Aristide à rameaux basilaires (Aristida basiramea) programme de rétablissement : chapitre 1

1. Information sur l'espèce

Nom commun : aristide à rameaux basilaires

Nom scientifique : Aristida basiramea

Sommaire de l’évaluation du COSEPAC :

Statut du COSEPAC : espèce en voie de disparition

Justification de la désignation : Quelques petites populations isolées et fragmentées trouvées dans de très petits habitats dans des zones peuplées sujettes à d’autres perturbations et pertes d’habitat à cause d’activités comme l’extraction de sable, l’utilisation récréative et l’expansion urbaine.

Présence au Canada : Ontario et Québec

Historique du statut du COSEPAC : Espèce désignée « en voie de disparition » en novembre 2002. Évaluation fondée sur un nouveau rapport de situation.

1.1 Contexte

1.1.1 Description de l’espèce

L’aristide à rameaux basilaires (Aristida basiramea) est une graminée annuelle qui pousse en touffes. Les feuilles sont extrêmement étroites (1 mm) et ont souvent la marge incurvée. Les tiges sont filiformes et atteignent 30 à 60 cm de hauteur. La plante se ramifie à la base mais est peu ramifiée dans sa partie supérieure. Les inflorescences sont grêles, longues de 10 à 20 cm et situées à l’extrémité de tiges dressées. Les glumes (paire de bractées minuscules situées à la base de chaque épillet) possèdent chacune une seule nervure et sont de longueur inégale, la supérieure étant la plus longue. Le lemma, une des deux bractées qui sous-tendent chaque fruit, présente trois arêtes, dont deux arêtes latérales relativement courtes et dressées et une arête centrale plus longue, spiralée à la base et divergente (Gleason et Cronquist, 1991). La plante met du temps à se développer : la floraison et la fructification ont lieu entre la fin août et la fin octobre (COSEPAC, 2002).

1.1.2 Répartition mondiale et répartition canadienne

Pour expliquer la répartition disjointe des populations canadiennes de l’A. basiramea, on avance que ces populations seraient les vestiges de climats anciens. Il est également possible, selon certains, que les migrations de peuples autochtones aient influé sur cette répartition. La partie principale de l’aire de répartition est située dans le Midwest, aux États-Unis (figure 1), et moins de 1 % de cette aire se trouve au Canada, où l’espèce ne s’est jamais révélée plus commune qu’elle ne l’est actuellement. Seulement cinq stations de l’espèce ont été découvertes dans le sud de l’Ontario et du Québec, toutes depuis 1975.

La présence naturelle de l’A. basiramea a jusqu’à présent été signalée dans cinq localités canadiennes, dont une dans le sud-ouest du Québec et quatre dans le sud de la région de la baie Georgienne, en Ontario (tableau 1). Une autre population a été découverte en 2001, dans le district de Rainy River, en Ontario (COSEPAC, 2002), mais on estime qu’elle doit y avoir été introduite avec le gravier apporté en vue du repavage de la route, et elle n’a pas persisté (Wasyl Bakowski, comm. pers., 2005, 2006). De plus, aucun milieu naturel correspondant à l’habitat typique de l’espèce n’est présent dans les environs (Michael Oldham, comm. pers., 2005).

Les cotes de conservation suivantes ont été attribuées à l’espèceNote de bas de page 1:

  • G5 à l’échelle mondiale (NatureServe, 2005)
  • N4 aux États-Unis (NatureServe, 2005)
  • N1 au Canada (NatureServe, 2005)
  • S1 en Ontario (Oldham, 1999)
  • S1 au Québec (NatureServe, 2005; Barbeau et Brisson, 2004)

En Ontario, l’aristide à rameaux basilaires a été désigné « espèce en voie de disparition (non réglementée) » sur la liste des espèces en péril de cette province. Au Québec, on a recommandé sa désignation à titre d’« espèce menacée », soit le statut correspondant au risque le plus élevé aux termes de la loi québécoise.


Figure 1. Répartition mondiale de l’A. basiramea

Répartition mondiale de l’Aristida basiramea (voir description longue ci-dessous).

(D’après COSEPAC, 2002)

Description longue pour la figure 1

La carte illustre la répartition mondiale du Aristida basiramea. Elle démontre aussi que la partie principale de l'aire de répartition est située dans le Midwest, aux États-Unis, et moins d'un pourcent de cette aire se trouve au Canada.


