Programme de rétablissement de l'ammannie robuste (Ammannia robusta) au Canada - [Proposition] 2014

Loi sur les espèces en péril (LEP)
Série de Programmes de rétablissement
Adoption en vertu de l'article 44 de la LEP

Ammannie robuste

Table des matières


Programme de rétablissement de l'ammannie robuste (Ammannia robusta) au Canada - [Proposition] 2014

Partie 1 : Addition du gouvernement fédéral au « Programme de rétablissement de l'ammannie robuste (Ammannia robusta) en Colombie-Britannique et en Ontario », préparée par Environnement Canada

Référence recommandée :

Environnement Canada. 2014. Programme de rétablissement de l'ammannie robuste (Ammannia robusta) au Canada [Proposition], Série de Programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril, Environnement Canada, Ottawa, XXV p. + annexe.

Pour télécharger le présent programme de rétablissement ou pour obtenir un complément d'information sur les espèces en péril, incluant les rapports de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), les descriptions de la résidence, les plans d'action et d'autres documents connexes sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril.

Illustration de la couverture : ©Emmet J. Judziewicz

Also available in English under the title: "Recovery Strategy for the Scarlet Ammannia (Ammannia robusta) in Canada [Proposed]"

©Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l'Environnement, 2014. Tous droits réservés.
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Le contenu du présent document (à l'exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, mais en prenant soin d'indiquer la source.

En vertu de l'Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont convenu de travailler ensemble pour établir des mesures législatives, des programmes et des politiques visant à assurer la protection des espèces sauvages en péril partout au Canada.

Dans l'esprit de collaboration de l'Accord, le gouvernement de la Colombie-Britannique a donné au gouvernement du Canada la permission d'adopter le « Programme de rétablissement de l'ammannie robuste (Ammannia robusta) en Colombie-Britannique et en Ontario » (partie 2) en vertu de l'article 44 de la Loi sur les espèces en péril (LEP). Environnement Canada a inclus une addition à ce programme de rétablissement afin qu'il réponde aux exigences de la LEP dans le cadre du programme de rétablissement et a exclu la section relative aux considérations socioéconomiques. Les facteurs socioéconomiques ne font pas partie du processus d'évaluation des programmes de rétablissement du gouvernement fédéral élaborés en vertu de la LEP.

Le Programme de rétablissement fédéral de l'ammannie robuste (Ammannia robusta) au Canada comprend deux parties :

En vertu de l'Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d'établir une législation et des programmes complémentaires qui assureront la protection efficace des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l'élaboration des programmes de rétablissement pour les espèces inscrites comme étant disparues du pays, en voie de disparition ou menacées et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés d'ici cinq ans.

Le ministre fédéral de l'Environnement est le ministre compétent pour le rétablissement de l'ammannie robuste et a élaboré la composante fédérale du présent programme de rétablissement (partie 1), conformément à l'article 37 de la LEP. Ce document a été préparé en collaboration avec les provinces de la Colombie-Britannique (C.-B.) et de l'Ontario. L'article 44 de la LEP autorise le ministre à adopter un plan existant pour l'espèce, en partie ou en totalité, s'il estime que ce dernier est conforme aux exigences des paragraphes 41(1) ou (2) de la LEP. Le Programme de rétablissement de l'ammannie robuste en Colombie-Britannique (partie 2) a été transmis à titre d'avis scientifique aux compétences responsables de la gestion de l'espèce en Colombie-Britannique; ce programme de rétablissement a été élaboré en collaboration avec Environnement Canada.

La réussite du rétablissement de l'espèce dépendra de l'engagement et de la collaboration d'un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des recommandations formulées dans le présent programme. Cette réussite ne pourra reposer seulement sur Environnement Canada, ou sur toute autre compétence. Tous les Canadiens et toutes les Canadiennes sont invités à appuyer le programme et à contribuer à sa mise en œuvre pour le bien de l'ammannie robuste et de l'ensemble de la société canadienne.

Le présent programme de rétablissement sera suivi d'un ou de plusieurs plans d'action qui présenteront de l'information sur les mesures de rétablissement qui doivent être prises par Environnement Canada et d'autres compétences et/ou organisations participant à la conservation de l'espèce. La mise en œuvre du présent programme est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des compétences et organisations participantes.

Il faut souligner la participation de nombreuses personnes à la préparation de cette addition du gouvernement fédéral au programme de rétablissement. Ce document a été rédigé par Kella Sadler (Environnement Canada, Service canadien de la faune [SCF] – région du Pacifique et du Yukon). Kathy St. Laurent et Angela Darwin (SCF – région de l'Ontario) ont apporté une contribution et un soutien collaboratif considérables. Les précisions concernant les populations existantes en Colombie-Britannique ont été apportées par Terry McIntosh (expert-conseil), et par Michael Oldham et Robert Craig (ministère des Richesses naturelles de l'Ontario [MRNO]) pour les populations de l'Ontario. De précieux commentaires sur le manuscrit ont été transmis par le ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique (Leah Westereng), ainsi que par le MRNO (Amelia Argue, Eric Snyder et Bree Walpole [Direction des espèces en péril] et Brianne Fennema [district d'Aylmer]). Allison Haney, Pablo Jost, Angela Darwin, Marie-Claude Archambault, Richard Post et Clare O'Brien ont aidé à la cartographie et à la préparation des figures.

Les sections suivantes ont été ajoutées pour satisfaire à certaines exigences de la Loi sur les espèces en péril (LEP) qui ne sont pas abordées dans le Programme de rétablissement de l'ammannie robuste ((Ammannia robusta) en Colombie-Britannique et en Ontario (partie 2 du présent document, désigné ci-après par « programme de rétablissement provincial ») ou qui nécessitent des commentaires plus détaillés. Certaines de ces sections peuvent aussi comprendre de l'information à jour sur le programme de rétablissement provincial ou des modifications apportées à ce programme aux fins de son adoption par Environnement Canada.

La LEP établit des exigences et des processus particuliers en matière de protection de l'habitat essentiel. Ainsi, il est possible que les énoncés du programme de rétablissement provincial relatifs à la protection de l'habitat nécessaire à la survie et au rétablissement de l'espèce ne respectent pas directement les exigences fédérales; le cas échéant, ils ne sont pas adoptés dans programme fédéral de rétablissement élaboré par Environnement Canada. La mesure dans laquelle certaines mesures ou actions particulières permettent de protéger l'habitat essentiel en vertu de la LEP fera l'objet d'une évaluation à la suite de la publication du programme de rétablissement fédéral.

Désignation officielle : annexe 1 de la LEP (en voie de disparition) (2003)

Tableau 1. Cotes de conservation
Sources : NatureServe (2013); Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique (2013); Conservation Framework de la Colombie-Britannique (2013); Centre d'information sur le patrimoine naturel de l'Ontario (2012)
Cote mondiale (G)a Cote nationale (N)a Cote infranationale (S)a Désignation selon le COSEPAC1 Liste de la C.-B. Conservation Framework de la C.-B. Statut en Ontario - (Liste des espèces en péril en Ontario2
G5 Canada (N1N2) États-Unis (NNR) Canada : Colombie-Britannique (S1), Ontario (S1); États-Unis : plusieurs Étatsb En voie de disparition (2001) Rouge Niveau de priorité 1 (le plus élevé), en vertu du but 3c En voie de disparition

a 1 – gravement en péril; 2 – en péril; 3 – vulnérable à la disparition du pays ou de la planète; 4 – apparemment non en péril; 5 – non en péril; H – possiblement disparue; NR –non classée; NA – sans objet

b Cotes (S) aux États-Unis : Arizona (SNR), Arkansas (SNR), Californie (SNR), Colorado (SNR), Dakota du Nord (SNR), Dakota du Sud (SNR), État de Washington (S1), Idaho (SNR), Illinois (SNR), Indiana (SNR), Iowa (SNR), Kansas (SNR), Kentucky (SNR), Louisiane (SNR), Michigan (SNR), Minnesota (SNR), Missouri (SNR), Montana (S1), Nebraska (SNR), Nevada (SNR), New Jersey (SNA), Ohio (SNR), Oklahoma (SNR), Oregon (SNR), Tennessee (SNR), Texas (SNR), Utah (SNR), Wisconsin (SU), Wyoming (S1)

c Les trois buts du cadre de conservation de la Colombie-Britannique sont les suivants : 1. Participer aux programmes mondiaux de conservation des espèces et des écosystèmes; 2. Prévenir la mise en péril des espèces et des écosystèmes; 3. Maintenir la diversité des espèces indigènes et des écosystèmes

Selon les estimations, moins de 1 % de l'aire de répartition mondiale de l'espèce se situe au Canada.

Le programme de rétablissement provincial comporte un bref énoncé sur les considérations socioéconomiques. Comme une analyse socioéconomique n'est pas obligatoire en vertu du paragraphe 41(1) de la LEP, la section sur les considérations socioéconomiques du programme de rétablissement provincial n'est pas considérée comme faisant partie du programme de rétablissement du ministre fédéral de l'Environnement pour cette espèce.

La présente section remplace la section « Caractère réalisable du rétablissement » du programme de rétablissement provincial.

Le rétablissement de l'ammannie robuste ((Ammannia robusta) est jugé réalisable sur les plans technique et biologique selon les quatre critères ci-dessous, énoncés dans les politiques préliminaires de la LEP (Gouvernement du Canada, 2009) :

  1. Des individus de l'espèce sauvage capables de se reproduire sont disponibles maintenant ou le seront dans un avenir prévisible pour maintenir la population ou augmenter son abondance.

    Oui, il y a six populations existantes3au Canada, et chacune de ces populations compte des individus capables de se reproduire. L'ammannie robuste étant une plante annuelle, la taille de sa population est susceptible de fluctuer d'une année à l'autre; pour tous les sites, les données disponibles sont insuffisantes pour déterminer les variations naturelles durables de l'abondance de la population et/ou les tendances connexes.

  2. De l'habitat convenable suffisant est disponible pour soutenir l'espèce, ou pourrait être rendu disponible par des activités de gestion ou de remise en état de l'habitat.

    Yes, there is sufficient suitable habitat at the currently occupied sites, and habitat at some of the previously occupied sites could be restored to support the species. Additional suitable habitat (i.e., currently not occupied by Scarlet Ammannia) may be available.

  3. Les principales menaces qui pèsent sur l'espèce ou son habitat (y compris les menaces à l'extérieur du Canada) peuvent être évitées ou atténuées.

    Oui. Les mesures d'intendance et la collaboration avec les propriétaires fonciers et les gestionnaires des terres peuvent prévenir ou atténuer les principales menaces grâce à des mesures de rétablissement incluant la protection de l'habitat, les relevés et les suivis, la gestion des espèces envahissantes et la restauration ou la remise en état de l'habitat.

  4. Des techniques de rétablissement existent pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition ou leur élaboration peut être prévue dans un délai raisonnable.

    Oui. Les méthodes et les techniques générales de rétablissement sont connues. Des techniques de propagation uniformes existent pour produire de nouveaux plants à des fins de transfert.

La présente section remplace la section « But du rétablissement » du programme de rétablissement provincial.

Environnement Canada a établi l'objectif en matière de population et de répartition suivant pour l'ammannie robuste :

Maintenir la répartition et maintenir ou accroître (lorsqu'il est possible et opportun de le faire) l'abondance de toutes les populations existantes de cette espèce au Canada, y compris toutes les populations existantes qui pourraient être découvertes ou rétablies à l'avenir.

Justification

L'information sur l'abondance et la répartition de cette espèce révèle la présence de six populations existantes4 en Colombie-Britannique et en Ontario. Il y a deux populations existantes dans l'intérieur méridional de la Colombie-Britannique, près d'Osoyoos (relevés de 2004 et de 2005). Dans le sud-ouest de l'Ontario, quatre populations existantes sont présentes dans la région du lac Érié, dont deux sur l'île Pelée (relevés de 2003 et de 2001), une dans le secteur du marais Hillman, près d'Elmdale (relevé de 2001) et une près de Kingsville (relevé de 2007).

