Esturgeon vert (Acipenser medirostris) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 11

Facteurs limitatifs et menaces

Par leur morphologie, leur cycle vital et leurs besoins en habitat, les esturgeons sont particulièrement vulnérables aux impacts négatifs causés par des activités humaines (Boreman, 1997). Parmi les activités anthropiques dommageables pour l’esturgeon, on compte : l’exploitation (voir la section Tailles et tendances des populations), le blocage des habitats de fraye en eau douce par la construction de digues, les barrages modifiant le débit des cours d’eau, la chenalisation, l’élimination des chenaux secondaires, l’assèchement des ruisseaux, la destruction des refuges thermiques, la perte de fosses profondes, l’inondation des habitats par des réservoirs et l’exposition à la bioaccumulation de polluants industriels et municipaux (Boreman, 1997; EPIC, 2001; Adams et al., 2002). Au Canada, il est illégal de conserver un esturgeon vert pêché dans les eaux marines ou douces (réglementation sur la pêche du Ministère des Pêches et Océans Canada [MPO], 2003). La mortalité attribuable à la prise par des chaluts de fond n’a jamais été évaluée.

En raison de leur longévité et de leur maturité tardive, les esturgeons sont vulnérables aux effets chroniques et aigus de la bioaccumulation. Une étude sur la contamination des poissons dans le bassin hydrologique du Columbia menée entre 1996 et 1998 a révélé que l’esturgeon blanc contenait la plus grande concentration de contaminants de toutes les espèces testées, dont de nombreuses espèces de salmonidés, deux espèces de meuniers, le doré jaune, la lamproie du Pacifique et l’eulakane (USEPA, 1999). L’esturgeon blanc affichait également la plus forte concentration corporelle globale d’hexachlorobenzène (19 ųg/kg), de DDT (787 ųg/kg), de p,p-DDE (620 ųg/kg) et d’Aroclors (173 ųg/kg), et les concentrations de dioxines dépassaient d’un ordre de grandeur celles de toutes les autres espèces testées. Bien que les esturgeons verts soient moins exposés aux contaminants anthropiques en raison de leur phase de migration marine, ils risquent une exposition lorsqu’ils fréquentent les eaux douces pour frayer et pendant leurs rassemblements en estuaire.

Il y a un risque de transfert de maladies des esturgeons élevés en aquaculture aux esturgeons sauvages, mais rien n’indique que cela se soit déjà produit. Entre 1993 et 1994, on a noté une mortalité massive des esturgeons blancs dans le Fraser où 34 individus de grande taille, surtout des femelles, ont été trouvés morts (MELP, 1997). Bien qu’aucun esturgeon vert n’ait été mentionné parmi les victimes, certains pourraient avoir été touchés puisqu’il est peu probable que tous les esturgeons touchés aient été trouvés.

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