Scinque pentaligne (Eumeces fasciatus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

Résumé

Scinque pentaligne
Eumeces fasciatus
Population carolinienne
Population des Grands Lacs et du Saint-Laurent

Information sur l’espèce

Le scinque pentaligne (Eumeces fasciatus) est le seul lézard qu’on rencontre dans l’est du Canada. L’espèce est discrète et de petite taille, les plus grands individus ne dépassant pas 86 mm de longueur, mesurée du museau au cloaque. Les juvéniles ont le corps noir marqué de cinq rayures de couleur crème et, caractère le plus distinctif de l’espèce, la queue bleu vif. La couleur change avec le temps chez les deux sexes, les femelles conservant toutefois un peu plus leur coloration juvénile que les mâles. Durant la période de reproduction, les mâles adultes acquièrent une coloration orange dans la région des mâchoires et du menton. Les écailles ne sont pas carénées, de sorte que la peau a un aspect lisse et brillant.

Répartition

L’aire de répartition de l’E. fasciatus recouvre à peu près les forêts décidues de l’est de l’Amérique du Nord. L’E. fasciatus est donc le plus répandu de tous les lézards de l’est de l’Amérique du Nord. L’aire de l’E. fasciatus s’étend depuis les côtes de l’Atlantique jusqu’au Texas et au Minnesota, puis du sud de l’Ontario jusqu’au golfe du Mexique. Au Canada, l’E. fasciatus est confiné à deux régions distinctes de l’Ontario, abritant chacune un groupe de populations : 1) les populations des Grands Lacs et du Saint-Laurent, réparties dans la partie sud du Bouclier canadien depuis la Baie Georgienne jusqu’au fleuve Saint-Laurent; 2) les populations caroliniennes, concentrées près des lacs Érié, Sainte-Claire et Huron, dans le sud-ouest de l’Ontario.

Habitat

L’habitat de l’E. fasciatus varie d’une région à l’autre; il comprend des affleurements rocheux, des dunes et des forêts décidues claires. L’E. fasciatus est généralement associé aux premiers stades de la succession végétale, caractérisés par un couvert faiblement à modérément fermé. Les individus de l’espèce passent la majeure partie du temps sous des roches, des débris ligneux ou d’autres types d’abris. La présence de microhabitats appropriés est donc très importante. Les deux groupes de populations ontariennes vivent dans des milieux très différents, au sein desquels les individus utilisent des éléments particuliers comme abris. Les populations des Grands Lacs et du Saint-Laurent se trouvent dans la région du Bouclier canadien, où elles occupent des affleurements rocheux au sein d’une matrice de forêts conifériennes et de forêts décidues. Les individus de ces populations cherchent abri sous des roches gisant sur le substratum. Les populations caroliniennes occupent des zones sableuses dans la forêt carolinienne, où on trouve le plus souvent les individus sous des débris ligneux.

Biologie

En Ontario, la saison d’activité de l’E. fasciatus s’étend de la mi-avril à la fin septembre ou au début octobre. Les individus atteignent la maturité sexuelle à l’âge de 21 mois, soit après leur deuxième hibernation. Quelques semaines après l’accouplement, la femelle se met à la recherche d’un site approprié pour nidifier. Elle y creuse un terrier dans lequel elle dépose ses œufs, au nombre d’environ 9, qu’elle couve et défend. Il est fréquent que les femelles nidifient en groupe. L’E. fasciatus est un chasseur actif et se nourrit principalement d’invertébrés. Parmi ses prédateurs se trouvent des serpents, de petits mammifères et des oiseaux. Souvent, lorsqu’un individu est attaqué, sa queue se détache, ce qui lui permet d’échapper au prédateur. L’espèce n’est pas territoriale, et bien que les individus aient un domaine vital, celui-ci n’est pas strictement défini. Les mâles sont cependant agressifs entre eux durant la période de reproduction.

Taille et tendances des populations

Dans la dernière décennie, environ 84 populations ont été signalées dans la région du Bouclier, mais seulement 5 dans la région carolinienne. Depuis au moins 1984, les populations caroliniennes sont en déclin, et certaines ont même disparu. La seule population pour laquelle il existe des données de recensement permettant de dégager une tendance démographique est une population carolinienne. De 1990 à 1995, cette population a été réduite au tiers, peut-être même au cinquième, de ce qu’elle était, par suite de l’enlèvement ou de la destruction des éléments lui servant de microhabitats. La densité de population varie considérablement au cours d’une année, et la structure d’âge peut varier d’une année à l’autre en fonction des conditions climatiques ou d’autres facteurs. Divers facteurs peuvent réduire une cohorte d’adultes de moitié, voire plus, au cours d’une année.

Facteurs limitatifs et menaces

L’E. fasciatus est fortement associé à des éléments particuliers du milieu pouvant lui servir d’abris. La destruction ou l’enlèvement de ces microhabitats (roches, débris ligneux, etc.) peut entraîner un déclin de la population. Au moins une des populations caroliniennes fait l’objet de braconnage, facilité sans doute par le comportement d’agrégation des femelles en période de nidification. La dégradation ou la destruction des microhabitats et le braconnage menacent les populations caroliniennes, mais on ne sait pas dans quelle mesure les populations du Bouclier y sont exposées. Les chiens, les chats, les ratons laveurs (Procyon lotor) et la circulation routière causent également de la mortalité chez l’E. fasciatus.

Importance de l’espèce

L’E. fasciatus est le seul lézard de l’est du Canada, et on ne le rencontre que dans deux types d’habitat. L’espèce est attrayante et pourrait contribuer à mieux faire apprécier les reptiles du Canada aux yeux du grand public.

Protection actuelle

Bien que l’Eumeces fasciatus soit classé comme espèce non en péril par la plupart des États de la partie sud de son aire, il est par contre classé comme espèce en péril ou disparue dans plusieurs États du nord. L’E. fasciatus a été désigné « espèce préoccupante » par le Définitions en avril 1998 et est inscrit sur la liste des espèces préoccupantes du Ministère des ressources naturelles de l’Ontario.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le Définitions (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le Définitions est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le Définitions est composé de membres de chacun des organismes responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions

Espèce sauvage

Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d'animal, de plante ou d'une autre organisme d'origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s'est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.

Disparue (D)

Espèce sauvage qui n'existe plus.

Disparue du pays (DP)

Espèce sauvage qui n'existe plus à l'état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.

En voie de disparition (VD) Note de bas de pagea

Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.

Menacée (M)

Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.

Préoccupante (P) Note de bas de pageb

Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.

Non en péril (NEP) Note de bas de pagec

Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.

Données insuffisantes (DI) Note de bas de paged, Note de bas de pagee

Une catégorie qui s'applique lorsque l'information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l'admissibilité d'une espèce àl'évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l'espèce.

 

Service canadien de la faune

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du Définitions.

 

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