Deux populations sont considérées comme étant disparues5 en Colombie-Britannique (c.-à-d. les populations du motel Osoyoos Lake et de la pointe Haynes, décrites dans le programme de rétablissement provincial). Il n'y a pas eu de mention relative à la population du motel Osoyoos Lake depuis 1953; l'habitat précédemment occupé sur le site est devenu non convenable de façon permanente en raison de l'expansion du motel. De même, il n'y a eu aucune mention relative à la population de la pointe Haynes depuis 1953, malgré les efforts de recherche intensifs déployés entre 1991 et 2002. L'habitat autrefois occupé sur le site a subi des modifications : le substrat naturel a été enlevé et remplacé par du sable grossier à des fins de gestion des plages (Douglas et Oldham, 1999).

Des populations existantes d'ammannies robustes pourraient se trouver dans trois régions de l'Ontario, selon des mentions supplémentaires relatives à l'espèce. Elles se trouvent au marais Hillman (c.-à-d. dans d'autres secteurs du marais, au-delà de l'endroit où la population existante de 2001 a été observée), sur l'île Pelée (sur le site de la carrière du secteur nord) et à un emplacement près de la ville de LaSalle.

Les emplacements des mentions supplémentaires au marais Hillman sont associés une marge élevée d'incertitude (c.-à-d. ≥ 1 km) et de nombreuses années se sont écoulées depuis la dernière observation (> 25 ans). Michael Oldham (comm. pers., 2011), spécialiste de cette espèce et premier observateur de ces occurrences, a indiqué que, puisque l'ammannie robuste est une espèce formant un réservoir de semences6 dans des vasières exposées, si le niveau d'eau du marais Hillman est faible, l'espèce peut se trouver pratiquement n'importe où dans le milieu humide. De plus, M. Oldham a déclaré que, bien qu'il n'ait connaissance d'aucune mention (ni de recherches approfondies), il considère que l'ammannie robuste pourrait se trouver dans l'un ou l'autre des affluents du marais Hillman. Sur la foi de cette information, le statut de l'ammannie robuste dans d'autres secteurs entourant le marais Hillman (au-delà du site où une population a été observée en 2001) est considéré comme étant « inconnu ».

Il n'y a pas eu d'autres mentions d'individus au site de la carrière du secteur nord de l'île Pelée ni au site de LaSalle depuis 1987 et 1992, respectivement, bien que des relevés aient été menés dans ces secteurs en 1997. Les emplacements de ces mentions existantes sont également associés à une marge élevée d'incertitude (c.-à-d. >1 km). Le site de LaSalle est désormais un lotissement résidentiel, et une large part de l'habitat précédemment occupé est devenue non convenable de façon permanente en raison du développement résidentiel. Selon les observations, le site de la carrière du secteur nord sur l'île Pelée était envahi par les saules (Salix sp.) et les cornouillers (Cornus sp.), dépourvu d'ammannies robustes et vraisemblablement non convenable pour l'espèce en 1997 (Douglas et Oldham, 1999). Toutefois, M. Oldham, spécialiste de cette espèce en Ontario (comm. pers., 2011), estime possible que l'espèce ait survécu sur un site ou sur les deux, c.-à-d. dans le réservoir de semences. Les chances de persistance sont plus faibles pour la population du site de LaSalle en raison de l'étalement urbain (le site a été aménagé). M. Oldham estime que, selon l'état actuel de l'habitat du site de la carrière du secteur nord de l'île Pelée, il soit possible que l'espèce (ou ses propagules) y ait persisté. Selon les renseignements mentionnés ci-dessus, le statut de l'ammannie robuste au site de la carrière du secteur nord de l'île Pelée est pour le moment considéré comme étant « inconnu » et son statut sur le site de LaSalle est considéré comme étant « disparu ».

Les populations canadiennes d'ammannies robustes se trouvent à la limite nord de l'aire de répartition de l'espèce en Amérique du Nord; au Canada, l'ammannie robuste se trouve dans le centre-sud de la Colombie-Britannique et dans le sud-ouest de l'Ontario. Les efforts de rétablissement actuels sont axés sur le maintien des six populations existantes. Cependant, aucun relevé spécifique n'a été effectué dans le but de confirmer ou d'infirmer la persistance de l'espèce sur les sites dont le statut est « inconnu » (c.-à-d. aux autres emplacements du marais Hillman et sur le site de la carrière du secteur nord de l'île Pelée). Si d'autres populations naturelles sont découvertes, redécouvertes ou capables de se rétablir dans des sites d'où l'espèce a disparu (par exemple là où la remise en état de l'habitat est considérée comme étant encore réalisable, notamment au site de la pointe Haynes en Colombie-Britannique), elles devraient également être maintenues.

La tendance (incluant le sens et le taux de variation) relative à l'abondance des populations existantes est inconnue; il importe de noter, aux fins du suivi et/ou de l'estimation des tendances à venir, que l'abondance de la population de cette espèce annuelle est habituellement sujette à des fluctuations d'une année de relevé à l'autre (Bush et Lancaster, 2004). Là où les meilleurs renseignements accessibles ou les données de suivi à long terme indiquent un déclin de la population globale, il faudrait envisager de mettre en œuvre des mesures visant l'accroissement de l'abondance (p. ex. ensemencement ou modification de l'utilisation des terres).

La présente section remplace la section « Désignation de l'habitat essentiel de l'espèce » du programme de rétablissement provincial.

En vertu de l'alinéa 41(1)c) de la LEP, les programmes de rétablissement doivent inclure une désignation de l'habitat essentiel de l'espèce, dans la mesure du possible, ainsi que des exemples d'activités susceptibles d'entraîner la destruction de l'habitat essentiel. Le programme de rétablissement provincial de 2008 de l'ammannie robuste mentionnait que l'habitat essentiel ne pouvait alors être déterminé en raison d'un manque de renseignements sur l'habitat et la superficie nécessaire à l'espèce. Environnement Canada a examiné l'information accessible et a conclu qu'elle est maintenant suffisante pour désigner l'habitat essentiel. Des limites plus précises pourraient être cartographiées et de l'habitat essentiel supplémentaire pourrait s'ajouter à l'avenir si de nouvelles informations justifiaient l'inclusion de superficies supplémentaires d'habitat à la désignation actuelle de l'habitat essentiel. La quantité, la qualité et les emplacements de l'habitat nécessaire à l'atteinte des objectifs en matière de population et de répartition sont des aspects de première importance dans la désignation de l'habitat essentiel.

L'habitat essentiel de l'ammannie robuste est désigné pour un total de cinq populations existantes, une en Colombie-Britannique et quatre en Ontario. À l'heure actuelle, l'habitat essentiel de l'une7 des deux populations existantes de l'intérieur méridional de la Colombie-Britannique n'a pas encore été désigné. Environnement Canada travaillera à la désignation de l'habitat essentiel sur ces terres avec les organisations compétentes. Le calendrier des études (section 5.2) présente les activités requises pour désigner l'habitat essentiel supplémentaire nécessaire au soutien des objectifs en matière de population et de répartition pour l'espèce.

  1. Pour la désignation de l'habitat essentiel, les caractéristiques recherchées sont les suivantes :
    1. En Colombie-Britannique : dans le sud de la vallée de l'Okanagan, dans la région du lac Osoyoos, où le climat est de type steppe semi-aride, avec des hivers froids. Les étés sont chauds et secs et connaissent de faibles précipitations annuelles moyennes (300 mm) ainsi que des saisons végétatives relativement courtes.
    2. En Ontario : dans la région du comté d'Essex, qui jouit du climat le plus doux de la province. Durant l'été, la région tend à subir un afflux d'air chaud et humide en provenance du sud; contrairement aux autres parties de la province, le sol ne gèle pas très profondément en hiver. Les précipitations annuelles atteignent en moyenne 762 mm et sont souvent accompagnées de conditions de sécheresse estivale.
  2. Dans ces milieux, il est limité aux habitats ouverts, littoraux et semi-aquatiques, où les sites sont submergés tôt dans l'année et où les plantes émergent lorsque les niveaux d'eau baissent durant les mois d'été :
    1. a. En Colombie-Britannique : vasières et berges d'étangs ou de lagunes, humides ou détrempées, souvent alcalines, ou rivages sablonneux. La végétation associée comprend des espèces semi aquatiques ou des espèces capables de supporter les inondations en début de saison.
    2. En Ontario : vasières, plages de sable, lisières de milieux humides, fonds d'étangs asséchés et dépressions sablonneuses humides. La végétation associée comprend des espèces semi-aquatiques, comme l'éléocharide aciculaire ((Eleocharis acicularis) et la lysimaque nummulaire ((Lysimachia nummularia).

L'habitat essentiel de l'ammannie robuste au Canada est désigné comme étant la superficie occupée par les plants ou les groupes de plants (toutes les mentions des 25 dernières années, à moins qu'il y ait une raison de considérer que l'occurrence est disparue du pays, p. ex. si l'habitat a été éliminé ou s'est dégradé au point de ne manifestement plus être convenable), y compris la marge d'incertitude de l'appareil de positionnement par satellite (GPS) utilisé (de 10 m à 100 m), et une marge supplémentaire de 50 m (c.-à-d. la zone de fonction essentielle 8) pour inclure les abords immédiats de l'occurrence. L'habitat essentiel comprend également l'ensemble des éléments écologiques distincts9 qui sont associés et essentiels à la création et au maintien du caractère convenable de l'habitat, et qui constituent l'environnement écologique des microhabitats occupés. Les éléments écologiques distincts désignés comme étant de l'habitat essentiel de l'ammannie robuste incluent : les bandes riveraines ouvertes, sablonneuses ou boueuses, inondées de façon saisonnière (jusqu'au plus bas niveau d'eau consigné), ainsi que la zone d'abaissement10 associée, en bordure des bandes riveraines. Là où les zones d'habitat essentiel déterminées à partir des occurrences sont très proches les unes des autres (lorsque les limites extérieures des marges d'incertitude et des zones de fonction essentielle entourant les emplacements sont distantes de moins de 100 m) et/ou lorsqu'elles sont situées au sein du même élément écologique distinct et présentent des caractéristiques écologiques continues (tel que décrit ci-dessus), l'habitat de connexion (c.-à-d. l'espace séparant les occurrences) est désigné comme étant de l'habitat essentiel. L'ammannie robuste est une plante annuelle qui vit dans un habitat littoral dynamique et qui doit se rétablir chaque année à partir d'un réservoir de semences. L'habitat de connexion est essentiel à la survie et au rétablissement de l'ammannie robuste parce qu'il permet à l'espèce de se propager et de se reconstituer à partir de zones très voisines, il facilite le maintien des échanges génétiques et permet le déplacement à petite échelle de la répartition en réponse aux changements environnementaux.

Au total, 143 hectares d'habitat essentiel de l'ammannie robuste sont désignés selon les méthodes décrites ci-dessus. L'habitat essentiel est présenté dans les figures A1 à A4 (Annexe 1). La présentation diffère selon les provinces (Colombie-Britannique et Ontario), afin de respecter les normes de ces provinces en matière de communication au public des renseignements sur les emplacements des occurrences des espèces en péril. Pour la Colombie-Britannique, l'habitat essentiel est présenté à l'aide de polygones détaillés qui entourent étroitement les occurrences, la marge d'incertitude de localisation et la zone de fonction essentielle, ainsi que de l'habitat de connexion, s'il y a lieu. À l'exception des éléments nommés dans le paragraphe qui suit, les polygones détaillés sur chaque carte des populations de la Colombie-Britannique représentent une approximation de l'habitat essentiel réel. Le calque utilisé fait appel à un quadrillage de 1 km × 1 km du quadrillage UTM de référence, le système de quadrillage de référence utilisé au Canada; ce quadrillage permet de repérer l'emplacement géographique général de l'habitat essentiel, à des fins de planification de l'aménagement du territoire ou d'évaluation environnementale. Par souci de conformité aux normes de communication au public des renseignements sur l'emplacement des occurrences d'espèces en péril en Ontario, les polygones détaillés ne figurent pas sur les cartes de l'habitat essentiel des populations de l'Ontario. De plus amples informations sur l'emplacement de l'habitat essentiel peuvent être obtenues, à des fins de protection de l'espèce et de son habitat et sur justification, auprès d'Environnement Canada – Section de la planification du rétablissement.

