Puffin à pieds roses (Puffinus Creatopus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 11

Résumé du rapport de situation

Le Puffin à pieds roses (Puffinus creatopus) se trouve principalement dans l’est du Pacifique et se reproduit dans trois îles au large de la côte du Chili. L’aire de répartition marine de cette espèce s’étend vers le nord le long de la côte de l’Amérique du Sud et de l’Amérique du Nord, au moins jusqu’à la côte sud de l’Alaska. On sait que le Puffin à pieds roses est présent en toutes saisons au large du Pérou et du Chili, mais l’espèce est habituellement observée dans la partie nord-américaine de son aire de répartition uniquement pendant le printemps et l’été boréaux. La taille de la population totale est inconnue. Cependant, la population reproductrice de l’île Mocha serait en déclin. Par ailleurs, les populations de l’archipel Juan Fernandez semblent être demeurées plus ou moins stables pendant les 15 dernières années, mais on pense qu’elles ont connu de graves déclins par le passé, surtout celles de l’île Robinson Crusoe. Actuellement, on ne possède pas de données démographiques sur le Puffin à pieds roses.

Les principales menaces qui pèsent sur le Puffin à pieds roses à terre sont les prédateurs introduits, les perturbations anthropiques, l’exploitation par l’être humain et la destruction de l’habitat. L’importance de ces divers facteurs varie selon le lieu de reproduction. Dans l’île Robinson Crusoe, de l’archipel Juan Fernandez, on a introduit des coatis et leur présence constitue probablement la plus grande menace pour la population de Puffins à pieds roses de l’endroit. On pense que le coati a joué un rôle important dans les graves déclins qu’ont connus les populations dans le passé. Il y a aussi des chats féraux et des rats dans les îles Robinson Crusoe et Mocha, ainsi que des rats dans l’île Santa Clara. Souvent, des chiens accompagnent les gens qui récoltent des poussins dans la forêt à l’île Mocha et ils capturent probablement les poussins qui se trouvent dans des terriers courts ou à l’extérieur de leur terrier. En général, l’incidence de la présence de rats, de chats et de chiens sur la taille et les tendances des populations sont largement inconnues, mais des recherches préliminaires menées dans l’île Robinson Crusoe ont permis d’estimer qu’en moyenne, 6 p. 100 des nids ont échoué en 2003 à cause du prélèvement de poussins ou d’adultes par les prédateurs. Bien que la récolte de poussins soit illégale, on estime qu’environ 20 p. 100 de la production annuelle de poussins est prélevée chaque année à l’île Mocha. En outre, les gens qui pratiquent cette activité détruisent régulièrement des terriers pour atteindre les poussins.

Les interactions entre les oiseaux de mer et la pêche ainsi que la pollution par les hydrocarbures représentent des menaces potentielles extrêmement fortes dans toute l’aire de répartition de l’espèce. On sait que les activités de pêche sont concentrées le long de la plate-forme continentale en Amérique du Nord, y compris au Canada. C’est aussi dans cette zone que le Puffin à pieds roses est observé le plus fréquemment en général, de sorte que le risque d’interactions est probablement élevé. Jusqu’à présent, le ministère des Pêches et des Océans n’a pas signalé de prise accidentelle de l’espèce dans les eaux canadiennes. Cependant, il peut arriver que l‘oiseau soit présent dans des zones où des pêcheurs sont actifs, ce qui constitue la plus grande menace pour le maintien de l’espèce au Canada. Par ailleurs, de récentes discussions concernant la levée du moratoire actuel sur l’exploration pétrolière et gazière au large de la côte de la Colombie-Britannique font ressortir le risque de mazoutage des oiseaux. Les secteurs qui pourraient être touchés par les forages comprennent les eaux de la plate-forme continentale du bassin de la Reine-Charlotte, des secteurs peu profonds du détroit d’Hécate et les eaux situées à l’ouest et au nord-ouest de l’île de Vancouver. Compte tenu de la répartition, de l’abondance et du comportement du Puffin à pieds rose au large de la Colombie-Britannique, il existe donc entre l’espèce et l’industrie pétrolière des possibilités d’interactions qui pourraient compromettre le maintien de l’espèce dans cette partie de son aire de répartition. Un déversement d’hydrocarbures majeur pourrait altérer l’habitat de l’espèce au Canada.

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