Andersonie charmante (Bryoandersonia illecebra) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

COSEPAC Résumé

Andersonie charmante
Bryoandersonia illecebra

Information sur l’espèce

Le Bryoandersonia illecebra est une mousse qui se reconnaît à sa taille robuste et à ses rameaux luisants et julacés (lisses et cylindriques comme la queue d’un rat). Le genre Bryoandersonia est monotypique et appartient à la famille, grande et diversifiée, des Brachythéciacées (embranchement des Bryophytes, sous-embranchement des Mousses, ordre des Hypnales). Le mot illecebra signifie « attirante, séduisante ». La grande taille et le port caractéristique de la plante en font une mousse facile à repérer et à identifier sur le terrain.

Répartition

Le Bryoandersonia illecebra est une espèce endémique de l’Est de l’Amérique du Nord, où elle est répandue dans toute la forêt décidue, mais plus commune dans le Sud. L’espèce se rencontre depuis le Connecticut, l’État de New York, le Sud de l’Ontario, l’Ohio, l’Indiana et l’Iowa jusqu’à la Floride et au Texas. On connaît 12 récoltes canadiennes récentes (postérieures à 1970) du B. illecebra, réparties dans 6 à 8 localités, dans les comtés d’Essex, de Middlesex, d’Elgin et de Welland, dans le Sud de l’Ontario. Toutes ces localités ont été prospectées en 2001 et en 2002, et trois populations du B. illecebra ont été observées en 2002, dans les comtés d’Essex, d’Elgin et de Welland.

Habitat

Le Bryoandersonia illecebra préfère les substrats terreux, particulièrement ceux des berges, mais l’espèce se rencontre parfois sur des roches ou à la base d’arbres. Les récoltes canadiennes proviennent de milieux divers (boisé mouilleux de décidus, clairière herbeuse parmi les pins plantés, cédrière marécageuse, etc.), ce qui rend l’espèce moins vulnérable à la destruction ou à l’altération d’un type particulier de milieu. Toutes les populations canadiennes duB. illecebra confirmées en 2002 se trouvaient dans des terrains plats et bas recouverts d’eaux stagnantes une partie de l’année. Comme de nombreuses espèces de la zone carolinienne du Canada (typiques de la forêt décidue de l’Est de l’Amérique du Nord), le B. illecebra semble être limité, par des facteurs climatiques, à la zone la plus chaude du Sud de l’Ontario. Or, cette région connaît une intense expansion urbaine, agricole et industrielle, qui a entraîné une destruction et une fragmentation importantes des milieux boisés. Selon des conversations avec les auteurs des récoltes antérieures, la communauté végétale aurait changé dans plusieurs des sites du B. illecebra depuis que les dernières observations ont été faites (avant 2002).

Biologie

Il y a eu peu de recherches sur la biologie du Bryoandersonia illecebra. Comme toutes les mousses, le B. illecebra a besoin d’au moins une période d’humidité pour la fertilisation, l’établissement et la croissance. Le B. illecebra est dioïque, ce qui signifie que les individus mâle et femelle doivent pousser suffisamment près l’un de l’autre (quelques centimètres) pour que les spermatozoïdes puissent atteindre les oosphères et ainsi permettre la fertilisation. Les conditions écologiques sous-optimales qui caractérisent la marge de l’aire de répartition d’une espèce, aggravées par la fragmentation de l’habitat, pourraient augmenter la distance entre les populations et faire ainsi obstacle à la reproduction sexuée et à la dispersion. Aucun sporophyte (individu sporifère) n’a été trouvé dans les spécimens du B. illecebra récoltés au Canada, et l’auteure n’a trouvé dans ces spécimens que des individus femelles. Le B. illecebra ne produit pas de propagules asexuées, mais son port pleurocarpe (rampant) permet aux colonies de s’étendre jusqu’aux limites du substrat localement disponible.

Taille et tendance des populations

Trois populations canadiennes du Bryoandersonia illecebra ont été trouvées en 2002, dont une ou peut-être deux avaient déjà été signalées. Dans chacun de ces sites, l’auteure a pu observer une ou plusieurs colonies de 50 cm² à 12 , mais toutes les localités étaient trop grandes pour pouvoir être prospectées au complet. L’auteure estime que seulement une des populations avait déjà été signalée, et la taille de cette population n’avait pas été notée à l’époque. Il se peut que le B. illecebra ait déjà été récolté en abondance à proximité de l’endroit où se trouve sa plus grande population canadienne actuelle.

Facteurs limitatifs et menaces

Les facteurs limitant le Bryoandersonia illecebra au Canada semblent être le climat, la perturbation humaine, la succession végétale et la biologie de l’espèce. Tous ces facteurs sont avancés après observation de l’espèce sur le terrain, examen de spécimens d’herbier et étude des localités de récolte antérieures de l’espèce.

Importance de l’espèce

Le Bryoandersonia illecebra est la seule espèce du genre Bryoandersonia et n’a été trouvé que dans quelques localités canadiennes, situées à proximité l’une de l’autre. Le B. illecebra est endémique de l’Est de l’Amérique du Nord, et ses sites canadiens correspondent à la limite nord de la répartition mondiale de l’espèce. L’espèce fait partie d’un cortège notoire d’espèces caroliniennes considérées comme en péril au Canada.

Protection actuelle

L’espèce n’est protégée dans aucun des pays, province ou États où elle est présente.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) détermine le statut, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés et des populations sauvages  canadiennes importantes qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées à toutes les espèces indigènes des groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, lépidoptères, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes fauniques des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (Service canadien de la faune, Agence Parcs Canada, ministère des Pêches et des Océans, et le Partenariat fédéral sur la biosystématique, présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres ne relevant pas de compétence, ainsi que des coprésident(e)s des sous-comités de spécialistes des espèces et des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions

Espèce
Toute espèce, sous-espèce, variété ou population indigène de faune ou de flore sauvage géographiquement définie.
Espèce disparue (D)
Toute espèce qui n’existe plus.

Espèce disparue du Canada (DC)
Toute espèce qui n’est plus présente au Canada à l'état sauvage, mais qui est présente ailleurs.

Espèce en voie de disparition (VD)*
Toute espèce exposée à une disparition ou à une extinction imminente.

Espèce menacée (M)
Toute espèce susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitatifs auxquels elle est exposée ne sont pas renversés.

Espèce préoccupante (P)**
Toute espèce qui est préoccupante à cause de caractéristiques qui la rendent particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels.

Espèce non en péril (NEP)***
Toute espèce qui, après évaluation, est jugée non en péril.

Données insuffisantes (DI)****
Toute espèce dont le statut ne peut être précisé à cause d’un manque de données scientifiques.

* Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.
** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
*** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
**** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le comité avait pour mandat de réunir les espèces sauvages en péril sur une seule liste nationale officielle, selon des critères scientifiques. En 1978, le COSEPAC (alors appelé CSEMDC) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. Les espèces qui se voient attribuer une désignation lors des réunions du comité plénier sont ajoutées à la liste.

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

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