Plan d’action pour le saule à bractées vertes (Salix chlorolepis) au Canada [Proposition] - 2014

Loi sur les espèces en péril
Série de Plans d’action

Le saule à bractées vertes

Aristide à rameaux basilaires

Table des matières


Plan d’action pour le saule à bractées vertes (Salix chlorolepis) au Canada [Proposition] - 2014

Aristide à rameaux basilaires

Référence recommandée :

Environnement Canada. 2014. Plan d'action pour le saule à bractées vertes (Salix chlorolepis) au Canada [Proposition]. Série de Plans d'action de la Loi sur les espèces en péril. Environnement Canada, Ottawa. iv + 13 p.

Pour télécharger le présent plan d'action ou pour obtenir un complément d'information sur les espèces en péril, incluant les rapports de situation du COSEPAC, les descriptions de la résidence, les programmes de rétablissement et d'autres documents connexes sur le rétablissement, veuillez consulter le consulter le Registre public des espèces en péril.

Illustration de la couverture : Saule à bractées vertes par Frédéric Coursol © 2011

Also available in English under the title
"Action Plan for the Green-scaled Willow (Salix chlorolepis) in Canada [Proposed]"

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Environnement, 2014. Tous droits réservés.
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Le contenu du présent document (à l’exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, mais en prenant soin d’indiquer la source.


En vertu de l'Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d'établir une législation et des programmes complémentaires qui assurent la protection efficace des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l'élaboration des plans d'action pour les espèces inscrites comme étant disparues du pays, en voie de disparition ou menacées, pour lesquelles le rétablissement a été jugé comme étant réalisable. Ils sont également tenus de rendre compte des progrès réalisés cinq ans après la publication du document final dans le Registre public des espèces en péril.

En vertu de la LEP, un ou plusieurs plans d'action présentent la planification détaillée du rétablissement élaborée dans le but d’appuyer l'orientation stratégique établie dans le programme de rétablissement de l'espèce. Le plan décrit ce qui doit être réalisé pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition (auparavant appelés buts et objectifs du rétablissement) établis dans le programme de rétablissement, y compris les mesures à prendre pour aborder les menaces et effectuer le suivi du rétablissement de l'espèce, ainsi que les mesures proposées visant à protéger l'habitat essentiel qui a été désigné pour l’espèce. Le plan d’action inclut également une évaluation des répercussions socioéconomiques de la mise en œuvre du plan d’action et des avantages en découlant. Le plan d'action est considéré comme l'un parmi une série de documents qui sont liés et qui doivent être pris en considération ensemble. Parmi ceux-ci, on compte le rapport de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), le programme de rétablissement, ainsi qu’un ou plusieurs plans d'action.

Le ministre de l’Environnement est le ministre compétent en vertu de la LEP du saule à bractées vertes et a élaboré le présent plan d'action pour mettre en œuvre le programme de rétablissement, conformément à l'article 47 de la LEP. Dans la mesure du possible, le plan d’action a été préparé en collaboration avec la province de Québec.

La réussite du rétablissement de l’espèce dépendra de l'engagement et de la collaboration d'un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des directives et des activités formulées dans le présent plan d'action. Cette réussite ne pourra reposer seulement sur Environnement Canada, ou sur toute autre compétence. Tous les Canadiens et toutes les Canadiennes sont invités à appuyer ce plan d'action et à contribuer à sa mise en œuvre pour le bien du saule à bractées vertes et de l’ensemble de la société canadienne.

La mise en œuvre du présent plan d'action est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des compétences et organisations participantes.

Ce plan d’action a été rédigé par François Shaffer avec la collaboration de Charles Latour et Vincent Carignan (Environnement Canada, Service canadien de la faune – région du Québec) et de Frédéric Coursol (botaniste, Jardin botanique de Montréal). Les collaborateurs suivants ont fourni des commentaires sur le plan d’action : Karine Picard, Sylvain Giguère, (Environnement Canada, Service canadien de la faune – région du Québec) et Patricia Désilets (ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs).

