Esturgeon jaune (Acipenser fulvescens) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 12

Protection actuelle ou autres désignations de statut

L’esturgeon jaune et son habitat sont gérés au Canada conformément au règlement d’application de la Loi sur les pêches. Le ministère des Pêches et des Océans du gouvernement fédéral réglemente les questions d’habitat en application de la loi, tandis que la responsabilité de réglementer la récolte a été déléguée aux provinces. Ce règlement est administré et appliqué par chaque province dans laquelle se trouve l’espèce. Dans l’ensemble de son aire de répartition canadienne, la pêche commerciale, récréative et autochtone de l’esturgeon jaune a fait l’objet d’une réglementation spéciale.

En Alberta, l’esturgeon jaune a été déclaré espèce menacée en 2003 (S. Cotterill, Alberta Sustainable Resource Development, Edmonton, Alberta, comm. pers.), et aucune récolte légale n’a été pratiquée depuis 2004. La pêche récréative a été interdite en Saskatchewan en 1999. Bien qu’un quota de 3 200 kg demeure en vigueur pour la pêche commerciale à Cumberland House, ce quota n’a pas été atteint depuis les années 1980 (Wallace, 1991; Findlay et al., 1997), et la pêche est assujettie à un moratoire négocié par le Saskatchewan River Sturgeon Management Board. Au Manitoba, toutes les pêcheries sont fermées pour des motifs de conservation dans la plus grande partie de l’aire de répartition actuelle. À la suite d’une décision de la Cour suprême du Canada (Regina c. Sparrow 1990), Ressources naturelles Manitoba a modifié ses politiques et supprimé toutes les restrictions, y compris celles touchant la saison et la taille des mailles, pour ce qui est de la pêche à l’esturgeon pratiquée par des Indiens visés par un traité (Macdonald, 1998). Une pêche de subsistance intensive s’en est suivie dans la rivière Nelson près de l’embouchure de la rivière Landing en 1991 et, compte tenu de l’ampleur de la récolte, cette pêche a été interdite et le Nelson River Sturgeon Co-management Board a été créé.

En Ontario, il existe une modeste pêche commerciale, et la pêche récréative est interdite à certains endroits (p. ex. lac Ontario, fleuve Saint-Laurent). La province examine actuellement divers scénarios visant à restreindre davantage la pêche récréative. Un plan de gestion pour le lac des Bois et la rivière à la Pluie mettant à contribution l’Ontario, le Minnesota et les Premières nations de la rivière à la Pluie a prévu de prolonger la fermeture de la pêche pour mieux protéger les esturgeons en frai. La limite annuelle de possession est d’un poisson par pêcheur, et seuls les individus d’une longueur totale de 100 à 140 cm peuvent être gardés afin de protéger les individus reproducteurs, en particulier les femelles.Le gouvernement a racheté tous les permis de pêche commerciale non autochtones en 1995. Le seul permis de pêche commerciale à l’esturgeon restant est détenu par les Premières nations de la rivière à la Pluie, qui ont décidé de s’abstenir de pêcher pour contribuer au rétablissement de la population. Le quota annuel pour le lac Nipigon est de 772 kg, mais seulement 32 kg ont été récoltés en 1998 (Van Ogtrop et Salmon, 1998). De récents efforts ont été déployés pour élaborer une réglementation de la pêche plus restrictive couvrant l’ensemble de la partie canadienne du lac Supérieur (M. Friday, ministère des Richesses naturelles de l’Ontario, Thunder Bay, Ontario, comm. pers.). Lorsque la pêche a été rouverte en 1991 dans le lac Sainte-Claire, la plupart des pêcheries ont été rachetées, à l’exception de deux, qui ont été conservées aux fins d’évaluation. L’une d’entre elles a un quota de 15 à 30 esturgeons par année, mais le permis ne sera pas renouvelé à son expiration (Locke, comm. pers.).

