Pic à tête rouge (Melanerpes erythrocephalus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 5

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Général

Le Pic à tête rouge fréquente les forêts caducifoliées claires, en particulier celles dominées par le chêne et le hêtre (Reller, 1972), les forêts des plaines inondables, les prairies, les lisières des forêts, les vergers, les pâturages en bordure des rivières et des routes, les parcs urbains, les terrains de golf, les cimetières, les étangs de castors et les peuplements forestiers traités aux herbicides (Short, 1982; Godfrey, 1986; Smith et al., 2000). Il est également présent dans les terrains récemment brûlés et déboisés (Godfrey, 1986). Les aires ouvertes où cette espèce se reproduit contiennent habituellement une densité élevée d’arbres morts pouvant servir de nid et de perchoir. Dans les milieux forestiers destinés à l’agriculture, il préfère les forêts où le couvert arbustif est pâturé par le bétail et où la densité de chicots est grande (Smith et al., 2000; Harris et al., 2002).

Habitat de migration

Peu de données sont disponibles sur l’habitat du Pic à tête rouge pendant la migration (Smith et al., 2000). Toutefois, il a été signalé que l’espèce utilise grandement les coupe-vent pendant sa migration printanière dans les Grandes Plaines (Martin, 1960 in Smith et al., 2000) et qu’elle est également présente dans les vergers d’arbres fruitiers et les milieux urbains. Elle utilise davantage les lisières des forêts en automne (Twomey, 1945 in Smith et al., 2000). En Ontario, elle fréquente les régions boisées et les fourrés arbustifs, ainsi que les rives de certains des Grands Lacs (Page, 1996). Au Manitoba, le Pic à tête rouge se trouve en général dans les forêts caducifoliées claires comptant de nombreux arbres morts ou malades, ainsi que dans les parcs urbains (Manitoba Avian Research Committee, 2003).

Habitat hivernal

Dans la partie septentrionale de son aire d’hivernage, le Pic à tête rouge fréquente surtout les forêts claires d’arbres mûrs, telles que les chênaies, les peuplements de chênes et de caryers, les érablières, les frênaies et les hêtraies (Smith et al., 2000). La présence de l’espèce dans ces divers peuplements est liée à l’abondance de glands et de faines (Smith et al., 2000). En hiver, contrairement aux autres saisons, le Pic à tête rouge est plus abondant dans les parties intérieures de la forêt que dans ses lisières (DeGraaf et al., 1980). Dans la plupart des provinces canadiennes et dans les États du nord-est, les observations relatives à l’hivernage de cette espèce portaient surtout sur des individus se trouvant à des postes d’alimentation dans des régions composées en général de chênaies ou de terres agricoles (Cyr et Larivée, 1995; Page, 1996). Dans les États du sud, tels que la Floride, l’espèce préfère habituellement les pinèdes et les peuplements mixtes de pins et de chênes, mais elle fréquente également les forêts inondées, lesquelles ont une densité élevée de chicots (Lochmiller, 1979 in Smith et al., 2000).

Tendances en matière d’habitat

La superficie de l’habitat du Pic à tête rouge a diminué en raison de la déforestation massive des forêts de feuillus matures (Page, 1996; Smith et al., 2000; Manitoba Avian Research Committee, 2003). La cause principale de la perte d’habitat est le déclin du nombre d’arbres morts et de branches mortes dans les milieux urbains et agricoles. Dans les zones rurales, la coupe de bois de chauffage, la coupe à blanc, l’agriculture intensive, la perte de forêts riveraines et la canalisation des rivières ont également entraîné la disparition de sites de nidification potentiels (Smith et al., 2000). Les autres facteurs ayant contribué à la réduction de la superficie d’habitat du Pic à tête rouge en Amérique du Nord sont notamment la reforestation d’une grande superficie de terres agricoles dans l’est des États-Unis, ce qui a produit de jeunes peuplements, la perte de petits vergers, l’élimination des feux de forêt, la disparition du châtaignier d’Amérique (Castanea dentata) dans de nombreux États américains et les pratiques d’agriculture intensive occasionnant l’élimination des haies et l’utilisation de grandes zones de monoculture (Smith et al., 2000). Au Manitoba, la disparition récente de cette espèce de nombreux parcs urbains semblerait due, en partie, à l’élimination systématique des arbres morts, ainsi qu’à la chute naturelle de ces arbres et au pâturage dans les zones riveraines (Page, 1996; Manitoba Avian Research Committee, 2003). Aucune étude quantitative n’a été effectuée sur les tendances en matière d’habitat en Ontario ou au Québec, mais il est raisonnable de croire que les causes connues de la perte d’habitat ailleurs en Amérique du Nord s’appliquent à ces provinces.

L’habitat des sites d’hivernage semble également être en déclin en raison de la réduction importante (c.-à-d. plus de 60 p. 100 depuis le début du XXe siècle) des grandes étendues de forêt dans le sud-est des États-Unis (NatureServe, 2006). De plus, les maladies fongiques, telles que la maladie corticale du hêtre (causée par la Cryptococcus fagisuga Lind. et le Nectria coccinea var. faginata Lohman, Watson et Ayers),pourraient également avoir contribué de manière importante au déclin de l’habitat du Pic à tête rouge dans l’est de l’Amérique du Nord (Houston et O’Brien, 1998).

Protection et propriété

Au Canada, la plupart des habitats propices au Pic à tête rouge sont de propriété privée, bien qu’il y ait des habitats importants dans des zones de propriété publique, telles que les parcs urbains et les terrains de golf. Les terrains domaniaux protégés où se trouve régulièrement l’espèce comprennent certains parcs et lieux historiques nationaux au Manitoba et en Ontario, tels que le parc national de la Péninsule-Bruce, le lieu historique national de l’Île-Navy, le parc national de la Pointe-Pelée, le parc national du Mont-Riding et la voie navigable Trent-Severn. Elle est probablement aussi présente dans le parc marin national Fathom Five et dans le parc national des Îles-du-Saint-Laurent (P. Achuff, comm. pers., 2005). Certains parcs provinciaux au Manitoba et en Ontario sont également primordiaux pour la conservation des populations de Pics à tête rouge. En Ontario, par exemple, la Zone importante pour la conservation des oiseaux (ZICO) Rondeau a été créée en partie en raison de la grande population de cette espèce dans le parc provincial Rondeau (Cheskey et Wilson, 2001). Bien que les ZICO au Canada représentent seulement une petite proportion des terres protégées au pays, elles assurent la protection d’une grande partie de l’aire de reproduction du Pic à tête rouge, en particulier en Ontario et au Manitoba (ZICO Canada, 2004). Par exemple, environ 100 couples nicheurs ont été signalés dans la ZICO du littoral Kinosota-Leifur au Manitoba (Manitoba Avian Research Committee, 2003).

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