Le présent plan d’action complète le Programme de rétablissement du saule à bractées vertes (Salix chlorolepis) au Canada. (Environnement Canada, 2011). Les mesures de rétablissement proposées visent la mise en œuvre de l’ensemble des stratégies générales et approches du rétablissement établies dans le programme de rétablissement et ce, pour l’ensemble de la population et de la répartition du saule à bractées vertes.

L’habitat essentiel du saule à bractées vertes a été désigné dans le programme de rétablissement et il est considéré comme étant suffisant pour atteindre les objectifs à long terme en matière de population et de répartition. Le présent plan d’action ne désigne aucun habitat essentiel additionnel.

L’habitat essentiel du saule à bractées vertes se situe entièrement sur des terres non-fédérales. Les mesures proposées pour protéger l’habitat essentiel sont présentées à la section 1.4.

Les mesures de rétablissement proposées pour le saule à bractées vertes concernent quatre stratégies générales : 1) Réduire les deux principales menaces pesant sur l’espèce et son habitat; 2) préciser la répartition de l’espèce, la taille de la population et la tendance de sa population; 3) Préciser les caractéristiques démographiques de l’espèce; 4) Acquérir les connaissances requises sur les menaces par les insectes, les acariens et le caribou des bois. Un calendrier établissant les priorités de mise en œuvre de ces mesures a été élaboré et une analyse socio-économique a été effectuée. La mise en œuvre des mesures de rétablissement identifiées dans le présent plan d’action aura des répercussions moyennes et positives sur le plan socioéconomique. Les coûts directs de la mise en œuvre du présent plan d’action sont estimés à 175 250 $ pour la période de 2014-2019.

Le saule à bractées vertes (Salix chlorolepis) est un arbuste nain mesurant généralement moins de 30 cm. C’est une espèce endémique au Québec, qui est présente uniquement au mont Albert dans le parc national de la Gaspésie (Labrecque et Lavoie, 2002). L’espèce a été répertoriée jusqu’à maintenant sur les versants de 10 cirques glaciaires du sommet du mont Albert (COSEPAC, 2006; CDPNQ, 2012). Les connaissances actuelles indiquent que la population de saule à bractées vertes serait d’environ 300 individus. Comme il n’y a jamais eu d’inventaire de l’ensemble de l’habitat potentiel à l’espèce, limité au mont Albert et peut-être au mont Olivine, la taille de sa population ainsi que son aire de répartition ne sont pas connues avec précision.

Le saule à bractées vertes a été désigné comme étant une espèce menacée par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) en 2006 et est inscrit selon le même statut à l’Annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril depuis 2007. Le saule à bractées vertes est désigné menacé et protégé depuis 1995 en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec (LEMV).

Les principales menaces affectant le saule à bractées vertes sont le piétinement anthropique et le broutage par le caribou des bois (Rangifer tarandus caribou), population de la Gaspésie-Atlantique. L’espèce peut aussi être affectée par les avalanches, le broutage par la chenille à houppes rousses, la nuisance par des acariens ou des pucerons et le piétinement par le caribou des bois, population de la Gaspésie-Atlantique. Certaines de ces menaces ont une portée relativement faible étant donné que les autorités du parc national de la Gaspésie exercent déjà un contrôle sur plusieurs d’entre elles.

Les objectifs en matière de population et de répartition à long terme sont de maintenir la population et la répartition du saule à bractées vertes au Canada à leur niveau actuel.

L’habitat essentiel du saule à bractées vertes est désigné dans le programme de rétablissement comme étant l’affleurement rocheux de serpentine du mont Albert. La superficie de cet affleurement totalise environ 2730 ha.

Le présent plan d’action aborde l'ensemble de la population et de la répartition du saule à bractées vertes ainsi que toutes les stratégies établies dans le Programme de rétablissement du saule à bractées vertes au Canada (Environnement Canada, 2011).

