Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la Chouette tachetée du Nord (Strix occidentalis caurina) au Canada 2000

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

Nota : Toute personne souhaitant citer l’information contenue dans le rapport doit indiquer le rapport comme source (et citer l’auteur); toute personne souhaitant citer le statut attribué par le COSEPAC doit indiquer l’évaluation comme source (et citer le COSEPAC). Une note de production sera fournie si des renseignements supplémentaires sur l’évolution du rapport de situation sont requis.

COSEPAC. 2000. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la Chouette tachetée du Nord (Strix occidentalis caurina) au Canada Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vii + 16 p.

White, D.J. 1998. Rapport de situation du COSEPAC sur la chimaphile maculée (Chimaphila maculata) au Canada – Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. Pages1-7.

Rapports précédents :

Campbell, E.C., et R.W. Campbell. 1986. COSEWIC status report on the Spotted Owl Strix occidentalis in Canada. Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada. Ottawa. 62 p.

Note de production :

La Chouette tachetée du Nord (Strix occidentalis caurina) était auparavant connue sous le nom Chouette tachetée (Strix occidentalis).

Also available in English under the title COSEWIC Assessment and Update Status Report on the Greater Sage-Grouse Centrocercus urophasianus, Phaios subspecies and Urophasianus subspecies, Centrocercus urophasianus urophasianus in Canada.

Illustration de la couverture :
Chouette tachetée du Nord – J. Crosby, dans Les oiseaux du Canada de W. Earl Godfrey, Musée canadien de la nature, Ottawa (Ontario).

©Ministre de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, 2002
de catalogue CW69-14/93-2002F-IN
ISBN 0-662-86786-6

Nom commun : Chouette tachetée du Nord

Nom scientifique : Strix occidentalis caurina

Statut : Espèce en voie de disparition

Justification de la désignation : Le nombre d'individus de cette espèce spécialiste de l'habitat est très petit au Canada. L'espèce a besoin de peuplements vieux de conifères, dont l'étendue diminue et devient très fragmentée.

Répartition : Colombie-Britannique

Historique du statut : Espèce désignée « en voie de disparition » en avril 1986. Réexamen et confirmation du statut en avril 1999 et en mai 2000. L’évaluation de mai 2000 est fondée sur de nouveaux critères quantitatifs que l’on a appliqués à de l’information provenant du rapport de situation de 1999.

La Chouette tachetée du Nord se reproduit dans les montagnes du littoral ainsi que sur les versants est et ouest de la chaîne des Cascades, à partir du nord de la Californie, en traversant les États de l'Oregon et de Washington, jusque dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique (C.-B.). Au Canada, son territoire se limite à la C.-B. où on la retrouve jusqu'au lac Anderson au nord, Mowhawkum Creek à l’est et la rivière Capilano à l'ouest. L'habitat de la Chouette tachetée du Nord s'étend du niveau de la mer jusqu'à une altitude d'environ 1 370 mètres dans le nord de son aire de répartition.

En Colombie-Britannique, l'article 34 de la Wildlife Act protège la Chouette tachetée du Nord en interdisant la collecte des œufs ou la destruction des oisillons, des adultes nicheurs ou des nids actifs. L'espèce figure aussi sur la liste rouge de la Direction provinciale de la faune. En 1995, le gouvernement de la C.-B. a annoncé un programme de gestion de la Chouette tachetée du Nord fondé sur trois approches : une stratégie de zones protégées (la Protected Areas Strategy), un code de pratiques forestières (le Forest Practices Code) et une série d'autres initiatives relatives à l'utilisation des terres et à la gestion des ressources.

En C.-B., on estime actuellement qu'il y a moins de 100 couples résidents de Chouettes tachetées du Nord. Entre 1985 et 1996, au moins 98 chouettes adultes ont été répertoriées à 60 sites; 38 d'entre elles formaient des couples résidents. Au cours des dernières années, on a confirmé la reproduction de chouettes dans ces sites et on a répertorié des couples à 25 des 39 sites actifs. En 1985, le sud-ouest de la C.-B. comptait six sites de Chouettes tachetées du Nord; trois autres ont été découverts en 1986, et on a observé trois nouveaux couples et deux chouettes seules en 1987.

Les tendances de la population de l'espèce sont difficiles à déterminer pour les raisons suivantes : 1) l'intensité des efforts de recensement a augmenté au cours des dernières années; 2) l'espèce a une vaste aire de répartition et une faible densité, ce qui la rend difficile à surveiller; 3) à cause de la longévité des chouettes et de la présence d’adultes et de jeunes adultes seuls (non appariés), il est difficile de déterminer si les populations déclinent ou non. Même lorsqu'une population connaît un déclin généralisé, les chouettes territoriales qui meurent sont remplacées par des chouettes non appariées.

Comme la superficie de vieilles forêts a diminué dans le sud-ouest de la C.-B. depuis le début des années 1900, il est fort probable que les populations historiques de la Chouette tachetée du Nord étaient autrefois plus importantes et que l'aire de répartition de l'espèce était plus vaste. Par contre, bien que le développement urbain et agricole de la vallée du bas Fraser ait éliminé une grande partie de son ancien habitat, on remarque que l'aire de répartition de l'espèce s'est étendue vers l'intérieur dans la forêt de douglas bleus.

