Fissident pygmée (Fissidens exilis) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 3

Information sur l’espèce

Nom et classification

Le Fissidens exilis Hedw. est une mousse de la famille des Fissidentacées et de l’ordre des Fissidentales. Au sein du genre Fissidens, l’espèce appartient à la section Aloma Müll. Hal. (Beever, 1999). Le nom du genre, Fissidens, signifie « dent fendue » et fait allusion aux dents qui entourent l’orifice de la capsule renfermant les spores, alors que le nom de l’espèce, exilis, signifie « petit » ou « mince ».

Les noms suivants sont considérés comme des synonymes de Fissidens exilis : F. bloxamii Wilson (Steere, 1950), Bryum viridulum Dicks., Dicranum exile (Hedw.) Muhl., Schistophyllum exile (Hedw.) Lindb., Skitophyllum exile (Hedw.) Bach. Pyl. et Hypnum minutum Wilson (Missouri Botanical Garden, 2002). L’espèce a également déjà été considérée comme une variété du F. bryoides, du F. viridulus ou du Dicranum palmatum.

Description

Steere (1950) offre la description la plus complète du Fissidens exilis, mais l’espèce est également bien décrite et illustrée par Crum et Anderson (1981). Ces descriptions sont résumées ci-dessous. Les illustrations de Steere (1950) sont reproduites à la figure 1. Les termes techniques employés dans la description ci-dessous sont définis dans Magill (1990); leurs équivalents anglais sont en outre définis dans Crum et Anderson (1981).

Note de bas de page1Figure 1. Illustrations du Fissidens exilis tirées de Steere (1950)

  • A. Plante feuillée, portant un sporophyte (x 21).
  • B-C. Gros plan de plantes feuillées (x 33).
  • D. Feuille, présentant la morphologie caractéristique des Fissidens(x 63) :
    • a. lame engainante
    • b. lame dorsale
    • c. lame apicale
    • d. nervure
  • E. Cellules de la marge de la lame engainante, avec bande intramarginale (x 408).
  • F. Cellules du sommet de la lame engainante, à la jonction avec la nervure (x 408).
  • G. Cellules de la lame apicale, depuis la marge jusqu’à près de la nervure (x 408).
  • H. Cellules du sommet de la feuille (x 408).
  • I. Capsule, avec péristome (x 63).

Figure 1. Illustrations du Fissidens exilis tirées de Steere (1950). A. Plante feuillée, portant un sporophyte (x 21). B-C. Gros plan de plantes feuillées (x 33). D. Feuille, présentant la morphologie caractéristique des Fissidens (x 63) : a. lame engainante, b. lame dorsale, c. lame apicale, d. nervure. E. Cellules de la marge de la lame engainante, avec bande intramarginale (x 408). F. Cellules du sommet de la lame engainante, à la jonction avec la nervure (x 408). G. Cellules de la lame apicale, depuis la marge jusqu’à près de la nervure (x 408). H. Cellules du sommet de la feuille (x 408). I. Capsule, avec péristome (x 63).

Généralités : La plante feuillée du F. exilis est de couleur vert foncé à brun foncé. Il s’agit d’une plante minuscule – sa hauteur ne dépasse pas 1,0 à 2,0 mm – qui pousse isolément ou en groupes (mais non en groupes assez denses pour former un gazon). Elle est parfois mêlée à d’autres espèces de Fissidens(Molnar, 1975; Steere, 1950). La plante est dressée, ou procombante à sa base, et elle n’est pas ramifiée. Le protonéma (précurseur filamenteux et chlorophyllien de la plante feuillée identifiable) est persistant et abondant, indépendant ou associé à la plante feuillée. En raison de sa couleur et de sa petite taille, le F. exilis est très difficile à détecter sur le terrain et impossible à identifier avec certitude sans microscope. Il faut également noter que d’autres petites espèces du genre Fissidens (dont le F. bryoideset le F. taxifolius, qui ne dépassent pas 8 mm de hauteur) ont été récoltées en grand nombre dans le sud de l’Ontario (Ireland et Ley, 1992).

