Tortue musquée (Sternotherus odoratus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2
Résumé
Tortue musquée
Sternotherus odoratus
Informationsur l'espèce
La tortue musquée (Sternotherus odoratus) est une petite tortue d’eau douce de la famille des Kinosternidés. Sa dossière brun-noir dépasse rarement 13 cm de longueur, et son plastron, petit et jaunâtre, a une charnière. Les mâles se distinguent des femelles par les zones écailleuses bien visibles qu’ils portent à la face intérieure des cuisses. Cette tortue dégage une odeur musquée provenant de glandes situées sous les bords de sa dossière, et elle est farouche.
Répartition
Au Canada, on trouve l’espèce à quelques endroits disséminés dans le Centre-Sud de l’Ontario ainsi qu’à un seul petit site au Québec, au nord d’Ottawa-Hull. On la trouve aussi le long du bord méridional du Bouclier canadien, depuis la baie Georgienne jusqu’à l’axe de Frontenac dans la région d’Ottawa-Hull.
Habitat
La tortue musquée a besoin d’un plan d’eau peu profond où le substrat est meuble et le débit faible, sinon nul. Au Canada, elle est toutefois relativement commune dans la baie Georgienne. Son habitat de nidification varie, mais doit être situé à proximité de l’eau et exposé directement au soleil. Très aquatique, l’espèce quitte rarement l’eau. Sur terre, elle est peu à l’aise et maladroite.
Biologie
Au Canada, les femelles ne pondent pas plus d’une couvée de 2 à 7 œufs par année, à la fin juin ou au début juillet. Elles peuvent revenir nicher dans le même secteur d’une année à l’autre. La tortue musquée est omnivore, mais se nourrit surtout de mollusques aquatiques et d’insectes. Elle hiberne, souvent en groupe, lorsque la température de l’eau est inférieure à 10 ºC. Les pics de reproduction ont lieu au printemps et à l’automne, lorsque les tortues se trouvent à proximité des hibernacula. Les populations de tortues musquées sont constituées en majorité d’adultes, le succès de la nidification et le recrutement étant très faible et la survie des adultes, relativement élevée. En conséquence, toute augmentation de la mortalité chez les adultes peut avoir de lourdes répercussions néfastes, fort difficiles sinon impossibles à surmonter pour les populations.
Taille et tendances des populations
Bien que le corpus des connaissances sur la biologie de l’espèce aux États-Unis soit passablement volumineux, seulement une population a été étudiée au Canada. D’après les mentions du relevé herpétofaunique de l’Ontario et de l’Atlas herpétologique de Hamilton, la tortue musquée aurait disparu de tous les anciennes localités de l’espèce dans le Sud-Ouest de l’Ontario et sur la rive nord du lac Ontario à l’Ouest du comté de Prince Edward. À l’heure actuelle, on la trouve en petit nombre dans le parc national de la Pointe-Pelée et dans de petits étangs près de Port Franks, à proximité d’Ipperwash, sur le lac Huron. Ces deux « populations » semblent être de petite taille et sont probablement isolées. On signale aussi parfois la présence de l’espèce dans la rivière Détroit. Elle survit en outre à plusieurs endroits le long du bord méridional du Bouclier canadien, mais on en a estimé l’abondance qu’à un seul site à la baie Georgienne. Les tendances démographiques sont inconnues. Il se pourrait qu’il n’y ait aucun échange entre les tortues du Bouclier et celles du Sud-Ouest de l’Ontario à l’heure actuelle.
Facteurs limitatifs et menaces
La forte circulation des bateaux à moteur et la pêche intense augmentent la mortalité chez les adultes. Mais la plus lourde menace à peser sur la tortue musquée est sans doute la destruction de son habitat, attribuable au premier chef au drainage des milieux humides et à l’aménagement des berges.
Protection actuelle ou autres désignations
En Ontario comme au Québec, la loi interdit de chasser et de récolter les tortues musquées.
Mandat du COSEPAC
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) détermine le statut, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés et des populations sauvages canadiennes importantes qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées à toutes les espèces indigènes des groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, lépidoptères, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.
Composition du COSEPAC
Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes fauniques des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (Service canadien de la faune, Agence Parcs Canada, ministère des Pêches et des Océans, et le Partenariat fédéral sur la biosystématique, présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres ne relevant pas de compétence, ainsi que des coprésident(e)s des sous-comités de spécialistes des espèces et des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.
Définitions
- Espèce
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Toute espèce, sous-espèce, variété ou population indigène de faune ou de flore sauvage géographiquement définie.
- Espèce disparue (D)
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Toute espèce qui n’existe plus.
- Espèce disparue du Canada (DC)
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Toute espèce qui n’est plus présente au Canada à l'état sauvage, mais qui est présente ailleurs.
- Espèce en voie de disparition (VD)Note de bas de page1
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Toute espèce exposée à une disparition ou à une extinction imminente.
- Espèce menacée (M)
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Toute espèce susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitatifs auxquels elle est exposée ne sont pas renversés.
- Espèce préoccupante (P)Note de bas de page2
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Toute espèce qui est préoccupante à cause de caractéristiques qui la rendent particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels.
- Espèce non en péril (NEP)Note de bas de page3
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Toute espèce qui, après évaluation, est jugée non en péril.
- Données insuffisantes (DI)Note de bas de page4
- Toute espèce dont le statut ne peut être précisé à cause d’un manque de données scientifiques.
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le comité avait pour mandat de réunir les espèces sauvages en péril sur une seule liste nationale officielle, selon des critères scientifiques. En 1978, le COSEPAC (alors appelé CSEMDC) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. Les espèces qui se voient attribuer une désignation lors des réunions du comité plénier sont ajoutées à la liste.
Service canadien de la faune
Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.
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