Tortue peinte de l'ouest (Chrysemys picta bellii) évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2012 : chapitre 5

Rapport de situation du COSEPAC
sur la
Tortue peinte de l’ouest
Chrysemys picta bellii

Population de la côte du Pacifique
Population intramontagnarde - des Rocheuses
Population des Prairies / Boréale de l'Ouest - Bouclier canadien

au Canada
2006

Information sur l'espèce

Nom et classification

La tortue peinte appartient au genre Chrysemys. Bien qu’il s’agisse du genre le plus connu et le plus commun, il ne comprend qu’une seule espèce : Chrysemys picta (Scheider, 1783). Le Chrysemys picta a été décrit dans l’est de l’Amérique du Nord, et la tortue peinte de l’ouest (Chrysemys picta bellii) (Gray, 1831) a été reconnue comme une sous-espèce distincte de la tortue peinte de l’est (C. p. picta) près de 50 ans plus tard. En 1857, Agassiz a reconnu deux autres sous-espèces : la tortue peinte du sud (C. p. dorsalis) et la tortue peinte du centre (C. p. marginata) (Collins, 1997). Toutes ces sous-espèces sont présentes au Canada, à l’exception du C. p. dorsalis. Les sous-espèces se distinguent par la juxtaposition des écailles vertébrales et pleurales, la couleur claire ou foncée des écailles de la carapace, la taille de la rayure dorsale centrale, la couleur de la carapace, la couleur du plastron, la longueur du motif central du plastron et la taille du corps, le C.p. bellii étant manifestement plus grand que les trois autres sous-espèces et portant le motif le plus grand (Ernst et al., 1994). Le Chrysemys. p. bellii possède une carapace aux écailles vertébrales et pleurales alternantes, une rayure mi-dorsale faible ou inexistante et un motif de lignes pâles entrecroisées. Son plastron est de couleur rouge ou orangé vif, et son motif central s’étend le long des écailles et occupe la majeure partie du dessous (Ernst et al., 1994).

Les schémas de variation morphologique (Ultsch et al., 2001) et d’ADN mt (Starkey et al., 2003) sèment un doute sur la validité de la désignation actuelle des sous-espèces. On trouve des formes intermédiaires, et il est possible que le picta pur n’existe pas; selon Ultsch et al. (2001) : 1) on observe une influence du marginata dans toute l’aire de répartition du picta; 2) il existe des ressemblances entre le picta et le dorsalis; 3) il y a un gradient nord-sud qui intègre des caractéristiques du bellii et du marginata. Starkey et al. (2003) suggèrent que la tortue peinte du sud puisse être considérée comme une espèce distincte (C. dorsalis), et qu’il serait préférable de traiter le C. dorsalis et le C. picta comme monotypiques. Ces auteurs se penchent maintenant sur les gènes nucléaires du complexe du Chrysemys picta afin de préciser les frontières entre les espèces et les sous-espèces. Le C. p. belliiis est considéré aujourd’hui comme une sous-espèce valide et distincte (Crother et al., 2000).


Description morphologique

Les tortues peintes possèdent une dossière basse, lisse, ovale etnon carénée (figure 1), bien que celle des petits nouvellement éclos tende à être arrondie et légèrement carénée sur sa longueur (Gregory et Campbell, 1987). La tortue peinte de l’ouest (C.p. bellii) est la sous-espèce la plus grande. Sa carapace peut atteindre une longueur de 251 mm. Les femelles tendent à être plus grandes que les mâles (Cook, 1984). La dossière du C.p. bellii est plus plate que celle des autres sous-espèces, et les motifs sont légèrement différents (Cook, 1984). Elle est brune, noire ou vert olive, et peut porter un motif central réticulé jaune clair ou une faible ligne le long des écailles vertébrales (Gregory et Campbell, 1987). La carapace des mâles comporte souvent des réticulations noires (Cook, 1984). Les écailles pleurales et vertébrales ne sont pas alignées, de même manière que chez le C. p. marginata et contrairement au C. p. picta (Cook, 1984; Ernst et al., 1994). Le plastron est rouge orangé (Stebbins, 1966) et, à tous les stades de vie, il comporte, au centre, un motif foncé s’étendant dans les sillons entre les écailles (figure 3). À l’éclosion, le plastron a une longueur d’environ 25 mm (Macartney et Gregory, 1986). Des marques rougeâtres sont présentes sur l’arcade entre le plastron et la carapace. La tête, la queue et les membres des tortues peintes de l’ouest sont olive ou noirâtres; la tête et la queue portent des lignes jaunes, et les membres, des points jaunes. Les doigts des membres postérieurs sont très palmés. Comparativement aux femelles, les membres antérieurs des mâles possèdent des griffes beaucoup plus longues, et la queue est plus longue et large (Stebbins, 1966; Gregory et Campbell, 1987).