Tableau 1 : Calendrier de mise en œuvre. Version accessible du Tableau 1
# Mesures de rétablissement Priorité[1] Menaces ou préoccupations
abordées
Échéancier
Stratégie générale : Réduire les deux principales menaces pesant sur l'espèce et son habitat
Approche : Développer les stratégies nécessaires afin de réduire ces deux menaces, incluant une stratégie de communication et de sensibilisation des utilisateurs du parc
1 Vérifier la présence de perturbations dans les sous-populations affectées par les deux principales menaces Haute Piétinement anthropique, Broutage par le caribou des bois 2014
2 Poursuivre le développement d'une stratégie de communication et de sensibilisation des usagers du parc national de la Gaspésie Moyenne Toutes 2019
3 Engager les groupes de skieurs et les groupes de randonneurs dans les discussions et les décisions relatives à la protection de cette espèce Moyenne Piétinement anthropique, Avalanche 2019
4 Assurer la survie des sous-populations en éliminant les pratiques incompatibles avec le maintien de l’espèce Haute Piétinement anthropique, Avalanche 2019
5 Conserver cette espèce endémique de façon ex situ (banques de graines, jardins botaniques) pour assurer la perpétuation de l’espèce à long terme Haute Toutes En cours
Approche : Intégrer ces stratégies dans les plans de gestion et dans les documents administratifs du parc national de la Gaspésie
6 Promouvoir, auprès des autorités du parc national de la Gaspésie, l’importance de tenir compte des mesures de rétablissement de l’espèce Haute Toutes 2019
7 Favoriser une meilleure coordination des efforts de recherche avec les travaux effectués sur d'autres espèces rares présentes dans le parc national de la Gaspésie dont le caribou des bois, population de la Gaspésie-Atlantique Moyenne Toutes 2019
Stratégie générale : Préciser la répartition de l’espèce, la taille et la tendance de sa population
Approche : Établir des protocoles de suivi et effectuer des dénombrements des sous-populations connues
8 Valider le protocole pour le dénombrement du saule à bractées vertes utilisé par le parc national de la Gaspésie Haute Toutes 2014
9 Effectuer un inventaire systématique chaque année pour les cinq premières années, suivant les normes et protocoles établis afin de déterminer l'intervalle de surveillance les plus appropriés et de vérifier les protocoles. Intégrer ces informations au Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ) Haute Toutes 2019
Approche : Effectuer des recherches pour localiser de nouvelles sous-populations
10 Vérifier la présence du saule à bractées vertes au mont Olivine et à l’intérieur de l’occurrence cartographiée par le CDPNQ sur les versants sud et ouest du mont Albert Haute Toutes 2014
11 Vérifier la présence du saule à bractées vertes sur les versants utilisés par les skieurs au mont Albert Haute Avalanche 2014
Approche : Délimiter spatialement les différentes sous-populations
12 Déterminer avec précision les coordonnées géographiques des individus de l’espèce à l'aide d'un GPS et intégrer ces informations au Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec. Haute Toutes 2014
Stratégie générale : Préciser les caractéristiques démographiques de l’espèce
Approche : Identifier, concevoir et réaliser les études requises pour préciser les caractéristiques démographiques de l’espèce (existence de réservoirs de graines, taux de germination, taux de reproduction et de mortalité, viabilité des sous-populations, variation interannuelle de l’abondance des graines produites)
13 Identifier la viabilité des sous-populations et la taille minimale d’une population viable Moyenne Toutes 2016
14 Étudier la viabilité et la longévité des graines dans le sol Moyenne Toutes 2017
15 Déterminer comment la dispersion des graines influence la dynamique des populations Moyenne Toutes 2017
16 Étudier la variation interannuelle de l’abondance des graines produites, le taux de germination des graines, le taux de reproduction et de mortalité du saule à bractées vertes Moyenne Toutes 2017
17 Déterminer s’il existe de l'introgression entre le saule à bractées vertes et le saule à fruits courts (Salix brachycarpa) et établir à quel degré l’abondance du saule à bractées vertes est affectée Moyenne Toutes 2017
18 Étudier le degré de variation génétique entre les sous-populations et au sein de chacune d’elles Moyenne Toutes 2017
19 Préparer un protocole pour accroître, en cas de besoin, les effectifs des sous-populations naturelles à l’aide de transplants Moyenne Toutes 2017
Stratégie générale : Acquérir les connaissances requises sur les menaces par les insectes, les acariens et le caribou des bois
Approche : Identifier, concevoir et réaliser les études requises pour préciser la vulnérabilité au broutage par les chenilles et aux infections par les acariens ou les pucerons
20 Déterminer les études requises pour préciser la vulnérabilité de l'espèce aux différents insectes Haute Broutage par la chenille à houppes rousses, Nuisance par des acariens ou des pucerons 2015
21 Concevoir et réaliser les études nécessaires pour préciser la vulnérabilité de l'espèce aux différents insectes Haute Broutage par la chenille à houppes rousses, Nuisance par des acariens ou des pucerons 2019
Approche : Identifier, concevoir et réaliser les études requises pour préciser la vulnérabilité au piétinement et au broutage par le caribou des bois
22 Déterminer les études requises pour préciser la vulnérabilité de l'espèce au piétinement et au broutage par le caribou des bois, population de la Gaspésie-Atlantique Moyenne Piétinement par le caribou des bois, Broutage par le caribou des bois 2015
23 Concevoir et réaliser les études nécessaires pour préciser la vulnérabilité de l'espèce au piétinement et au broutage par le caribou des bois, population de la Gaspésie-Atlantique Moyenne Piétinement par le caribou des bois, Broutage par le caribou des bois 2019

