Hibou des marais (Asio flammeus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 7

Taille et tendances des populations

Activités de recherche 

Les données sur les tendances des populations de Hiboux des marais proviennent de deux sources principales : du Relevé des oiseaux nicheurs (BBS) et du Recensement des oiseaux de Noël (CBC). Le Relevé des oiseaux nicheurs a pour objet de surveiller les populations d’oiseaux nicheurs, mais il se restreint aux régions dotées de routes et dépend de la participation de bénévoles. En raison de ces restrictions, le BBS ne dispose d’échantillons de taille suffisante que dans la partie sud de l’aire de répartition du Hibou des marais et les résultats doivent donc être évalués avec prudence. L’aire d’hivernage du Hibou des marais est cependant bien couverte par le CBC; environ 2 000 recensements sont effectués chaque année partout en Amérique du Nord. Alors que les strigidés sont peu surveillés dans le cadre du CBC et du BBS en raison de leurs mœurs nocturnes, le Hibou des marais est, quant à lui, un oiseau en grande partie diurne qui se fait assez bien remarquer. L’Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario permet également de mesurer les changements survenus dans l’aire de répartition entre le premier atlas de 1981 à 1985 et le deuxième atlas de 2001 à 2005.

Abondance

Le caractère nomade du Hibou des marais rend difficile l’évaluation quantitative des tendances des populations (Cadman et Page, 1994; Clayton, 2000). Partenaires d’envol estime que la population mondiale s’élève à 2 millions d’individus, la population nord-américaine, à 700 000, et la population canadienne, à environ 350 000 (voir le site des base de données de Partners in Flight disponible en anglais seulement). Dans les provinces maritimes, Erksine (1992) a estimé le nombre total de couples nicheurs à 100, avec certaines variations au fil des ans. Les estimations totales par province étaient de 60 couples au Nouveau-Brunswick, de 10 couples sur l’Île-du-Prince-Édouard, et de 30 couples en Nouvelle-Écosse (Erksine, 1992).

Tendances

Dans le nord-est des États-Unis, le Hibou des marais est maintenant considéré en voie de disparition (Endangered) (par chaque État), dans divers États, et l’espèce ne se reproduit plus dans un grand nombre de parties de son aire de répartition historique (Holt, 1986; Holt et Melvin, 1986). Au Canada, la population de Hiboux des marais a sensiblement connu un déclin dans la partie sud de l’aire de reproduction, depuis le début des travaux du relevé à long terme, à la fin des années 1960 (figure 3).

La collecte de données effectuée sur les parcours du Relevé des oiseaux nicheurs du Canada (tableau 1, Downes et Collins, 2007) sous-entend la présence d’un déclin continu dans le sud du Canada. Une meilleure perspective concernant la tendance des populations de Hiboux des marais consiste à examiner les données sur les tendances générales au Canada à partir de la fin des années 1970 jusqu’en 2006 (figure 3). Bien que le nombre de Hiboux des marais semble plus ou moins « stable » au cours des des dernières années, le niveau d’abondance général est très bas et il a diminué considérablement depuis les années 1970.

Tableau 1. Résultats des données du Relevé des oiseaux nicheurs pour le Hibou des marais au Canada.
Dans la colonne P (signification sur le plan statistique) : * = p < 0,05
Région 1968-2006
Tend.
1968-2006
P
1968-2006
N
1968-1985
Tend.
1968-1985
P
1968-1985
N
1986-2006
Tend.
1986-2006
P
1986-2006
N
1996-2006
Tend.
1996-2006
P
1996-2006
N
Canada
− 6,3
*
134
− 14,0
*
69
3,1
 
86
− 1,7
 
70
Alberta
− 8,8
*
50
− 11,9
 
26
− 2,0
 
37
− 4,7
 
33
Saskatchewan
− 8,6
 
34
− 15,2
 
22
− 1,8
 
15
-
 
 
Manitoba
− 14,0
 
18
-
 
 
-
 
 
-
 
 

Figure 3. Indice annuel des populations de Hiboux des marais extrait des données du Relevé des oiseaux nicheurs du Canada, de 1968 à 2006 (Downes et Collins, 2007 : www.cws-scf.ec.gc.ca)

Figure 3.  Indice annuel des populations de Hiboux des marais extrait des données du Relevé des oiseaux nicheurs du Canada, de 1968 à 2006 (Downes et Collins, 2007 : www.cws-scf.ec.gc.ca)

Les données tirées du relevé des oiseaux nicheurs des États-Unis (Sauer et al., 2007) laissent croire que la population de Hiboux des marais a subi un déclin important et à long terme dans le Montana (− 7,4 % par année depuis 1980), mais qu’elle est demeurée stable dans le Dakota du Nord et dans l’État de Washington. Concernant l’ensemble des États-Unis, la tendance, pour la période de 1980 à 2006, a été un déclin de − 3,7 % par année (P = 0,07).

