Couleuvre obscure de l’est (Elaphe spiloides) évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 9

Taille et tendances des populations

Activités de recherche

Environ 650 observations de couleuvres obscures ont été consignées dans le Ontario Herpetofaunal Summary depuis 1905 (Oldham et Weller, 2000). La plupart (430) des enregistrements proviennent de la population des Grands Lacs et du Saint-Laurent, le reste est réparti parmi les quatre populations du sud-ouest. Les observations sont signalées par des scientifiques, des naturalistes et des gestionnaires des espèces sauvages et ne constituent pas un relevé systématique de la présence ou de l’absence de couleuvres obscures. Aucune quantification précise de la distribution des couleuvres obscures n’a été tentée dans l’axe de Frontenac ou dans la région carolinienne.

Des activités des recherche et de surveillance dans l’axe de Frontenac ont permis de découvrir des gîtes d’hibernation et confirmé directement la présence de populations à l’intérieur ou dans les environs de la Queen’s University Biological Station (QUBS), du parc national des Îles-du-Saint-Laurent, du parc provincial de la Pointe Murphys, du parc provincial du Lac Charleston et du parc provincial Frontenac. Des travaux de surveillance des populations sont en cours à la QUBS, dans le parc national des Îles-du-Saint-Laurent et dans le parc provincial de la Pointe Murphys.

Presque aucune recherche n’a été menée sur les populations caroliniennes, et la plupart de l’information sur la répartition de l’espèce provient d’enregistrements du CIPN et de renseignements de nature anecdotique. Entre 2001 et 2003, deux individus de la population Oriskany ont été suivis par radiotélémétrie. Durant cette étude, on a tenté de trouver d’autres individus, et de clôturer et de surveiller le gîte d’hibernation utilisé par ces deux individus. Mis à part un individu trouvé mort sur la route en 2006, aucune autre couleuvre obscure n’a été capturée durant cette étude (Yagi et Tervo, 2006).


Abondance

Population des Grands Lacs et du Saint-Laurent

Dans l’axe de Frontenac, Blouin-Demers et Weatherhead (2002a) ont estimé que la densité de couleuvres obscures dans la zone d’étude de la QUBS s’élevait à 0,261 adulte mature/hectare. Cependant, la qualité de l’habitat n’est pas uniforme dans l’axe de Frontenac, et il est probable que la densité soit également variable. La qualité de l’habitat dans l’ensemble de l’axe de Frontenac a été évaluée à l’aide de paramètres de qualité de l’habitat, la densité routière et la superficie des parcelles (voir la section Habitat – Besoins en matière d’habitat; figure 3). La qualité de l’habitat à la QUBS était relativement élevée (moyenne = 0,70, sur une échelle de 0 à 1). Pour estimer l’abondance de toute la population des Grands Lacs et du Saint-Laurent, la superficie des terres ayant une cote de qualité semblable à celle de la QUBS (cote supérieure à 0,70) a été multipliée par la densité des individus à la QUBS, pour un total de 25 000 adultes. Comme des couleuvres obscures sont probablement présentes à l’extérieur de ces zones d’habitat de haute qualité, ce chiffre est considéré comme une estimation conservatrice. La limite supérieure de l’estimation a été déterminée en multipliant la superficie totale de la zone d’occurrence par la densité, pour une abondance totale de 85 000 adultes. Il s’agit là d’estimations très approximatives de l’abondance, et comme il n’existe aucune quantification systématique et précise de la distribution des couleuvres obscures dans cette population, il serait difficile de produire des estimations plus précises à l’heure actuelle. On ne dispose d’aucune estimation de la densité ou des habitudes d’utilisation de l’habitat chez les populations caroliniennes, ce qui rend impossible toute estimation de l’abondance.


Fluctuations et tendances

Population des Grands Lacs et du Saint-Laurent

Il n’existe aucune donnée démographique qui permettrait d’estimer les tendances démographiques de la population dans son ensemble. Weatherhead et al. (2002), par contre, ont examiné les tendances démographiques issues de programmes de surveillance à long terme (de 1981 à 1998) dans quatre gîtes d’hibernation appartenant à deux sous-populations (QUBS et île Hill dans le fleuve Saint-Laurent). Tous ces gîtes d’hibernation se trouvaient dans des aires protégées. Durant la période de l’étude, la taille de la population totale de la QUBS (pente de la régression du logarithme de la taille de la population en fonction du temps = - temps = -0,013, p = 0,05) et de l’île Hill (pente de la régression du logarithme de la taille de la population en fonction du temps = - temps = -0,009, p = 0,34) a présenté une légère baisse. Cette baisse n’était significative que dans la QUBS (Weatherhead et al., 2002). Le déclin de la population dans la QUBS a été attribué à une chute du taux de recrutement (pente de la régression du logarithme du taux de recrutement en fonction du temps = - temps = -0,27, p = 0,09), ce qui a également causé un décalage de la composition par âge de la population vers un plus grand nombre d’individus matures. Il faudrait effectuer une surveillance de la population à un plus grand nombre d’emplacements et sur une plus longue période pour en apprendre davantage sur les causes de ce déclin apparent (facteurs anthropiques ou fluctuations naturelles) et pour juger si cette tendance est représentative de l’ensemble de la population des Grands Lacs et du Saint-Laurent.

Population carolinienne

Le manque de données démographiques actuelles ou antérieures sur ces populations rend impossible toute estimation précise des tendances de la population. Comme 80 p. 100 à 95 p. 100 du couvert forestier de la région a été coupé depuis la colonisation européenne (voir la section Habitat – Tendances en matière d’habitat), il est certain que les populations de couleuvres obscures de la région on subi un déclin considérable.


Effet d'une immigration de source externe

Les couleuvres obscures sont répandues et communes dans l’ensemble de l’est et du centre des États-Unis. La population des Grands Lacs et du Saint-Laurent et la population carolinienne, cependant, sont génétiquement distinctes et isolées géographiquement de la partie contiguë de l’aire de répartition de l’espèce aux États-Unis. Une faible portion de la population des Grands Lacs et du Saint-Laurent s’étend jusque dans le nord de l’État de New York, et il est probable que ces populations se mêlent mais la majorité de la population réside au Canada. Toute immigration de source externe semble donc improbable étant donné que le fleuve Saint-Laurent et l’autoroute 401 représentent d’importants obstacles.

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