Figure 1 : Photo d’une tortue peinte de l’ouest (Chrysemys picta bellii)

Figure 1 : Photo d’une tortue peinte de l’ouest (Chrysemys picta bellii) par Bill Leonard

Par Bill Leonard.


Figure 2 : Provinces fauniques des amphibiens terrestres, des reptiles et des mollusques au Canada

Figure 2 : Provinces fauniques des amphibiens terrestres, des reptiles et des mollusques au Canada (carte préparée par David M. Green, 2003)

Carte préparée par David M. Green, 2003.


Figure 3 : Vue ventrale d’une tortue peinte de l’ouest, montrant les couleurs et les motifs du plastron

Figure 3 : Vue ventrale d’une tortue peinte de l’ouest, montrant les couleurs et les motifs du plastron; photo par Bill Leonard

Photo par Bill Leonard.


Unités désignables

Au Canada, le COSEPAC reconnaît pour les amphibiens et les reptiles terrestres huit provinces fauniques. La tortue peinte de l’ouest en occupe quatre. Selon des commentaires d’observateurs chevronnés et le nombre d’occurrences, il est manifeste que la situation de cette sous-espèce diffère au sein de son aire de répartition. Dans les provinces fauniques 4 (Prairies/boréale de l’Ouest) et 5 (Bouclier canadien) (Ontario, Manitoba, Saskatchewan et Alberta), la sous-espèce semble nombreuse et ne pas être en péril, sauf en Alberta où elle est rare et peut avoir été introduite dans certains secteurs. Dans les provinces 2 (région intermontagneuse) et 3 (Rocheuses) (intérieur méridional de la Colombie-Britannique), la tortue peinte de l’ouest est peu fréquente. Elle semble être en déclin et menacée par la perte d’habitat. La mortalité, ainsi que l’isolement et la fragmentation de la population sont en hausse en raison de l’expansion du réseau routier (J. Brown, comm. pers., 2005; P. Gregory, comm. pers., 2005; M. Sarell, comm. pers., 2005). Dans ces régions, les tortues sont en outre isolées des autres populations canadiennes. Enfin, la tortue peinte de l’ouest occupe également la province 1 (côte du Pacifique), qui comprend la partie méridionale de la côte pacifique du continent et l’île de Vancouver. Ces tortues sont également isolées des autres populations canadiennes. De plus, elles sont présentes en très petits nombres à quelques endroits dans cette région. On ignore toujours si, dans cette zone, la tortue peinte est une espèce indigène ou introduite. Cependant, les données remontent aux années 1920 et sont issues de rapports isolés plus anciens provenant de l’île de Vancouver (F. Cook, comm. pers., 2005). Selon l’opinion générale, il ne s’agit pas d’une espèce indigène, mais d’une espèce qui a toujours été rare (L. Friis, comm. pers., 2005; P. Gregory, comm. pers., 2005). La tortue de Floride (Trachemys scripta) est une espèce introduite dont le nombre s’est rapidement accru. Elle constitue peut-être une menace pour la tortue peinte de l’ouest (F. Cook, comm. pers., 2005; P. Gregory, comm. pers., 2005; Bunnell, 2005).

Par conséquent, puisque des populations isolées sont présentes dans les régions méridionales de la Colombie-Britannique et que la situation de celles-ci varie de très rare dans les zones côtières à en déclin dans l’intérieur méridional, il est raisonnable de traiter ces populations comme trois unités désignables distinctes.

 

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