Hétérodermie maritime (Heterodermia sitchensis) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 3

Information sur l’espèce

Nom et classification

L’hétérodermie maritime, Heterodermia sitchensis Goward et Noble (figure 1), a été décrite en 1984 comme originaire de la côte ouest de l’île de Vancouver, en Colombie-Britannique (Goward, 1984). L’holotype a été déposé à la UBC. Deux isotypes ont également été déposés : un au Musée canadien de la nature (MCN) et un autre à l’université de Helsinki (H), en Finlande. Même si la distinction taxinomique  n’a pas été contestée depuis la description de l’espèce, l’H. sitchensis est un lichen à reproduction asexuée et pourrait, pour cette raison, être la contrepartie secondaire d’une espèce principale fertile, comme l’H. podocarpa (Bél.) Awas. Les lichénologistes ne s’entendent pas sur la meilleure façon de traiter des « espèces » secondaires, c.-à-d. comme de simples formes ou sous-espèces d’une espèce principale, ou comme des espèces à part entière. Cependant, puisque l’H. sitchensis est distinct de l’H. podocarpa sur les plans chimique, morphologique et géographique, la majorité des lichénologistes lui accorderaient sans hésiter le statut d’espèce.

Figure 1. Heterodermia sitchensis : apparence (d’après Goward, 1984).

Figure 1. Heterodermia sitchensis : apparence (d’après Goward, 1984).

Description morphologique

L’Heterodermia sitchensis est un lichen foliacé, légèrement dressé et large d’environ deux centimètres formant des coussins (figure 1). Les lobes sont minces, rigides, de courts à allongés, de séparés à légèrement imbriqués, larges de un à deux millimètres et dotés de cils marginaux longs et minces. La surface supérieure est fortement convexe et de couleur blanc verdâtre pâle (mais se décolore facilement pour devenir noir bleuté), et exhibe souvent des points blanchâtres dispersés. La surface inférieure est blanche, cotonneuse et d’une épaisseur irrégulière. Le cortex inférieur porte des excroissances en forme d’urnes qui font saillie dans la médulle. Les thalles matures portent des apothécies (organes sexuels de fructification) en forme d’urnes qui font saillie près du bout des lobes. Ces urnes aux rebords évasés proéminents portent sur leur surface intérieure des sorédies (propagules reproductives poudreuses asexuées) en forme d’anneaux. Parmi les substances chimiques présentes dans l’H. sitchensis figurent l’atranorine, la zéorine et divers acides gras. L’atranorine produit une réponse K+ jaune avec le cortex et avec la médulle. Goward (1984) a signalé une réponse médullaire PD+ jaunâtre à orange pâle, ce qui n’a toutefois pas été confirmé dans des documents plus récents. Goward (1984) fournit une description plus détaillée.

Description générique

Le genre Heterodermia regroupe des lichens de petite à moyenne taille exhibant d’étroits lobes presque toujours bordés de cils. Le cortex supérieur est composé de cellules allongées orientées sur la longueur, ce qui donne l’impression que le thalle est étiré lorsqu’on l’observe de près. Il peut y avoir ou non un cortex sur la surface inférieure. En l’absence de cortex, l’hyphe médullaire blanc est exposé. Les apothécies sont brun foncé et leurs marges sont protubérantes et d’une couleur pâle semblable à celle du cortex supérieur. Les spores sont bruns, au nombre de huit par asque, à deux cellules et à paroi épaisse. Dans le genre apparenté Physcia, les cellules du cortex supérieur ne sont pas orientées, ce qui donne aux lichens une apparence plus régulière lorsqu’on les observe de près.

Dans le genre Heterodermia, l’H. sitchensis appartient au groupe H. podocarpa. Ce groupe réunit environ 27 espèces foliacées (Trass, 1992) qui ont toutes en commun des lobes dressés ou légèrement dressés, des apothécies terminales ou subterminales et une surface inférieure non cortiquée (Kurokawa, 1962). Le groupe H. podocarpa a deux centres évidents de répartition : l’un dans le sud-est de l’Asie (12 espèces) et l’autre en Amérique centrale, allant au nord jusqu’au Mexique (15 espèces). Aux États-Unis et au Canada, ce groupe n’est représenté que par cinq espèces : H. echinata (Taylor) Culb., H. erinacea (Ach.) W. Weber, H. galactophylla (Tuck.) Culb, H. podocarpa (Bél.) Awasthi et H. sitchensis.

Espèces similaires

Avec son apparence lâche, sa surface inférieure cotonneuse, ses cils marginaux et ses urnes contenant des sorédies, l’H. sitchensis est une espèce distinctive et facilement reconnaissable parmi les autres lichens. L’espèce qui lui ressemble le plus est probablement le Physcia tenella, une autre espèce arboricole aux lobes vert pâle tapissés de cils. Chez cette espèce, toutefois, les sorédies sont situées sur les faces inférieures du bout des lobes, et la surface inférieure est cortiquée (dure et ayant l’apparence de la peau) plutôt que cotonneuse. Le Cavernularia hultenii peut également ressembler parfois à l’H. stichensis. Chez cette espèce, cependant, la surface inférieure est noire et marquée de petites ponctuations. Voir Goward et al. (1994) pour les clés de ces espèces et d’autres lichens similaires.

Description génétique

Aucune information disponible.

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