1« Priorité » reflète la mesure dans laquelle l'action contribue directement au rétablissement de l’espèce ou est un précurseur essentiel à une action qui contribue au rétablissement de l’espèce.

L’habitat essentiel désigné à la section 7.1 du programme de rétablissement (Environnement Canada 2011) étant suffisant pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition, le présent plan d’action ne désigne aucun habitat essentiel additionnel.

L’habitat essentiel du saule à bractées vertes est localisé sur terres non fédérales, en l’occurrence sur des terres du domaine de l’état québécois. L’habitat essentiel du saule à bractées vertes se trouve entièrement à l’intérieur des limites du parc national de la Gaspésie. Environnement Canada entend collaborer avec le Gouvernement du Québec afin de déterminer si les lois et les règlements provinciaux constituent une protection de l’habitat essentiel pour cette espèce en vertu de la LEP.

S’il est jugé que l’habitat essentiel n’est pas protégé en tout ou en partie, les progrès en vue d'atteindre sa protection seront communiqués dans le registre public des espèces en péril par l'entremise des rapports prévus à l'article 63 de la LEP.

La mise en place de mesures de conservation est une stratégie importante et complémentaire pour préserver l’habitat essentiel de cette espèce. Environnement Canada travaillera, dans la mesure du possible, avec le Gouvernement du Québec pour faciliter la mise en place de mesures de conservation.

La Loi sur les espèces en péril requiert qu'un plan d’action comporte une évaluation des répercussions socioéconomiques de la mise en œuvre du plan d’action et des avantages en découlant (LEP 49(1)e), 2003). Cette évaluation aborde seulement les répercussions socioéconomiques supplémentaires de la mise en œuvre du présent plan d’action dans une perspective nationale ainsi que les avantages sociaux et environnementaux qui se présenteraient si le plan d’action était mis en œuvre intégralement, reconnaissant que les aspects de sa mise en œuvre ne relèvent pas tous de la compétence du gouvernement fédéral. L’évaluation n’aborde pas les répercussions cumulatives du rétablissement de l’espèce en général ni ne tente de réaliser une analyse coûts-avantages. Elle a pour but d’informer le public et d’éclairer la prise de décisions relatives à la mise en œuvre du plan d’action par les partenaires.

La protection et le rétablissement des espèces en péril peuvent entraîner des avantages et des répercussions. La Loi reconnaît « que les espèces sauvages, sous toutes leurs formes, ont leur valeur intrinsèque et sont appréciées des Canadiens pour des raisons esthétiques, culturelles, spirituelles, récréatives, éducatives, historiques, économiques, médicales, écologiques et scientifiques ». Les écosystèmes sains et autosuffisants, dont les divers éléments sont en place, y compris les espèces en péril, apportent une contribution positive aux moyens de subsistance et à la qualité de vie de l'ensemble de la population canadienne. Un examen de la littérature confirme que la population canadienne tient à la préservation et à la conservation des espèces en soi. Les mesures prises pour préserver une espèce, comme la protection et la remise en état de l'habitat, sont aussi importantes. En outre, plus une mesure contribue au rétablissement d'une espèce, plus le public accorde une valeur élevée à de telles mesures (Loomis et White, 1996; Pêches et Océans Canada, 2008). De plus, la conservation des espèces en péril est un élément important de l'engagement du gouvernement du Canada à conserver la diversité biologique en vertu de la Convention sur la diversité biologique. Le gouvernement du Canada s'est également engagé à protéger et à rétablir les espèces en péril par l'intermédiaire de l'Accord pour la protection des espèces en péril. Les répercussions et les avantages précis associés au présent plan d’action sont décrits ci-dessous.