La Chouette tachetée du Nord est associée à une forêt intérieure sèche composée de vieux peuplements ou de peuplements dont le stade d'évolution est avancé. On a longtemps présumé que l'espèce avait les mêmes besoins en matière d'habitat en C.-B. et dans l'État de Washington; une recherche approfondie s'impose toutefois pour évaluer les associations d'habitat de l'espèce dans la province.

Bien qu'elle utilise les peuplements mixtes de conifères et de feuillus, généralement dans des types de forêts humides, la Chouette tachetée du Nord préfère les peuplements où dominent les conifères. Les peuplements purs de feuillus sont parfois utilisés pour l'alimentation et le repos en été, mais jamais en hiver. Dans les types de forêts plus sèches, les Chouettes tachetées habitent les forêts composées exclusivement de sapins ou de mélanges de pins et de sapins ou d'autres conifères (mais comptant plus de 20 % de douglas et de sapins grandissimes). La composition et la structure de la forêt ont une incidence importante sur les espèces-proies de la Chouette tachetée. Par exemple, dans les forêts de douglas, les champignons ectomycorhiziens sont une importante source d'alimentation pour le grand polatouche, principale proie de la Chouette tachetée.

Dans certaines régions, les Chouettes tachetées utilisent des types de forêts plus jeunes, probablement surtout pour s'alimenter, mais leur densité y est très faible. Les jeunes forêts fréquentées par la Chouette tachetée du Nord présentent généralement des caractéristiques structurelles semblables à celles des vieux peuplements (grands arbres, chicots et arbres abattus), créées par des perturbations comme les incendies, les tempêtes de vent et la coupe d'écrémage. De tels habitats se rencontrent dans la zone du douglas bleu et dans la zone côtière de la pruche de l'Ouest submaritime, plus sèche.

L'espèce est très territoriale, résidente et monogame. Bien que certains individus se reproduisent au cours de leur première année, la plupart des couples ne se reproduisent pas chaque année, et l'intervalle peut atteindre cinq ou six ans. Une couvée compte d'un à quatre oeufs. On ne possède aucun renseignement sur les paramètres démographiques de la Chouette tachetée en C.-B. D'après des études américaines, il y aurait une variabilité géographique, interannuelle et individuelle dans la reproduction. Dans certaines régions, 62 % des couples peuvent tenter de se reproduire, et le taux de réussite de la nidification varie de 0 à 100 %.

Les principaux facteurs limitatifs de la Chouette tachetée du Nord sont la disponibilité de l'habitat (vieilles forêts ou forêts à un stade de succession avancé) et de la nourriture. L'exploitation forestière, en plus d'influer sur la configuration des paysages, empiète sur l'habitat général de la Chouette tachetée du Nord. La fragmentation de l'habitat, l'isolement et le manque de connectivité ont des répercussions sur le pouvoir de dispersion et le taux de mortalité des chouettes. L'exploitation forestière a aussi comme effet indirect d'améliorer l'habitat de certains des prédateurs et des concurrents de la Chouette tachetée du Nord (p. ex. le Grand-duc d'Amérique, l'Autour des palombes et la Chouette rayée).

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) détermine la situation, à l’échelle nationale, des espèces, sous-espèces, variétés et populations (importantes à l’échelle nationale) sauvages jugées en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes des groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles, poissons, mollusques, lépidoptères, plantes vasculaires, lichens et mousses.

Le COSEPAC est formé de représentants des organismes provinciaux et territoriaux responsables des espèces sauvages, de quatre organismes fédéraux (Service canadien de la faune, Agence Parcs Canada, ministère des Pêches et des Océans et Partenariat fédéral en biosystématique) et de trois organismes non gouvernementaux, ainsi que des coprésidents des groupes de spécialistes des espèces. Le comité se réunit pour examiner les rapports sur la situation des espèces candidates.

* Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.
** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
*** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
**** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le comité avait pour mandat de réunir les espèces sauvages en péril sur une seule liste nationale officielle, selon des critères scientifiques. En 1978, le COSEPAC (alors appelé CSEMDC) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. Les espèces qui se voient attribuer une désignation lors des réunions du comité plénier sont ajoutées à la liste.