Les éléments anthropiques existants (incluant la surface de roulement de routes fréquentées et les structures de quais existants) ne possédant pas les caractéristiques écologiques requises pour l'ammannie robuste ne sont pas désignés comme étant de l'habitat essentiel, même lorsqu'ils sont couverts par un polygone détaillé et/ou inclus dans un carré du quadrillage UTM de référence. Les eaux stagnantes permanentes se trouvant sous le plus bas niveau d'eau consigné ne sont pas désignées comme étant de l'habitat essentiel. Si des études plus approfondies déterminaient que ces éléments ont une fonction écologique essentielle, la désignation de l'habitat essentiel sera mise à jour en conséquence. Les méthodes et les processus décisionnels détaillés relatifs à la désignation de l'habitat essentiel sont archivés dans un document justificatif.

La présente section remplace la section « Calendrier recommandé des études visant à désigner l'habitat essentiel » du programme de rétablissement provincial.

Le calendrier des études qui suit (Tableau 2) présente les activités requises pour compléter la désignation de l'habitat essentiel de la population d'ammannies robustes de la flèche Mica, au lac Osoyoos, en Colombie-Britannique, et des populations d'ammannies robustes de l'île Pelée et du marais Hillman en Ontario.

Tableau 2. Calendrier des études visant à désigner l'habitat essentiel
Activité Justification Échéancier
Work cooperatively wTravailler en collaboration avec les organisations concernées pour achever la désignation l'habitat essentiel de la population d'ammannies robustes de la flèche Mica, au lac Osoyoos, en Colombie-Britannique. Cette activité est requise pour que suffisamment d'habitat essentiel soit désigné pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition. 2014-2019
OObtenir des renseignements récents et détaillés sur les occurrences relatives à la population d'ammannies robustes du marais Hillman, en Ontario. La désignation de l'habitat essentiel de cette population ne repose que sur la mention d'occurrence de 2001, bien qu'il existe un certain nombre de mentions historiques assorties d'un emplacement très approximatif dans toute la région du marais Hillman. Il n'existe pas de relevés récents et ciblés de ces emplacements. Sans plus d'information sur la situation actuelle et l'emplacement de ces occurrences, on ne peut pas déterminer si suffisamment d'habitat essentiel est désigné au marais Hillman. 2014-2019
Obtenir des données récentes sur les occurrences de la population d'ammannies robustes de l'île Pelée, en Ontario. L'habitat essentiel n'a pu être désigné sur le site de la carrière du secteur nord en raison du statut « inconnu » de la population existante et de l'incertitude élevée relative aux emplacements associés aux mentions historiques existantes. Aucun relevé récent et ciblé n'a été mené. Sans plus d'information sur la situation actuelle et l'emplacement de cette population, on ne peut pas déterminer si suffisamment d'habitat essentiel est désigné sur l'île Pelée. 2014-2019

La compréhension de ce qui constitue la destruction de l'habitat essentiel est nécessaire à la protection et à la gestion de l'habitat essentiel. La destruction est déterminée au cas par cas. On peut parler de destruction lorsqu'il y a dégradation d'un élément de l'habitat essentiel, soit de façon permanente ou temporaire, à un point tel que l'habitat essentiel n'est plus en mesure d'assurer ses fonctions lorsque exigé par l'espèce. La destruction peut découler d'une seule ou de plusieurs activités à un moment donné ou des effets cumulés d'une ou de plusieurs activités au fil du temps. Une liste non exhaustive des activités susceptibles de détruire l'habitat essentiel de l'ammannie robuste figure dans le tableau 3.

Tableau 3. Exemples d'activités susceptibles d'entraîner la destruction de l'habitat essentiel de l'ammannie robuste
Activité Description de l'activité susceptible d'entraîner la destruction de l'habitat essentiel ou d'y contribuer Niveau de menace
Contrôle inadéquat du niveau d'eau des lacs (gestion par l'humain des barrages de décharge) à des fins de gestion des crues, de l'eau potable ou de l'irrigation, ce qui entraîne une stabilisation et/ou des fluctuations anormales du niveau de l'eau. Entraîne la suppression des cycles naturels de crues et de sécheresse et des régimes de niveaux d'eau au point que les régimes et les processus hydrologiques produisent des conditions qui excèdent les seuils de tolérance biologique de l'ammannie robuste. Si l'eau est maintenue artificiellement à des niveaux trop hauts ou trop bas, ou que le régime des fluctuations 11, nécessaires à l'espèce est perturbé, une ou plusieurs étapes du cycle biologique (p. ex. germination, croissance ou floraison) ne pourront être menées à terme. De plus, la modification des cycles naturels de crues et de sécheresses peut entraîner une modification du régime de perturbation en faveur de la succession écologique (p. ex., envahissement par les saules), au point que l'habitat n'est plus convenable pour l'ammannie robuste. Élevé (C.-B., Ont.)

Destruction du rivage naturel, y compris :

  • l'aménagement riverain (p. ex. la construction de quais, de hangars à bateaux, de remises et d'autres infrastructures)
  • l'entretien de la plage ou l'aménagement de pelouses
  • les activités agricoles (culture ou élevage)
Entraîne une perte directe de l'habitat, au point de le rendre non convenable pour l'ammannie robuste, par le retrait et/ou le recouvrement du réservoir de semences et du substrat naturel nécessaire à la croissance, ou par la modification d'autres composantes requises de l'habitat. Élevé (C.-B.), modéré (Ont.)
Introduction de plantes exotiques envahissantes Les plantes exotiques envahissantes occasionnent une réduction directe de l'habitat disponible pour l'ammannie robuste par l'intermédiaire d'un déplacement physique, ainsi que des effets indirects, comme la modification de la présence d'ombre et de la disponibilité de l'eau et des nutriments, ce qui peut rendre l'habitat non convenable pour l'ammannie robuste. Modéré (Ont.), faible/inconnu (C.-B.)
Activités liées au contrôle (mécanique ou chimique) des espèces végétales envahissantes Les efforts de contrôle des plantes envahissantes par des moyens mécaniques ou chimiques peuvent aussi occasionner la destruction de l'habitat essentiel en raison de la perturbation ou de l'élimination du substrat naturel nécessaire à la survie de l'espèce (résultant de l'arrachage des mauvaises herbes) ou en rendant le microhabitat toxique par l'application d'herbicide. Modéré (Ont.), faible/inconnu (C.-B.)

La destruction de l'habitat découlant de la stabilisation et/ou des fluctuations anormales des niveaux d'eau est une menace importante en Colombie-Britannique et en Ontario. Le niveau d'eau du lac Osoyoos en Colombie-Britannique est géré par des barrages de décharge. En Ontario, les populations riveraines du lac Érié sont touchées par une tendance à la baisse, générale et extensive, des niveaux d'eau; la création de digues et de barrages menace également les processus hydrologiques naturels nécessaires aux populations existantes. L'ammannie robuste a besoin d'un cycle de fluctuations du niveau de l'eau. Si l'eau du lac est maintenue à un niveau trop haut, trop bas, ou stable pendant trop longtemps, au point de provoquer une période prolongée d'inondation ou de sécheresse (c.-à-d. l'élimination des fluctuations naturelles), l'habitat essentiel disponible pour l'ammannie robuste en sera réduit, tout comme la réussite de la persistance ou de l'émergence de semences provenant du réservoir de semences et, donc, le recrutement. La modification ou la suppression des processus hydrologiques naturels peuvent également avoir des répercussions sur les régimes de perturbation, lesquels jouent un rôle dans la succession écologique. L'ammannie robuste préfère les habitats de début de succession où la compétition que se livrent les espèces végétales est réduite. C'est pourquoi la succession végétale constitue une menace potentielle pour trois des quatre sites existants en Ontario, où des espèces indigènes (principalement les saules et les peupliers) ont envahi l'habitat riverain au point de le rendre moins convenable pour l'ammannie robuste. Dans les deux provinces, il faudra effectuer de plus amples recherches pour caractériser la relation existant entre les régimes hydrologiques (c.-à-d. les variations du niveau de l'eau) et l'espèce et son habitat essentiel, à tous les stades du cycle biologique de l'espèce.

La perte d'habitat engendrée par la destruction et l'aménagement des berges est considérée comme une menace importante pesant sur l'ammannie robuste en Colombie-Britannique. La préférence écologique de l'ammannie robuste pour l'habitat riverain rend l'espèce particulièrement menacée par la construction de chalets et d'habitations et par les activités récréatives locales (p. ex. la navigation, le camping ou la baignade). En Ontario, la disparition d'une population d'ammannies robustes a été attribuée au développement résidentiel.

Les espèces exotiques envahissantes sont une menace en Ontario, où les taxons introduits (p. ex. le roseau commun [Phragmites australis ssp. australis] et la lysimaque nummulaire [Lysimachia nummularia]) menacent supplanter, en les privant de lumière, les populations d'ammannies robustes à certains sites. En Colombie-Britannique, les espèces envahissantes (p. ex. l'olivier de Bohême [Elaeagnus angustifolia] et les saules non indigènes [Salix spp.]) représentent une menace potentielle pour les populations d'ammannies robustes. Dans les deux provinces, les espèces exotiques envahissantes réduisent l'habitat disponible en faisant compétition aux espèces indigènes pour les ressources. Toutefois, les efforts en vue de contrôler ces espèces peuvent aussi causer par inadvertance des dommages mécaniques ou chimiques à l'habitat de l'ammannie robuste. Si des pratiques exemplaires de gestion ont été élaborées pour l'élimination ou le contrôle des plantes exotiques envahissantes, il faudrait observer ces pratiques. S'il n'existe pas de pratiques exemplaires de gestion, il faudrait consulter des experts, c.-à-d. des spécialistes de l'espèce, des gestionnaires des terres et/ou les groupes de conservation appropriés compétents en matière de contrôle des plantes exotiques envahissantes dans des habitats qui abritent des espèces en péril.

La menace que constituent les perturbations répétées et/ou excessives des berges, notamment par le passage des véhicules tout-terrain et des randonneurs, le piétinement par les utilisateurs des plages ou le bétail, et les dommages relatifs à la circulation maritime (dragage, sillage des bateaux lourds), est aussi potentiellement préoccupante en Colombie-Britannique et en Ontario. Ces activités peuvent avoir des effets directs et immédiats ou des effets cumulatifs sur la qualité et la disponibilité de l'habitat pour l'ammannie robuste, par exemple : compactage, perturbation ou enlèvement du substrat naturel, incluant le réservoir de semences.

Les activités d'aménagement paysager exécutées dans le réseau hydrographique peuvent aussi rendre l'habitat essentiel non convenable pour l'ammannie robuste en raison des dommages indirects et/ou cumulatifs survenant dans le paysage. Par exemple, l'exploitation forestière, la dérivation des eaux ou le défrichement dans les zones avoisinantes ou associées sont susceptibles de modifier les régimes hydrologiques, les conditions d'ensoleillement ou l'exposition aux vents, etc., au point de détruire l'habitat local de l'ammannie robuste. L'étendue de ces activités et les seuils à partir desquels ces activités (individuellement ou cumulativement) entraînent la destruction de l'habitat essentiel de l'ammannie robuste sont actuellement inconnus.

La présente section remplace la section « Mesure du rendement » du programme de rétablissement provincial.

Les indicateurs de rendement présentés ci-dessous proposent un moyen de définir et de mesurer les progrès vers l'atteinte des objectifs en matière de population et de répartition :

Les mesures doivent tenir compte des effets annuels et des variations relatives à ces effets dans les résultats du suivi annuel, c'est-à-dire que les tendances des multiples estimations annuelles doivent être évaluées sur une longue période (sur un intervalle de cinq ans, 2014-2019, par exemple).

La présente section remplace la section « Énoncé sur les plans d'action » du programme de rétablissement provincial.

Un ou plusieurs plans d'action pour l'ammannie robuste seront publiés dans le Registre public des espèces en péril d'ici 2019.

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour tous les documents de planification du rétablissement en vertu de la LEP, conformément à La directive du Cabinet sur l'évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. L'objet de l'EES est d'incorporer les considérations environnementales à l'élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairée du point de vue de l'environnement.

