Méconelle d’Orégon (Meconella oregana) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 5

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Le Meconella oregana n’occupe que des milieux ouverts rocheux ou herbeux, irrigués par infiltration au début du printemps mais secs en été (Douglas et al., 1999; NatureServe, 2003). On trouve généralement l’espèce à faible altitude, à moins de 300 m au nord et un peu plus haut au sud, sur des pentes douces à abruptes (Flora of North America Editorial Committee [éd.], 1993+; Douglas et al., 1999; California Native Plant Society, 2003; Washington Natural Heritage Program, 2004).

Dans le sud des États-Unis, l’espèce est communément associée aux bryophytes et aux lichens, de même qu’à des Dodecatheon, des Plectritis, des Renonculacées et des Saxifragacées (Ernst, 1967). Dans l’État de Washington, le Meconella oregana occupe des couverts mixtes de forêt et de prairie comportant des douglas, des pins ponderosas, des chênes de Garry ainsi que des gyroselles des poètes (Dodecatheon poeticum), des lithophragmes bulbifères (Lithophragma bulbiferum) et des olsynies de Douglas (Sisyrinchium douglasii) (Rush et al., 1999; NatureServe, 2003; Washington Natural Heritage Program, 2004). La description de la Flora of North America fait état d’un habitat partiellement ensoleillé et de terrains escarpés sablonneux (Flora of North America Editorial Committee [éd.], 1993+). Cependant, Gary Hannan (comm. pers., 2004) précise que les pentes où on observe une infiltration d’eau sont un habitat plus habituel.

La plupart des habitats décrits ci-dessus et même les associations d’espèces correspondent remarquablement à ceux de la majorité des populations de la Colombie-Britannique. Les sites examinés au printemps 2004 se trouvaient généralement dans les environs immédiats de zones d’infiltration. Cependant, les plantes occupaient également des microhabitats bien drainés situés à proximité de telles zones. Il est probable que les zones d’infiltration elles-mêmes constituent un habitat où cette petite plante annuelle peut survivre aux années exceptionnellement arides. Toutes les sous-populations visitées se trouvaient sur des pentes abruptes exposées au sud ou au sud-ouest, les plantes poussant souvent sur les parties moins abruptes de ces pentes. Les sols peu profonds, d’une épaisseur moyenne de 6 cm et sis directement sur la roche-mère, étaient riches en matière organique, mais jamais complètement exempts de sable ou de cailloux. Tous les microsites occupés accueillaient des communautés végétales formant un gazon très court, en partie constitué de bryophytes et largement exempt de peuplement dense de plantes vasculaires plus hautes. Les sites se caractérisaient également par une très grande diversité de plantes indigènes et par la présence d’autres plantes vasculaires, mousses et hépatiques rares, qu’on pense à l’Idahoa scapigera et au Plagiobothrys tenellus, deux plantes vasculaires figurant sur la la liste rouge provinciale. Les espèces fréquemment associées ont été consignées dans un tableau des végétaux; cette information supplémentaire est disponible sur demande. Les dix plantes vasculaires les plus souvent associées aux habitats du Meconella oregana étaient les suivantes : Collinsia parviflora, Aira praecox, Aphanes occidentalis, Saxifraga integrifolia, Triteleia hyacinthina, Bromus hordeaceus, Selaginella wallacei, Silene gallica, Brodiaea coronaria et Montia fontana. Les deux bryophytes les plus fréquents étaient le Rhacomitrium canescens et le Mnium miniatum.

Tendances en matière d’habitat

Au Canada, le Meconella oregana occupe seulement une petite fraction des habitats d’apparence identique qui pourraient convenir à l’espèce. Cependant, tous ces habitats, qu’ils soient occupés par l’espèce ou non, tendent à être de plus en plus envahis par les espèces non indigènes. Dans certains cas, le genêt à balais (Cytisus scoparius), espèce envahissante, a été observé à proximité du Meconella oregana. Toutefois, le sol des microsites occupés par le Meconella oregana sont trop peu profonds pour le genêt. La plus grande menace provient d’annuelles introduites : Aira, Vulpia et Bromus, Cynosurus echinatus, Erodium cicutarium, Silene gallica, Geranium molle et bien d’autres qui, collectivement, détériorent les microhabitats du Meconella. Plusieurs des sites pour lesquels d’anciennes observations de Meconella sont documentées, mais situés à proximité de secteurs densément peuplés, accueillent aujourd’hui des communautés végétales fortement modifiées et principalement constituées d’espèces non indigènes, en apparence incapables d’accueillir le Meconella oregana (observation du rédacteur, 2004, d’après une comparaison des sites occupés avec les sites inoccupés, indiqués au tableau 2). Cette détérioration de l’habitat par les espèces non indigènes peut être considérée comme aussi dangereuse pour l’espèce, sinon plus, que la destruction pure et simple de son habitat.

Parmi cinq sites où d’anciennes observations sont documentées, mais où l’espèce n’a pas été retrouvée lors des relevés de 2004, trois ont conservé un habitat convenable et deux présentent aujourd’hui un habitat peu ou très peu favorable. La possibilité d’une recolonisation des habitats convenables par l’espèce devrait être gardée en mémoire pour les prochains relevés.

Protection et propriété

Il existe des mentions du Meconella oregana pour six endroits de la Colombie-Britannique bénéficiant d’une forme quelconque de protection (tableau 1), notamment un parc provincial, une réserve écologique et des parcs régionaux et municipaux. Les récentes recherches du rédacteur du présent rapport sur le terrain ont couvert tous ces endroits, mais une seule population y a été observée. Une autre population existante se trouve en partie sur un terrain fédéral (celui de l’Institut Hertzberg d’astrophysique du CNRC) et en partie sur un terrain privé. Quatre des populations existantes, y compris les deux plus grandes, se trouvent sur des terrains privés. Parmi les individus dénombrés en 2004, seulement 368 se trouvaient sur des terrains protégés (parc régional de district) et 151 sur le territoire domanial, alors que 2 806 se trouvaient sur des terrains privés.

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