Méconelle d’Orégon (Meconella oregana) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 7

Taille et tendances des populations

Activité de recherche

Le Meconella oregana passe aisément inaperçu et est difficile à repérer hors de la période de floraison. Sa période de floraison annuelle est très brève et le moment de la floraison varie considérablement d’une année à l’autre (de la mi-mars à la mi-avril) selon les conditions climatiques (Rush et al., 1999; East Bay Chapter, California Native Plant Society, 2004; Washington Natural Heritage Program, 2004). En 2004, le rédacteur du présent rapport a observé des Meconella oregana en fleur du 11 mars au 10 avril.

Les 15 localités connues abritant l’espèce au Canada ont été revisitées, sauf quatre (voir les tableaux 1 et tableau 22). Toutes les localités sont distantes l’une de l’autre de quelques kilomètres à des dizaines de kilomètres et correspondent à 15 populations. Au sein des populations, la plus grande distance entre deux sous-populations est de 200 mètres. Trois des quatre localités ou populations qui n’ont pas été revisitées (leur existence étant basée sur des documents datant de 50 à plus de 100 ans) ne sont pas suffisamment bien décrites pour être retrouvées et se trouvent aujourd’hui dans des zones résidentielles. La dernière localité non revisitée se trouve sur une île privée (la mention remonte à 1910). Cinq populations ont été observées dans les onze localités documentées qui ont fait l’objet d’un relevé. Parmi celles-ci, on compte la plus grande population connue, la population la plus septentrionale et la population la plus méridionale. Trois populations sont composées de deux à neuf sous-populations distinctes. En plus des recherches dans les populations documentées, six autres endroits comportant des habitats possibles ont été parcourus en vue d’y découvrir de nouvelles populations, mais sans succès (voir le tableau 2). Le rédacteur du présent rapport, qui connaît le Meconella oregana depuis 30 ans, n’a découvert qu’une seule nouvelle population durant cette période, malgré des relevés fréquents dans des milieux et endroits propices à l’espèce. On peut en dire autant pour d’autres botanistes de terrain de la région. Il est donc probable que la majorité des occurrences du Meconella au Canada sont connues.

Les recherches de Meconella par le rédacteur du présent rapport et ses associés ont été fondées sur la reconnaissance des milieux propices, étant donné que seulement de très petits segments du paysage contiennent des habitats possibles (voir la section « Besoins en matière d’habitat »). Les habitats possibles ont été repérés selon les caractéristiques physiques du terrain (pentes exposées au sud, proximité de zones d’infiltration), la physionomie de la végétation (gazon très court) et, plus tard, les associations d’espèces observées dans les localités connues.

Plus de 200 microhabitats considérés comme « parfaitement convenables » ont été examinés. Un total de 17 sous-populations, constituant les 5 populations existantes, y ont été relevées.

Abondance

Les anciennes mentions canadiennes (Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique, 2004) contiennent très peu d’information quantitative. L’abondance de la plus grande population est décrite comme étant de « plusieurs milliers » en 1993. Les dénombrements effectués par le rédacteur du présent rapport en 2004 sont présentés aux tableaux 1 et tableau 22. La précision des dénombrements est de ±15 p. 100 lorsque la quantité d’individus est supérieure à un millier, alors que les dénombrements inférieurs à ce nombre sont plus précis. Si on postule que toutes les populations canadiennes ont été découvertes, il n’aurait existé au pays que 3 355 Meconella en 2004. Toutes ces plantes sont des individus produisant des fleurs; aucun individu exempt de fleur n’a été observé, même les plus petits. Cela ne signifie toutefois pas que toutes ces plantes produisent des graines viables, les conditions climatiques après l’anthèse étant déterminantes à cet égard.

Fluctuations et tendances

Comme indiqué précédemment, les données quantitatives des anciennes mentions sont trop rares pour évaluer adéquatement les fluctuations. La plus grande population canadienne, avec « plusieurs milliers » d’individus signalés en 1993, comptait approximativement 1 274 plantes en 2004. La deuxième plus grande population, que le rédacteur du présent rapport a dénombrée annuellement au cours des quatre dernières années, comptait environ 60, 100, 330 et 1 209 individus, respectivement. Cela indique que 2004 a été une « bonne année » pour le Meconella. Ces populations de 1 274 et de 1 209 individus occupent des habitats bien irrigués par l’infiltration d’eau; il est possible que pour les populations occupant des habitats plus secs, l’année ait été moins favorable. Il ne fait aucun doute que les populations fluctuent considérablement sur des intervalles de quelques années.

Le tableau 1 fait état de 15 occurrences canadiennes du Meconella oregana documentées au cours des 129 dernières années. Onze de ces localités ont été examinées lors des relevés de 2004 menés par le rédacteur du présent rapport, mais seulement cinq populations y ont été retrouvées. Quoiqu’il soit impossible d’affirmer avec certitude que toutes les populations existantes aient été trouvées, les résultats des recherches demeurent néanmoins très préoccupants, l’espèce paraissant présenter un déclin général au Canada.

Remarque : En avril 2005, avant la désignation de mai 2005, des données démographiques supplémentaires ont été recueillies par H. Roemer et M. Fairbarns. Des données de 2005 révèlent qu’il y a eu un déclin dans trois des quatre populations connues : Port Alberni (de 1 274 individus à plus de 500), mont Skirt (de 1 209 à 86) et mont Little Saanich (de 422 à 197). Aucune donnée pour 2005 n’était disponible pour la population de l’île Saturna (E. Haber, coprésident du Sous-comité de spécialistes des plantes vasculaires, le 1er mai 2005).

Effet d’une immigration de source externe

La répartition du Meconella oregana depuis le sud-ouest de la Colombie-Britannique jusque dans l’État de Washington, l’Oregon et la Californie, est très éparse. Aux États-Unis, les mentions du Meconella oregana n’indiquent pas toujours la taille des populations. Dans l’État de Washington, la taille d’une population est décrite comme « des milliers » pour une localité et de 75 à 15 individus pour les autres localités dont les effectifs sont signalés (Washington Natural Heritage Program, 1992; Caplow, comm. pers., 2004). En Oregon, les populations dénombrées varient de quelques plantes (de 4 à 6) à environ 25 à 50-100 plantes (base de données de l’Oregon State University, 2004). La taille d’aucune population n’est signalée pour la Californie (California Natural Diversity Database, 2004).

Le Meconella oregana est rare (cotes S1 ou S2) dans l’État de Washington et très rare (S1) plus au sud (Oregon et Californie). Il est donc peu probable que les populations américaines puissent rétablir l’espèce au Canada si elle en disparaissait. En fait, les populations américaines auraient probablement autant besoin des populations canadiennes en cas d’effondrement.

La population américaine de Meconella oregana la plus proche se trouve sur l’île Whidbey (État de Washington); elle est distante d’environ 50 km des populations canadiennes les plus proches. On ignore si des échanges génétiques se produisent sur une telle distance chez le M. oregana. Certaines populations canadiennes existantes sont séparées par des distances similaires ou supérieures.

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