La planification du rétablissement vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que des programmes peuvent, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l'EES sont directement inclus dans le programme lui-même, mais également résumés dans le présent énoncé, ci-dessous.

L'ammannie robuste est présente dans le sud de la vallée de l'Okanagan en Colombie-Britannique, où on sait que l'habitat essentiel désigné pour l'espèce chevauche des occurrences d'autres plantes des milieux riverains de la région qui sont considérées comme étant des espèces en péril. Par exemple, le rotala rameux (Rotala ramosior), la lipocarphe à petites fleurs (Lipocarpha micrantha) et l'éléocharide géniculée (Eleocharis geniculata), qui sont des plantes inscrites à l'annexe 1 de la LEP, se trouvent aussi aux sites du lac Osoyoos et/ou d'East Osoyoos, dans la vallée de l'Okanagan. Le souchet courbé (Cyperus squarrosus), l'euphorbe à feuilles de serpolet (Chamaesyce serpyllifolia ssp. serpyllifolia et l'éléocharide à petit bec (Eleocharis rostellata), qui sont des plantes rares en Colombie-Britannique, coexistent également dans ces régions. En Ontario, parmi les espèces en péril inscrites sur la liste fédérale se trouvant à l'emplacement Lighthouse Point de l'île Pelée figurent la couleuvre fauve de l'Est (Pantherophis gloydi), la tortue mouchetée (Emydoidea blandingii), la couleuvre d'eau du lac Érié (Nerodia sipedon insularum), la ketmie des marais (Hibiscus moscheutos) et la carmantine d'Amérique (Justicia americana), qui occupent toutes un habitat semblable à celui de l'ammannie robuste, et plus généralement, la couleuvre agile bleue (Coluber constrictor foxii), le mûrier rouge (Morus rubra), le rosier sétigère (Rosa setigera), le ptéléa trifolié (Ptelea trifoliata) et le frêne bleu (Fraxinus quadrangulata) (Oldham, 1983). Au site du marais Hillman, les espèces en péril inscrites sur la liste fédérale occupant un habitat semblable à celui de l'ammannie robuste sont la tortue ponctuée (Clemmys guttata), la couleuvre fauve de l'Est, le ptéléa trifolié, le Râle élégant (Rallus elegans) et la ketmie des marais; la Paruline orangée (Protonotaria citrea), un oiseau nicheur historique, aurait également fréquenté la région (Oldham, 1983). L'habitat essentiel désigné pour le ptéléa trifolié, une espèce inscrite à l'annexe 1 de la LEP, chevauche l'habitat essentiel de l'ammannie robuste aux emplacements de l'île Pelée (populations de Lighthouse Point et de Gibwood) et du marais Hillman.

Les approches de rétablissement proposées ne devraient pas nuire aux autres espèces indigènes dont la conservation est préoccupante. La protection de l'habitat recommandée profitera indirectement à d'autres espèces, y compris les espèces en péril de la région. L'éducation et la sensibilisation accrues du public pourraient limiter les activités récréatives néfastes à ces emplacements, et la gestion appropriée des espèces envahissantes pourrait remettre en état l'habitat d'autres espèces végétales en péril. Convenant du fort potentiel de partage de l'habitat entre les espèces en péril locales, des mesures de gestion à grande échelle, comme l'élimination des espèces envahissantes ou l'utilisation d'herbicides, doivent être planifiées et mises en œuvre avec précaution. Toutes les activités sur le terrain (relevés, recherche et gestion) visant à favoriser le rétablissement de l'ammannie robuste risquent de menacer les espèces coexistantes (notamment par le piétinement, l'herbivorisme accru résultant de l'utilisation par les animaux des sentiers créés par l'homme ou la dispersion accidentelle d'espèces envahissantes au moment de leur élimination) à moins de prendre garde à éviter les dommages.

De l'habitat essentiel l'ammannie robuste au Canada a été désigné dans cinq emplacements situés sur des terres domaniales et non domaniales; l'un de ces emplacements se situe dans l'intérieur méridional de la Colombie-Britannique (Figure A1) et les quatre autres, dans le sud-ouest de l'Ontario (figures A2, figureA3 et figureA4).

Figure A1. L'habitat essentiel de l'ammannie robuste à East Osoyoos en Colombie-Britannique

La description de carte A1 fournissait ci-dessous. (Voir description longue ci-dessous.)
Description longue de la figure A1

Figure A2. L'habitat essentiel de l'ammannie robuste sur l'île Pelée, en Ontario

La description de carte A2 fournissait ci-dessous. (Voir description longue ci-dessous.)
Description longue de la figure A2

Figure A3. L'habitat essentiel de l'ammannie robuste au marais Hillman en Ontario

La description de carte A3 fournissait ci-dessous, (Voir description longue ci-dessous.)
Description longue de la figure A3

Figure A4. L'habitat essentiel de l'ammannie robuste près de Kingsville en Ontario

La description de carte A4 fournissait ci-dessous. (Voir description longue ci-dessous.)
Description longue de la figure A4

Programme de rétablissement de l'ammannie robuste (Ammannia robusta) en Colombie-Britannique et en Ontario

Scarlet ammannia (<em lang="la">Ammannia robusta</em>) i

Préparé par l'Équipe de rétablissement de l'ammannie robuste

B.C. Ministry of Environment

Juin 2008

Information sur le document - Partie 2


La série présente les programmes de rétablissement qui sont préparés en tant qu'avis à l'intention de la province de la Colombie-Britannique sur l'approche stratégique générale nécessaire pour rétablir les espèces en péril. La province prépare des programmes de rétablissement qui répondent à ses engagements relatifs au rétablissement des espèces en péril en vertu de l'Accord pour la protection des espèces en péril au Canada et de l'Accord sur les espèces en péril conclu entre le Canada et la Colombie-Britannique.

Le rétablissement des espèces en péril est l'ensemble des mesures visant à arrêter ou à renverser le déclin d'une espèce en voie de disparition, menacée ou disparue du pays et à réduire ou à supprimer les menaces pesant sur l'espèce, de manière à améliorer ses chances de persistance à l'état sauvage.

Un programme de rétablissement représente les meilleures connaissances scientifiques disponibles sur ce qui doit être effectué pour en arriver au rétablissement d'une espèce ou d'un écosystème. Un programme de rétablissement énonce ce qui est connu et ce qui n'est pas connu au sujet d'une espèce ou d'un écosystème. Il définit également les menaces qui pèsent sur l'espèce ou l'écosystème, et ce qui doit être réalisé pour atténuer ces menaces. Les programmes de rétablissement établissent des buts et des objectifs de rétablissement, et recommandent des approches pour le rétablissement de l'espèce ou de l'écosystème.

Les programmes de rétablissement sont généralement préparés par une équipe de rétablissement composée de membres d'organismes responsables de la gestion de l'espèce ou de l'écosystème, de spécialistes d'autres organismes, d'universités, de groupes de conservation, de groupes autochtones et d'intervenants, s'il y a lieu.

Dans la plupart des cas, on procédera à l'élaboration d'un ou de plusieurs plans d'action visant à préciser et à orienter la mise en œuvre du programme de rétablissement. Les plans d'action comprennent des renseignements plus détaillés sur ce qui doit être accompli pour répondre aux objectifs du programme de rétablissement. Cependant, le programme de rétablissement offre des renseignements importants sur les menaces qui pèsent sur les espèces et sur les besoins en matière de rétablissement de ces dernières, renseignements qui peuvent servir aux particuliers, aux collectivités, aux utilisateurs des terres et aux conservationnistes s'intéressant au rétablissement des espèces en péril.

Pour obtenir de plus amples renseignements sur le rétablissement des espèces en péril en Colombie-Britannique, veuillez consulter le site Web du ministère de l'Environnement portant sur la planification du rétablissement (en anglais seulement) (Ministry of Environment Recovery Planning (anglais seulement)).

préparé par l'Équipe de rétablissement de l'ammannie robuste

Juin 2008

Équipe de rétablissement de l'ammannie robuste. 2008. Programme de rétablissement de l'ammannie robuste (Ammannia robusta) en Colombie-Britannique et en Ontario, préparé pour le ministère de l'Environnement de la Colombie Britannique, Victoria (Colombie-Britannique), et le ministère des Richesses naturelles de l'Ontario, Peterborough (Ontario), 24 p.

Al Woodliffe

Il est possible de télécharger la version anglaise du présent document à partir de la page Web du ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique portant sur la planification du rétablissement à l'adresse suivante : (en anglais seulement).

ISBN: 978-0-7726-6057-2
Catalogage avant publication : en suspens

Le contenu du présent document (à l'exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, mais en prenant soin d'en indiquer la source.

Le ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique et le ministère des Richesses naturelles de l'Ontario ont mené l'élaboration du présent programme de rétablissement de l'ammannie robuste, en vertu de l'Accord pour la protection des espèces en péril au Canada.

Le présent programme de rétablissement a été préparé en tant qu'avis à l'intention des compétences et des organismes responsables et d'un grand nombre de parties concernées susceptibles de participer au rétablissement de l'espèce. Le programme de rétablissement ne représente pas nécessairement l'opinion personnelle de chacun des membres de l'équipe de rétablissement ni le point de vue officiel des organisations dont fait partie chacun des membres de l'équipe de rétablissement.

Les buts, objectifs et approches de rétablissement présentés dans le programme sont fondés sur les meilleures connaissances actuelles, et ils pourront être modifiés au fil des découvertes ou en fonction d'objectifs révisés. La mise en œuvre du présent programme est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des autorités compétentes et organisations participantes.

La réussite du rétablissement de l'espèce dépendra de l'engagement et de la collaboration d'un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des recommandations formulées dans le présent programme.


Équipe de rétablissement de l'ammannie robuste

Anciens membres de l'équipe de rétablissement

Personne-ressource pour les renseignements techniques

Le ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique et le ministère des Richesses naturelles de l'Ontario sont responsables de l'élaboration d'un programme de rétablissement pour l'ammannie robuste en vertu de l'Accord pour la protection des espèces en péril au Canada. Le Service canadien de la faune d'Environnement Canada a participé à la préparation de ce programme de rétablissement.

La première version du programme a été rédigée par George W. Douglas et Shyanne J. Smith en collaboration avec les membres de l'Équipe de rétablissement de l'ammannie robuste. Le ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique et le ministère des Richesses naturelles de l'Ontario ont dirigé l'élaboration du présent programme de rétablissement pour l'espèce, en collaboration avec le Service canadien de la faune d'Environnement Canada (région du Pacifique et du Yukon et région de l'Ontario).

Nous remercions les membres de la Southern Interior Rare Plants Recovery Implementation Team pour leur travail et leurs commentaires à l'issue de l'examen de la version finale du programme. La bande indienne d'Osoyoos a donné accès aux sites de la Colombie-Britannique et a pris part à des mesures d'intendance sur la réserve. Le financement de l'ébauche du programme de rétablissement a été pris en charge par le Ministry of Water, Land and Air Protection de la Colombie-Britannique (aujourd'hui le ministère de l'Environnement) par l'intermédiaire de l'Habitat Conservation Trust Fund et de l'Okanagan College. Le ministère des Richesses naturelles de l'Ontario a financé l'inclusion des renseignements sur les populations de l'Ontario dans l'ébauche initiale.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a désigné l'ammannie robuste (Ammannia robusta) comme espèce en voie de disparition en avril 1999; la désignation a été confirmée en mai 2001. L'ammannie robuste est inscrite à l'annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril fédérale à titre d'espèces en voie de disparition. L'espèce est classée S1 (gravement en péril) en Colombie-Britannique et en Ontario. En Colombie-Britannique, elle figure sur la liste rouge du ministère de l'Environnement; en Ontario, elle est considérée comme étant en voie de disparition en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l'Ontario.

L'aire de répartition de l'ammannie robuste s'étend depuis le centre-sud de la Colombie-Britannique jusqu'au Mexique (Hitchcock et Cronquist, 1961; McClintock, 1993; Douglas et coll., 1999). Elle couvre tout le centre de l'Amérique du Nord et atteint, vers l'est, l'Ohio et le sud-ouest de l'Ontario et, vers le sud, l'extrême sud des États-Unis et le Mexique. Le nombre total de populations au Canada a décliné de 40 %, passant de dix populations historiques à six populations existantes au cours des 50 dernières années.

