Hétérodermie maritime (Heterodermia sitchensis) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Biologie

Cycle vital et reproduction

Près du bout des lobes matures de l’H. sitchensis se trouvent invariablement des apothécies (organes sexuels de fructification) en forme d’urnes qui font saillie. En dépit de leur fréquence, les apothécies ne jouent aucun rôle dans la reproduction de l’H. sitchensis. Leurs spores sont plutôt des organes vestigiaux qui n’ont pas atteint la maturité. L’espèce se reproduit plutôt de manière végétative en relâchant les sorédies poudreuses fixées aux parois internes des urnes. Parce que les sorédies contiennent à la fois les partenaires fongiques et algaires du lichen, elles sont pour ainsi dire des « lichens instantanés », c’est-à-dire qu’elles s’établissent directement sans devoir rétablir la symbiose propre aux lichens.

Herbivores et prédateurs

Aucun signe d’herbivorisme n’a été observé sur l’H. sitchensis.

Physiologie

Mise à part son exigence présumée pour les substrats enrichis d’azote (Goward et Fredeen, en préparation), on connaît peu de choses sur les besoins physiologiques de l’H. sitchensis. Néanmoins, la présence très localisée de l’espèce sur des sites hyperocéaniques suggère une exigence pour des températures fraîches et une humidité atmosphérique élevée. Cette hypothèse est corroborée par l’absence d’un cortex inférieur protecteur chez cette espèce. En se basant sur ces observations et sur certaines autres, Goward (1994) a suggéré que l’H. sitchensis avait peut-être évolué à partir d’une espèce des forêts montagneuses humides équatoriales.

Déplacements et dispersion

Bien que les sorédies soient abondamment produites par l’H. sitchensis, elles sont néanmoins surtout confinées à la surface intérieure des « urnes » qui se forment invariablement près du bout des lobes. Pour cette seule raison, il semble peu probable que ces propagules constituent un moyen efficace de dispersion. Il est possible (quoiqu’il s’agisse d’une hypothèse non fondée) que les oiseaux forestiers se nourrissant de brindilles, plus particulièrement la Mésange à dos marron et le Roitelet à couronne dorée, donnent des coups de bec sur les urnes lorsqu’ils sont à la recherche d’invertébrés. Lorsque ces oiseaux se perchent ensuite sur de nouveaux arbres, ils dispersent les sorédies sur de nouveaux rameaux.

Relations interspécifiques

Tel que mentionné précédemment, l’H. sitchensis est une espèce pionnière, c’est-à-dire qu’elle colonise les rameaux hôtes tôt dans leur développement. À un tel stade, les rameaux sont généralement dépourvus d’épiphytes concurrents, ce qui permet à l’H. sitchensis de s’établir sans aucune interaction directe avec d’autres espèces. En moins de dix ans cependant, d’autres épiphytes, comme les mousses, les hépatiques et d’autres lichens, commencent à coloniser les rameaux hôtes et l’H. sitchensis décline alors peu à peu. Les concentrations élevées d’azote, caractéristiques des rameaux qui supportent l’H. sitchensis, encouragent peut-être la formation d’épaisses mousses qui finissent par détrôner le lichen.

Adaptabilité

Comparativement à d’autres lichens épiphytes, l’H. sitchensis montre très peu d’adaptabilité dans son choix d’habitat. De fait, des recherches minutieuses n’ont permis de trouver des populations que sur les rameaux enrichis d’azote des vieux épicéas de Sitka du littoral. De toute évidence, l’H. sitchensis a des exigences écologiques beaucoup plus strictes que toutes les autres espèces de lichens avec qui il cohabite, y compris l’espèce apparentée H. leucomela.

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