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

Au Canada, on ne trouve la Chouette tachetée du Nord, Strix occidentalis caurina, que dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique (C.-B.). Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) l'a classée parmi les espèces en voie de disparition en 1984 (Campbell et Campbell, 1984) du fait de son association aux forêts de conifères aux derniers stades de succession et de la perte de cet habitat attribuable à la récolte du bois et au développement (urbain et agricole). Les relevés historiques provinciaux sont également peu nombreux (n = 28). L'espèce est donc menacée de disparition imminente dans la totalité ou du moins une portion importante de son aire de répartition au Canada. Depuis le premier rapport du COSEPAC, des relevés détaillés ont été effectués pour établir la répartition et l'abondance de la Chouette tachetée. À la demande du Comité de rétablissement des espèces canadiennes en péril (RESCAPÉ), le directeur du service de la faune de la C.-B. a chargé une Équipe canadienne de rétablissement de la Chouette tachetée d'évaluer la situation de l'espèce et d’élaborer un plan de rétablissement. Comme ce plan avait une incidence sur l’aménagement forestier et, par le fait même, de possibles répercussions économiques et sociales, on a aussi dressé un plan de gestion (Dunbar et Blackburn, 1994). C'est ainsi que le Plan de gestion de la Chouette tachetée a été adopté en 1995 pour garantir la stabilité et la viabilité à long terme de la population de Chouettes tachetées de la C.-B. Le plan visait également à apaiser les craintes concernant l'impact de l'opération sur l'industrie forestière de la province dans l'aire de répartition de la Chouette tachetée du Nord.

En Colombie-Britannique, l'habitat de la Chouette tachetée du Nord s'étend jusqu'au lac Anderson, au nord, jusqu'à Mowhawkum Creek, à l'est, et jusqu'à la rivière Capilano, au sud-ouest (SOMIT, 1997b, Cannings, 1998) (figure 1), et depuis le niveau de la mer jusqu'à une altitude de 1 370 mètres. La chouette fréquente la zone côtière de la pruche de l'Ouest, la zone de la pruche subalpine, la zone du douglas bleu, et la zone de l’épinette d'Engelmann et du sapin subalpin (Blood, 1998). Sa répartition, continue avec celle de la population des États-Unis, s'étend donc au sud jusqu'à la frontière internationale. Dans l’ouest des États-Unis, la Chouette tachetée du Nord occupe les montagnes du littoral et les versants est et ouest de la chaîne des Cascades dans les États de Washington et de l'Oregon, jusqu'au nord de la Californie (Gutierrez et al., 1995). L'espèce se retrouve dans les zones côtières de la Californie au sud de Marin County, et vers l'est jusqu'aux lisières de la forêt mixte de conifères des États de Washington, de l'Oregon et de la Californie (USDI, 1992).

Deux autres sous-espèces occupent les portions plus méridionales de l'aire de répartition de l'espèce. La Chouette tachetée de Californie, S. o. occidentalis, est observée en Californie, depuis le sud de la chaîne des Cascades et le nord de la Sierra Nevada au sud jusqu'au versant occidental de la Sierra Nevada et aux monts Tehachapi, et, localement, à l'est de la crête de la Sierra Nevada vers le sud jusqu'au nord de la Basse Californie (Gutierrez et al., 1995). La Chouette tachetée du Mexique, S. o. lucida, est observée dans les chaînes de montagnes boisées et isolées depuis le sud de l'Utah et du Colorado vers le sud jusqu'à Michoacan, au Mexique (Gutierrez et al., 1995).

Figure 1. Aire de répartition de la Chouette tachetée du Nord en Colombie-Britannique (d’après Fraser et al., 1999)

On note des différences marquées dans la densité de la population de chouettes, qui tiennent à la qualité de l'habitat (Thomas et al., 1990). Bien que la Chouette tachetée occupe son habitat toute l'année, il pourrait y avoir une certaine migration vers des forêts d'altitude inférieure (ou parfois supérieure) qu'elle n'utilise pas pour la reproduction (références dans Gutierrez et al., 1995).

L'intensité, la couverture et la date de mise en œuvre des relevés de la répartition de la Chouette tachetée du Nord réalisés en C.-B. depuis 1985 n'étant pas uniforme, il se pourrait que ces relevés ne donnent pas une idée exacte de la répartition et l'abondance de l'espèce. Bien que la majeure partie de son habitat n'ait pas été profondément modifiée depuis les temps historiques, en certains endroits il a complètement disparu au profit du développement. C'est ainsi que le développement urbain et agricole a transformé la majeure partie de la vallée du bas Fraser.

Selon la dernière estimation, la population de Chouettes tachetées du Nord de C.-B. compterait moins de 100 couples. Au moins 98 chouettes adultes ont été observées à 60 sites, et 38 d'entre elles formaient des couples résidants (SOMIT, 1997a).

Pour plusieurs raisons, il est difficile de dégager des tendances pour cette espèce. D'abord, comme l'intensité des relevés s'est accrue ces dernières années, les estimations de la population totale ont également augmenté. L'espèce ayant une vaste aire de répartition, mais une faible densité, il est aussi difficile de la surveiller; la plupart des relevés historiques proviennent de régions peuplées par les humains et donc accessibles à ceux-ci. Ensuite, à cause de la longévité de la chouette et de la présence d’adultes et de jeunes adultes seuls (non appariés), il est difficile de déterminer si les populations déclinent ou non. Même lorsqu'une population connaît un déclin généralisé, les chouettes territoriales (celles que l'on peut surveiller) qui meurent sont remplacées par des chouettes non appariées.

