Lotier à feuilles pennées (Lotus pinnatus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 7

Habitat

Besoins de l’espèce

Caractéristiques générales du relief et du climat

Les populations de Lotus pinnatus de Colombie-Britannique sont situées dans l’Écosection des plaines de Nanaimo de l’Écoprovince de la dépression de Georgie (Demarchi, 1996). Aux termes du système de classification biogéoclimatique en usage dans la province (Meidinger et Pojar, 1991), tous les sites connus se trouvent dans la Sous-zone maritime sèche (xm) de la Zone côtière à douglas (CDF). Cette région est abritée des précipitations au sud par les monts Olympic, situés au Washington, et à l’ouest par les montagnes de l’île de Vancouver; il en résulte un climat de type méditerranéen, à étés chauds et secs et à hivers doux et humides. La plus grande partie des précipitations tombent durant les mois d’hiver. Durant l’été, les faibles précipitations et les températures élevées entraînent un déficit hydrique prononcé (Meidinger et Pojar, 1991). À Nanaimo, au cours d’une année moyenne, les précipitations mensuelles varient entre un maximum de 201 mm, en décembre, et un minimum de 24 mm, en juillet. La température moyenne du mois le plus chaud (août) est de 17,6 ˚C, tandis que celle du mois le plus froid (janvier) est de 2,3 ˚C (Environnement Canada, 2003).

Géologie et sols

Aux environs de Nanaimo, le substratum est constitué de formations alternantes de conglomérat, de grès et de schiste argileux (shale) qui affleurent souvent le long des rivages et au sommet des crêtes (Bickford et Kenyon, 1988). Les populations de Lotus pinnatus de Colombie-Britannique poussent dans des brunisols dystriques orthiques minces appartenant aux associations Hiller et Saturna (ST). Ces loams sableux et graveleux se sont formés sur des dépôts colluviaux et morainiques minces recouvrant un relief onduleux de grès et conglomérats légèrement inclinés qui sont souvent exposés à faible profondeur (Jungen et al., 1985). Dans tous les sites, les sols sont azonaux, bruns foncés à noirs (organiques), et tendent à rester humides depuis la fin de l’automne jusqu’au printemps mais à s’assécher durant l’été. Pendant et juste après les périodes humides, l’eau peut s’écouler latéralement à travers le sous-sol saturé, à la surface du substratum incliné (Kenney et al., 1989).

Structure et composition des communautés végétales

En Colombie-Britannique, le Lotus pinnatus pousse dans des prés sourceux dégagés, au bord de ruisseaux ou dans des terrains suintants; dans ces milieux, les eaux souterraines affleurent, et les plantes sont en contact étroit avec de l’eau fraîche courante (Roemer, comm. pers., 2003). Dans tous les cas, le sol est mince (< 15 cm) et recouvre un substratum de grès ou de conglomérat légèrement incliné, et la plante bénéficie d’une humidité abondante pendant toute la période de croissance et de floraison.

Les plantes les plus souvent associées au Lotus pinnatus sont le Mimulus guttatus, le Plectritis congesta, le Triteleia hyacinthina, le Montia parvifolia, le Plagiobothrys scouleri et le Veronica beccabunga ssp. americana. En bordure de certains terrains suintants, on trouve des peuplements de douglas (Pseudotsuga menziesii) et d’épais fourrés d’arbustes (Rosa nutkana, Holodiscus discolor, Physocarpus capitatus et Salix spp.), mais le Lotus pinnatus ne pousse jamais à l’ombre de ces plantes et ne semble donc pas tolérer l’ombre. Les caractéristiques essentielles de l’habitat sont une humidité prolongée, une position mitoyenne entre ruisseau et pré et un sol mince issu de roches sédimentaires. Les autres facteurs, comme la pente et l’orientation, sont variables et ne semblent pas critiques pour l’espèce. En Colombie-Britannique, le Lotus pinnatus se rencontre à des altitudes de 40 à 150 m.