En Colombie-Britannique, l'ammannie robuste occupe les berges boueuses, humides ou détrempées et souvent alcalines, de lagunes ou d'étangs, des rivages sablonneux, ou des vasières alcalines, humides ou asséchées. Ces sites sont submergés tôt dans l'année, et les plantes émergent lorsque le niveau d'eau des lacs baisse, de la fin de juillet jusqu'au début de septembre. Les sites de l'Ontario se trouvent dans des vasières, des plages de sable, des lisières de milieux humides, des fonds d'étangs asséchés et des dépressions sablonneuses humides.

Parmi les menaces qui pèsent sur l'ammannie robuste en Colombie-Britannique, on compte la perte ou la dégradation de l'habitat; les changements dans la dynamique écologique ou les processus naturels (régime des crues); et les espèces envahissantes; parmi les menaces potentielles mineures, on compte le pâturage du bétail, le piétinement et les véhicules récréatifs. En Ontario, les menaces incluent les changements dans la dynamique écologique ou les processus naturels (régime des crues et succession); les espèces envahissantes et la perte ou la dégradation de l'habitat.

Aucun habitat essentiel ne peut être désigné pour l'ammannie robuste au Canada à l'heure actuelle, mais il pourrait l'être ultérieurement dans une addition du gouvernement fédéral préparée par Environnement Canada ou dans un futur plan d'action. L'habitat essentiel devrait être proposé au terme des travaux requis pour quantifier les besoins particuliers de l'espèce en matière d'habitat et de superficie d'habitat, des recherches approfondies sur la biologie de l'espèce et du suivi des populations en vue de déterminer les tendances démographiques. Des consultations devront également être menées auprès des propriétaires fonciers et des organisations concernés.

Les mesures de rétablissement sont susceptibles d'avoir des répercussions sur les secteurs socioéconomiques suivants : l'aménagement du territoire en bordure des zones intertidales, les activités récréatives, l'agriculture (irrigation) et le pâturage des animaux domestiques. L'ampleur attendue de ces effets est inconnue et sera abordée plus en détail dans le plan d'action pour le rétablissement.

Le but du rétablissement de l'ammannie robuste est de protéger et de maintenir les quatre populations existantes en Ontario et les deux populations existantes en Colombie-Britannique, ainsi que de rétablir l'espèce à des sites historiques s'il est jugé nécessaire de le faire. Il n'est pas possible d'établir de cibles démographiques précises pour les populations à l'heure actuelle, en raison du caractère annuel de l'espèce et de l'inaccessibilité des données issues des relevés, qui empêchent de dégager des tendances démographiques à long terme.

Les objectifs du rétablissement pour l'espèce sont les suivants :

  1. Assurer, pour les cinq prochaines années, la persistance de l'espèce à tous les sites existants connus, sans perte ni dégradation de l'habitat actuellement occupé.
  2. Évaluer l'ampleur des quatre principales menaces pesant sur les six populations (perte ou dégradation de l'habitat, espèces envahissantes, régime des crues, succession), d'ici 2012.
  3. Confirmer la distribution de l'ammannie robuste en Ontario et en Colombie-Britannique (emplacements historiques et nouveaux) et mettre à jour les objectifs en matière de population et de répartition au besoin, d'ici 2012.
  4. Étudier le caractère réalisable du rétablissement des populations aux sites d'où l'espèce a disparu ou dans l'habitat convenable situé à proximité des occurrences historiques, d'ici 2012.

Les approches visant à atteindre ces objectifs de rétablissement comprennent la protection de l'habitat, la sensibilisation du public, les relevés et les suivis, la gestion de l'habitat, les recherches scientifiques et la remise en état de l'habitat.

En Colombie-Britannique, un plan d'action plurispécifique sera terminé d'ici 2012 pour quatre espèces vivant sur des langues de sable (et d'autres espèces), y compris l'ammannie robuste, la lipocarphe à petites fleurs ((Lipocarpha micrantha), l'aster feuillu ((Symphyotrichum frondosum) et le rotala rameux ((Rotala ramosior). Un plan d'action pour les sites de l'Ontario sera aussi achevé d'ici 2013.


Nom commun (population) : Ammannie robuste
Nom scientifique : (Ammannia robusta
Statut : En voie de disparition
Dernier examen ou dernière modification : Mai 2001
Présence au Canada : Colombie-Britannique, Ontario
Justification de la désignation : Espèce annuelle aquatique de rivage qui se trouve dans moins de cinq sites restants dans de très petites régions d'habitats où les tailles et le nombre d'individus fluctuent en raison de la dépendance des niveaux d'eau peu élevés; en péril de façon continue en raison du développement des rivages, des activités récréatives et de la gestion naturelle ou artificielle des niveaux d'eau élevés.
Historique du statut : Espèce désignée « en voie de disparition » en avril 1999. Réexamen et confirmation du statut en mai 2001. Dernière évaluation fondée sur un rapport de situation existant.

(Ammannia robusta (ammannie robuste) est une plante annuelle glabre (lisse, sans poils ni glandes) décombante (reposant sur le sol avec l'extrémité courbée vers le haut) ou érigée, simple ou ramifiée, mesurant entre 15 cm et 100 cm (figure 1; Graham, 1985; McClintock, 1993; Douglas et coll., 1999). Les feuilles opposées sont entières, oblongues à oblongues-lancéolées, d'une longueur de 1,5 cm à 8 cm, en forme de cœur et jointes à la base. De une à trois, ou parfois même quatre, fleurs lavande tendre, sessiles, d'une longueur de 3 mm à 5 mm, sont fixées aux aisselles des feuilles. Les fruits sont sessiles, de forme globulaire et mesurent de 4 mm à 6 mm (Douglas et coll.,1999). Les graines sont petites (entre 0,5 mm et 0,8 mm de long) et nombreuses (entre 250 et 450) dans chaque fruit, chaque plant adulte produisant entre 15 et 45 fruits (G.W. Douglas, données inédites, 2004).

Le rôle écologique de l'ammannie robuste demeure non étudié. Aucune mention d'utilisation de la plante pour des ressources culturelles (à des fins alimentaires, vestimentaires, médicales, cérémoniales ou symboliques) ou pour l'écotourisme n'a été consignée.

L'aire de répartition de l'ammannie robuste s'étend depuis centre-sud de la Colombie-Britannique jusqu'au Mexique (Hitchcock et Cronquist, 1961; McClintock, 1993; Douglas et coll., 1999). Elle couvre tout le centre de l'Amérique du Nord et atteint, vers l'est, l'Ohio et le sud-ouest de l'Ontario et, vers le sud, l'extrême sud des États-Unis et le Mexique.

Elle ne pousse pas sur la côte est de l'Amérique du Nord, sauf au New Jersey, où elle est considérée comme une espèce exotique (figure 2; NatureServe, 2005). L'ammannie robuste est aussi présente dans les Caraïbes, ainsi que sur la côte de l'Amérique du Sud, au nord de Rio de Janeiro, où son introduction est apparemment ancienne, mais persistante (Graham, 1985). Les populations de la Colombie-Britannique se situent à environ 200 km au nord-ouest des populations les plus proches à Spokane, dans l'État de Washington (WTU, 2003). Les occurrences des populations de l'Ontario les plus proches se trouvent au Michigan et en Ohio, où l'espèce est non classée (NatureServe, 2005).

Figure 1. Illustration de l'ammannie robuste (tirée de Douglas et coll. [1999], avec permission)

Figure 1. Illustration de l'ammannie robuste (tirée de Douglas et coll. [1999], avec permission). (Voir description longue ci-dessous.)
Description longue pour la figure 1 - Partie 2

En Colombie-Britannique, l'espèce est limitée à la région du lac Osoyoos (figure 3; Douglas et Oldham, 1997; Douglas et coll.,2002). Dans cette région, des populations ont été observées à la pointe Haynes, tout juste à l'est d'Osoyoos (d'où l'espèce a disparu), sur la réserve indienne d'Osoyoos et sur une terre privée près d'Osoyoos (figure 3). Les populations de l'Ontario sont limitées au comté d'Essex, le comté le plus au sud-ouest de la province (figure 4), à trois emplacements sur la partie continentale et à deux emplacements sur l'île Pelée (sur le lac Érié).

À l'échelle mondiale, la cote de conservation de l'ammannie robuste est G5, ce qui indique que la plante est [traduction] « apparemment commune, manifestement non en péril et peu à risque de disparaître dans les conditions actuelles » dans la majeure partie de son aire de répartition (NatureServe, 2004). Aux États-Unis, elle est classée S1 (gravement en péril) dans le Wisconsin, en Idaho, au Wyoming, dans l'État de Washington, et SNR (non classée) dans 27 autres États. Au Canada, la cote nationale de l'espèce est N1 (gravement en péril). En Colombie-Britannique, le Conservation Data Centre lui a attribué la cote S1, et elle figure sur la liste rouge du ministère de l'Environnement provincial (Douglas et coll., 2002). En Ontario, le Centre d'information sur le patrimoine naturel (CIPN) a également attribué la cote S1 à l'espèce. Les espèces gravement en péril sont extrêmement rares (généralement cinq occurrences ou moins, ou très peu d'individus restants) et sont particulièrement susceptibles de disparaître du pays ou de la planète.

Figure 2. Aire de répartition de l'ammannie robuste en Amérique du Nord (Pryer et Keddy, 1987)

Figure 2. Aire de répartition de l'ammannie robuste en Amérique du Nord (Pryer et Keddy, 1987). (Voir description longue ci-dessous.)
Description longue pour la figure 2 - Partie 2

Figure 3. Distribution et occurrences existantes (étoiles) de l'ammannie robuste en Colombie-Britannique

Figure 3. Distribution et occurrences existantes (étoiles) de l'ammannie robuste en Colombie-Britannique. (Voir description longue ci-dessous.)
Description longue pour la figure 3 - Partie 2

Figure 4. Distribution et occurrences (étoiles) de l'ammannie robuste en Ontario

Figure 4. Distribution et occurrences (étoiles) de l'ammannie robuste en Ontario. (Voir description longue ci-dessous.)
Description longue pour la figure 4 - Partie 2

Moins de 1 % de la répartition mondiale de l'espèce se trouve actuellement au Canada. Au cours des 10 dernières années, en Colombie-Britannique, les effectifs des populations et la quantité d'habitat saisonnier disponible ont varié considérablement; cette instabilité pourrait être attribuable aux variations annuelles des niveaux d'eau, qui assurent les conditions d'humidité nécessaires à la germination et à la croissance.

Une immigration de source externe, en provenance des populations situées plus au sud, est possible, mais vraisemblablement rare en raison de la distance (200 km). Le nombre total de populations au Canada a décliné de 40 %, passant de dix populations historiques à six populations existantes au cours des 50 dernières années.

Comme cette espèce est une plante annuelle, et par le fait même assujettie à des fluctuations de ses effectifs, les données sont insuffisantes pour déterminer les tendances démographiques sites qu'elle occupe. En Colombie-Britannique, deux populations existantes d'ammannies robustes sont confirmées, et deux populations sont disparues du pays (Tableau 1). Le nombre total de plants varie considérablement, de zéro plant la plupart des années à 150 000 plants la meilleure année.

Quatre des six populations répertoriées en Ontario sont présentement estimées existantes, dont une qui a été récemment découverte (2003) sur l'île Pelée (Tableau 2). Des relevés ont été répétés sur plusieurs sites de l'Ontario, mais aucune donnée quantitative sur les tendances n'est disponible. Les observations sont inscrites ci-dessous (Tableau 2).