Feuilles : Les feuilles sont disposées sur un seul plan et réunies en 2 à 4 paires de taille variable rassemblées au sommet de la tige; la dernière paire est celle dont les feuilles sont les plus grandes (de 1 à 2,0 mm de longueur). Les feuilles sont oblongues-lancéolées et courbées; leur sommet est aigu ou obtus, et apiculé.

Chez toutes les mousses du genre Fissidens, les feuilles sont distiques (disposées en deux rangées) et ont une morphologie particulière : la portion inférieure de la moitié adaxiale (interne) de chaque feuille est dédoublée en deux « lames engainantes », qui forment une sorte de gouttière embrassant la tige et la base des feuilles suivantes (figure 1). La moitié abaxiale (externe) de la feuille est appelée « lame dorsale », alors que la portion supérieure (non dédoublée) de la moitié adaxiale est appelée « lame apicale ». Chez le F. exilis, les lames engainantes mesurent environ la moitié de la longueur de la feuille et ne sont pas soudées à leur sommet, sauf à proximité de la nervure de la feuille, car une des lames devient plus étroite vers le sommet et se termine près de la nervure. La lame dorsale ne descend pas jusqu’à la base de la feuille.

La nervure de la feuille est large et se prolonge jusqu’à quelques cellules du sommet. La marge de la feuille est essentiellement entière; cependant, la présence de cellules dont l’extrémité fait saillie peut conférer un aspect légèrement denté à la marge de la lame apicale et particulièrement denté à celle des lames engainantes.

Les feuilles périgoniales (entourant les « inflorescences » mâles) sont surtout constituées de lames engainantes, la lame apicale étant remplacée par une épine courte ou longue. Les marges de ces feuilles paraissent fortement dentées, en raison de cellules dont l’extrémité fait saillie. Les feuilles périchétiales (entourant les « inflorescences » femelles) sont beaucoup plus grandes que les feuilles ordinaires, mais d’aspect semblable.

Cellules foliaires : Les cellules foliaires du F. exilis sont lisses, à parois épaisses et incolores. Les cellules supérieures des lames apicale et dorsale sont polygonales, isodiamétriques, d’un diamètre de 8 à 15 µm. Les cellules des lames engainantes sont plus grandes, plus longues et de forme moins régulière. La marge est bordée de quelques rangs de cellules à parois épaissies. Les cellules basales sont très allongées; chez la plupart des feuilles, ce groupe de cellules se prolonge vers le haut en une bande intramarginale (séparée de la marge par deux ou trois rangs de cellules).

Soie : La soie (tige supportant la capsule) est pâle et devient rougeâtre avec l’âge. Sa longueur varie de 2 à 5 mm.

Capsule : La capsule (renfermant les spores) est ovoïde ou courtement cylindrique, dressée, longue de 0,5 à 0,8 mm. Après la chute de l’opercule (couvercle de la capsule), la capsule se contracte sous son orifice. L’opercule est de forme conique-rostrée, avec un bec droit ou courbé recouvert au début du développement de la capsule par une petite coiffe. Comme l’indique le nom du genre, les dents rouges du péristome (entourant l’orifice de la capsule) sont divisées à leur extrémité.

Sexualité : Le F. exilis est rhizautoïque, ce qui signifie que les androcées (« inflorescences » mâles renfermant les anthéridies qui produisent les anthérozoïdes) sont situées sur des protonémas enfouis dans la boue, à la base de la plante feuillée, qui porte les gynécées (« inflorescences » femelles renfermant les archégones qui produisent les oosphères). Souvent, les androcées sont elles-mêmes enfouies dans le sol, à la base de la plante feuillée et peuvent ainsi paraître dissociées de la plante, ce qui a porté Steere (1950) à conclure que le F. exilis est une espèce dioïque (dont les androcées et les gynécées sont portés par des individus distincts).

Steere (1950) relève des similitudes entre le Fissidens exilis et le F. pauperculus, le F. closteriet le F. pellucidus, mais fait valoir que « la marge curieusement différenciée, de cellules allongées et de cellules à parois épaissies » permet de distinguer aisément le F. exilis. Steere estime également que l’examen de spécimens d’herbier de F. minutulus, F. viridulus et F. bryoides pourrait mener à la découverte de nouvelles populations de F. exilis.

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