La présente section évalue les répercussions socioéconomiques potentielles associées à la mise en œuvre du plan d’action, ainsi que les avantages pouvant en découler.

Les coûts directs présentés sont une compilation des coûts estimatifs pour chacune des activités du tableau 1. Ils ont été déterminés en consultant les principaux intervenants de la conservation de l’espèce. Étant donné que les intervenants travaillent souvent sur plusieurs espèces ou, plus généralement, au niveau de l’habitat, les coûts présentés peuvent ne pas être entièrement attribuables qu’au saule à bractées vertes.

Le plan d’action pour le saule à bractées vertes décrit les mesures de rétablissement à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition établis dans le programme de rétablissement de l’espèce. Les coûts directs associés à la mise en œuvre de ces mesures de rétablissement pour une période de cinq ans[1] sont évalués dans la présente section. Le montant total de ces coûts directs est estimé à 175 250 $, ce qui inclut les salaires, le temps bénévoles, les déplacements, le matériel, les équipements et autres coûts qui y sont rattachés (tableau 2). L’organisation principale impliquée dans la conservation de cette espèce est le parc national de la Gaspésie. Le Jardin Botanique de Montréal y contribue également.

Tableau 2 : Estimation des coûts directs reliés à la mise en œuvre du rétablissement pour la période cinq ans. Version accessible du Tableau 2
Stratégie générale Priorité Gouvernements
(fédéral et provincial)
Autres intervenants
Réduire les deux principales menaces pesant sur l'espèce et son habitat Urgente 10 000$
(100%)
0$
(0%)
Préciser la répartition de l’espèce, la taille et la tendance de sa population Urgente 91 000$
(100%)
0$
(0%)
Préciser les caractéristiques démographiques de l’espèce Moyenne 29 750$
(92%)
2 500$
(*%)
Acquérir les connaissances requises sur les menaces par les insectes, les acariens et le caribou des bois Moyenne 42 000$
(100%)
0$
(0%)
Sous-Total 172 750$
(99%)
2 500$
(1%)
Total 175 250$

Les répercussions indirectes sont les coûts potentiels associés à la mise en œuvre du plan d’action qui peuvent avoir un impact sur les différents intervenants touchés par la gestion du saule à bractées vertes et de son habitat essentiel au Canada.

L'habitat essentiel désigné dans le programme de rétablissement correspond à l’affleurement rocheux de serpentine du mont Albert. Il est situé entièrement sur des terres publiques provinciales, à l’intérieur du parc national de la Gaspésie qui promeut la conservation des milieux naturels. Par conséquent, les répercussions indirectes résultant de la désignation de l'habitat essentiel pour ces sites ne devraient pas être significatives.

Les répercussions négatives anticipées sont négligeables sur les habitudes des groupes touchés par ce plan d’action. En effet, l’expérience des amateurs de plein air (randonneurs, skieurs) dans le parc national de la Gaspésie sera peu affectée puisque plusieurs occurrences de saules à bractée verte sont situées loin des sentiers, ce qui réduit le risque de conflit d’utilisation du territoire. Des tracés de sentiers localisés aux endroits appropriés et une signalisation adéquate sont de nature permettre aux amateurs de plein air de poursuivre leurs activités, tout en assurant la conservation de l’espèce.

