Esturgeon vert (Acipenser medirostris) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Information sur l'espèce

Mise à jour
Rapport de situation du COSEPAC
sur
l’esturgeon vert
Acipenser medirostris
au Canada
2004

Taxinomie

Classe :
Actinoptérygiens
Ordre :
Acipensériformes
Famille :
Acipenséridés
Genre :
Acipenser
Nom scientifique :
Acipenser medirostris Ayers 1854
Noms communs
  Français Canada/France :
Esturgeon vert
  Anglais :
Green Sturgeon
  Premières nations Salish :
K’toyethen
  Mexique :
Esturión verde
  Japon :
Chôzame
  Russie :
Sterlyad
  Asie :
Esturgeon de Sakhaline
Synonymes :
A. medirostris mikado, A acutirostris (Froese et Pauly, 2003)


Les esturgeons appartiennent à la famille des Acipenséridés, qui regroupe quatre genres : Acipenser, Huso, Scaphirhynchus et Pseudoscaphirhynchus (Helfman et al., 1997). L’esturgeon vert (A. medirostris) a été décrit pour la première fois en 1854 à partir d’un individu capturé dans la baie de San Francisco (Ayres, 1854; Adams et al., 2002). Les populations asiatiques (dénommées régionalement « esturgeons de Sakhaline ») ont à l’origine été considérées comme conspécifiques en raison de leurs similitudes méristiques avec les populations nord-américaines et classifiées tantôt comme A. mikadoi et tantôt comme A. medirostris mikado. Après avoir effectué des analyses génétiques de séquences d’ADN mitochondrial d’esturgeons verts asiatiques et nord-américains, Zhang et al. (2001) ainsi que Fain et al. (2000) ont conclu que les deux formes devraient être considérées comme une seule espèce. Cependant, d’autres études génétiques (Birstein et al., 1993, 1997; Birstein et DeSalle, 1998) et morphométriques (North et al., 2002) concluent que les formes asiatique et nord-américaine devraient être considérées comme des espèces distinctes (A. mikadoi et A. medirostris, respectivement). Il faudra faire des études plus approfondies pour trancher la question.

Description

Les esturgeons se distinguent facilement des autres familles de poissons par une combinaison de caractéristiques : quatre barbillons devant la bouche subterminale, cinq rangées de plaques osseuses, queue hétérocerque, museau effilé, unique nageoire dorsale charnue située près du pédoncule caudal et endosquelette en grande partie cartilagineux comportant une notocorde persistante qui se prolonge jusque dans la queue (figure 1; Helfman et al., 1997; Echols, 1995).


Figure 1. llustration d’un esturgeon vert (Acipenser medirostris), 107 cm. Alaska.

Figure 1. llustration d’un esturgeon vert (Acipenser medirostris), 107 cm. Alaska.

BC 63-1064 (par D.R. Harriott, tiré de Scott et Crossman, 1973, art. 1973).

L’esturgeon vert est anadrome, mais passe plus de temps en milieu marin que toute autre espèce d’esturgeon (Adams et al., 2002). La première prise enregistrée d’un esturgeon vert au Canada remonte au 30 août 1908. L’individu, qui mesurait 34 cm de longueur, a été capturé près de Victoria (Colombie-Britannique) (Clemens et Wilby, 1961). La taille et le poids maximaux de l’esturgeon vert sont de 2,3 m et 159 kg (Scott et Crossman, 1973).

L’esturgeon vert a le dos vert olive foncé et le ventre blanc avec des bandes longitudinales vert olive entre les plaques latérales et ventrolatérales ainsi que sur toute la longueur de la face mi-ventrale (Scott et Crossman, 1973). La bande colorée sur la face ventrale évoque une flèche pointant vers le museau et se termine devant les nageoires pectorales (figure 2). Certaines observations isolées portent à croire qu’il existe une variante de l’espèce aux couleurs différentes. On a pris des individus de couleur brune à dorée dans la baie de San Francisco et dans le Sacramento. Cependant, aucun « esturgeon doré » n’a été signalé au Canada, et on ignore si ce nouveau morphotype est attribuable à des facteurs génétiques ou environnementaux (CDFG, 2000, cité par EPIC, 2001).


Figure 2. Photographie de la face ventrale d’un esturgeon vert, montrant la bande en forme de flèche se terminant devant les nageoires pectorales

Figure 2. Photographie de la face ventrale d’un esturgeon vert, montrant la bande en forme de flèche se terminant devant les nageoires pectorales.

Photo fournie par Terry Slack).

