Potamot de Ogden (Potamogeton ogdenii) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 7

Taille et tendances des populations

Selon le Centre d’information sur le patrimoine naturel de l’Ontario, le potamot de Ogden compte trois sites dans la province (annexe 1). La plus vieille récolte a été effectuée dans le comté de Hastings, mais comme elle remonte à très longtemps (1873) et que l’indication de sa localisation est très imprécise, le site est considéré comme historique. Les deux autres sites (repérés en 1974 et 1987) sont suffisamment récents pour être considérés comme au moins possiblement encore existants.

Activités de recherche

Les sites trouvés en 1974 et 1987 ont été recherchés en 2005. De plus, des recherches additionnelles ont été effectuées ailleurs dans l’aire de répartition ontarienne présumée de l’espèce, entre les deux sites récents et le centre du comté de Hastings. Sur la base des dates des deux récoltes récentes réalisées en Ontario, et du moment de la production des fruits – soit à la mi-été – rapporté par Hellquist et Mertinooke-Jongkind (2003), les recherches sur le terrain de 2005 ont été effectuées à la mi-août. Des secteurs additionnels ont été fouillés dans le parc provincial de la Pointe Murphys à la mi-juillet 2006.

La récolte ontarienne de potamot de Ogden la plus récente a été réalisée par K.W. Spicer le 27 juin 1987 à Davis Lock, à l’extrémité ouest du lac Sand, qui se trouve sur le canal Rideau. Le spécimen a d’abord été identifié comme étant un P. strictifolius , identification qui a été changée pour P. ogdenii en 1995 par R.R. Haynes. Le site a été recherché par le rédacteur le 11 août 2005. La plus grande partie de la journée a été passée en canot dans le secteur mentionné sur l’étiquette d’herbier. Le secteur est constitué de grandes baies tranquilles peu profondes pourvues d’une végétation aquatique diversifiée comprenant de nombreuses espèces de Potamogeton. Plusieurs spécimens qui, à première vue, semblaient pouvoir être des P. ogdenii ont été recueillis, mais l’examen réalisé ultérieurement a révélé qu’il s’agissait principalement de P. strictifolius.

Le secteur a probablement subi peu de changements depuis 1987, aucun développement récent n’y ayant eu cours et la végétation aquatique des baies abritées adjacentes au canal montrant peu de signes de perturbation. Les vagues des bateaux passant dans le canal peuvent certes perturber les communautés aquatiques, mais la végétation se trouvant à bonne distance du chenal apparaissait peu perturbée. Le myriophylle en épi (Myriophyllum spicatum) était abondant dans le chenal principal, mais il y avait peu de cette plante envahissante dans les baies tranquilles. Bien que le potamot de Ogden n’ait pas été trouvé à Davis Lock en 2005, il devrait être présumé qu’il y est encore présent, mais en un nombre probablement faible qui ferait que l’espèce pourrait facilement passer inaperçue parmi les plusieurs espèces similaires communes dans le secteur.

En 1974, durant un relevé biologique de la réserve de parc de la Pointe Murphy (qui sera plus tard désigné parc provincial de la Pointe Murphy; Lindsay, 1974), Kathy Lindsay a recueilli des potamots de Ogden dans les eaux peu profondes du ruisseau Black, près d’un barrage de castors. Ce secteur a été fouillé par le rédacteur le 17 août 2005. La plus grande partie de la journée a été passée à parcourir à pied la presque totalité du tronçon du ruisseau (plus de deux kilomètres) se trouvant dans le parc. Dans le passé, ce tronçon consistait en une série d’étangs à castors interreliés constituant un important habitat aquatique; cependant, à l’été 2005, la plupart des étangs étaient asséchés. Au cours des dernières années, la présence d’étangs à castors a été plutôt erratique dans ce tronçon du ruisseau (T. Kiesewalter, comm. pers., 2006). Depuis le milieu des années 1990, les populations de castors sont faibles dans ce secteur, et les barrages n’ont pas été entretenus (M. Ogilvie, surintendant de parc, comm. pers., 2007). En 2005, le milieu se limitait à un cours d’eau rocheux étroit à très faible débit traversant une série d’herbaçaies humides. Le seul habitat propice aux potamots était les petits bassins peu profonds répartis de façon éparse dans le lit du ruisseau. Plusieurs Potamogeton ont été recueillis dans ces bassins, mais après examen, la récolte ne comptait aucun potamot de Ogden. Vu l’habitat limité et les recherches intensives effectuées par le rédacteur, il semble bien que le potamot de Ogden ne soit plus présent dans le ruisseau Black, dans le parc provincial de la Pointe Murphys.