D'après Campbell et al. (1990), la Chouette tachetée du Nord est une espèce résidente locale rare. Au moment de la rédaction du rapport de situation du COSEPAC (Campbell et Campbell, 1984), on ne comptait que 28 relevés historiques de la Chouette tachetée en Colombie-Britannique.

En 1985, six sites abritant des Chouettes tachetées ont été trouvés dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique; on en a découvert trois autres l'année suivante, et trois nouveaux couples et deux oiseaux seuls ont été observés en 1987 (Forsman et Dunbar, 1985; Forsman et Booth, 1986; Hetherington et al., 1987). D'après les études réalisées à l'aide d'enregistrements des cris, on a estimé la densité à seulement 0,03 chouette/km² en 1985 et à 0,018 chouette/km² en 1986. La nidification a été confirmée dans les environs des parcs Garibaldi et Manning; la chouette se reproduit probablement sur toute son aire de répartition dans la province (Campbell et al., 1990).

Entre 1985 et 1996, on a découvert au moins 60 sites actifs (98 chouettes adultes) en Colombie-Britannique. Un site actif est défini comme un site où l'on a observé récemment – moins de cinq ans – une chouette seule ou un couple. Ces dernières années, on a confirmé la reproduction à neuf sites et des couples ont été observés à 25 sites actifs sur 39.

D'après les extrapolations établies à partir d'une modélisation des populations de chouettes de la côte nord-ouest du Pacifique, il semble que les cinq populations à l'étude aient décliné entre 1985 et 1991 (Margot et Holthausen, 1987; UDA, 1988; Doak, 1989; Lande, 1988; Noon et Biles, 1990; Thomas et al., 1990; Lutz, 1992; Lamberson et al., sous presse; SLahaye et al., 1992). Il se pourrait donc que les populations de Chouettes tachetées déclinent dans la majeure partie de leur aire de répartition en Amérique du Nord (Thomas et al., 1990; USDI, 1992).

D'après l'équipe de rétablissement de la Chouette tachetée, cela serait également le cas des populations de la C.-B. Compte tenu de la diminution considérable de la superficie des forêts anciennes du sud-ouest de la province depuis les années 1900, il est fort probable que les populations historiques de Chouettes tachetées aient été autrefois plus importantes et plus répandues. Le développement urbain et agricole de la vallée du bas Fraser a ainsi éliminé de larges pans de l'ancien habitat de la Chouette tachetée. D'après certaines données, l'espèce aurait cependant élargi son aire de répartition dans la forêt de douglas bleus (D. Dunbar, comm. pers.).

On ne possède aucune information sur les paramètres démographiques de la Chouette tachetée en C.-B. D'après des études menées aux États-Unis, il y aurait une variabilité géographique, interannuelle et individuelle de la reproduction. Apparemment, 62 % des couples tenteraient de se reproduire (16-89 %; Forsman et al., 1984) et le succès de la nidification varierait de 0 à 100 % (USDI, 1992).

La Chouette tachetée du Nord est associée aux forêts anciennes ou de stade de succession avancé de la côte nord-ouest du Pacifique, aux États-Unis, et en Colombie-Britannique. Peu de travaux ont été réalisés pour déterminer les exigences de la Chouette tachetée en matière d'habitat en Colombie-Britannique (Dunbar et Blackburn, 1994), et la plupart des extrapolations ont été faites à partir des données recueillies dans l'État de Washington, l'endroit le plus proche de la C.-B. où l'on trouve l'espèce (voir le résumé dans Hanson et al., 1993). Il est urgent d'entreprendre une recherche détaillée sur les besoins de l'espèce en matière d'habitat dans la province (SOMIT, 1997). Des études de radiotélémétrie montrent que la chouette préfère les peuplements forestiers matures ou vieux aux jeunes peuplements (p. ex. Forsman et al., 1984; Carey et al., 1990, 1992).

Dans les types de forêts humides, la Chouette tachetée exploite habituellement les peuplements où dominent les conifères, bien qu'elle utilise aussi les peuplements mixtes conifères-feuillus. Il peut arriver qu'elle fréquente des peuplements purs de feuillus pour s'alimenter et se reposer en été, mais jamais en hiver. Dans les types de forêts sèches, la chouette fréquente les peuplements purs de conifères ou les peuplement mixtes pins-conifères ou d'autres forêts mixtes de conifères (mais constituées de plus de 20 % de douglas, Pseudotsuga meziesii, et de sapin grandissime, Abies grandis). La composition et la structure des forêts a une énorme incidence sur les espèces-proies de la Chouette tachetée. Par exemple, les champignons ectomycorhiziens qui parasitent le douglas sont une importante source de nourriture pour le grand polatouche, Glaucomys sabrinus, qui est l'une des principale proies de la Chouette tachetée.