Au Québec, l’habitat est également protégé par la Loi sur la qualité de l’environnement. L’habitat des poissons est également protégé en vertu de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune, laquelle, par ses articles 128.1 à 128.18, encadre les activités susceptibles de modifier les composantes biologiques, physiques ou chimiques propres aux habitats des poissons. La pêche récréative est réglementée par une fermeture saisonnière (du 1er novembre au 14 juin) et par une limite quotidienne de prise et de possession d’un poisson par pêcheur. La pêche commerciale est permise pour un nombre limité de pêcheurs du 14 juin au 16 juillet et du 15 septembre au 31 octobre dans trois segments du fleuve Saint-Laurent entre le lac Saint-Louis et la limite des eaux douces près de l’île d’Orléans, dans quatre segments de la rivière des Outaouais et dans trois segments de la rivière Nottaway. Les quotas étaient, respectivement, de 80, 2,6 et 2,4 tonnes en 2005.

Dans la partie québécoise du fleuve Saint-Laurent, des mesures soutenues de gestion ont visé au cours des 25 dernières années à prévenir toute autre fragmentation de ce segment d’habitat fluvial de 350 km, réduire la pollution des eaux des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent, préserver et, dans certains cas, améliorer la qualité des frayères connues et approfondir les connaissances sur la biologie et l’habitat de cette population. La pêche de l’esturgeon a fait l’objet de restrictions de conservation, de mesures de contrôle, de mesures d’application de la loi et d’une surveillance périodique. Les autres pêcheries sont également surveillées, mais seulement par le contrôle des quotas. L’esturgeon jaune est une espèce clé dans l’évaluation des effets des développements hydroélectriques dans le bassin hydrographique de la baie James. La construction de barrages, la dérivation de cours d’eau et l’agrandissement du réseau de routes d’accès pour le développement hydroélectrique et l’exploitation forestière représentent certainement une nouvelle menace pour la protection de ce poisson migratoire de grande longévité.

Les cotes de conservation de tous les poissons d’eau douce ont été déterminées par l’Association of Biodiversity Information aux échelles nationale, provinciale et étatique, et peuvent être consultées sur le site Web de Conservation de la nature (voir NatureServe, 2004). Aux États-Unis, l’esturgeon jaune est réputé disparu en Alabama, en Caroline du Nord, dans le Dakota du Nord et en Virginie-Occidentale, et peut-être disparu en Georgie et au Kansas. Il est coté S1 en Arkansas, en Indiana, en Iowa, au Kentucky, au Missouri, au Nebraska, dans l’État de New York, en Pennsylvanie, au Tennessee et au Vermont; S2 dans l’Illinois, au Michigan et en Ohio; S3 au Minnesota et au Wisconsin. Au Canada, il est coté S2/S3 en Alberta et au Manitoba; S2 en Saskatchewan; S3 en Ontario; et S4 au Québec.

L’ensemble des 24 espèces d’esturgeons du monde, y compris l’esturgeon jaune, figurent actuellement à l’Annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Aux États-Unis, son statut à l’échelle nationale est « peut-être en voie de disparition » (Potentially Endangered) (Kempinger, 1988), et l’espèce est protégée dans les 18 États où elle était présente historiquement (Johnson, 1987). Birstein et al. (1997) jugent que l’esturgeon jaune est menacé et vulnérable aux États-Unis et au Canada. L’esturgeon jaune a été classifié dans la catégorie « préoccupation mineure » (Least Concern) par l’UICN (UICN, 2004).

Cotes de Conservation de la nature (NatureServe, 2004)

Mondiale – G3

É.-U.,

Cote nationale : N3,
Cotes régionales : AL – SX, AR – S1, GA – SH, IL – S2, IN – S1, IA – S1, KY – S1, MI – S2, MN – S3, MO – S1, NE – S1, NY – S1S2, NC – SX, ND – SX, OH – S2S3, PA – S1, TN – S1, VT – S1, WV – SX, WI – S3

Canada,

Cote nationale : N4,
Cotes régionales : AB – S2S3, SK – S2, MB – S2S3, ON – S3, QC – S4

UICN – Préoccupation mineure

CITES – Annexe II

AFS – Menacée

Espèces sauvages 2005 (Conseil canadien de conservation des espèces en péril, 2006)

Cote nationale : 3
Cotes régionales : AB – 1, SK – 1, MB – 1, ON – 3, QC – 3

COSEPAC
NEP 1986 (COSEPAC, 2004)
Populations de l’ouest : En voie de disparition, 2005
Populations du lac des Bois - de la rivière à la Pluie : Préoccupantes, mai 2005
Populations du sud de la baie d’Hudson et de la baie James : Préoccupantes, 2005
Populations des Grands Lacs - du haut Saint-Laurent : Préoccupantes, 2005.

 

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