Tableau 1A. Données d'observation pour les populations d'ammannies robustes de la Colombie-Britannique (emplacements existants )
Emplacement existant Date Nombre de plants Superficie Observateur(s)
Sous-population no 1 de la flèche Mica, au lac Osoyoos (réserve indienne d'Osoyoos) 27 juillet 1994 0 - Douglas et Illingworth
Sous-population no 1 de la flèche Mica, au lac Osoyoos (réserve indienne d'Osoyoos) 15 août 1995 100 50 m2 Douglas
Sous-population no 1 de la flèche Mica, au lac Osoyoos (réserve indienne d'Osoyoos) 15 juillet 1997 0 - Douglas
Sous-population no 1 de la flèche Mica, au lac Osoyoos (réserve indienne d'Osoyoos) 20 août 1999 0 - Douglas
Sous-population no 1 de la flèche Mica, au lac Osoyoos (réserve indienne d'Osoyoos) 29 août 2001 0 - Douglas et Paige
Sous-population no 1 de la flèche Mica, au lac Osoyoos (réserve indienne d'Osoyoos) 11 août 2002 0 - Douglas
Sous-population no 1 de la flèche Mica, au lac Osoyoos (réserve indienne d'Osoyoos) 5 août 2003 0 - Douglas
Sous-population no 1 de la flèche Mica, au lac Osoyoos (réserve indienne d'Osoyoos) 30 août 2004 0 - Douglas et Fenneman
Sous-population no 2 de la flèche Mica, au lac Osoyoos (réserve indienne d'Osoyoos) 27 juillet 1994 0 - Douglas et Illingworth
Sous-population no 2 de la flèche Mica, au lac Osoyoos (réserve indienne d'Osoyoos) 15 août 1995 environ 150,000 0,7 ha Douglas
Sous-population no 2 de la flèche Mica, au lac Osoyoos (réserve indienne d'Osoyoos) 15 juillet 1997 0 - Douglas
Sous-population no 2 de la flèche Mica, au lac Osoyoos (réserve indienne d'Osoyoos) 20 août 1999 0 - Douglas
Sous-population no 2 de la flèche Mica, au lac Osoyoos (réserve indienne d'Osoyoos) 29 août 2001 0 - Douglas & Paige
Sous-population no 2 de la flèche Mica, au lac Osoyoos (réserve indienne d'Osoyoos) 11 août 2002 environ 75,000 0,7 ha Douglas
Sous-population no 2 de la flèche Mica, au lac Osoyoos (réserve indienne d'Osoyoos) 5 août 2003 0 - Douglas
Sous-population no 2 de la flèche Mica, au lac Osoyoos (réserve indienne d'Osoyoos) 30 août 2004 environ 15,000 0,2 ha Douglas et Fenneman
Sous-population no 2 de la flèche Mica, au lac Osoyoos (réserve indienne d'Osoyoos) 18 août 2005 environ 300 0,4 ha Bjork et McIntosh
Site privé d'Osoyoos 2004 300–400 3 m2 Douglas & Fenneman
Tableau 1B. Données d'observation pour les populations d'ammannies robustes de la Colombie-Britannique (et emplacements disparus)
Extirpated locations Date Plant numbers Area Observer
Population du motel Osoyoos Lake (motel privé à l'est d'Osoyoos) 6 août 1953 Non consigné Non consigné Calder1
Populations de la pointe Haynes - lac Osoyoos (parc provincial) 6 août 1953 Non consigné Non consigné Calder2
Tableau 2. Données d'observation pour les populations d'ammannies robustes en Ontario
Emplacement Dernière observation Cote3 Propriété Commentaires
Réserve naturelle Gibwood, île Pelée 2003 (G. Buck) A Conservation de la nature Canada Cent vingt-cinq (125) plants sont apparus dans un milieu humide créé en 2003, probablement à partir d'un réservoir de semences dormantes; ils sont également présents en petits nombres dans d'autres zones où le sol est perturbé à proximité.
Réserve naturelle provinciale Lighthouse Point, île Pelée 21 septembre 2001 (M. Oldham et K. Brodribb) B Parcs Ontario, ministère des Richesses naturelles Plusieurs centaines de plantes dispersées sur des bancs de sable et des vasières. Des recherches ont été réalisées entre 2003 et 2006 (toutes des années où les niveaux d'eau étaient élevés) et aucun spécimen n'a été observé (A. Woodliffe).
Zone de conservation du marais Hillman 20 septembre 2001 (M. Oldham et K. Brodribb) B Office de protection de la nature de la région d'Essex Plusieurs dizaines de plantes dispersées observées en 1985; aucun individu observé en 1997; un seul plant observé en 2001.
Kingsville 21 septembre 2001 (M. Oldham et K. Brodribb) B Propriété privée Un seul plant observé en 1986; environ 50 plants en 1997; 21 plants dénombrés (mais un nombre équivalent d'individus peut avoir été omis).
LaSalle Disparue du pays Disparue du pays Propriété privée Autrefois très rare et restreinte à la piste de sable (moins de 20 plants observés). Une recherche a été réalisée en 1997 (M. Oldham); la zone est maintenant un lotissement résidentiel.
Île Pelée 14 août 1987 (M. Oldham) Vraisembla-blement disparue du pays Propriété privée En 1987, plusieurs centaines de plants ont été observés dans une zone de 10 m2 à 20 m2. Une recherche a été réalisée en 1997; sans trace d'ammannie. La zone est maintenant envahie de saules et de cornouillers; l'espèce est présumée disparue puisque l'habitat ne semble plus être convenable

L'ammannie robuste est une plante annuelle. En Colombie-Britannique, on sait que les plantes germent de la fin de juillet au début de septembre. La germination se produit sur un substrat chaud (les températures maximales à la fin de l'été varient habituellement entre 30°C et 45 °C) et boueux exposé depuis peu, à la suite de l'évaporation d'un étang ou d'une lagune. Ensuite, la plante arrive à maturité et elle porte des fruits de septembre au début d'octobre. La sénescence se produit aux premières gelées entre la mi-octobre et la fin d'octobre. Le réservoir de semences est ensuite submergé pendant l'hiver. Le rétablissement est possible seulement si ce cycle annuel s'amorce pendant la durée de vie des semences submergées (G.W. Douglas, comm. pers., 2004). Pour le moment, aucun renseignement n'existe sur l'âge maximal du réservoir de semences de l'ammannie robuste.En Ontario, les conditions requises pour la germination de l'espèce ne sont pas connues, mais elles sont vraisemblablement semblables à celles de la Colombie-Britannique.

Baskin et coll. (2002) ont étudié la germination des espèces apparentées (Ammannia coccinea (ammannie écarlate) et (Rotala ramosior (rotala rameux; aussi connu sous le nom de (toothcup-meadow foam en C.-B.). L'ammannie robuste est passée inaperçue dans la flore nord-américaine pendant des années en raison de sa grande similitude morphologique avec (A. coccinea (Graham, 1979, 1985), une espèce qui n'a pas été observée au Canada. Bien que ces espèces aient un cycle de vie et une taxonomie semblables à ceux de l'ammannie robuste (Graham, 1979, 1985; Baskin et coll., 2002), il n'est pas nécessairement possible de faire des inférences au sujet de la germination de l'ammannie robuste à partir de ces études. Toutefois, en raison du manque de données spécifiques sur l'ammannie robuste, ces études servent de lignes directrices pour la poursuite des recherches.

Baskin et coll. (2002) ont découvert, durant les essais en serre, que les graines de l'ammannie robuste germaient beaucoup mieux lorsqu'elles étaient inondées que lorsqu'elles ne l'étaient pas sur diverses périodes au cours du stade de dormance. La température de germination optimale de cette espèce est de 15 °C la nuit et de 30 °C le jour. Ils ont également convenu que, dans des conditions de champs inondés, la capacité des graines à sortir de leur dormance durant l'automne et l'hiver indiquait que les graines n'étaient pas en dormance lorsque les vasières étaient exposées en été.

Comme le rotala rameux est essentiellement autogame (Mattrick, 2001), il est probable que l'ammannie robuste le soit aussi. Mattrick (2001) a également établi que le rotala rameux était pollinisé par les insectes. Comme, à l'instar de toutes les autres fleurs se trouvant dans leur habitat, les fleurs de l'ammannie robuste, sont petites, discrètes et probablement peu attrayantes pour les insectes pollinisateurs, il est possible que l'autopollinisation soit avantageuse pour une production stable de semences.

La petite taille (de 0,5 mm à 0,8 mm de longueur, approximativement; G.W. Douglas, données inédites, 2004) et la légèreté de la semence portent à croire qu'elle est facilement transportée par le vent, la gravité et l'eau (Mattrick, 2001). Il est également possible que les graines soient transportées par les pattes ou les plumes des oiseaux aquatiques.

La création et le maintien d'un habitat convenable pour l'ammanie robuste reposent sur les fluctuations du niveau de l'eau. En Colombie-Britannique, l'ammannie robuste occupe les berges boueuses, humides ou détrempées et souvent alcalines, de lagunes ou d'étangs, ou les rivages sablonneux. Ces sites sont submergés tôt dans l'année, et les plantes émergent lorsque le niveau d'eau des lacs baisse, de la fin de juillet jusqu'au début de septembre. L'ammannie robuste forme habituellement des peuplements denses, même si, certaines années, des individus peuvent être dispersés sur de vastes superficies. Dans la lagune du côté est du lac Osoyoos, Eleocharis parvula (éléocharide naine) est une espèce compagne habituelle de l'ammannie robuste, tout comme diverses espèces de petites herbacées, dont Gnaphalium sp. (les gnaphales). Sur le site de la flèche Mica, au lac Osoyoos, et sur le site privé près d'Osoyoos, de nombreuses autres espèces rares coexistent avec l'ammannie robuste, notamment Chamaesyce serpyllifolia ssp. serpyllifolia (euphorbe à feuilles de serpolet), Cyperus squarrosus (souchet courbé), Eleocharis rostellata (éléocharide à petit bec) et Rotala ramosior (rotala rameux).

Les sites de l'Ontario se trouvent dans des vasières, des plages de sable, des lisières de milieux humides, des fonds d'étangs asséchés et des dépressions sablonneuses humides créées par des motos tout-terrain. Eleocharis acicularis (éléocharide aciculaire), Xanthium strumarium (lampourde glouteron), Cyperus esculentus (souchet comestible), Alisma plantago-aquatica (alisma commun), Bidens sp. (bidents), Juncus torreyi (jonc de Torrey), Epilobium coloratum (épilobe coloré) et Lysimachia nummularia (lysimaque nummulaire) sont quelques exemples d'espèces végétales qui poussent en association avec l'ammannie robuste sur les sites de l'Ontario.

Les catégories de menaces sont classées par ordre décroissant de priorité.

Perte ou dégradation de l'habitat : L'aménagement des berges est la plus grande menace connue pour l'ammannie robuste et son habitat en Colombie-Britannique. La construction de chalets et d'habitations nuit à l'habitat existant et potentiel de l'ammannie robuste en raison de la construction de quais, de rampes de mise à l'eau, de hangars à bateaux et de remises le long des berges. Un développement important à côté ou près de la lagune du lac Osoyoos (sous-populations de la flèche Mica) pourrait modifier irréversiblement l'hydrologie de la lagune et avoir un impact sur les populations d'ammannies robustes. L'enlèvement du substrat indigène et le remplacement subséquent par du sable grossier ont contribué à la disparition de la population sur le site du parc provincial Haynes Point (Douglas et Oldham, 1997).

Changements dans la dynamique écologique ou les processus naturels – régime des crues : L'ammannie robuste a besoin d'un régime hydrologique fluctuant; toutefois, le contrôle artificiel des niveaux d'eau à tous les sites existants de la Colombie-Britannique a éliminé les cycles naturels d'inondation et de sécheresse. Par exemple, si le niveau d'eau était maintenu à un niveau élevé, le réservoir de semences ne serait pas exposé et l'ammannie robuste ne germerait pas; si le niveau d'eau était maintenu à un niveau bas, la plante ne fleurirait pas ou les graines ne pourraient pas germer (T. McIntosh, comm. pers., 2006).

Dans le cas du site de la flèche Mica, au lac Osoyoos, le niveau d'eau est géré conformément à l'accord de la Commission mixte internationale conclu entre le Canada et les États-Unis. Le site de la flèche Mica de l'ammannie robuste se trouve dans une lagune et dans les environs de celle-ci; le niveau d'eau de la lagune dépend directement du niveau d'eau du lac.

