Chevalier de rivière (Moxostoma carinatum) assessment and update status report : chapitre 6

Répartition

Aire de répartition mondiale

Le chevalier de rivière vit dans tout le centre et l’est du réseau du Mississippi et dans le versant du golfe, de la Floride à la Louisiane. Son aire de répartition s’étend vers le nord jusqu’au bassin des Grands Lacs et au fleuve Saint-Laurent (figure 2). Il est observé dans 24 États et dans les provinces du Québec et de l’Ontario. Les populations de chevaliers de rivière ont subi un déclin marqué dans toute l’aire de répartition au cours du siècle dernier (Becker, 1983; Trautman, 1981). Les populations de chevaliers de rivière semblent concentrées dans le centre de l’aire de répartition, surtout dans les États de l’Alabama, de l’Arkansas, du Kentucky et du Tennessee. Hors de cette région, il est beaucoup plus rare. Selon Trautman (1981), il est probable que les chevaliers de rivière sont plus abondants dans ces États, car ils échappent habituellement à la pêche à la seine. De plus, on ne soupçonne souvent pas sa présence jusqu’à ce qu’elle se révèle lors d’une mortalité massive de poissons. Des échantillonnages effectués à la pêche électrique en embarcation ont permis de répertorier de nouveaux sites dans les rivières Ohio (Yoder et Beaumier, 1986) et Illinois (Retzer et Kowalik, 2002).


Figure 2 : Aire de répartition nord-américaine du chevalier de rivière (Moxostoma carinatum)

Figure 2. Aire de répartition nord-américaine du chevalier de rivière (Moxostoma carinatum).


Aire de répartition canadienne

On trouve plusieurs populations isolées de chevaliers de rivière dans le centre-sud de l’Ontario et dans le sud du Québec (figure 3). Parker (1988) a résumé l’aire de répartition du chevalier de rivière dans le rapport de situation précédent. En Ontario, avant 1988, des spécimens étaient capturés dans les rivières Mississippi, Ausable et des Outaouais. Au Québec, le chevalier de rivière a été signalé dans les bassins des rivières Châteauguay, Richelieu, Yamaska, Saint-François et des Outaouais ainsi que dans le fleuve Saint-Laurent. Depuis le dernier rapport de situation, la plupart des mentions historiques de populations de chevaliers de rivière ont été reconfirmées. On a également trouvé plusieurs nouveaux sites en Ontario et au Québec. Pour ce qui est des États-Unis, de récentes enquêtes effectuées à la pêche électrique en embarcation ont amélioré nos connaissances sur l’aire de répartition.


Figure 3 : Aire de répartition canadienne du chevalier de rivière (Moxostoma carinatum)

Figure 3 : Aire de répartition canadienne du chevalier de rivière (Moxostoma carinatum).

Abréviations des cours d’eau : Au = rivière Ausable; BQ = baie de Quinte; Gr = rivière Grand; Ma = rivière Madawaska; Mi = rivière Mississippi; No = rivière Noire; Ot = rivière des Outaouais; Ri = rivière Richelieu; Th = rivière Thames: Tr = rivière Trent; Ya = rivière Yamaska.

Dans le bassin hydrographique du lac Sainte-Claire, on a capturé deux chevaliers de rivière (un juvénile et un adulte) dans le cours inférieur de la rivière Thames, en amont de l’aire de conservation Big Bend, en septembre 2003 (J. Barnucz, MPO, comm. pers.). Il s’agit de la première mention du chevalier de rivière dans ce cours d’eau.

Dans le bassin hydrographique du lac Érié, on a signalé pour la première fois le chevalier de rivière dans la rivière Grand en 1998. Des spécimens ont été prélevés dans les régions de Dunnville (ROM 70398) et de Cayuga (ROM 71654). En 2002 et en 2003, on a capturé des chevaliers de rivière à Caledonia, Cayuga, York et Dunnville (S. Reid, données inédites). Dans le nord de l’Ohio, des fouilles archéologiques dans des tertres et des fosses à déchets (de 750 à 1650 de notre ère) ont permis de récupérer des restes de chevaliers de rivière, ce qui laisse croire que cette espèce fait depuis longtemps partie de la communauté de poissons du bassin du lac Érié (Cavender, 1989).

