Phlox de l'Ouest (Phlox speciosa): évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 7

Taille et tendances des populations

Taille des populations

Le nombre de populations canadiennes de Phlox speciosa, leur taille ainsi que la superficie qu’elles occupent sont plus importantes qu’on ne le croyait. Le tableau 2 résume l’information disponible sur les populations canadiennes de Phlox speciosa. Celles dont l’existence a été confirmée se trouvent dans un secteur de 57 km².

Toute l’information dont nous disposons sur la taille des populations de Phlox speciosa au Canada provient d’un relevé sur le terrain d’une durée de cinq jours mené en juin 2003 par Ksenia Barton et Jan Teversham. Auparavant, la taille de deux populations seulement avait été estimée en 1994 (BC CDC, 2002). Il n’existe aucun inventaire des populations ni aucune étude de suivi de l’espèce.

Les populations énumérées dans le tableau 2 ont été déterminées en cartographiant tous les sites actuels. On suppose que les échanges génétiques entre sites éloignés les uns des autres sont très faibles. Étant donné qu’on ne dispose d’aucune information sur le flux génique chez le Phlox speciosa, la règle de NatureServe a été utilisée pour distinguer les populations. Selon cette règle, deux sites doivent être séparés par au moins un kilomètre de milieu non propice à l’espèce pour être considérés comme deux populations distinctes (NatureServe, 2002). Les sites situés à moins de un kilomètre l’un de l’autre sont donc considérés comme sous-populations d’une même population.

L’indication de taille des populations et des sous-populations est fondée sur des estimations faites sur le terrain. Comme base de référence, on a procédé au dénombrement des individus (florifères et non florifères) sur des superficies déterminées pour obtenir les densités exactes. Les densités étaient généralement plus élevées que prévu en raison de la présence d’individus non florifères, moins visibles. Ensuite, des relevés ont été effectués dans les sous-populations où on notait des changements de densité. Le nombre d’individus a été calculé en multipliant l’aire estimée de la zone d’occupation par la densité estimée. Dans le cas des petits sites, la zone d’occupation a été estimée à l’œil ou en comptant les pas. Pour les grands sites, les coordonnées GPS de plusieurs points sur le périmètre ont été relevées puis reportées sur une carte topographique, ce qui a permis de tracer le contour de la zone d’occupation puis d’en estimer la superficie.

La marge d’erreur des estimations est de un ordre de grandeur à cause de l’imprécision des méthodes employées. En raison des contraintes de temps, les recherches sur le terrain visaient la découverte de nouvelles populations de l’espèce et la définition de sa zone d’occurrence plutôt qu’une estimation précise de la taille des populations.

Tableau 2. Taille des populations de Phlox speciosa en Colombie-Britannique.
Population Sous-population Nombre d’individus Individus reproducteurs Zone d’occupation () Commentaires
Lac Ford   14-24 5-9 11-16 découverte en 2003
 Lac Ford A 9 3-5 6  
 Lac Ford B 5-15 2-4 5-10  
Ruisseau McKay   100-200 20-30 50-150 découverte en 2003
Park Rill   150-1 150 58-552 300-2 300 découverte en 2003
 Park Rill A 25-75 4-26 50-150  
 Park Rill B 100-1 000 50-500 200-2 000  
 Park Rill C 25-75 4-26 50-150  
Osoyoos ? ? ? ? récente, non confirmée -- erreur d’identification possible
À l’ouest du lac Skaha (lac Dog) ? ? ? ? historique -- dernière observation : 1927
Lac Skaha (lac Dog) ? ? ? ? historique -- dernière observation : 1927?
Summerland ? ? ? ? historique -- dernière observation : 1919
Twin Lakes   11 000-100 000 2 100-24 000 350 000-530 000
  • zone d’occupation des sous-populations A et E estimée à partir de cartes et de relevés GPS;
  • taille de la sous-population A extrapolée à partir du dénombrement des individus dans un quadrat de 25 ;
  • le seul relevé quantitatif antérieur effectué dans les environs des Twin Lakes (1994) a donné 75 individus dans un quadrat de 200  pour une sous-population et 300 individus dans un quadrat de 200  pour une autre sous-population
 Twin Lakes A 500-1 500 50-150 4 400-6 600  
 Twin Lakes B 6 2 4  
 Twin Lakes C 16-32 4-8 8-16  
 Twin Lakes D 100-1 000 25-250 50-500  
 Twin Lakes E 10 000-100 000 2 000-24 000 350 000-520 000  
 Twin Lakes F 10-20 5-10 25-100  
Lac White   10 000-100 000 2 000-24 000 550 000-820 000
  • zone d’occupation estimée à partir de cartes et de relevés GPS;
  • taille de la population extrapolée à partir du dénombrement des individus dans un quadrat de 25
Lac Yellow est   500-1 300 200-450 1 400-2 400 fait peut-être partie de la population mentionnée pour le lac Yellow sud et ouest
 Lac Yellow est A 200-800 50-200 100-400  
 Lac Yellow est B 300-500 150-250 1 300-2 000  
Lac Yellow sud   ? ? ?
  • fait peut-être partie de la population mentionnée pour le lac Yellow est et ouest;
  • sites découverts en 1997 (BC CDC, 2002) -- aucune donnée disponible
 Lac Yellow sud A ? ? ?  
  Lac Yellow sud B ? ? ?  
Lac Yellow ouest   4 000-10 000 2 000-7 500 42 000-63 000
  • fait peut-être partie de la population mentionnée pour le lac Yellow est et sud;
  • zone d’occupation estimée à partir de cartes et de relevés GPS;
  • taille de la population extrapolée à partir du dénombrement des individus dans un quadrat de 100 
Ruisseau Yellowlake   36 6-12 300-500 découverte en 2003
 Ruisseau Yellowlake A 16 2-4 5  
 Ruisseau Yellowlake B 20 4-8 300-500  