Espèces envahissantes : Les plantes non indigènes envahissantes (p. ex. l'olivier de Bohême, les saules) sont une menace potentielle pour l'ammannie robuste, car elles réduisent l'habitat disponible et lui font compétition pour les ressources (T. McIntosh, comm. pers., 2006). Les efforts visant à contrôler les plantes envahissantes par des moyens mécaniques ou chimiques peuvent nuire par inadvertance aux populations ou aux individus d'ammannies robustes existants ou actuellement inconnus.

Les autres menaces potentielles comprennent le pâturage du bétail, le piétinement et les activités récréatives (p. ex. l'utilisation de véhicules tout-terrain).

Changements dans la dynamique écologique ou les processus naturels – régime des crues et succession : Les populations riveraines du lac Érié n'échappent pas à la tendance générale et extensive de la baisse du niveau d'eau des Grands Lacs. La création de digues et de barrages menace également les populations de l'Ontario, bien qu'il puisse être possible de gérer la digue existante au marais Hillman de façon à reproduire les fluctuations naturelles. L'envahissement, en raison de la succession, par des espèces indigènes, principalement des saules et des peupliers, constitue une menace probable pour au moins trois des quatre sites existants (Douglas et Oldham, 1997).

Espèces envahissantes : Les espèces exotiques telles que la forme introduite (génétique) de Phragmites australis (roseau commun) et de Lysimachia nummularia (lysimaque nummulaire) menacent de supplanter, en les privant de lumière, les populations d'ammannies robustes à certains sites.

Perte ou dégradation de l'habitat : Une population de l'Ontario a disparu en raison du développement résidentiel (Douglas et Oldham, 1997).

Élimination des espèces envahissantes
Au lac Osoyoos, des efforts ont été déployés pour réduire les menaces au site de la flèche Mica en installant des clôtures ou en éliminant les espèces végétales envahissantes. L'élimination des espèces envahissantes par la bande indienne d'Osoyoos a été financée par le Programme d'intendance de l'habitat de 2004 à 2007.

Protection contre les véhicules motorisés
Une clôture érigée par la bande indienne d'Osoyoos d'un bout à l'autre de l'accès au site de la flèche Mica, au lac Osoyoos, devrait empêcher la destruction de l'habitat et de la population par les véhicules motorisés. L'état de la clôture devra être surveillé périodiquement puisqu'elle a été brisée à plusieurs reprises, puis réparée.

Niveaux d'eau
Il y a eu des échanges entre l'équipe de rétablissement et la Commission mixte internationale au sujet des niveaux d'eau du lac Osoyoos et d'éventuels projets de recherche pour déterminer les besoins de l'espèce en matière de niveau d'eau au cours de tous les stades de son cycle biologique.

Suivi
Certains sites ont fait l'objet d'un suivi occasionnel en Ontario. Dans les deux provinces, les botanistes locaux continuent de suivre les sites connus et de mener des relevés afin de découvrir de nouvelles populations.

Afin de bien cerner les objectifs et les activités de rétablissement, les mesures suivantes devraient être envisagées :

L'équipe de rétablissement considère que le maintien de l'ammannie robuste au Canada est réalisable sur les plans biologique et technique (tableau 3).

Si l'habitat et les conditions adéquates peuvent être maintenus, l'ammannie robuste devrait demeurer aux sites connus. Le degré d'effort requis pour rétablir la population est modéré et inclut des mesures de conservation, d'intendance, de remise en état et de gestion de l'habitat, ainsi que l'introduction, le suivi et les relevés des populations.

De plus, d'autres populations pourraient être découvertes si des relevés exhaustifs étaient menés dans l'habitat potentiel et aux sites historiques. En Ontario, il serait possible de découvrir de nouvelles occurrences de l'espèce au lac Érié ou à proximité (p. ex. dans la rivière aux Canards, le marais du ruisseau Big, le parc provincial Wheatley, le parc provincial Rondeau), bien que ces sites aient tous fait l'objet de recherches par le passé. Il serait aussi possible de découvrir des occurrences d'ammannies robustes le long de la rivière Détroit ou dans des étangs artificiels de la région de Windsor. Une population récemment découverte est apparue dans un milieu humide peu profond créé sur l'île Pelée, démontrant que le rétablissement à partir du réservoir de semences peut être possible là où un habitat convenable et des conditions de germination appropriées existent (G. Buck, comm. pers., 2007).

Tableau 3. Caractère réalisable du rétablissement sur les plans biologique et technique Note : Critères d'Environnement Canada et coll. (avril 2005) et al. (April 2005).
Critères Ammannie robuste
  1. Existe-t-il actuellement des individus capables de se reproduire pour améliorer le taux de croissance démographique ou l'abondance des populations?
  2. Est-ce que suffisamment d'habitat convenable est à la disposition de l'espèce ou pourrait être rendue disponible au moyen d'activités de gestion ou de remise en état de l'habitat?
  3. Est-il possible d'éviter ou d'atténuer les menaces importantes qui pèsent sur l'espèce ou son habitat grâce à des mesures de rétablissement?
  4. Les techniques de rétablissement nécessaires sont-elles en place et leur efficacité est-elle reconnue?
  • OUI – il y a six populations existantes au Canada; au cours d'une année optimale, environ 150 000 individus sont présents.
  • OUI – l'habitat sur les sites actuellement occupés est convenable et l'habitat sur certains des sites précédemment occupés pourrait être restauré. Une superficie d'habitat convenable additionnelle pourrait aussi être mise à la disposition de l'espèce.
  • OUI – des mesures de rétablissement telles que l'intendance et la collaboration avec les propriétaires fonciers et les gestionnaires des terres peuvent prévenir les menaces les plus importantes.
  • OUI – des techniques de propagation normalisées existent pour produire de nouveaux plants à des fins de transfert; de plus, les méthodes et les techniques de rétablissement générales sont connues.

Le but du rétablissement de l'ammannie robuste est de protégera 4 et de maintenir les quatre populations existantes en Ontario et les deux populations existantes en Colombie-Britannique, ainsi que de rétablir l'espèce à des sites historiques s'il est jugé nécessaire de le faire.

Il n'est pas possible d'établir de cibles démographiques précises pour les populations à l'heure actuelle, en raison du caractère annuel de l'espèce et de l'inaccessibilité des données issues des relevés, qui empêchent de dégager des tendances démographiques à long terme.

  1. Assurer, pour les cinq prochaines années, la persistance de l'espèce à tous les sites existants connus, sans perte ni dégradation de l'habitat actuellement occupé.
  2. Évaluer l'ampleur des quatre principales menaces pesant sur les six populations (perte ou dégradation de l'habitat, espèces envahissantes, régime des crues, succession), d'ici 2012.
  3. Confirmer la distribution de l'ammannie robuste en Ontario et en Colombie-Britannique (emplacements historiques et nouveaux) et mettre à jour les objectifs en matière de population et de répartition au besoin, d'ici 2012.
  4. Étudier le caractère réalisable du rétablissement des populations aux sites d'où l'espèce a disparu ou dans l'habitat convenable 0 à proximité des occurrences historiques, d'ici 2012.

Les mesures précises à suivre pour atteindre les objectifs en matière de rétablissement figurent dans le tableau 4.

Les approches générales qui seront adoptées pour contrer les menaces identifiées sont les suivantes :

Tableau 4. Stratégies requises pour réaliser le rétablissement.
Priorité No de l'objectif Approche ou stratégie générale Menace visée Mesures précises Résultats et réalisations attendus (cibles mesurables)
Élevée 1, 2 Protection de l'habitat –niveaux d'eau Changements dans la dynamique écologique ou les processus naturels
  • Travailler en collaboration avec les É.-U., la Commission mixte internationale et les propriétaires privés pour gérer les niveaux d'eau
  • Élaborer des options de gestion pour les sites de l'Office de protection de la nature de la région d'Essex, de Parcs Ontario et de
  • Abaisser ou élever les niveaux d'eau aux bons moments à tous les sites où il est possible de le faire
Élevée 1, 2 Sensibilisation du public; mesures d'intendance en collaboration avec les propriétaires fonciers et des gestionnaires des terres Perte ou dégradation de l'habitat; mortalité attribuable au pâturage du bétail, au piétinement et aux activités récréatives
  • Inciter les propriétaires fonciers et les gestionnaires des terres à mettre en œuvre des mesures d'intendance et de gestion des terres favorisant la persistance de l'espèce
  • Continuer d'épauler la bande indienne d'Osoyoos en matière d'activités d'intendance sur les sites
  • Maintien des populations
  • Réduction de la mortalité attribuable au développement et aux activités récréatives
  • Compréhension et intendance accrues des espèces en péril et de leur habitat par les propriétaires fonciers
  • Stimulation du soutien communautaire au rétablissement
  • Intendance et qualité de l'habitat accrues sur les terres des bandes aux sites existants
Élevée 3, 4 Relevés et suivis TOUTES LES MENACES
  • Obtenir la permission des propriétaires et des gestionnaires fonciers pour mener des relevés et des suivis des populations
  • Élaborer et mettre en œuvre des protocoles uniformes de relevé de l'habitat et de suivi
  • Faire le suivi des sites existants et mener des relevés aux sites historiques et susceptibles d'être convenables
  • Élaborer annuellement un rapport de suivi et évaluer les tendances en matière de populations, de zone d'occupation et de condition de l'habitat
  • Transmettre toutes les données au centre de données sur la conservation provincial et au Centre d'information sur le patrimoine naturel (CIPN)
  • Effectuer des relevés exploratoires aux sites potentiels durant une année où les niveaux de l'eau sont bas
  • Suivi régulier et conforme au protocole uniforme des sites dans l'ensemble de l'aire de répartition
  • Sommaire des résultats de surveillance par site et évaluation des tendances relatives aux populations, à la zone d'occupation et aux conditions de l'habitat
  • Capacité d'évaluer la situation des populations et l'efficacité des mesures de rétablissement
Élevée 1, 2 Gestion de l'habitat Perte ou dégradation de l'habitat
  • Contrôler le piétinement par les humains et l'impact des véhicules, y compris celui des bateaux (p. ex. installer des clôtures)
  • Réduction de la mortalité et maintien de la qualité de l'habitat
Élevée 1, 2 Gestion de l'habitat Espèces envahissantes (compétition interspécifique); changements dans la dynamique écologique ou les processus naturels – succession
  • Faire le suivi des populations pour évaluer les effets des espèces envahissantes
  • Gérer la végétation envahissante pour protéger les occurrences de l'espèce, au besoin
  • Maintien de l'habitat convenable actuel pour l'espèce
Moyenne 1 Protection de l'habitat – protection juridique ou politique Perte ou dégradation de l'habitat
  • Inciter les organismes de planification municipaux et provinciaux à mettre en œuvre des mesures de protection incluant un zonage et des politiques
  • Protection juridique et politique des populations situées sur les terres publiques et les terres privées
  • Réduction de la mortalité, ainsi que de la perte d'habitat ou de la disparition de populations en raison du développement et des activités récréatives connexes
  • • Maintien des populations sur les terres publiques
Moyenne 2, 3, 4 Recherches scientifiques TOUTES LES MENACES
  • Déterminer le mécanisme de pollinisation, la viabilité des graines, les mécanismes de dispersion et la réussite
  • Examiner les besoins particuliers en matière d'habitat et d'autres facteurs écologiques
  • Effectuer des recherches sur les besoins en matière de niveau d'eau de l'ammannie robuste spécifiques à chaque site
  • Évaluer le potentiel pour déterminer la viabilité des populations
  • Déterminer le caractère réalisable de la restauration
  • Déterminer si le réservoir de semences est limitatif
  • Compréhension accrue de l'écologie de l'ammannie robuste afin de gérer les stades biologiques de l'espèce en vue d'assurer son rétablissement
Faible 4 Remise en état de l'habitat Perte et dégradation de l'habitat
  • • Cerner les sites qui se prêtent à la remise en état et éventuellement à l'établissement de populations
  • Implement restoration activities
  • Conditions favorables pour l'ammannie robuste
  • Établissement de populations rétablies (si cette option est réalisable, au besoin)

Les critères d'évaluation des progrès vers les buts et les objectifs du présent programme comprennent :

  1. le suivi des populations indique que le nombre de plants est stable ou à la hausse sur les sites, d'ici 2012 (objectif 1);
  2. l'impact des quatre menaces principales pesant sur les populations a été étudié, et les menaces sont réduites d'ici 2012 (objectif 2);
  3. des accords avec les gestionnaires de ressources concernés ont été établis pour atténuer les impacts des niveaux d'eau fluctuants et protéger les populations d'ammannies robustes et d'autres plantes rares de cette menace d'ici 2012 (objectif 2);
  4. des relevés d'habitat convenable pouvant accueillir de nouvelles populations ont été réalisés et documentés d'ici 2012 (objectif 3);
  5. une évaluation de l'adéquation des sites historiques pour des mesures éventuelles de réintroduction et de remise en état a été menée dans la vallée de l'Okanagan (en Colombie-Britannique) et en Ontario, d'ici 2012 (objectif 4).

