des spécimens canadiens alors connus, qui provenaient de 5 sites du Nouveau-Brunswick, et il les a tous rangés dans la variété subcylindrica. Par la suite, le caractère distinct du L. maritima var. subcylindrica Hodgdon n’a pas été étudié de façon particulière, mais Fernald (1950) et Kartesz (1999) ont conservé la variété, tandis que Gleason et Cronquist (1991) ont écrit qu’elle était « séparée par des différences mineures ». Hodgdon (1938) n’a examiné aucun spécimen provenant de l’Île-du-Prince-Édouard, mais les spécimens récoltés dans cette province au cours des dernières années appartiennent également à la variété subcylindrica, selon les caractères employés dans les clés d’identification (Catling et al., 1985; D.M. Mazerolle et C.S. Blaney, obs. pers.), sauf pour une certaine variation dans la forme de l’inflorescence.


Description morphologique

La description qui suit s’appuie sur les travaux de Hodgdon (1938), Barringer (2004), Fernald (1950), Gleason et Cronquist (1991) ainsi que Britton (1894). La figure 1 montre la plante poussant sur le terrain.


Figure 1 : Léchéa maritime (Lechea maritima), avec rosette de pousses basales et deux tiges florifères

Léchéa maritime (Lechea maritima)

À l’avant-plan, à droite : gesse maritime (Lathyrus japonicus) et ammophile à ligule courte (Ammophila breviligulata).

Le Lechea maritima var. subcylindrica est une plante herbacée vivace, basse, naissant d’une racine pivotante ligneuse pouvant atteindre 10 cm de longueur. Les tiges fructifères sont longues de (10) 20 à 35 cm, réclinées à dressées et très ramifiées. Les pousses basales sont couchées à réclinées, longues de 3 à 10 cm; elles prennent naissance sur la souche ligneuse de la plante et forment souvent une rosette. Les feuilles des pousses basales sont verticillées, serrées les unes contre les autres, épaisses, vert mat, lancéolées à elliptiques-lancéolées, longues de 5 à 12 mm et larges de 2 à 5 mm; la pubescence du dessus est très fine, tandis que celle du dessous est dense et blanche. Les feuilles des tiges sont étroitement elliptiques à étroitement oblancéolées, longues de 7 à 25 mm et larges de 1,2 à 4 mm, opposées ou verticillées (ou parfois subopposées dans le cas des feuilles inférieures); le dessus peut d’abord présenter une pubescence clairsemée, mais devient glabre à maturité, tandis que le dessous a une pubescence clairsemée. Les feuilles des rameaux sont alternes, plus courtes et proportionnellement plus étroites, souvent serrées les unes contre les autres, généralement persistantes. L’inflorescence est une panicule étroitement subcylindrique (d’où le nom de la variété), ramifiée principalement à partir du milieu de la tige. Les fleurs sont nombreuses, peu visibles, réunies en petits groupes denses axillaires ou terminaux renfermant chacun 3 à 6 fleurs, ou encore en grappes terminant de courts rameaux tertiaires naissant près de l’extrémité des rameaux secondaires. Chaque fleur est hermaphrodite, large de 2 à 4 mm, à ovaire supère. Les 3 pétales sont caducs, brun rougeâtre, généralement plus courts que les sépales. Le calice est persistant, sphérique ou légèrement déprimé, long de 2 mm ou un peu plus. Les organes floraux sont disposés de façon régulière, sauf les sépales, qui sont au nombre de 5 et disposés en 2 rangs distincts. Les 3 sépales intérieurs sont minces et membraneux, vaguement carénés, pubescents, ovés-elliptiques et subaigus, tandis que les 2 sépales extérieurs sont foliacés, étroitement lancéolés à linéaires, plus courts que les sépales intérieurs ou de la même longueur. Le nombre des étamines est variable, même parmi les fleurs d’un même individu, allant de 6 à 10 ou davantage. Le pistil comporte 3 stigmates frangés-plumeux, sessiles ou terminant un style très court. Le fruit est une capsule ovoïde ou sphérique, longue de 1,8 à 2,1 mm, généralement plus courte que le calice, et elle s’ouvre jusqu’à la base en 3 valves longitudinales. Chaque capsule renferme (3)4 à 5(6) graines, longues de 1 à 1,1 mm, brun clair mat, lisses, presque équilatérales, à surface dorsale convexe et à surface ventrale convexe ou carénée. Les graines sont dépourvues d’enveloppe membraneuse. L’embryon est mince, droit ou courbé, à peine discernable à travers l’albumen, qui est semi-transparent.

La clé suivante, extraite de l’analyse du Lechea maritima effectuée par Hodgdon (1938), permet de distinguer la variété subcylindrica de la variété maritima. Une autre variété, la variété virginica, se rencontre dans les régions côtières du sud de la Virginie et du nord de la Caroline du Nord, et son caractère distinct a été confirmé par une étude récente (Sorrie et Weakley, 2007).

Panicules largement subcylindriques à largement subpyramidales, la plupart uniformément ramifiées approximativement à partir du milieu de la tige. Calice en général piriforme à obconique ou subsphérique (cunéiforme-obovoïde), long de 2 mm ou moins. Sépales extérieurs peu visibles, beaucoup plus courts que les intérieurs. Capsules renfermant 3 ou 4 graines (rarement 5). Aire de répartition s’étendant du Maine au Maryland.

var. maritima

Panicules étroitement subcylindriques, à ramification débutant généralement plus haut que le milieu de la tige. Calice sphérique ou légèrement déprimé, long de 2 mm ou un peu plus. Sépales extérieurs souvent bien visibles et parfois presque aussi longs que les intérieurs. Capsules renfermant 4 ou 5 graines (parfois 6). Plante présente uniquement au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard, sur les côtes du golfe Saint-Laurent.

var. subcylindrica

Dans le cas de plusieurs espèces de Lechea,l’identification précise peut exiger qu’on examine à la loupe des spécimens matures pourvus de pousses basales. Les populations canadiennes du L. maritima sont géographiquement isolées des autres variétés du L. maritima, poussant aux États-Unis, et leur répartition ne chevauche que celle d’une autre espèce de Lechea, la léchéa intermédiaire (L. intermedia), qui est plus commune et qui a un habitat plus diversifié. Au Canada, le L. maritima et le L. intermedia peuvent pousser en étroite proximité, et les caractères qui permettent le mieux de les distinguer sont la pubescence des feuilles des pousses basales et la texture des graines. Chez le L. intermedia, les graines mûres sont distinctement réticulées, et le dessous des feuilles des pousses basales n’est pubescent qu’à la marge et sur la nervure principale. Chez le L. maritima var. subcylindrica, les graines sont lisses, et toute la surface inférieure des feuilles des pousses basales est pubescente.


Description génétique

David Lemke, auteur de la future section sur les Lechea dans Flora of North America, n’est au courant d’aucun dénombrement chromosomique ni d’aucune analyse génétique visant le L. maritima ou toute autre espèce de Lechea (Lemke, 2007, comm. pers. à Sean Blaney).


Unités désignables

Une seule unité désignable est reconnue, puisque toutes les populations canadiennes de l’espèce se trouvent à l’intérieur d’une seule des aires écologiques nationales reconnues par le COSEPAC, celle de l’Atlantique, où se trouve la totalité de l’aire de répartition de l’espèce au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard.

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