Dans le bassin hydrographique du lac Ontario, des chevaliers de rivière ont été capturés dans la baie de Quinte et dans la rivière Trent. La première mention du chevalier de rivière dans le lac Ontario date de 1997 (ROM 71102). D’autres échantillonnages en 1997 ont permis de récupérer un spécimen dans la région de la baie de Quinte du lac Ontario, alors que le suivi des communautés de poisson à l’aide de pêches expérimentales (NSCIN) de 2001 a permis d’en capturer deux autres (Jim Hoyle, MRNO, comm. pers.). En 1997, on a capturé pour la première fois des chevaliers de rivière dans le cours inférieur de la rivière Trent (Ontario) (ROM 71170). Depuis 1998, on a capturé des chevaliers de rivière dans un tronçon de 50 km le long de la rivière Trent, à partir de Trenton jusqu’au barrage hydroélectrique de Hagues Reach. Des frayères de qualité existent le long des tronçons inférieurs des rivières Moira, Salmon et Napanee (affluents de la baie de Quinte); cependant, aucun échantillonnage de printemps n’a été effectué pour évaluer l’utilisation qui en est faite.

Selon des données récentes, les chevaliers de rivière seraient plus largement répartis dans le bassin hydrographique de la rivière des Outaouais qu’on ne l’avait signalé auparavant (Scott et Crossman, 1973; Parker, 1988). Le long de la rivière des Outaouais, le chevalier de rivière est présent de Sheenboro à Montebello (Chabot et Caron, 1996). En 1997 et en 1998, le NSCIN menée dans le lac des Chats (rivière des Outaouais) a permis de capturer respectivement 29 et 31 chevaliers de rivière (T. Haxton, comm. pers.; Haxton, 1999). En 1997 et en 1998, le NSCIN dans le lac des Allumettes (rivière des Outaouais) a permis de capturer respectivement 11 et 3 spécimens (T. Haxton, MRNO, comm. pers.). En 1999, la NSCIN a permis de capturer 3 spécimens dans la partie inférieure du lac des Allumettes (rivière des Outaouais) (Haxton, 2000a) et 13 spécimens dans le lac Coulonge (rivière des Outaouais) (Haxton, 2000b). Un chevalier de rivière a été recueilli au cours du NSCIN réalisée dans le lac du Rocher Fendu (rivière des Outaouais) (Haxton, 1998). L’inventaire d’automne du doré au filet expérimental (FWIN), effectué dans le lac Holden (rivière des Outaouais) en 1998, a permis de capturer 10 chevaliers de rivière. Les captures signalées au lac Holden présentent un intérêt particulier parce que ce lac est situé en amont des Rapides-des-Joachims, dans la rivière des Outaouais. On avait supposé précédemment qu’il n’y avait pas de populations de chevaliers de rivière en amont des rapides (Chabot et Caron, 1996). La capture d’autres spécimens est nécessaire pour documenter et confirmer la présence du chevalier de rivière dans cette partie de la rivière des Outaouais.

   Les échantillonnages effectués de 1998 à 2002 le long d’un tronçon de 36 km de la Mississippi, à partir de l’aval de Galetta jusqu’à Almonte, ont confirmé la persistance des populations de chevaliers de rivière (Campbell, 2001; Reid, données inédites). En 1992, on a capturé un individu dans la rivière Madawaska, près de Calabogie (ROM 66165). Après cette première capture, le ministère des Richesses naturelles de l’Ontario (MRNO) a recueilli 9 spécimens dans le cadre du NSCIN de 1998 dans la localité d’Arnprior, en aval du confluent avec la rivière des Outaouais. Aux automnes 2001 et 2002, respectivement 7 et 6 chevaliers de rivière ont été capturés à la pêche électrique en embarcation (Reid, données inédites). En 1998, on aurait fait la capture d’une centaine de chevaliers de rivière au cours du NSCIN dans le lac Calabogie. Dans plusieurs rapports, on fait mention du chevalier de rivière dans la rivière Bonnechere (Campbell, 2001; Dextrase et al., 2003); toutefois, même s’il n’y a pas d’obstacles à la migration entre la rivière des Outaouais et la première chute de la rivière Bonnechere, la présence du chevalier de rivière dans cette rivière n’a pas été confirmée (J. Cote, MRNO, comm. pers.). L’échantillonnage des communautés de poissons effectué par le MRNO a permis de prélever 2 spécimens en 1995 et 5 autres en 1998 dans le cours supérieur du fleuve Saint-Laurent (lac Saint-François).

