Boa caoutchouc (Charina bobttae) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Biologie

Reproduction

La période de parade nuptiale et d’accouplement commence dès la sortie de l’hibernation, en mars ou en avril, et se poursuit généralement jusqu’au début ou au milieu de mai. La femelle donne naissance, fin août ou début septembre, à 2 à 8 petits dont la taille varie de 180 à 280 mm (St. Clair, 1999; Dorcas et Peterson, 1998; Hoyer et Stewart, 2000a). Chez des boas caoutchoucs d’Oregon, on a calculé un poids relatif de la portée de 0,360, valeur qui se situe dans la plage établie pour d’autres serpents nord-américains de petite taille (Hoyer et Stewart, 2000a). Les femelles ne produisent probablement pas une portée tous les ans (peut-être seulement tous les 4 ans; Hoyer et Stewart, 2000a), et il est possible qu’elles ne réussissent pas à porter leur progéniture à terme les années où les températures sont assez basses pour provoquer un ralentissement du développement embryonnaire (Dorcas et Peterson, 1998). Ainsi, un été anormalement frais en Idaho, des femelles ne sont pas parvenues à maintenir leur température corporelle aussi élevée que dans les années normales, tout en fréquentant le même micro-habitat, et leurs embryons n’étaient pas complètement développés à la fin de la période normale de développement. Deux femelles gravides capturées et maintenues en captivité ont avorté, et l’une d’elles est morte au printemps suivant (Dorcas et Peterson, 1998). Chez la population de la vallée de Creston, on a observé deux portées vivantes, une de 4 et l’autre de 6 petits, et une portée morte de 4 petits (St. Clair, 1999).

Physiologie

Le boa caoutchouc est souvent signalé comme l’un des serpents du Canada le plus tolérant au froid. Cette affirmation demande toutefois à être nuancée. Il est vrai que le boa caoutchouc est actif à des températures plus basses que la majorité des reptiles étudiés à ce jour (plage de 6 °C à 28 °C). Cependant, on a observé, de jour, une préférence pour une température corporelle de 30 °C chez la population de la vallée de Creston (St. Clair, 1999) et de 31 °C chez des individus d’Idaho (Dorcas et Peterson, 1998). En outre, les données recueillies sur le rapport entre la température et le développement embryonnaire indiquent que le potentiel de reproduction et la répartition de l’espèce sont peut-être limités par les basses températures (Dorcas et Peterson, 1998). L’activité du boa caoutchouc à de basses températures constitue peut-être un compromis entre l’avantage de se nourrir la nuit, pendant que ses prédateurs sont moins nombreux à chasser, et le coût d’être actif à des températures qui ne sont pas les plus favorables (Dorcas et Peterson, 1998).

En Idaho, on a établi que la température corporelle d’individus en hibernation se situait entre 4 et 9 °C et ne variait pas de plus de 0,3 °C à l’intérieur de 24 heures. Par ailleurs, des femelles gravides parvenaient à maintenir leur température corporelle entre 27 et 34 °C en remontant se réchauffer à la surface durant le jour puis en redescendant au fond d’anfractuosités rocheuses ou se regroupent pour passer la nuit. Elles ne pouvaient évidemment pas maintenir leur température corporelle aussi élevée lorsque la température du milieu était très basse (Dorcas et Peterson, 1998). Le boa caoutchouc maintient généralement la température de sa tête à 2 ou à 3 °C au-dessus de celle de son corps, sauf lorsque cette dernière est supérieure à l’optimum de 30 ou de 31 °C (Dorcas et Peterson, 1997).

Déplacements et dispersion

On sait peu de choses sur les déplacements et la dispersion du boa caoutchouc. La population de la vallée de Creston hiberne tout près des lieux qu’elle fréquente l’été. Un individu a parcouru une distance de 1,5 km en une semaine pour gagner son gîte d’hibernation, cas possible de retour à un gîte préféré (R. St. Clair, données inédites).

Alimentation et relations interspécifiques

Dans toute son aire de répartition, le boa caoutchouc se nourrit principalement de rongeurs et d’insectivores au nid, mais il peut manger occasionnellement des lézards et des œufs de lézards, des chauves-souris, de jeunes lapins et de petits oiseaux (Hoyer, 1974; Hoyer et Stewart, 2000b). Les individus de petite taille (de 144 à 268 mm) préfèrent les œufs de squamates et les lézards, tandis que les plus gros (de 352 à 711 mm) délaissent les œufs et augmentent leur menu d’oiseaux et de mammifères (Rodriguez-Robles et al., 2001). Le boa caoutchouc utilise le bout arrondi et dur de sa queue pour distraire les parents ou se défendre contre eux lorsqu’il s’attaque à une portée de petits mammifères (Hoyer et Stewart, 2000b). Aux États-Unis, l’espèce compte parmi ses prédateurs le Grand Corbeau (Corvus corax), la Buse à queue rousse (Buteo jamaicensis), le raton laveur (Procyon lotor) et la couleuvre à collier (Diadophis punctatus) (Hoyer et Stewart, 2000b).

Survie

Serpent à longévité élevée, le boa caoutchouc vit souvent de 20 à 30 ans dans la nature et plus encore en captivité (Hoyer, 2001). Dans une étude effectuée en Oregon, moins de 10 p. 100 des captures étaient des jeunes, ce qui peut signifier que le potentiel de reproduction de l’espèce est faible, que le taux de survie chez les jeunes est faible, ou encore que les jeunes ont un comportement différent de celui des adultes les rendant peu susceptibles d’être capturés (Hoyer, 1974). Les blessures graves (cicatrices profondes, bout de la queue manquant) sont plus fréquentes chez les femelles que chez les mâles. Comme elles sont de plus grande taille que les mâles, et aussi pour la reproduction, les femelles ont probablement besoin de plus grandes quantités de nourriture pour leur croissance et doivent donc consacrer plus de temps à la recherche de nourriture. Par conséquent, elles ont plus souvent à se défendre contre des mammifères dont elles cherchent à manger les petits.

Comportement et adaptabilité

Comme il se nourrit la nuit et qu’il recherche le couvert de débris lorsqu’il sort de terre, le boa caoutchouc est rarement aperçu. L’animal se laisse manipuler, et on ne connaît aucun cas de morsure. Cependant, si on le manipule trop brusquement, il sécrète une substance malodorante (Hoyer, 2001). Des populations peuvent s’établir près d’habitations ou de lieux d’activité humaine, à la condition toutefois qu’il y ait des débris ligneux grossiers où l’animal peut se réfugier.

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