Psilocarphe nain, certaines populations, évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 7

Taille et tendances des populations

Activités de recherche

Les populations de Princeton semblent restreintes aux étangs printaniers non salins, un type d’habitat rare à de faibles altitudes dans le centre-sud de la Colombie-Britannique. Les chercheurs expérimentés peuvent trouver la plante assez aisément malgré sa petite taille, notamment par sa forme distinctive et parce qu’elle est visible et exposée en terrain découvert. Elle peut également se retrouver durant plusieurs mois dans l’année (son premier signalement a été effectué durant le mois d’octobre). Les trois sites ont été trouvés par Frank Lomer, qui a exploré la flore du centre-sud de la Colombie-Britannique pendant environ 15 ans et qui a fouillé plusieurs fois les habitats propices du P. brevissimus depuis sa découverte en 1996 afin de trouver de nouvelles occurrences. Les sites où P. brevissimus est présent abritent également deux espèces végétales qui ne se retrouvent pas ailleurs au Canada – le Collomia tenella (collomia délicat) et l’Antennaria flagellaris (antennaire stolonifère) – ceci tend à confirmer l’hypothèse selon laquelle ces sites sont uniques d’un point de vue écologique et biogéographique (Lomer, comm. pers., 2005).

L’effort d’échantillonnage n’a pas été mesuré pour l’unité des Prairies. La plupart des enregistrements proviennent de deux relevés effectués durant des années exceptionnellement humides. Il est probable que d’autres populations existent dans les limites de l’unité des Prairies, bien qu’elles soient, pour la plupart des années, uniquement présentes sous forme de banques de semences.

Fluctuations et tendances

Les fluctuations des populations sont courantes chez les plantes annuelles d’étangs printaniers et de mares temporaires (Bauder, 2000; Griggs et Jain, 1983). 

Les sous-populations de la population des montagnes du Sud du P. brevissimus fluctuent fortement. En 1997, la sous-population la plus importante comptait « quelques milliers » d’individus puis, en 2002, elle s’est élevée jusqu’à « un ou deux millions ». Un dénombrement répété n’est disponible que pour une seule des deux autres populations (beaucoup plus petites), et le nombre d’individus fluctue entre 300 et 11 500 sur une période de huit ans. 

En Alberta, la majorité des signalements relatifs à la population des Prairies datent de 1996, une année très pluvieuse. Les enregistrements proviennent d’une série de sites n’ayant probablement pas été inondés depuis plusieurs années ou même depuis des décennies (D. Bush, comm. pers., 2005). La plupart des enregistrements provenant de la Saskatchewan datent de 1999, année où des ruissellements importants et de fortes pluies ont causé au printemps de graves inondations dans le sud-ouest de la Saskatchewan, rendant improductifs plusieurs milliers d’hectares de terre agricole et créant probablement des conditions de croissance idéales pour le P. brevissimus. Il est fort probable que bon nombre de ces sites soient trop secs pour supporter l’espèce durant les années sèches.

Abondance

Les estimations de populations provenant des observations les plus récentes se retrouvent au tableau 1. Aux niveaux les plus bas enregistrés, la taille totale de la population des Prairies n’est que de 700 individus. Durant les années exceptionnellement sèches, le nombre d’individus pourrait être encore plus faible. Les dénombrements de populations, pour la plupart des sites de la population des Prairies, sont imprécis et, dans la plupart des cas, pourraient représenter des valeurs maximales puisque les résultats des recherches infructueuses n’ont pas été enregistrés. Pour la population des Prairies, en raison de l’incertitude des dénombrements aux sites individuels, la taille totale de la population, dans les bonnes années, pourrait être composée de seulement 9 000 individus ou d’autant que 27 000 individus. Il est probable que la taille totale de la population, dans les années « creuses », contienne un nombre d’individus grandement inférieur à 5 000, peut-être même aussi peu que 2 000.

Effet d’une immigration de source externe

Les deux unités désignables du Canada sont séparées par de grandes distances, ainsi que par des barrières de hautes montagnes. Les échanges génétiques sont donc improbables. La population des États-Unis la plus proche de la population des montagnes du Sud semble être celle du comté de Grant, dans l’État de Washington. La distance entre les deux populations est de plus de 200 km. La population la plus près de la population des Prairies semble être celle située près de Dodson, au Montana. La distance entre les deux populations est de plus de 50 km. Étant donné la capacité limitée de l’espèce à se disperser sur de grandes distances, la probabilité d’un échange génétique régulier entre les populations canadiennes et américaines est faible. Des similarités d’habitat suggèrent la possibilité que les graines des populations américaines soient bien adaptées aux conditions des sites où les populations canadiennes se retrouvent. Il y a donc un certain potentiel pour un programme de réintroduction, dans l’éventualité d’une disparition des populations canadiennes, mais seulement si les événements ayant causé cette disparition ne réduisent pas la qualité de l’habitat.

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