Chénopode glabre (Chenopodium subglabrum) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Biologie

La biologie du Chenopodium subglabrum n’a pas été beaucoup étudiée. L’étude la plus récente est une étude taxinomique réalisée pour la série Flora of North America (FNA Editorial Committee, 2004). Il y a également eu des relevés de l’habitat de l’espèce (Smith et Bradley, 1990; Lamont et Gerry, 1998; Schmoller, 2002). L’information ci-dessous est tirée en partie de rapports de recherche publiés (Robson, 1997a, b) et en partie des observations récentes.

Cycle vital et reproduction

Le Chenopodium subglabrum est une espèce annuelle à fleurs hermaphrodites (FNA Editorial Committee, 2004). La floraison s’étale de juin à août, et les graines se forment en août et septembre (Wallis et Wershler, 1988). Bien que la pollinisation n’ait pas été étudiée chez le C. subglabrum en particulier, d’autres espèces de chénopodes sont autogames et anémophiles (Johnson et Ward, 1993; Royer et Dickson, 1999). On ne sait pas jusqu’à quelle distance le pollen du C. subglabrum peut être transporté. Le C. pratericola, anémophile, côtoie souvent le C. subglabrum, et on peut penser que le croisement entre les deux espèces est possible, mais aucun hydride n’a encore été observé (Bassett et Crompton, 1982).

Il n’y a eu à ce jour aucune étude sur la fécondité de l’espèce ni sur la dormance et la germination de ses graines. Lamont et Gerry (1998) affirment que la sécheresse peut limiter la durée de vie et la dispersion du C. subglabrum. L’explosion démographique observée dans la plupart des sites de la Saskatchewan en 2004, année où l’été a été exceptionnellement humide et frais, donne à croire que la germination des graines du C. subglabrum est favorisée par l’humidité.

Herbivores

On a observé des traces de broutage du C. subglabrum dans plusieurs sites de l’Alberta et de la Saskatchewan. Les sujets peuvent avoir été broutés aussi bien par le bétail que par des animaux sauvages. Le broutage provoque chez certains individus la production de pousses latérales. Un rapport sur l’écologie du rat kangourou d’Ord (espèce en péril au Canada) mentionne que des graines du C. subglabrum ont été trouvées dans la poche ventrale d’individus et dans des caches de nourriture de l’espèce (Lamont et Gerry, 1998).

Physiologie

Le Chenopodium subglabrum est à la fois halophyte (croît en milieu salé) et xérophyte (croît en milieu sec). Les xérophytes et les halophytes possèdent des adaptations physiologiques très semblables. Les halophytes prélèvent le moins possible de la solution du sol de manière que leur nutrition ne soit pas entravée par une concentration excessive de sel dans leurs tissus. Les xérophytes doivent optimiser leur utilisation de l’eau, vu la faible quantité d’eau disponible dans leur milieu. Ainsi, la nécessité de réduire la transpiration a mené au développement d’adaptations semblables chez les deux groupes de spécialistes (Rendle, 1967).

Comme chez plusieurs espèces annuelles rares des prairies, les graines du C. subglabrum peuvent demeurer en dormance jusqu’à ce que les conditions du milieu soient favorables à la germination (Robson, 1999). La dormance peut durer au moins huit ans, puisqu’à Beaver Creek on a observé l’espèce en 1996 et de nouveau en 2004, mais non dans les années intermédiaires.

Déplacements et dispersion

Les akènes et les graines du C. subglabrum ne possèdent pas de structures pouvant faciliter leur dispersion par le vent (par ex. des poils) ou par les animaux (par ex. des crochets ou un appendice charnu). Les fruits tombent probablement au pied de la plante mère. Une fois au sol, ils peuvent être ensevelis par le sable en mouvement. La pollinisation est donc la principale voie d’échange génétique entre les populations. Les graines demeurent probablement viables durant plusieurs années et germent lorsque les conditions sont propices (Robson, 1999). Il existe peut-être des graines en dormance dans les sables stabilisés, qui pourraient germer si la couverture végétale disparaissait.

Relations interspécifiques

La plupart des Chénopodiacées ne forment pas d’associations mycorhiziennes (Mukerji et al., 2000). Le C. subglabrum pousse principalement dans des sables actifs, où les champignons mycorhiziens sont vraisemblablement peu abondants. Nous avons observé plusieurs sujets rabougris qui semblaient infectés par un champignon violacé non identifié.

Adaptabilité

L’entrée en dormance des graines lorsque les conditions sont défavorables confère au C. subglabrum une capacité d’adaptation aux changements climatiques. Le C. subglabrum peut également tolérer une certaine perturbation du substrat, puisqu’on a observé des sujets de l’espèce autour de plusieurs puits de pétrole où la végétation avait été supprimée.

Bassett et Crompton (1982) ont étudié le C. subglabrum en serre, mais n’ont pas donné de détails sur les expériences qu’ils ont menées. Il n’y a eu aucune expérience de multiplication de l’espèce pour la production de semences. Si on récoltait des graines chez les populations naturelles et qu’on les semait en serre, les graines ainsi obtenues pourraient être disséminées dans le milieu naturel. Cependant, comme l’espèce est sensible aux conditions climatiques, il n’est pas assuré que ces graines germeraient l’année suivante. Il serait donc difficile d’évaluer le succès de ce mode de réintroduction de l’espèce.

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