En raison du chevauchement de leurs aires de répartition et de leurs ressemblances morphométriques, on confond souvent l’esturgeon vert et l’esturgeon blanc (A. transmontanus). Il est néanmoins facile de les distinguer en comptant les plaques osseuses latérales; l’esturgeon vert en a de 23 à 30, alors que l’esturgeon blanc en a de 38 à 48 (Scott et Crossman, 1973). De plus, la position de l’orifice anal n’est pas la même : celui de l’esturgeon vert se trouve directement entre les insertions postérieures des nageoires thoraciques, alors que celui de l’esturgeon blanc est postérieur aux nageoires thoraciques (Slack et Stace-Smith, 1996). Enfin, l’esturgeon vert a deux rangées de 4 à 8 plaques osseuses derrière l’orifice anal, alors que l’esturgeon blanc n’en a qu’une seule de 1 à 4 plaques, entre les nageoires thoraciques et la nageoire anale (figure 3).


Figure 3. Différences entre l’emplacement de l’orifice anal chez l’esturgeon vert et l’esturgeon blanc, et nombre des plaques osseuses ventrales et leur position

Différences entre l’esturgeon vert et l’esturgeon blanc (voir description longue ci-dessous).

D’après Eddy et Underhill, 1978.

Description pour la figure 3

La figure 3 montre des différences entre l’esturgeon vert et blanc.

Esturgeon vert

  • Orifice anal situé sur la ligne imaginaire entre les insertions des nageoires thoraciques.
  • Une rangée de 1 à 4 plaques osseuses entre les nageoires thoraciques et anale.

Esturgeon blanc

  • Orifice anal postérieur à la ligne imaginaire entre les insertions des nageoires thoraciques.
  • Deux rangées de 4 à 8 plaques osseuses entre les nageoires thoraciques et anale.


Contrairement aux autres espèces d’esturgeons, les larves d’esturgeon vert n’ont pas de stade d’alevin nageant ou post-éclosion (Deng, 2000; Cech et al., 2000). Elles se distinguent également des larves d’esturgeon blanc par leur plus grande taille, leur pigmentation plus claire, et la taille et la forme de leur sac vitellin (Adams et al., 2002; Cech et al., 2000).

North et al. (2002) ont examiné les caractéristiques méristiques et morphométriques d’esturgeons verts pris dans le fleuve Columbia (tableau 1). Ces individus sont probablement représentatifs des esturgeons verts présents dans les eaux canadiennes en raison de la proximité du fleuve. De plus, rien n’indique que les caractères morphométriques varient beaucoup d’un segment de population distinct (SPD) à l’autre.

Unités désignables

En Amérique du Nord, le National Marine Fishery Service (NMFS) a identifié deux segments de population distincts de l’esturgeon vert, soit le SPD septentrional et le SPD méridional, la frontière latitudinale se trouvant à la rivière Eel (40º 42’ N) en Californie (Adams et al., 2002). Une étude préliminaire de génétique des populations menée par Israel et al. (2002) indique que les esturgeons verts présents dans la rivière Rogue en Oregon et la rivière Klamath sont distincts de ceux présents dans la baie de San Pablo en Californie. Par contre, les individus capturés dans le Columbia semblent être un mélange d’autres populations, ce qui laisse supposer qu’il existe des populations reproductrices encore inconnues, à moins que ces conclusions ne soient tout simplement un artefact découlant de la faible taille de l’échantillon et du temps écoulé entre les prises d’individus. Étant donné que les individus du Columbia et du SPD septentrional sont plus près du Canada, il est plus probable que les individus présents dans les eaux canadiennes appartiennent à ces populations.

 

Tableau 1. Comparaison entre quelques caractéristiques méristiques (moyenne ± écart-type) de 50 esturgeons verts pris dans le fleuve Columbia en août 1999 et d’esturgeons blancs (North et al., 2002). Les chiffres sur les esturgeons blancs sont les valeurs absolues minima et maxima rapportées dans North et al. (2002).
Caractéristique Esturgeon vert Esturgeon blanc
Moy. Min.-max. Écart-type Min.-max.
Longueur totale (cm) 148 125-170   n.d.
Plaques dorsales 9,4 7-12 ± 1,1 11-14
Plaques latérales 28,5 22-33 ± 2,8 36-48
Plaques ventrales 9,2 7-12 ± 1,1 9-12
Branchicténies 19 15-26 ± 2,5 23-36

Tirées de Scott et Crossman (1973), Schreiber (1959), Miller et Lea (1972) et Hart (1973).

Détails de la page

Date de modification :