Dans toute l’aire de répartition du Lotus pinnatus, cette espèce semble associée à la présence de suintement superficiels ou sub-superficiels. À l’ouest des monts Cascades et le long de la gorge du Columbia, depuis le nord-ouest du Washington jusqu’à la Californie, le L. pinnatus pousse depuis le niveau de la mer jusqu’à des altitudes élevées, dans les montagnes, où il se rencontre principalement le long de cours d’eau lents qui s’assèchent vers le milieu de l’été. Alors qu’en Colombie-Britannique l’espèce se rencontre surtout en terrain peu élevé, elle peut pousser jusqu’à une altitude de 600 m le long de la gorge du Columbia, depuis le cap Horn jusqu’à la rivière Klickitat. Le L. pinnatus est bien établi dans les prairies humides qui se sont formées dans les vallées de la Willamette et de l’Umpqua ainsi que dans le sud du bassin du Puget Sound (Guard, 1995).

En Californie, le Lotus pinnatus pousse dans des prés mouilleux, des tourbières, des fossés et des lits de cours d’eau, à des altitudes de 600 à 1 700 m, dans les monts Klamath, North Coast et Cascades, dans le nord du piémont de la Sierra Nevada ainsi que dans la partie médiane de la côte californienne (Isely, 1993). À l’échelle des États-Unis, selon la classification fédérale, le L. pinnatus est une espèce facultative des terrains humides, qui pousse donc normalement dans de tels terrains (probabilité estimative de 67 à 99 p.100) mais occasionnellement dans d’autres types de milieux (USFWS, 1988; USDA-NRCS, 2002).


Tendances

Comme il n’y a eu aucune étude à long terme de la dynamique des populations de Lotus pinnatus de Colombie-Britannique, on dispose de peu d’information sur leurs caractéristiques démographiques et leurs tendances. Comme la plante a un port étalé, il est difficile de distinguer les individus. Les estimations antérieures faites par diverses personnes présentent des écarts considérables. Jusqu’à ce que les méthodes de dénombrement soit normalisées, il faudra considérer les effectifs ainsi obtenus comme des estimations très approximatives.

Des populations de certaines mauvaises herbes exotiques envahissantes, comme l’Anthoxanthum odoratum, le Bromus sterilis et le Cytisus scoparius, se sont établies dans tous les sites et pourraient menacer à long terme l’intégrité écologique de chacune des populations de Lotus pinnatus.

Le Lotus pinnatus paraît relativement hors de danger au Washington, en Oregon et en Californie, mais la situation de son habitat critique en Idaho n’a pas encore été évaluée (Mancuso, comm. pers., 2003.)

Au Washington et en Oregon, le Lotus pinnatus pousse au sein de prairies humides qui se sont formées dans les vallées de la Willamette et de l’Umpqua ainsi que dans le sud du bassin du Puget Sound. Autrefois, ces prairies occupaient de vastes superficies dans la vallée de la Willamette, mais il ne reste plus que 0,2 p.100 des prairies humides qui existaient en 1850 (Guard, 1995).


Protection et propriété des terrains

Sauf dans le cas de la réserve écologique des monts Woodley, créée en 1996, toutes les populations canadiennes encore existantes de Lotus pinnatus poussent en terrain privé et ne jouissent d’aucune protection juridique de leur habitat. Malgré les efforts visant à restreindre l’accès des véhicules tout-terrain récréatifs aux plaines Harewood, les gens de la région signalent que l’utilisation de ces véhicules a augmenté au cours des dernières années (Thurkill, comm. pers., 2003). Dans les secteurs où cette utilisation est intense, les sols minces et fragiles ont été endommagés et érodés, parfois jusqu’au roc.

La population de Lotus pinnatus des monts Woodley est située à moins de 20 m de la limite de la réserve écologique. Les végétaux poussant à l’intérieur de la réserve jouissent d’une certaine protection en vertu de la Protected Areas of British Columbia Act, et il faut un permis valide pour toute utilisation du parc risquant de détruire ou endommager une plante ou de perturber son habitat. Cependant, cette protection juridique ne suffira sans doute pas à éliminer la menace qui pèse sur l’habitat du L. pinnatus, car peu d’efforts sont faits pour surveiller cet habitat et faire respecter la loi. Les écosystèmes herbacés terrestres sont vulnérables aux utilisations qui sont faites des terrains adjacents ainsi qu’aux perturbations causées par l’exploitation forestière et le déboisement, qui favorisent l’introduction de plantes exotiques envahissantes, lesquelles risquent de se propager à l’écosystème sensible voisin (Ward et al.,1998).

 

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