Il y a toutefois des peuplements aquatiques diversifiés dans les baies protégées du lac Big Rideau, tant à l’intérieur qu’au voisinage immédiat du parc, particulièrement dans la baie Hoggs, dans laquelle se jette le ruisseau Black. Certains de ces peuplements (notamment ceux de divers secteurs de la baie Hoggs) ont été examinés brièvement le 17 août 2005, mais aucune plante ressemblant au potamot de Ogden n’a été trouvée. Le 14 juillet 2006, le secteur de la baie Hoggs a été fouillé de façon plus exhaustive. Le rédacteur a passé la plus grande partie de la journée à parcourir en canot cette grande baie peu profonde et plusieurs petites baies voisines, dans le lac Big Rideau. La baie Hoggs compte une bonne superficie de zones peu profondes où dominent divers potamots. Durant le relevé, onze espèces de Potamogeton ont été observées dans la baie Hoggs, dont beaucoup de P. zosteriformis. Malheureusement, aucun potamot de Ogden n’a été trouvé. Le myriophylle en épi était abondant dans les baies. Au relevé additionnel de 2006 réalisé dans la baie Hoggs, il faudrait ajouter de nombreux autres inventaires exhaustifs pour déterminer si l’espèce est encore présente dans le parc et les environs. Quoique le potamot de Ogden semble avoir disparu du ruisseau Black, on devrait présumer qu’il est encore présent dans le parc ou dans les milieux humides environnants, mais peut-être en un faible nombre qui ferait que l’espèce pourrait facilement passer inaperçue parmi les plusieurs espèces similaires communes dans le secteur.

Le 18 août 2005, le rédacteur a passé la journée à examiner dans le comté de Hastings et le comté de Lennox et Addington une série de sept milieux humides présentant des caractéristiques environnementales semblables à celles des sites de la pointe Murphys et de Davis Lock. Les endroits visités dans le comté de Lennox et Addington ont été les suivants : les milieux humides bordant un cours d’eau anonyme juste au sud-est du lac Mitten, tout près de la route de comté 41; l’extrémité nord-est du lac Little Mellon; l’extrémité est du lac Haley. Dans le comté de Hastings, les endroits visités ont été les suivants : le ruisseau Beaver juste à l’est du lac Crowe, tout près de la route de comté 33; le ruissseau Beaver tout près du chemin du lac Beaver; le ruisseau Beaver tout près du chemin Shanick; la rivière Moira tout près de la route 7. À chacun de ces endroits, les recherches ont duré une heure ou moins. Des potamots ont été recueillis à la plupart de ces endroits et ont été par la suite comparés à des spécimens du DAO dont l’identification a été vérifiée par R.R. Haynes ou C.B. Hellquist; malheureusement, la récolte du rédacteur ne renfermait aucun potamot de Ogden.

Les résultats des relevés de terrain et l’examen des Potamogeton du DAO portent à croire que le potamot de Ogden est très rare dans la province. Le fait que les deux sites les plus récemment observés (pointe Murphys et Davis Lock) n’ont pu être retrouvés en 2005 ne signifie pas que l’espèce a disparu de ces endroits. La difficulté d’identifier l’espèce sur le terrain, et le fait que plusieurs espèces similaires sont assez communes dans son aire de répartition apparente, laissent penser que le potamot de Ogden pourrait passer très facilement inaperçu là où il serait en petit nombre et mêlé à des espèces plus communes. Tout comme chez d’autres espèces de Potamogeton qui produisent des hibernacles, il a été observé que les populations locales de potamot de Ogden varient grandement d’une année à l’autre (Hellquist et Mertinooke-Jongkind, 2003). Cette variabilité interannuelle pourrait avoir eu une incidence sur les résultats des relevés de 2005.

Abondance

On ne peut rien dire sur l’abondance de l’espèce, aucun potamot de Ogden n’ayant été trouvé en 2005. Par ailleurs, aucune des étiquettes des spécimens recueillis en Ontario ne donne d’information sur l’abondance.  

Fluctuations et tendances

Aucune information n’existe en ce qui concerne les fluctuations ou les tendances de l’espèce, aucun potamot de Ogden n’ayant été trouvé en 2005, et aucune des étiquettes des spécimens recueillis en Ontario ne donnant d’information sur l’abondance.

Effet d’une immigration de source externe

Vu le statut d’espèce en voie de disparition ou d’espèce menacée du potamot de Ogden dans les États adjacents – et sa rareté générale aux États-Unis –, il est peu probable que des propagules issues des États-Unis puissent contribuer au rétablissement des populations de l’Ontario.

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