Bon nombre des avantages découlant de l’application du plan d’action sont de nature non commerciale. En effet, les espèces ont une valeur intrinsèque et sont appréciées des Canadien(ne)s pour des raisons d’ordre esthétique, culturel, spirituel, récréatif, éducatif, historique, économique, médical, écologique ou scientifique. Le gouvernement du Canada souscrit à cette vision, notamment par l’intermédiaire de ses engagements internationaux en matière de conservation de la biodiversité. Selon une étude menée en 1991, 83,3% des Canadiens pensent qu’il est important ou très important de veiller au maintien de la diversité des espèces sauvages canadiennes en protégeant les populations en voie de disparition ou subissant un déclin (Filion, 1993). L’importance de la nature pour les Canadien(ne)s peut se traduire de façon économique. En 1996, les Canadien(ne)s ont dépensé près de 1,3 milliards de dollars dans les activités d’intérêt faunique et 1,2 milliards pour les contributions aux organismes voués à la nature, à l’entretien de terrains pour fins de conservation et aux autres activités reliées à la faune (Leigh et al., 2000).

Pour assurer le maintien de la biodiversité, les écosystèmes auxquels les espèces sont associées doivent être sains et intègres. Ces conditions sont également importantes dans la prestation des différents services écologiques. Bien que ces valeurs soient difficilement quantifiables, des études menées à travers le monde ont démontré leur importante contribution économique (Barbier et Heal, 2006; Almack et Wilson, 2010). Une méta-analyse de Balmford et al. (2002) indique d’ailleurs que le ratio bénéfice/coût de programmes de conservation efficients des milieux naturels sauvages serait de 100:1. En ce qui concerne l’importance individuelle d’une espèce, elle serait variable selon plusieurs facteurs dont l’année, le lieu et les services considérés (Isbell et al., 2011). La grande contribution de la biodiversité aux services écologiques garantissant la santé économique et écologique actuelle et future du Canada justifierait donc l’application du principe de précaution afin de maintenir les espèces en péril et de les rétablir.

Le saule à bractées vertes a une valeur intrinsèque et fait partie du patrimoine écologique canadien. Selon la Gazette du Canada (2007), les canadien(ne)s veulent conserver les espèces pour les générations futures même s’ils ne verront, ni « n'utiliseront » jamais personnellement ces espèces. Le caractère endémique de cette espèce lui confère également une valeur scientifique. Selon le COSEPAC (2006) : « la conjonction de la serpentine et d’un habitat de type toundra alpine est un phénomène plutôt rare dans le nord-est de l’Amérique du Nord, et le saule à bractées vertes est le résultat évolutif de ce type de milieu ».

Il n’y a pas de valeur économique directe (pour fin de commercialisation) accordée au saule à bractées vertes. Malgré tout, cette espèce fait partie de la spécificité de l’écosystème du Mont-Albert. Quelques études menées aux États-Unis démontrent une volonté de payer afin de protéger les écosystèmes alpins. Selon Martin-Lopez et al. (2008), la valeur attribuée à ce type d’écosystème est de 38,67 $ par an par personne (en dollars US de 2005). À partir de ces études, il est déduit, dans le contexte canadien, qu’il existe une valeur pécuniaire reflétant une volonté de payer un certain montant d’argent annuel pour participer à la protection des milieux alpins comme celui où se trouve le saule à bractées vertes.

Par ailleurs, ce type d’écosystème est particulièrement prisé par les amateurs de plein air. Aux États-Unis, des études économiques menées entre 2006 et 2010 ont démontré que les villégiateurs et les résidents attribuent une grande valeur aux hauts sommets (Keske, 2010). Les résultats d’une évaluation économique des hauts sommets du Colorado montrent que les visiteurs sont prêts à dépenser beaucoup plus d’argent pour les activités récréatives dans ces écosystèmes et ne voudraient d’aucune façon substituer cette expérience par une autre expérience de plein air (Keske, 2010). Au Québec, quelques uns des plus hauts sommets sont en Gaspésie et, symbolique de la valeur particulière associée à ces écosystèmes, le parc national de la Gaspésie est l’un des deux premiers parcs provinciaux constitués. Les activités touristiques reliées au plein air et la nature représentent une source de revenus importantes pour cette région (MRNF, 2004). Près, de 14 millions de dollars seraient dépensés par les adeptes de la région de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine pour les activités de plein air (MRNF, 2004). Les revenus autonomes du parc national de la Gaspésie dépassent les 5 millions de dollars par an. Certains partenaires exploitant des services dans le parc génèrent aussi des revenus autonomes estimés à près d’un million de dollars par an (François Boulanger, communication personnelle, 2011). À lui seul le parc national de la Gaspésie accueil près de 30 000 visiteurs par année, ce qui se traduit par une fréquentation estimée à 230 000 jours-visiteurs par année (Claude Isabel, communication personnelle, parc national de la Gaspésie, 2011; François Boulanger, communication personnelle, parc national de la Gaspésie, 2011). Bref, la spécificité de ces écosystèmes riche en espèces endémiques fait partie de l’expérience des visiteurs.