Un échantillonnage récent à la pêche électrique, effectué à pied et en bateau, n’a pas confirmé la persistance du chevalier de rivière dans la rivière Ausable (N.E. Mandrak, données inédites). Deux chevaliers de rivière ont été pêchés dans la rivière Ausable en 1936, à Ailsa Craig (ROM 1055CS et ROM 28250). Les efforts d’échantillonnage à proximité d’Ailsa Craig réalisés en août 2002 n’ont pas conduit à la capture de chevalier de rivière. Selon Parker (1988), la survie de cette espèce dans la rivière Ausable était compromise à cause de l’absence d’habitats adéquats. On n’a signalé aucune autre population de chevaliers de rivière dans le bassin hydrographique du lac Huron. 

Plusieurs captures effectuées en Ontario n’ont pas été mentionnées dans le rapport de situation précédent. On ne dispose pas de spécimens en collection confirmant les mentions du chevalier de rivière à l’extérieur de l’aire de répartition connue. D’autres efforts d’échantillonnage sont nécessaires pour confirmer l’existence de ces populations. Un seul spécimen, recueilli dans le lac Simcoe en 1978 par l’unité d’évaluation des pêches au lac Simcoe (MRNO) dans le cadre d’un programme de pêche d’automne au filet trappe, a été signalé. En 1989, on a signalé un seul chevalier de rivière; ce dernier avait été capturé dans le cadre d’un suivi des communautés de poisson à l’aide de pêches expérimentales (MRNO) dans le lac Rice, qui fait partie de la voie navigable Trent-Severn. D’autres projets d’échantillonnage des communautés de poissons du MRNO auraient permis de capturer 24 chevaliers de rivière dans le lac Echo en 1998 et plus de 100 dans le lac Christie en 1993 (MRNO). Outre ces mentions, on a signalé la capture de larves de chevaliers de rivière à plusieurs endroits situés le long du corridor lac Huron-lac Érié (chenal Ecarte, chenal Chematogan, fossé Whitebread et canal Dover) (Leslie et Timmins, 1991; idem, 1998a) et à l’extrémité occidentale du lac Érié (Leslie et Timmins, 1998b). Cependant, un chevauchement important des variables méristiques parmi les espèces de chevaliers et les variations intraspécifiques de pigmentation (Bunt et Cooke, 2004) empêchent d’identifier les larves de façon fiable (Kay et al., 1994). Par conséquent, les mentions de larves de chevaliers de rivière sont considérées comme non confirmées.

En 1941, on signale le premier chevalier de rivière au Québec, capturé par Vladykov (1941, 1942) au confluent de la rivière Châteauguay et du lac Saint-Louis (Québec). Au Québec, on a trouvé des chevaliers de rivière dans le corridor du fleuve Saint-Laurent, à partir du secteur des rapides des Cèdres, en amont du lac Saint-Louis, jusqu’à Saint-Nicolas, près de Québec, ainsi que dans les rivières Châteauguay, Richelieu, Saint-Francois, des Prairies, des Mille-Îles et Yamaska (Moisan, 1998; Société de la faune et des parcs du Québec, données inédites). Des fouilles archéologiques laissent croire que l’espèce était présente le long du fleuve Saint-Laurent, à la Pointe du Buisson, en amont du lac Saint-Louis (de 920 à 940 après J.-C.; Courtemanche, 2003), à Laprairie (fin du XVIIe siècle et début du XVIIIe) et à Wirtele Inn (Vieux Montréal, début du XIXe siècle; M. Courtemanche, Ostéothèque de Montréal, comm. pers.). On a également identifié des os de chevaliers de rivière dans les restes d’aliments le long de la rivière Richelieu, au site Mandeville (de 1450 à 1550 après J.-C.; Chapdelaine, 1989) et au fort Chambly (rivière Richelieu, de 1665 à 1760; Walker et Cumbaa, 1982).