Les meilleurs habitats (pour la nidification, le repos, l'alimentation et la dispersion) sont généralement les peuplements de plus de 140 ans dont la classe de hauteur est supérieure à 2 (c.-à-d. les peuplements de type A décrits ci-dessous). Dans les zones maritimes plus humides, ces peuplements sont d'âges variés et de tailles multiples, constitués de multiples essences et dominés par les gros arbres (diamètre de 76 cm à hauteur de poitrine [dhp] avec une fermeture de couvert de 60 à 80 %) à une densité de 37 à 185 tiges/ha. On y trouve aussi beaucoup de gros arbres présentant des difformités (cavités, branches déformées, cimes brisées) et de chicots (76 cm dhp à 5 tiges/ha), de même que de débris ligneux au sol et d'arbres couchés (qui sont importants pour les mammifères-proies comme le grand polatouche, le campagnol, la musaraigne et la souris). Le couvert forestier doit être suffisamment ouvert pour que la chouette puisse voler à l'intérieur et en-dessous (voir Thomas et al., 1990; USDI, 1992; Hanson et al., 1993).

Les peuplements forestiers de 100 à 140 ans de classe de hauteur inférieure à 2 et de couvert de 60 à 80 % constituent un habitat de qualité moyenne (type B). Cet habitat présente peu d'étages de couvert et abrite de multiples essences, et les gros arbres (plus de 51 cm dhp) y dominent (247-457 tiges/ha, mais parfois seulement 86 tiges/ha si les arbres ont un gros dhp). Il abrite aussi quelques gros arbres avec des difformités, de même que de gros chicots (plus de 51 cm dhp), des débris ligneux au sol et des arbres couchés.

L'habitat de type C est d'une qualité marginale. Il s'agit de peuplements jeunes faisant suite à un déracinement par le vent ou à un incendie, mais comptant quelques composantes structurelles ou éléments anciens ou à maturité. Ce genre d'habitat peut également consister en un peuplement partiellement récolté (à raison de seulement 40 % de bois enlevé en volume), et qui abrite toujours certains des éléments structurels que privilégie la Chouette tachetée.

Dans certaines régions, la chouette fréquente des types de forêts plus jeunes, sans doute principalement pour se nourrir. Sa densité y est toutefois très faible. Les jeunes forêts qu'utilise la Chouette tachetée présentent généralement des caractéristiques structurelles semblables à celles des vieilles forêts (p. ex. gros arbres, chicots et arbres abattus) par suite de perturbations comme un incendie, une tempête de vent ou une coupe d'écrémage. On trouve ce genre d'habitat dans la zone du douglas bleu et dans la partie submaritime et plus sèche de la zone côtière de la pruche de l'Ouest, ce qui donne à penser que l'on pourrait, au moyen de mesures de gestion, y rendre certaines jeunes forêts adéquates pour la Chouette tachetée. Dans la partie plus humide de la zone côtière de la pruche de l'Ouest en Colombie-Britannique, on n'a jamais observé de Chouettes tachetées dans des forêts de moins de 120 ans (Blackburn, 1991).

Les types de forêts maritimes humides (zone côtière de la pruche de l’Ouest et zone de la pruche subalpine) de la C.-B. ressemblent à ceux du versant occidental de la chaîne des Cascades dans l'État de Washington; les types de forêts sèches (zone du douglas bleu, zone côtière submaritime de la pruche de l’Ouest et zone de la pruche subalpine sous le vent) ressemblent à ceux de son versant oriental, toujours dans le même État.

Dans les écosystèmes submaritimes secs, le meilleur habitat (type A) consiste en vieilles forêts de sapins gracieux, Abies amabilis, de douglas et de pins ponderosa, Pinus ponderosa. Encore une fois, le couvert y est composé de multiples essences et comporte de nombreux étages, et les gros arbres (plus de 51 cm dhp) y dominent (173-247 tiges/ha ou seulement 86 tiges/ha là où les arbres sont gros), dont certains présentent des difformités (voir plus haut). On y trouve aussi des gros chicots (51 cm dhp, plus de 7 tiges/ha), ainsi que des débris ligneux au sol et des arbres abattus (plus de 51 m dhp).

L'habitat de type B est lui aussi pluri-étagé et multi-essences, et abrite des arbres dominants d'environ 30 cm dhp. Pour être considérés comme des habitats de type B, les peuplements doivent être composés d'au moins 20 % de douglas ou de pruches dominants, et leur couvert doit être fermé à 50 %. L'habitat de type B abrite en plus des arbres vivants dominants présentant des difformités (profondes cavités, cimes brisées et infections par le faux-gui); au moins une partie des chicots et des arbres abattus doivent avoir la même taille (dhp) que celle des arbres vivants dominants.

Comme les écosystèmes humides, les habitats de type C consistent généralement en peuplements jeunes de hauteur faible ou moyenne, où restent encore certains éléments ou composantes structurelles âgés. Cet habitat peut être composé d'une mosaïque de petits peuplements âgés situés au milieu d'une zone de jeunes peuplements. Il s'agit parfois de sites qui avaient historiquement été classés de qualité supérieure (moins de 40 % de bois enlevé en volume), mais qui ont conservé des composantes structurelles ou de vieux peuplements. Les peuplements qui présentent des caractéristiques d'habitats de types A et B, mais qui poussent sur des sols rocheux ou pauvres, sont également classés de type C, comme ceux où dominent le pin ponderosa et où le douglas ne constitue que 10 % ou moins du couvert (SOMIT, 1997a).