Une analyse récente des données provenant du Recensement des oiseaux de Noël a révélé un déclin annuel important de 3,07 % au cours des 40 dernières années. Étant donné qu’il est probable qu’une proportion élevée de ces individus proviennent des populations reproductrices canadiennes, il s’agit vraisemblablement d’une bonne estimation de la tendance des populations du Canada. Ces données se traduisent en un déclin total de 27 % pour les dix dernières années. Les données du Recensement des oiseaux de Noël aux États-Unis sont présentées dans un graphique à la figure 4. Les résultats du CBC présentent en outre un déclin abrupt du nombre de Hiboux des marais hivernant en Colombie-Britannique (figure 5).

Figure 4. Tendance à long terme dans le nombre de Hiboux des marais aperçus dans le cadre des Recensements des oiseaux de Noël aux États-Unis. La corrélation négative est significative (cote de corrélation de Spearman : r)

Figure 4. Tendance à long terme dans le nombre de Hiboux des marais aperçus dans le cadre des Recensements des oiseaux de Noël aux États-Unis.

Figure 5. Modèle d’abondance temporel du Hibou des marais au cours des Recensements des oiseaux de Noël en Colombie-Britannique de 1960 à 2004. Comme on peut le voir par le nombre relativement élevé d’individus pendant les recensements des années 1960 et du début des années 1970, le delta du fleuve Fraser (où la plupart de ces observations ont été effectuées) représentait autrefois une importante aire d’hivernage pour l’espèce. Le déclin est significatif sur le plan statistique (régressions linéaires, Y = 4,265 – 0,002X; R² = 0,538, P < 0,001).

Figure 5.  Modèle d’abondance temporel du Hibou des marais au cours des Recensements des oiseaux de Noël en Colombie-Britannique de 1960 à 2004. Comme on peut le voir par le nombre relativement élevé d’individus pendant les recensements des années 1960 et du début des années 1970, le delta du fleuve Fraser (où la plupart de ces observations ont été effectuées) représentait autrefois une importante aire d’hivernage pour l’espèce. Le déclin est significatif sur le plan statistique (régressions linéaires, Y = 4,265 – 0,002X; R2 = 0,538, P < 0,001).

Territoire du Yukon

Le Hibou des marais est un résident d’été et un migrateur peu commun au Yukon, et le nombre de couples nicheurs subit des fluctuations importantes d’année en année (Sinclair et al., 2003). La reproduction a été documentée le long de la plaine littorale et de la toundra de l’intérieur, alors que les observations réalisées pendant l’été portent à croire que l’espèce pourrait également se reproduire à des sites épars dans le sud du Yukon. Aucune donnée à long terme n’est actuellement disponible sur les tendances des populations.

Territoires du Nord-Ouest

Aucune donnée sur le statut ou les tendances des populations n’est disponible.

Nunavut

Aucune donnée sur le statut ou les tendances des populations n’est disponible.

Colombie-Britannique

Le Hibou des marais est actuellement désigné comme espèce vulnérable (Vulnerable) en Colombie-Britannique en raison de la tendance au déclin de ses populations. La densité (historiquement) élevée d’individus hivernant et se reproduisant sur le delta du fleuve Fraser rend cette région la plus propice au Canada concernant l’analyse des tendances à long terme des populations. Campbell et al. (1990) ont émis l’idée que la perte et la détérioration de l’habitat sont à l’origine du déclin considérable à long terme du nombre d’individus venant y hiverner et s’y reproduire (figure 5).

Alberta

Les chiffres sont très bas depuis 1990, à l’exception de 1997 qui a été une année de forte prolifération des campagnols dans le sud des Prairies (Clayton, 2000; Poulin et al., 2001). Clayton (2000) a conclu que, en dépit de la difficulté d’un suivi précis des tendances des populations de Hiboux de marais, les données disponibles suggéraient un déclin important de l’abondance depuis les 30 dernières années.