Les inventaires de la rivière Yamaska et de son affluent, la rivière Noire, effectués depuis l’examen de la situation précédent, n’ont pas permis de capturer de chevaliers de rivière (Boulet et al., 1995; Moisan, 1998; La Violette, 1999). En outre, le chevalier de rivière n’a pas été signalé dans le bassin de la Châteauguay depuis 1963 (Couture, 1972) malgré d’importants efforts d’échantillonnage (Mongeau et al., 1979; La Violette et Richard, 1996). Les trois rivières ont fait l’objet d’échantillonnages intensifs à la pêche électrique.

Selon Vladykov (1942) et Cuerrier et al. (1946), le chevalier de rivière était relativement commun dans les captures à la pêche commerciale des années 1940 dans le lac Saint-Louis, le bassin de Laprairie et le lac Saint-Pierre. Il était rare dans le corridor fluvial entre le lac Saint-Pierre et Québec. Malgré d’importants efforts de pêche dans le cadre de l’inventaire des poissons des basses-terres du Saint-Laurent (Mongeau et al., 1986) et par le Réseau de suivi ichtyologique du fleuve Saint-Laurent (La Violette et al., 2003; Société de la faune et des parcs du Québec, données inédites) depuis les années 1970, seulement deux chevaliers de rivière ont été capturés dans le fleuve Saint-Laurent. Des individus ont été recueillis dans le lac Saint-Louis, à environ 10 km en aval de Montréal en 1984 (Moisan, 1998) et en avril 2004 (R. Dumas, Société de la faune et des parcs du Québec, comm. pers.). Il n’y a aucune mention de l’espèce dans le cadre du projet de pêcherie expérimentale fixe de l’Aquarium du Québec (dans la ville de Québec) depuis le lancement de cette activité en 1960 (Robitaille et al., 1987; Y. de Lafontaine, Environnement Canada, comm. pers.). Aujourd’hui, au Québec, le chevalier de rivière subsiste dans la rivière Richelieu (du barrage de Chambly jusqu’au confluent avec le fleuve Saint-Laurent) et dans la rivière des Outaouais. De plus, des chevaliers de rivière prêts pour la fraye ont récemment été capturés dans la rivière Gatineau, à son point de confluence avec la rivière des Outaouais (Campbell, 2001).   

Dans la rivière Richelieu, entre 1990 et 2004, plus de 200 chevaliers de rivière subadultes et adultes ont été rapportés au cours de suivis ichtyologiques et d’études scientifiques portant sur les activités de fraye de 5 espèces de Moxostoma (LaHaye et al., 1993; Boulet et al., 1995; Saint-Jacques, 1995; Boulet et al., 1996; Dumont et al., 1997; LaHaye et Clermont, 1997; Boulet et Simoneau, 1999). La plupart des poissons ont été capturés en aval des barrages de Chambly et de Saint-Ours. Au cours des études préliminaires de la passe migratoire Vianney-Legendre (barrage de Saint-Ours), 46 chevaliers de rivière ont été pris dans la trappe à la sortie de la passe en 2002; 555, en 2003; 104, en 2004 (Fleury et Desrochers, 2003; idem, 2004). L’échantillonnage d’automne par pêche à la seine dans la région de Saint-Marc-sur-Richelieu, a permis de prendre 14 jeunes de l’année en 1997, 1 en 1998, 14 en 1999 et 112 en 2001 (Vachon, 1999a; idem, 1999b; idem, 2002). En 1998, on a identifié dans la rivière Gatineau une grande population de chevaliers de rivière reproducteurs. La pêche électrique embarquée d’automne réalisée entre le pont Alonzo-Wright et le point de confluence avec la rivière des Outaouais (~ 5 km) a capturé 99 chevaliers de rivière. Au printemps 1999, plus de 200 chevaliers de rivière ont été recensés (Campbell, 2001).

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