Bien qu'il n'ait fait à ce jour l'objet d'aucune étude de radiotélémétrie en Colombie-Britannique, le domaine vital de la Chouette avait une taille médiane annuelle de 3 321 ha sur le versant occidental de la chaîne des Cascades, et de 2 675 ha sur son versant oriental (Hanson et al., 1993). Par conséquent, pendant la préparation du plan de gestion et des lignes directrices opérationnelles pour la C.-B., on s'est servi de la taille médiane annuelle du domaine vital de chaque partie de l'État de Washington pour correspondre avec les types d'écosystèmes humides et secs, tout comme on s'est servi de la superficie médiane d'habitat convenable au sein de chaque territoire. Il importe de garder à l'esprit que ces tailles ont été dérivées de petits échantillons provenant d'une population déclinante de Chouettes tachetées dans l'État de Washington; il faut donc les appliquer avec prudence aux forêts de la Colombie-Britannique. De surcroît, dans l'ouest des États-Unis, la taille du domaine vital augmente en remontant vers le nord, ce qui donne à penser que le domaine vital de la Chouette tacheté en Colombie-Britannique pourrait être encore plus vaste que ce que l'on suppose couramment (SOMIT, 1997a).

Le principal facteur limitatif pour la Chouette tachetée du Nord est probablement la disponibilité de l'habitat (vieille forêt et forêt à un stade de succession avancé) et de la nourriture (Barrows, 1981; Gutierrez, 1985; Forsman et al., 1987; USFWS, 1989).

Dans l'aire de répartition de la Chouette tachetée en C.-B., 3 000 ha sont récoltés chaque année. L'exploitation forestière a plusieurs répercussions directes sur l'animal. Premièrement, elle modifie la structure et la composition de la forêt. Ses effets sur les populations de Chouettes tachetées sont clairement déterminés par le type d'exploitation. Si, de toute évidence, les coupes à blanc détruisent complètement l'habitat, les coupes partielles (p. ex. coupes d'écrémage ou systèmes de régénération par coupes progressives) ont un impact moins prononcé. C'est le volume de bois enlevé qui détermine l'effet de la récolte sur la Chouette tachetée.

Deuxièmement, en isolant de plus en plus les couples de chouettes les uns des autres, l'exploitation forestière a des répercussions sur la viabilité de leur population en C.-B.

Troisièmement, l'exploitation forestière accroît la fragmentation et rompt la continuité des parcelles de forêt, ce qui rend les peuplements impropres pour la Chouette tachetée. Cette situation a une incidence sur sa productivité tout en diminuant sa capacité de dispersion et en augmentant sa mortalité. La superficie actuellement protégée contre l'exploitation forestière ou qui doit l'être à l'avenir s'élève à 156 717 ha. La majorité (71 %) se trouve dans les parcs Golden Ears, Garibaldi et Mount Judge Howay, et le reste (24 %) dans les parcs Manning, Skagit et Cascades.

L'un des objectifs du plan de gestion de la Chouette tachetée est de lui fournir un habitat convenable plus rapidement que ne le ferait la succession naturelle, afin d'étendre la superficie d'habitat approprié.

La Chouette tachetée se nourrit généralement de mammifères nocturnes ou arboricoles (Thomas et al., 1990). Depuis le centre de l'Oregon jusqu'en C.-B., il s'agit surtout du grand polatouche. Comme les néotomes, Neotoma spp., et les campagnols, Clethrionomys occidentalis, constituent aujourd'hui une composante de plus en plus importante du régime alimentaire de la Chouette tachetée dans le sud-ouest de l'Oregon et le nord-ouest de la Californie, il se pourrait que les chouettes des forêts submaritimes sèches de la C.-B. aient un régime semblable.

L'approvisionnement alimentaire de la Chouette tachetée est déterminé par le type, la structure et la composition de la forêt. Par exemple, dans l'État de Washington, on trouve deux fois plus de grands polatouches dans les vieilles forêts que dans tous les autres types de forêt (Carey, 1992). Les pratiques d'aménagement forestier ont par conséquent une incidence prononcée sur les populations-proies et donc sur la densité des Chouettes tachetées.

L'exploitation forestière pourrait aussi avoir indirectement comme effet de rendre l'habitat plus accueillant pour les prédateurs (comme le Grand-Duc d'Amérique, Bubo virginianus, l'Autour des palombes, Accipiter gentilis, la Buse à queue rousse, Buteo jamaicensis) ou pour les concurrents (comme la Chouette rayée, Strix varia). Le Grand-duc d'Amérique habite généralement des régions plus fragmentées que celles où vit la Chouette tachetée; ces régions comptent aussi beaucoup moins de forêts matures ou vieilles ou de forêts intérieures (mais plus de peuplements d'arbrisseaux, de plantes herbacées, de gaules et de régénération par coupes progressives) présentant des ratios lisière/superficie supérieurs (Johnson, 1993). Dans une certaine mesure, la Chouette rayée et la Chouette tachetée occupent des espaces séparés. La première s'observe généralement à basse altitude, là où l'on trouve de jeunes forêts de feuillus abritant un habitat riverain, et la seconde habite plus souvent dans des forêts en moyenne et haute altitude, où l'on trouve encore quelques vieilles forêts de conifères. Toutefois, on a des indications que la Chouette rayée pouvait déplacer la Chouette tachetée, s'hybrider avec elle ou la prendre comme proie (Dunbar et al., 1991; Hamer, 1994; Leskiw et Gutierrez,1998).

