Orthocarpe barbu (Orthocarpus barbatus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 7

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Les populations de la Colombie-Britannique poussent dans la zone biogéoclimatique des graminées cespiteuses du sud de la Colombie-Britannique, dans laquelle règne un climat froid, typique des steppes semi-arides, surtout dans la partie sud de la vallée de l’Okanagan. Les étés y sont chauds et secs, avec une température moyenne d’environ 20 °C en juillet. Les précipitations y sont faibles : la pluviosité annuelle moyenne est d’environ 300 mm. Les saisons de croissance sont plutôt courtes, les températures mensuelles moyennes descendant sous le point de congélation de décembre à février au fond des vallées.

Dans cette zone, l’Orthocarpus barbatus ne pousse que dans des communautés extrêmement sèches d’armoise tridentée (Artemisia tridentata) situées à faible altitude, dans la partie sud de la vallée de l’Okanagan et de la vallée de la Similkameen. Les populations, situées entre 370 et 930 mètres d’altitude, ne reçoivent après le début de l’été que très peu d’humidité, ce qui fait que les plantes atteignent la sénescence vers le milieu de la saison estivale. Les terrains où pousse l’espèce sont souvent sableux à graveleux, ouverts et dominés par l’armoise tridentée (figure 4). Parmi les autres plantes souvent associées à l’espèce (couverture basse), on compte l’Artemisia tripartita, le Bromus tectorum, l’Ericameria nauseosus ssp. speciosa, le Plantago patagonica, l’Hesperostipa comata, le Poa bulbosa, le P. pratensis, le Phlox longifolia, l’Erigeron filifolius et le Vulpia octoflora. Le Bromus tectorum, une des espèces exotiques les plus gênantes du centre-sud de la Colombie-Britannique, n’est pas aussi répandue parmi les populations d’Orthocarpus barbatus qu’ailleurs dans la région.


Figure 4. Habitat de l’Orthocarpus barbatus dans la réserve South Okanagan Grasslands.

Habitat de l’Orthocarpus barbatus (voir description longue ci-dessous).

Photo par Shyanne J. Smith.

Description pour la figure 4

Les arbustes bien visibles sur la pente sont des Artemisia tridentata et des Ericameria nauseosus ssp. speciosa. Les Orthocarpus barbatus sont difficiles à distinguer sur la photo (petites plantes jaune paille éparses). Il s’agit du site de la meilleure qualité pour l’O. barbatus au Canada.

Tendances en matière d’habitat

La zone de graminées cespiteuses occupe moins de un pour cent de la superficie totale de la Colombie-Britannique et il s’agit d’une des zones les plus peuplées et les plus développées de l’intérieur de la province (Ministry of Forests, 1998). En règle générale, les milieux naturels de la vallée de l’Okanagan ont subi un déclin marqué pendant les dernières années en raison de divers projets d’aménagement des terres. En effet, les terrains se prêtaient bien à la création de vergers, de vignobles, de terrains de golf et d’ensembles résidentiels ainsi qu’au développement industriel. La population du sud de l’Okanagan connaît actuellement la plus forte croissance de la province (Nature Trust, 2004). La population du district régional de l’Okanagan et de la vallée de la Similkameen a augmenté de 18 p. 100 entre 1991 et 2002, pour atteindre près de 81 000 habitants (Environnement Canada, 2003). En outre, la ville d’Osoyoos a vu sa population s’accroître de plus de 22 p. 100 entre 1986 et 1996, ce qui en fait la municipalité ayant connu la croissance la plus rapide dans la région (Ville d’Osoyoos, 2004).

Le développement dans les environs d’Osoyoos se déroule à vive allure, particulièrement sur les pentes est du mont Kruger, en haut du centre-ville d’Osoyoos. Le milieu naturel a été détruit par la prospection minière, l’aménagement d’un terrain de golf, la construction d’habitations et le développement industriel. Toutes ces activités, sauf la prospection minière, ont causé la destruction des milieux propices à l’Orthocarpus barbatuset à d’autres espèces rares (figure 5).


Figure 5. Ensemble résidentiel aménagé près des populations existantes d’Orthocarpus barbatus sur les flancs du mont Kruger

Ensemble résidentiel (voir description longue ci-dessous).

Photo par Shyanne Smith 2003.

Description pour la figure 5

On peut voir au-dessus des maisons des restes du milieu dominé par l’Artemisia tridentata et le Purshia tridentata. Il est probable que l’aménagement de cet ensemble et celui du terrain de golf de 27 trous situé à proximité aient conduit à l’élimination de populations d’O. barbatus.


Le surpâturage, autrefois une grave menace dans le sud des vallées de l’Okanagan et de la Similkameen, a récemment diminué; les parcours se sont nettement détériorés et on y rencontre beaucoup moins de bétail qu’auparavant. Cela n’a toutefois pas contribué à faire baisser le nombre d’espèces exotiques. Au cours des dernières années, un certain nombre de nouvelles espèces exotiques sont apparues et ont poussé dans les milieux marqués par le surpâturage. Des baux de pâturage visant les terres domaniales situées sur le versant est du mont Kruger sont toujours en vigueur (J. Hobbs, comm. pers., 2004).

Protection et propriété

Au Canada, la population d’O. barbatus la plus à l’ouest est située dans la partie sud du bassin hydrographique de la rivière Similkameen, à l’intérieur de la réserve South Okanagan Grasslands. Cette réserve est protégée en vertu de la Provincial Parks Act qui interdit d’y mener certaines activités telles que l’exploitation forestière et minière. Des baux de pâturage touchant la réserve sont toujours en vigueur et il ne s’y fait que très peu de lutte contre les mauvaises herbes, voire aucune. L’une des populations du versant sud-est du mont Kruger, en haut du terrain de golf (en haut de la ville d’Osoyoos), se trouve sur des terres privées. La deuxième population du versant sud-est du mont Kruger (en haut de l’hippodrome) pousse en territoire domanial. La population la plus à l’est, près du « lac Veronica », pousse dans un parcours privé.

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