Saskatchewan

Smith (1996) a suggéré que les populations de Hiboux des marais ont connu un déclin et que, en général, il est rare que l’espèce vienne aujourd’hui se reproduire dans la province, à l’exception de la région des lacs de la Dernière-Montagne et Quill, dans laquelle les Hiboux des marais sont encore « assez communs ».

Manitoba

Le Hibou des marais n’a été observé qu’en de rares occasions au cours des relevés depuis 1980, et l’espèce est aujourd’hui considérée un « nicheur occasionnel » dans la province (Taylor, 2003).

Ontario

Malgré l’absence de données quantitatives, plusieurs auteurs ont suggéré que l’abondance est beaucoup plus faible aujourd’hui dans le sud de l’Ontario qu’au milieu des années 1990 (Hunt, 2004). Au parc national de la Pointe-Pelée, le statut du Hibou des marais semble avoir changé : alors que, vers 1900, il était considéré comme une espèce commune dans le parc (Taverner et Swales, 1907 et 1908), il y est aujourd’hui peu commun, mais habituel (Wormington, 2006; A. Wormington, comm. pers.). Cadman et Page (1994) ont conclu que le statut du Hibou des marais avait changé, passant d’une espèce considérée comme un oiseau nicheur et migrateur commun, au début des années 1900, à une espèce considérée comme un oiseau nicheur et migrateur rare, vers 1990. Dans la région du lac Sainte-Claire, le mélange de marécages et de prairies à herbes hautes a soutenu un petit nombre de couples nicheurs (observables), toutefois, au cours de certaines années, jusqu’à une centaine d’individus y ont passé l’hiver (Wood, 1949). Cette région fait aujourd’hui l’objet d’une agriculture intensive et un nombre plus restreint de Hiboux des marais y a été observé au cours des dernières années. En outre, en plus du déclin apparent de l’abondance d’oiseaux nicheurs dans le sud de l’Ontario, le déclin marqué du nombre d’oiseaux migrateurs en automne observé dans le sud de l’Ontario suggère que le nombre d’oiseaux nicheurs pourrait également avoir diminué dans la partie nord de la province. L’Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario (Cadman et al., 2008) présente une forte augmentation du nombre de carrés de l’Atlas occupés entre 1985 (84 carrés) et 2005 (158 carrés); cette augmentation est attribuable aux changements dans la population ou la répartition dans le nord de l’Ontario.

Québec

Les données disponibles sont insuffisantes pour estimer les tendances relatives à l’abondance de Hiboux des marais au Québec, en particulier dans les régions du nord. Les relevés des années 1990 indiquent que le plus important rassemblement d’oiseaux en été se trouve le long de l’estuaire du fleuve Saint-Laurent, dans le sud de la province (Gauthier et Aubry, 1996).

Nouveau-Brunswick

Les relevés effectués sur les strigidés nocturnes, en 2001, n’ont détecté la présence d’aucun Hibou des marais, mais ces résultats ne sont pas surprenants puisque les parcours effectués étaient en grande partie situés dans des habitats forestiers (Whittam, 2001). Les travaux d’atlas les plus récents indiquent un total approximatif de 60 couples nicheurs au Nouveau-Brunswick (Erskine 1992).

Nouvelle-Écosse

Il n’existe pas de données du BBS à long terme disponibles pour la Nouvelle-Écosse. Erskine (1992) a estimé un total annuel de 30 couples nicheurs dans la province.

Île-du-Prince-Édouard

Il n’existe pas de données à long terme disponibles sur les populations de l’Île-du-Prince-Édouard, mais une diminution de la quantité d’habitats ouverts sur l’île (qui est passée d’environ 70 % en 1900, à environ 45 % en 2007; R. Curley, comm. pers., 2007) a probablement entraîné une diminution à long terme du nombre de couples nicheurs. L’estimation actuelle (2007) du nombre maximal de couples nicheurs sur l’île est de 5 (R. Curley, comm. pers., 2007).

Terre-Neuve-et-Labrador

Un sommaire récent du statut historique connu à Terre-Neuve-et-Labrador conclut que les changements quant à la répartition et à l’abondance du Hibou des marais au cours du siècle dernier ont vraisemblablement été minimes (Schmelzer, 2005). Ainsi, le Hibou des marais aurait toujours été une espèce peu commune ou rare des prairies et marais de la zone côtière. Des relevés consacrés au Hibou des marais sont maintenant effectués à Terre-Neuve-et-Labrador, mais les données sont insuffisantes pour estimer le statut ou les tendances récentes des populations (Schmelzer, 2005; Schmelzer, comm. pers.).

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