Aucun habitat essentiel ne peut être désigné pour l'ammannie robuste au Canada à l'heure actuelle, mais il pourrait l'être ultérieurement dans une addition du gouvernement fédéral préparée par Environnement Canada ou dans un futur plan d'action. L'habitat essentiel devrait être proposé au terme des travaux requis pour quantifier les besoins particuliers de l'espèce en matière d'habitat et de superficie d'habitat, des recherches approfondies sur la biologie de l'espèce et du suivi des populations en vue de déterminer les tendances démographiques. Des consultations devront également être menées auprès des propriétaires fonciers et des organisations concernés.

L'ammannie robuste a besoin de rivages ou de dépressions avoisinantes nouvellement exposés à la suite d'un rabattement ou d'une décrue des eaux. En Colombie-Britannique, l'ammannie robuste se trouve seulement dans des dépressions humides vaseuses près des rivages ou des vasières alcalines qui sont submergées tôt dans l'année et deviennent exposées à la fin de juillet et en août. En Ontario, les besoins en matière d'habitat sont très semblables, bien que l'espèce n'ait pas été observée sur des sols fortement alcalins, ce qui laisse croire que l'alcalinité du sol n'est peut-être pas un besoin de l'ammannie robuste.

Le calendrier des études figurant dans la section qui suit fait état des recherches et des analyses supplémentaires requises pour combler les lacunes sur les plans biologiques et techniques qui empêchent la désignation de l'habitat essentiel dans le présent programme de rétablissement.

Les trois études suivantes seront menées en Colombie-Britannique et en Ontario et permettront de désigner l'habitat essentiel des populations existantes.

  1. Cerner les caractéristiques de l'habitat aux sites existants (p. ex. le régime d'humidité, la durée de l'inondation et de l'exposition, les caractéristiques chimiques du sol et de l'eau, la couverture végétale, la clarté de l'eau) d'ici 2012.
  2. Au moyen de techniques de relevés et de cartographie établies (appliquées durant les périodes appropriées sur le plan phénologique), cartographier les limites de l'habitat occupé, d'ici 2012.
  3. Dans tout l'habitat occupé, cartographier les limites et caractériser les régimes de fluctuation des niveaux d'eau (sur le plan temporel et spatial) sur les berges et tout changement hydrologique à grande échelle d'ici 2012.

Les trois études suivantes seront menées seulement en Colombie-Britannique. Elles faciliteront la désignation d'habitat essentiel supplémentaire :

  1. Repérer, cartographier et décrire tous les sites convenables dans le sud de la vallée de l'Okanagan qui sont actuellement inoccupés par l'espèce en péril. Évaluer ces habitats selon leur potentiel pour répondre aux besoins de l'ammannie robuste et d'autres espèces en péril d'ici 2012.
  2. Repérer, cartographier et évaluer le potentiel de remise en état des berges importantes dans le sud de la vallée de l'Okanagan là où les caractéristiques de l'habitat indiquent que de l'habitat convenable pourrait exister, mais que la structure et/ou la fonction a été perdue ou compromise en raison de l'envahissement par des plantes exotiques, de l'urbanisation ou des changements des niveaux d'eau, d'ici 2012.
  3. Au moyen d'essais expérimentaux, évaluer le caractère convenable des meilleurs sites pour le transfert ou la réintroduction de plantes, d'ici 2012.

Un relevé exhaustif de l'habitat convenable dans le sud-ouest de l'Ontario pourrait révéler d'autres populations d'ammannies robustes. La zone d'occurrence des populations et des communautés végétales connexes peut être cartographiée au cours des années où les populations sont bien évidentes, dans le but de contribuer à la désignation de l'habitat essentiel.

Aucun des habitats associés aux populations existantes (terres de réserve indienne et terres privées) de la Colombie-Britannique n'est officiellement protégé. Il est nécessaire de travailler avec les propriétaires fonciers et les gestionnaires des terres pour maintenir l'espèce. La bande indienne d'Osoyoos poursuit ses activités d'intendance, y compris la construction de clôtures, la sensibilisation et l'élimination des arbustes envahissants.

L'ammannie robuste est une espèce inscrite comme étant en voie de disparition sur la Liste des espèces en péril en Ontario et est protégée en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de la province. L'habitat de cette est protégé en vertu des dispositions de la Déclaration de principes provinciale (DPP), rendue en vertu de l'article 3 de la Loi sur l'aménagement du territoire. La Loi exige que les décisions relatives à l'aménagement soient conformes à la DPP, qui déclare que « l'aménagement et la modification d'emplacements sont interdits […] dans les habitats d'importance des espèces en voie de disparition et des espèces menacées ». Parmi les quatre sites existants en Ontario, un est situé sur une terre publique et trois sont situés sur des propriétés privées. L'un des sites est une réserve naturelle provinciale gérée par Parcs Ontario; le deuxième est une aire de conservation gérée par l'Office de protection de la nature de la région d'Essex; le troisième se trouve dans une réserve naturelle privée gérée par Conservation de la nature Canada; et le quatrième est un site privé. La persistance des populations à ces emplacements dépendra de la mise en œuvre de stratégies de gestion appropriées pour chacun de ces sites.

Pour une mise en œuvre réussie de la protection des espèces en péril, il faudra instaurer des mesures d'intendance des terres adaptées à la tenure. L'intendance repose sur la participation volontaire des propriétaires fonciers à la protection des espèces en péril et des écosystèmes dont elles dépendent. Le préambule de la Loi sur les espèces en péril (LEP) fédérale stipule que « les activités d'intendance visant la conservation des espèces sauvages et de leur habitat devraient bénéficier de l'appui voulu » et que « tous les Canadiens ont un rôle à jouer dans la conservation des espèces sauvages, notamment en ce qui a trait à la prévention de leur disparition du pays ou de la planète ». L'entente bilatérale sur les espèces en péril entre la Colombie-Britannique et le Canada reconnaît que [traduction] « l'intendance assurée par les propriétaires et les utilisateurs des terres et d'eaux est cruciale pour éviter que les espèces deviennent en péril et pour protéger et rétablir les espèces qui sont en péril » et que [traduction] « des mesures de collaboration volontaire constituent la première étape pour assurer la protection et le rétablissement des espèces en péril ».

Il est possible que d'autres populations de l'espèce se trouvent sur des terres privées. Comme pour les autres espèces en péril présentes sur des terres privées, des mesures d'intendance seront essentielles à la conservation et au rétablissement de l'espèce. Pour protéger adéquatement de nombreuses espèces en péril en Colombie-Britannique et en Ontario, les propriétaires fonciers devront mettre en œuvre des mesures volontaires pour aider à maintenir les écosystèmes naturels qui subviennent aux besoins de ces espèces en péril. Cette approche axée sur l'intendance comprendra des activités de toute nature, par exemple : le respect de lignes directrices ou l'adoption de pratiques exemplaires de gestion afin de soutenir les espèces en péril; la protection volontaire de parcelles d'habitat important sur des terres privées; l'assujettissement de titres fonciers à des covenants de conservation; le don écologique de terres (en totalité ou en partie) afin de protéger certains écosystèmes ou certaines espèces en péril; ou la vente de terres à des fins de conservation. Par exemple, des organisations gouvernementales et non gouvernementales ont réussi à assurer la conservation de terres en Colombie-Britannique.

De façon générale, les efforts de rétablissement visant l'ammannie robuste profiteront à d'autres espèces de plantes rares. En Colombie-Britannique, l'ammannie robuste se trouve sur la flèche Mica, au lac Osoyoos, en association avec la lipocarphe à petites fleurs (Lipocarpha micrantha) et le rotala rameux, deux espèces en péril qui ont des besoins similaires (mais non identiques) en matière d'habitat et qui sont confrontées à des menaces similaires. Il est possible que l'ammannie robuste et le rotala rameux partagent également le même habitat au site privé situé à Osoyoos. Au total, 18 espèces rares figurant sur les listes rouge ou bleue5 de la Colombie-Britannique sont présentes sur la flèche Mica, au lac Osoyoos, et 11 se trouvent au site privé d'Osoyoos. Parmi celles-ci figurent le souchet à racines rouges ((Cyperus erythrorhizos; S1), la marsilée vêtue (Marsilea vestita; S1), Eleocharis geniculata (évaluation prévue par le COSEPAC en 2009) et la potentille étrange (Potentilla paradoxa; S1) (G.W. Douglas, comm. pers., 2004). Le souchet courbé (Cyperus squarrosus; S2 – en péril) coexiste toujours avec la lipocarphe à petites fleurs et figure sur la liste rouge du Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique. Comme toute la région d'Okanagan-Similkameen renferme un grand nombre d'espèces en voie de disparition et menacées, dont plusieurs se trouvent dans des milieux riverains ou humides, les efforts de rétablissement seront axés sur des mesures à l'échelle de l'écosystème ou du paysage.

En Ontario, la gestion des niveaux d'eau au marais Hillman et à d'autres sites pourrait avoir des impacts sur un certain nombre d'autres espèces. Le risque d'incidences (qui peuvent être positives ou négatives) ne sera pas connu avant que les plans de gestion spécifiques des sites ne soient élaborés. Toutefois, les effets potentiels sur d'autres espèces en péril et les caractéristiques et fonctions naturelles devraient être considérés dans toutes les mesures de rétablissement entreprises. Voici des exemples d'espèces en péril qui se trouvent dans les mêmes secteurs que l'ammannie robuste : la couleuvre agile bleue (Coluber constrictor foxii), la couleuvre d'eau du lac Érié (Nerodia sipedon insularum), la couleuvre fauve de l'Est (Elaphe gloydi), la tortue-molle à épines (Apalone spinifera), la tortue ponctuée (Clemmys guttata), le crapaud de Fowler (Bufo fowleri), le Râle élégant (Rallus elegans), la Paruline orangée (Protonotaria citrea) et le frêne bleu (Fraxinus quadrangulata).

Les mesures de rétablissement sont susceptibles d'avoir des répercussions sur les secteurs socioéconomiques suivants : l'aménagement du territoire en bordure des zones intertidales, les activités récréatives, l'agriculture (irrigation) et le pâturage des animaux domestiques. L'ampleur attendue de ces effets est inconnue et sera abordée plus en détail dans le plan d'action pour le rétablissement. La superficie de la zone actuellement occupée par l'espèce serait d'environ un hectare.

Une approche plurispécifique en matière de rétablissement est recommandée pour l'ammannie robuste, la lipocarphe à petites fleurs, le rotala rameux, l'aster feuillu et d'autres espèces inscrites de la Colombie-Britannique.Ces espèces ont toutes en commun des menaces semblables et se situent sur des terres de tenures semblables dans le sud de la vallée de l'Okanagan. Toutes les activités de rétablissement se feront conjointement avec le South Okanagan-Similkameen Conservation Program.

Bien que ces espèces existent toutes en Ontario, l'ammannie robuste ne partage pas de sites ni de types de tenures avec les trois autres espèces. Une approche monospécifique convient donc mieux au rétablissement de l'espèce dans cette province.

En Colombie-Britannique, un plan d'action plurispécifique sera terminé d'ici 2012 pour quatre espèces vivant sur des langues de sable (et d'autres espèces), y compris l'ammannie robuste, la lipocarphe à petites fleurs, l'aster feuillu et le rotala rameux.

Un plan d'action pour les sites de l'Ontario sera aussi achevé d'ici 2013.

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