Vu sa petite taille, la population de Chouettes tachetées de la C.-B. est sensible aux événements environnementaux ou démographiques stochastiques.

Le fait que la C.-B. se trouve à la périphérie de l'aire de répartition de l'espèce pourrait faire de la population de la Chouette tachetée de la province un élément critique de la variabilité génétique de la population continentale, parce que cette population se trouve dans une zone climatique plus rude et dans un habitat moins prévisible.

La Chouette tachetée est un symbole des vieilles forêts de conifères de l'ouest des États-Unis et de la Colombie-Britannique. La conservation de l'espèce a donné lieu à un débat passionné entre l'industrie forestière, les économistes, les biologistes de la faune, les écologistes et le gouvernement des États-Unis.

Depuis dix ans, la conservation de la Chouette tachetée suscite un énorme intérêt scientifique et soulève bien des discussions publiques (Forsman et al., 1984; Verner et al., 1992; USDI, 1992; Yaffee, 1994). L'espèce a été le catalyseur du développement de nouvelles stratégies de conservation et du progrès de l'ornithologie comme science en général (Gutierrez et al., 1995). Elle symbolise également les difficultés et les dilemmes auxquels font face les protecteurs de l'environnement qui tentent d'intégrer les besoins d'une espèce en voie de disparition (et la protection d'écosystèmes uniques) aux besoins économiques et sociaux des humains. Vu la situation qui prévaut aux États-Unis, on s'inquiète beaucoup, en C.-B., des conséquences économiques et sociales de la protection de l'habitat de la Chouette tachetée, tant pour les collectivités locales que pour l'industrie forestière.

En Colombie-Britannique, la Chouette tachetée du Nord est protégée en vertu de l'article 34 de la Wildlife Act, qui interdit la collecte des œufs ou la destruction des oisillons, des adultes nicheurs ou des nids actifs. L’espèce figure également sur la Liste rouge de la province, en vertu de la même loi (Fraser et al., 1999). Le Conservation Data Centre (CDC) l'a classée S1 dans la province, ce qui signifie qu'elle est gravement en péril (critically imperiled) vu son extrême rareté. La classification globale du CDC pour la Chouette tachetée du Nord est G3, ce qui signifie qu'elle est une espèce rare ou peu fréquente, qui pourrait être soumise à de profondes perturbations. Gutierrez et al. (1995) ont estimé la population nord-américaine à au moins 8 500 couples, mais la tendance est à la baisse. La Chouette tachetée du Nord et la Chouette tachetée du Mexique (S. o. lucida) figurent toutes deux parmi les espèces désignées comme menacées (threatened) en vertu de la Endangered Species Act américaine (USDI, 1990, 1993).

En 1995, le gouvernement de la C.-B.. a annoncé un programme de gestion de l'espèce fondé sur trois approches : une stratégie de zones protégées (la Protected Areas Strategy), un code de pratiques forestières (le Forest Practices Code) et une série d'autres initiatives relatives à l'utilisation des terres et à la gestion des ressources. Un plan de gestion, un plan stratégique et un plan opérationnel ont alors été préparés pour intégrer les besoins de la Chouette tachetée à la récolte commerciale du bois. Par cette stratégie, on vise à atteindre un niveau raisonnable de probabilité que les populations de chouettes se stabilisent ou même s'améliorent à long terme, sans qu'il y ait, à court terme, d'incidences importantes sur l'approvisionnement en bois et l'emploi dans le secteur forestier.

La protection permanente de l'habitat de la Chouette tachetée sera assurée au moyen de la Stratégie des zones protégées. Des secteurs de conservation seront protégés en vertu du Code de pratiques forestières dans les zones protégées, ainsi qu'à titre de zones spéciales de gestion des ressources dans les circonscriptions forestières de Chilliwack et de Squamish. Ensemble, ces circonscriptions couvrent une superficie d'environ 363 000 ha. La gestion des forêts dans les zones spéciales de gestion des ressources visera à créer de nouveaux habitats, ou à sauvegarder ou améliorer l'habitat actuel de la Chouette tachetée. Le but est de faire en sorte que ces zones deviennent ou redeviennent un habitat dont au moins 67 % conviennent à la Chouette tachetée. Sur le plan opérationnel, cela se concrétisera dans des plans de gestion des ressources qui préciseront, au niveau du peuplement et du paysage, des stratégies de gestion axées sur la conservation de la Chouette tachetée et les besoins socio-économiques des humains.