Sauf indication contraire, les données du tableau ci-dessus proviennent des relevés sur le terrain effectués par Ksenia Barton et Jan Teversham (juin 2003). Les nombres exacts sont le résultat de dénombrements. Les plages donnent les valeurs minimum et maximum d’estimations.

En résumé, les populations du lac Ford et du ruisseau Yellowlake sont très petites (moins de 100 individus), celles du ruisseau McKay, de Park Rill et du lac Yellow est sont moyennes (une centaine à plus d’un millier d’individus), et celles des Twin Lakes, du lac White et du lac Yellow ouest sont abondantes (quelques milliers à plusieurs dizaines de milliers d’individus). La taille de la population du lac Yellow sud est indéterminée. Il est possible que tous les sites du lac Yellow forment une seule population étalée sur une longue pente; des recherches approfondies sont requises pour trancher la question.

Nombre d’individus au Canada

Selon les estimations du tableau 2, il y aurait entre 25 000 et 220 000 individus de Phlox speciosa spp. occidentalis au Canada, dont 6 400 à 57 000 individus reproducteurs ayant fleuri en 2003. Tous les sites repérés n’ont pas été entièrement parcourus, et il se peut que l’estimation des populations soit trop conservatrice dans certains cas. En outre, il est probable que des recherches plus poussées dans les secteurs répondant aux exigences écologiques de l’espèce mènent à la découverte d’autres populations et sous-populations.

Tendances des populations

On dispose de peu d’information sur les changements récents ou à long terme relatifs à l’abondance et à l’aire de répartition du Phlox speciosa. Avant les recherches sur le terrain effectuées en juin 2003 par Ksenia Barton et Jan Teversham, les fiches d’herbiers constituaient la principale source d’information à cet égard, et certaines ne portent que de vagues indications sur la provenance des spécimens.

L’effectif et la superficie de deux sites du secteur des Twin Lakes ont été estimés en 1994 (BC CDC, 2002). Cependant, il est probable que ces estimations aient été fondées sur des relevés incomplets de ce qui est considéré aujourd’hui comme des sous-populations de la population des Twin Lakes. L’estimation actuelle de la population des Twin Lakes dépasse celle de 1994 par deux ordres de grandeur, une augmentation qui, selon toute vraisemblance, ne correspond pas à une croissance réelle de la population.

Deux ou trois populations historiques n’ont pas été retrouvées. Leur taille et leur emplacement exacts sont inconnus. Si elles sont disparues, on pourrait conclure à une diminution importante de l’aire de répartition du Phlox speciosa au Canada. Il est toutefois possible que ces populations historiques existent toujours.

Normalement, la taille des populations de Phlox speciosa ne devrait pas varier considérablement d’une année à l’autre, puisque l’espèce est vivace.

Si l’on se fie à l’information contenue dans les herbiers, il semblerait que l’aire de répartition canadienne du Phlox speciosa ait toujours été assez restreinte. Cela peut être en partie attribuable aux exigences écologiques de l’espèce.

Le Phlox speciosa est rare dans le centre-sud de la Colombie-Britannique, mais il semble répandu dans le nord-ouest de l’Amérique du Nord (Douglas et al., 1999; Hitchcock et Cronquist, 1973).

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