En conclusion, la mise en œuvre de ce plan d’action occasionnera des coûts directs de près de 175 250 $ pour une période de cinq ans. Il présente de nombreux avantages à court et long terme sur le plan environnemental, social et économique. La mise en œuvre de ce plan d’action contribue également de façon concrète à la Stratégie fédérale de développement durable pour le Canada (Environnement Canada, 2010). Enfin, ce plan contribue aux efforts du parc national de la Gaspésie pour implanter une gestion durable des écosystèmes afin d’en faire bénéficier les générations futures.

Les indicateurs de rendement présentés dans le programme de rétablissement associé proposent un moyen de définir et de mesurer les progrès vers l'atteinte des objectifs en matière de population et de répartition.

Un rapport sur la mise en œuvre du plan d'action, en vertu de l'article 55 de la Loi sur les espèces en péril, sera produit par l'évaluation des progrès en vue de la mise en œuvre de stratégies générales.

Un rapport sur les répercussions écologiques et socioéconomiques du plan d'action, en vertu de l'article 55 de la LEP, sera produit par l'évaluation des résultats de suivi du rétablissement de l'espèce et de sa viabilité à long terme et par l'évaluation de la mise en œuvre du plan d'action.

Almack K. et S. Wilson. 2010. Economic value of Toronto’s Greenbelt, Canada. The Economics of Ecosystems and Biodiversity. (en anglais seulement)

Balmford, A., A. Bruner, P. Cooper, R. Costanza, S. Farber, R.E. Green, M. Jenkins, P. Jefferiss, V. Jessamy, J. Madden, K. Munro, N. Myers, S. Naeem, J. Paavola, M. Rayment, S. Rosendo, J. Roughgarden, K. Trumper et R.K. Turner. 2002. Economic Reasons for Conserving Wild Nature, Science 297: 950-953.

Barbier, E. B. et G.M. Heal. 2006. "Valuing Ecosystem Services," The Economists’ Voice: Vol. 3 (3), Article 2. DOI: 10.2202/1553-3832.1118. (en anglais seulement)

Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ). 2012. Extractions du système de données pour le territoire du Parc national de la Gaspésie. Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Québec.

COSEPAC. 2006. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le saule à bractées vertes (Salix chlorolepsis) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. 22 + vii p.

Environnement Canada. 2010. Planifier un avenir durable - Stratégie fédérale de développement durable pour le Canada, 89 p.

Environnement Canada. 2011. Programme de rétablissement du saule à bractées vertes (Salix chlorolepis) au Canada, Série de Programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril, Environnement Canada, Ottawa, iv + 16 p.

Filion, F.L. 1993. L’importance de la faune pour les Canadiens : rapport sommaire de l’Enquête nationale de 1991. Environnement Canada, Ottawa. 60 pp.

Gazette du Canada (2007), DORS/2007-275 à 307 et TR/2007-114 à 117, Vol. 141, No 26, p. 2520 à 2919.

Isbell, F., V. Calcagno, A. Hector, J. Connolly, W.S. Harpole, P.B. Reich, M. Scherer-Lorenzen, B. Schmid, D. Tilman, J. van Ruijven, A. Weigelt, B.J. Wilsey, E.S. Zavaleta et M. Loreau. 2011. High plant diversity is needed to maintain ecosystem services, Nature, Vol. 477, p. 199-202.

Keske, C. 2010. High Mountain Ecosystems: How Much Love Can They Sustain?, Environmental Management, Santosh Sarkar (Ed.), ISBN: 978-953-307-133-6, InTech. (en anglais seulement)

Labrecque, J. et G. Lavoie. 2002. Les plantes vasculaires menacées ou vulnérables du Québec, gouvernement du Québec, ministère de l'Environnement, Direction du patrimoine écologique et du développement durable, Québec. 200 p.