Les plans de gestion des ressources comportent les huit étapes suivantes : 1) la tenue d'un inventaire des chouettes afin de déterminer les habitats essentiels; 2) l'établissement de centres d'activités (d'une superficie moyenne 3 200 ha et de forme circulaire, de façon à englober le domaine vital annuel médian des Chouettes tachetées reproductrices); 3) la tenue d'inventaires des peuplements forestiers afin de déterminer la quantité d'habitat de type A et de type B (voir la section Habitat); 4) le maintien, dans chacun des centres d'activité (qui peuvent on non abriter des chouettes), d'au moins 50 % du peuplement forestier comme habitat de type A, de même que de larges parcelles (500 ha +) et corridors (> 1 km de largeur) d'habitat de la chouette et de zones tampons de 500 m autour des sites de nidification et de repos. Pour réduire l'impact de cette mesure sur l'approvisionnement en bois d'œuvre, la zone désignée comme habitat de la chouette devrait comprendre des forêts inexploitables, des sites de faible rendement, des sites réservés pour des raisons d'ordre esthétique et des zones sensibles sur le plan environnemental, et tenir compte des exigences du Code de pratiques forestières et des besoins en matière d'habitat des autres espèces sauvages inscrites sur la liste rouge ou bleue, ou importantes à l'échelle régionale; 5) l'inclusion, dans les priorités de récolte et de sylviculture, de coupes de récupération dans les zones lourdement endommagées et de coupes à blanc si les peuplements restants contiennent 67 % d'habitat approprié. Les coupes à blanc doivent se faire par larges blocs afin de réduire la fragmentation. Parmi les autres types de récoltes visant à améliorer l'habitat de la chouette figurent la coupe partielle des peuplements âgés de 80 à 100 ans, l'éclaircissement des peuplements âgés de 30 à 80 ans, et la coupe partielle des peuplements âgés de 100 ans ou plus; 6) l'approbation conjointe du plan par les organismes gouvernementaux; 7) la modification des plans de gestion des ressources en fonction de l'évolution des besoins; et 8) la soumission des plans de gestion des ressources à un processus d'approbation. On trouvera les lignes directrices opérationnelles détaillées dans SOMIT (1997b).

Malheureusement, en stipulant que seulement 67 % de l'habitat doivent être protégés, le plan de gestion (SOMIT, 1997a, b) fixe une limite au nombre de Chouettes tachetées qui peuvent être efficacement protégées. Ce plan comporte aussi une disposition restrictive qui prévoit que, dans certaines zones spéciales de gestion des ressources, la sauvegarde ou l'amélioration de l'habitat et des populations de la Chouette tachetée ne seront assurées qu'à condition de ne pas réduire l'approvisionnement en bois de plus de 10 %. De surcroît, 159 000 des 363 000 ha désignés en vue de leur inclusion dans ces zones spéciales jouissent déjà du statut de zones protégées.

On a en outre fait des concessions à l'industrie forestière, qui pourra récolter le bois dans certaines aires connues de reproduction des chouettes (D. Dunbar, comm. pers.). Vu la petite taille de la population et son importante diminution par rapport à ses niveaux historiques, cette situation pourrait avoir de lourdes conséquences sur la viabilité des populations de Chouettes tachetées en Colombie-Britannique.

À cause de la petite taille de sa population, de ses exigences particulières en matière d'habitats et de sa sensibilité aux changements apportés aux habitats par l'exploitation forestière, la Chouette tachetée du Nord devrait conserver le statut d'espèce « en voie de disparition » au Canada. Un travail supplémentaire s'impose pour évaluer les exigences de l'espèce en matière d'habitats et de domaine essentiel en C.-B. En outre, il est primordial d'effectuer des études à long terme approfondies sur sa reproduction et sa dispersion dans les différents types de forêts de la C.-B.

Ce rapport a été financé par le Service canadien de la faune d'Environnement Canada. Je désire exprimer toute ma reconnaissance à Syd Cannings et Mike Chutter pour les renseignements qu'ils m'ont fournis sur cette espèce. Je tiens aussi à remercier spécialement Dave Dunbar, qui m'a fourni d'autres renseignements et fait parvenir les rapports de l'Équipe canadienne de rétablissement de la Chouette tachetée. Le financement pour le présent rapport a été fourni par le Service canadien de la faune, Environnement Canada.

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David A. Kirk a obtenu sa maîtrise en conservation en 1983 au University College London en Angleterre et son doctorat en zoologie à l'Université de Glasgow (Écosse) en 1989. Il a 16 ans d'expérience comme écologiste-chercheur chargé de concevoir et de réaliser des travaux de terrain, et comme rédacteur scientifique. Il s'intéresse spécialement à la recherche écologique appliquée et travaille comme écologiste-chercheur consultant depuis maintenant neuf ans. Il a formulé des recommandations sur la gestion des terres forestières ou agricoles en vue d'améliorer et de conserver les espèces sauvages, notamment les oiseaux. Il s'intéresse notamment depuis longtemps à la conservation et à la gestion des rapaces et a, pendant neuf ans, ramené à l'état sauvage des rapaces orphelins ou frappés d'incapacité (de 1969 à 1978).

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