Silène de Scouler (Silene scouleri ssp. grandis) : évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 5

Habitat

Besoins de l’espèce

Aucune information précise n’a été publiée sur les caractéristiques de l’habitat du Silene scouleri ssp. grandis, mais on peut faire un certain rapprochement avec deux taxons apparentés, le S. douglasii var. oraria et le S. spaldingii. Kephart et Paladino (1997) ont constaté que le S. douglasii var. oraria ne pousse pas bien sur les sols peu profonds et rocheux et que son abondance présente une corrélation négative avec la hauteur de la végétation, son pourcentage de couverture ainsi que la profondeur du sol. Le S. spaldingii tolère un broutage léger à modéré (Schassberger, 1988), et le brûlage dirigé semble lui être favorable (Lesica, 1992).

En Oregon, on rencontre le Silene scouleri ssp. grandis dans la région côtière, sur des versants orientés vers la mer (Peck, 1941). En Californie, on le trouve sur des versants rocheux et des falaises du littoral, jusqu’à 300 mètres (m) d’altitude (Hickman, 1993). Au Canada, il est confiné à une zone biogéoclimatique de basse altitude, la zone côtière à douglas, où il pousse principalement dans la prairie à pente faible et à sol mouillé en hiver et sec en été, généralement à moins de 30 m d’altitude (ces prairies sont appelées « maritime meadows » dans la région). Parmi les espèces le plus souvent associées au grand silène de Scouler se trouvent le Rosa nutkana, le Symphoricarpos albus, le Pteridium aquilinum, le Festuca rubra, l’Achillea millefolium, le Grindelia integrifolia, le Fragaria chiloensis, le Piperia maritima, le Lomatium nudicaule, l’Hypochaeris radicata, un Camassia et l’Aira praecox. Dans ses deux sites canadiens, le grand silène de Scouler ne pousse pas dans les fourrés d’arbustes ni parmi les graminées robustes introduites. La population du mont Tzuhalem, probablement disparue, était singulière en ce qu’elle se trouvait à plus de 200 m d’altitude. En matière de terrain et de végétation, les autres caractéristiques de ce site sont semblables à celles des sites des îles Trial et Little Trial et de l’îlet Alpha.

Tendances

La destruction des écosystèmes à chêne de Garry de la région de Victoria a entraîné une perte d’habitat potentiel pour le grand silène de Scouler. Entre 1800 et 1997, la superficie de ces écosystèmes est en effet passée de 10 510 hectare (ha) à 512 ha (Lea, 2002). Ce recul s’est fait presque entièrement au profit de l’agriculture, suivie de l’habitation et des aménagements récréatifs.

Aujourd’hui, le grand silène de Scouler ne se trouve plus que dans de petites îles côtières, où il pousse dans la prairie à quelques mètres au-dessus du niveau de la mer. Dans ces îles, la qualité de l’habitat s’est dégradée à la suite de l’introduction de plusieurs espèces d’arbustes, de graminées et d’autres herbacées, qui forment maintenant une couverture dense à plusieurs endroits. Le brûlage pratiqué dans le passé par les Autochtones afin d’améliorer les récoltes de camash avait peut-être pour effet de maintenir les conditions du milieu favorables au grand silène de Scouler. Si c’était le cas, l’abandon de cette pratique est peut-être à l’origine de la formation d’épaisses touffes d’arbustes indigènes, où le grand silène de Scouler ne peut survivre.

Protection et propriété des terrains

Les populations canadiennes de grand silène de Scouler sont situées sur des terres appartenant au gouvernement de la Colombie-Britannique. Le taxon n’a jamais été signalé sur un terrain privé. La population de l’îlet Alpha se trouve dans la réserve écologique Oak Bay Islands, la sous-population de l’île Little Trial, dans la réserve écologique Trial Islands, et la sous-population de l’île Trial, sur des terres louées au groupe Seacoast Communications pour l’installation de pylônes de relais hertzien.

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