Leigh, L., E. DuWors, M. Villeneuve, A. Bath, P. Bouchard, P. Boxall, D. Legg, S. Meis, R. Reid et T. Williamson. 2000. L’importance de la nature pour les Canadiens : Les avantages économiques des activités reliées à la nature. Environnement Canada, Ottawa, 49 p.

Loomis, J.B., et D.S White. 1996. Economic Benefits of Rare and Endangered Species: Summary and Meta-analysis, Ecological Economics 18:197-206.

Martin-Lopez, B., C. Montes et J. Benayas. 2008. Economic Valuation of Biodiversity Conservation: the Meaning of Numbers, Conservation Biology, 22 (3): 624–635.

MRNF. 2004. La faune et la nature ÇA COMPTE! La popularité des activités liées à la faune et à la nature. Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine.

Pêches et Océans Canada. 2008. Estimation des bénéfices économiques du rétablissement des mammifères marins de l'estuaire du Saint-Laurent. Direction régionale des politiques et de l’économique, Québec, 2008.

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour tous les documents de planification du rétablissement en vertu de la LEP, conformément à La directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. L’objet de l’EES est d’incorporer les considérations environnementales à l’élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairée du point de vue de l'environnement et évaluer si les résultats d’un document de planification de rétablissement peuvent affecter un élément de l’environnement ou la réalisation de tout objectif ou cible de la Stratégie fédérale de développement durable (SFDD).

La planification du rétablissement vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que la mise en œuvre de plans d'action peut, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l’EES sont directement inclus dans le plan d'action lui-même, mais également résumés dans le présent énoncé, ci-dessous.

La possibilité que le plan d’action produise par inadvertance des effets négatifs sur d’autres espèces a été envisagée. L’EES a permis de conclure que le présent plan d’action sera clairement favorable à l’environnement et n’entraînera pas d’effets négatifs significatifs.

Les actions de rétablissement énoncées dans le présent document ne devraient avoir aucune répercussion négative pour les autres espèces indigènes non visées, les communautés naturelles et/ou les processus écologiques. En fait, les actions de rétablissement devraient aussi être favorables aux autres espèces de plantes présentes dans le même habitat que le saule à bractées vertes, notamment le polystic des rochers (Polystichum scopulinum), une espèce désignée menacée par le COSEPAC et inscrite à l’annexe 1 de la LEP. De plus, cette dernière espèce, de même que l’aspidote touffue (Aspidotis densa), la minuartie de la serpentine (Minuartia marcescens) et la verge d’or simple à bractées vertes (Solidago simplex subsp. simplex var. chlorolepis) sont quatre espèces menacées au Québec (LEMV) qui partagent parfois le même habitat que le saule à bractées vertes sur le mont Albert. On y retrouve aussi des espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables au Québec (Tardif et al., 2005) comme l’adiante des Aléoutiennes (Adiantum aleuticum), le chardon mutique variété des montagnes (Cirsium muticum var. monticolum) et la fétuque du mont Alta (Festuca altaica).

Le Caribou des bois (population de la Gaspésie–Atlantique), une espèce inscrite à la LEP en tant qu’espèce en voie de disparition, fréquente en partie le même type d’habitat que le saule à bractées vertes. Le caribou a été identifié comme une menace pour le saule à bractées vertes, puisqu’il peut le piétiner ou s’alimenter des ses tiges. Les mesures de rétablissement proposées dans le présent plan d’action ne devraient avoir aucune incidence négative sur le caribou des bois, puisque la rareté du saule à bractées vertes fait en sorte que cette espèce ne doit pas être une composante importante du régime alimentaire du caribou des bois.


1Aux termes de l'article 55 de la LEP, il doit y avoir évaluation des progrès réalisés en vue de l’atteinte des objectifs décrits dans le plan d'action, et production d’un rapport sur sa mise en œuvre et ses impacts écologiques et socioéconomiques cinq ans après l'entrée en vigueur du plan.

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