Noctuelle jaune pâle des dunes (Copablepharon grandis) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

Résumé

Noctuelle jaune pâle des dunes
Copablepharon grandis

Information sur l’espèce

La noctuelle jaune pâle des dunes (Copablepharon grandis (Strecker 1878)) est un papillon nocturne de taille moyenne aux ailes antérieures uniformément jaune pâle et aux ailes postérieures uniformément blanches.

Répartition

Le C. grandisest largement réparti dans l’ouest de l’Amérique du Nord. Il se rencontre depuis le sud de la Californie, au sud-ouest, jusqu’au centre du Texas, au sud-est, et jusqu’à Lloydminster (Alberta), au nord. Depuis sa description, en 1878, il a été trouvé dans près de 84 localités en Amérique du Nord. Son aire de répartition mondiale couvre 4 345 223 km², et son aire de répartition canadienne, 184 590 km². Depuis 1902, le C. grandis a été capturé 36 fois dans 10 localités au Canada : 4 en Alberta, 5 en Saskatchewan, et 1 au Manitoba. Trois de ces localités ont été découvertes dans le cadre de la campagne de piégeage de 2004–2005.

Habitat

Le C. grandisse rencontre dans des milieux sableux à végétation clairsemée. Les données amassées dans le cadre de la campagne de piégeage de 2004–2005 et l’extrapolation des caractéristiques environnementales de sites échantillonnés précédemment donnent à croire que cette noctuelle est habituellement associée aux dunes semi-stables à couvert clairsemé de graminées et d’autres herbacées. Les facteurs suivants peuvent avoir un impact sur les milieux occupés par le C. grandis : 1) broutage par le bétail; 2) aménagement des terres; 3) perturbations occasionnées par les activités récréatives; 4) stabilisation des dunes; 5) réduction de la fréquence des feux.

Biologie

On sait peu de choses sur la biologie de cette espèce. Le C. grandis est un papillon nocturne qui présente une brève période de vol estivale et qui est difficile à observer dans la nature. De fait, à l’exception des adultes récupérés dans les pièges lumineux, l’espèce n’a pas été observée sur le terrain en 2004–2005.

Le C. grandis est une espèce univoltine. Au Canada, sa période de vol s’étale du début de juillet à la fin d’août. Les œufs sont déjà entièrement formés chez les femelles qui viennent d’émerger, mais l’accouplement et la ponte n’ont jamais été observés. On croit que les œufs sont déposés à faible profondeur dans le sable. L’éclosion survient environ trois semaines après la ponte. Les chenilles s’alimentent probablement sur les parties aériennes des plantes hôtes pendant la nuit et passent la journée enfouies dans le sable, mais il n’est pas exclu qu’elles se nourrissent sous la surface du sol. Entre l’automne et le début du printemps, les chenilles subissent probablement une diapause dans le sol, mais on ignore à quel endroit et à quelle profondeur elles s’enfouissent pour hiberner. Une fois la diapause levée, elles se nourrissent peut-être également au printemps ou au début de l’été avant de se nymphoser. La chrysalide est formée dans une cellule souterraine constituée de particules de sol agglomérées. Le C. grandis ne semble pas dépendre d’une seule espèce végétale pour sa reproduction et son alimentation aux stades adulte et larvaire.

La capacité de dispersion du C. grandisn’a pas été mesurée. Comme les dunes sont souvent réparties en îlots, les adultes sont probablement capables de se disperser sur de courtes distances. En revanche, leur dispersion entre réseaux de dunes régionalement isolés par des distances supérieures à 10 km est considérée comme peu probable ou très peu fréquente.

Taille et tendances des populations

Au total, 18 individus ont été capturés en 2004-2005, à raison de 1 à 12 individus par piège (moyenne de 3 individus par piège). En raison du faible nombre d’adultes capturés, des incertitudes inhérentes qui se rattachent à l’évaluation du succès de capture et de la superficie de l’habitat favorable et d’autres facteurs, il est impossible de fournir une estimation fiable de la taille des populations du C. grandis. On ne dispose d’aucune estimation quantitative des fluctuations et des tendances des populations du C. grandis. Aux États-Unis, la population connue de la région du mont Turtle, au Dakota du Nord, se trouve à environ 250 km au sud de la population canadienne la plus proche, établie dans le parc provincial Spruce Woods, au Manitoba. Une recolonisation sur une distance aussi grande est jugée peu probable.

Facteurs limitatifs et menaces

La stabilisation progressive des dunes résultant de leur colonisation naturelle par la végétation est la principale menace qui pèse sur les populations du C. grandis.

Le broutage par le bétail est considéré comme une menace potentielle pour le C. grandis. Il peut contribuer au maintien des milieux sableux à végétation clairsemée qui servent d’habitat à la noctuelle. En revanche, le piétinement par le bétail peut entraîner le compactage des sols et l’écrasement d’œufs, de chenilles ou de chrysalides, et le broutage, la destruction des plantes dont les chenilles se nourrissent.

En raison de l’isolement spatial de son habitat et, notamment, de l’aménagement du paysage entre les îlots d’habitat favorable, le C. grandis est peut-être menacé d’effondrement démographique. L’effondrement démographique est considéré comme une menace potentielle pour le C. grandis.

Les activités d’aménagement et de développement, comme la construction de routes et d’infrastructures pétrolières, peuvent causer la perte directe ou la perturbation de milieux naturels favorables ou la mort de papillons et sont de ce fait considérées comme une menace potentielle pour le C. grandis.

Certaine milieux sableux peuvent faire l’objet d’une utilisation récréative intensive. Bien qu’elles puissent contribuer au maintien ou à la création de zones sableuses dénudées, les activités récréatives peuvent entraîner une perte de végétation, la perturbation des sols sableux et la destruction d’œufs, de chenilles ou de chrysalides. En conséquence, elles sont considérées comme une menace potentielle pour le C. grandis.

Importance de l’espèce

Le C. grandisest associé aux dunes, type d’habitat régionalement rare dans le sud des Prairies canadiennes. Les noctuelles du genre Copablepharon présentent un intérêt pour les entomologistes et les taxinomistes du fait qu’elles vivent dans des habitats de dunes spatialement isolés. Rien n’indique que le C. grandis a ou a déjà eu une importance culturelle ou économique pour les Premières nations.

Protection actuelle ou autres désignations de statut

Le C. grandisne bénéficie actuellement d’aucune protectionen Amérique du Nord. Les populations établies à Wainwright (réserve écologique Wainwright Dunes), au parc régional Suffern Lake et dans les dunes Spirit (parc provincial Spruce Woods) se trouvent en partie dans des aires protégées.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions (2007)

Espèce sauvage
Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d'animal, de plante ou d'une autre organisme d'origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s'est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.

Disparue (D)
Espèce sauvage qui n'existe plus.

Disparue du pays (DP)
Espèce sauvage qui n'existe plus à l'état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.

En voie de disparition (VD)Note de bas de pagea
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.

Menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.

Préoccupante (P)Note de bas de pageb
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.

Non en péril (NEP)Note de bas de pagec
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.

Données insuffisantes (DI)Note de bas de paged. Note de bas de pagee
Une catégorie qui s'applique lorsque l'information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l'admissibilité d'une espèce àl'évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l'espèce.

 

Service canadien de la faune

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

 

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