1.1.3 Taille et tendance des populations

En automne 2005, on estimait que l’effectif total de l’espèce au Canada était supérieur à 100 000 individus et se situait probablement entre 150 000 et 300 000 individus. À elles seules, quatre des stations réunissent la plus grande partie de cet effectif, et la zone d’occupation totale, pour l’ensemble des stations canadiennes, est d’environ 20 km2 (tableau 1; COSEPAC, 2002; Jones, 2005). La plus grande population canadienne est celle de l’île aux Chrétiens, qui comptait en 2005 plus de 100 000 individus répartis en 15 sous-populations (Jones, 2005). Comme la plupart des stations ne sont connues que depuis 2001, il est encore impossible de déterminer si l’effectif des populations ou la répartition de l’espèce connaissent actuellement des changements. De plus, comme il s’agit d’une espèce annuelle, la taille de ses populations peut grandement fluctuer d’une année à l’autre.

 

Tableau 1. Caractéristiques des stations canadiennes de l’Aristida basiramea
Localité (province) Tenure Nombre de sous-populations et superficie occupéeNote de bas de page a Effectif total (2005)Note de bas de page b
Anten Mills (Ontario) Terrains privés appartenant à 2 ou 3 propriétaires, mais une des sous-populations est protégée par une servitude de conservation depuis 2004. 1 population répartie en 4 colonies en 2002; nombre actuel de colonies inconnu < 100
Île Beausoleil (Ontario) Parc national des Îles-de-la-Baie-Georgienne 1 population, occupant environ 100 × 50 m. > 1 500
Lac Macey (Ontario) Terrains privés qui appartiennent à plusieurs personnes, mais dont une partie a été désignée par la province à titre de zone d’intérêt naturel et scientifique (ZINS). Plusieurs sous-populations. Superficie totale inconnue. > 10 000
Cazaville (Québec) Terrains privés appartenant à de nombreuses personnes; deux des lots sont contrôlés par une municipalité. 6 sous-populations, situées à l’intérieur d’un territoire de 15 km2 > 10 000
Île aux Chrétiens (Ontario) Première Nation Beausoleil : terrains appartenant à la bande et terrains privés. Au moins 15 sous-populations, à l’intérieur d’une superficie d’environ 4 km2 > 100 000


1.1.4 Facteurs limitatifs sur le plan biologique

L’Aristida basiramea est une plante annuelle très tardive, qui fleurit à la fin août et en septembre et fructifie en septembre et octobre. On a déjà avancé que la reproduction de l’espèce est naturellement limitée par la fin de la saison de végétation et que ce facteur climatique pourrait également déterminer la limite nord de la répartition potentielle de l’espèce (COSEPAC, 2002). Au Québec, le climat pourrait constituer un facteur limitatif pour l’espèce, puisqu’il existe dans cette province une abondance de substrats lui convenant, au nord de la station actuelle de Cazaville (Line Couillard, comm. pers., 2005). La perturbation des processus écologiques dont l’espèce a besoin pour maintenir ses populations et coloniser de nouveaux secteurs constitue peut-être aussi un facteur limitatif. Cependant, la disponibilité de milieux convenant à l’espèce est considérée comme le principal facteur limitatif au Canada. Voir la section suivante ainsi que la section 1.1.9 intitulée « Menaces ».

1.1.5 Besoins de l’espèce en matière d’habitat

L’Aristida basiramea a besoin d’un terrain sableux dégagé. L’espèce semble très mal supporter l’ombre ou la compétition d’autres plantes (COSEPAC, 2002). Barbeau et Brisson (2004) signalent que l’espèce préfère les milieux présentant en moyenne 33 % de sol dénudé, avec peu de végétation ligneuse ou herbacée à proximité. L’espèce se rencontre dans des terrains sableux dégagés à sol dénudé, dans des clairières sableuses, dans des champs sableux laissés en jachère ainsi que dans des milieux sableux bordant une route ou un sentier. Le sol de ces milieux est sans doute acide.

Les cinq stations canadiennes de l’A. basiramea se trouvent sur des terrains dénudés sableux constituant les reliques de dunes ou rivages postglaciaires. Selon Barbeau et Brisson (2004), la zone sableuse de Cazaville était à l’origine constituée de forêts de pin blanc (Pinus strobus), et un régime de feux y maintenait probablement des ouvertures dans le couvert, jusqu’à l’époque de la colonisation, durant laquelle les pins ont été coupés et le terrain a été défriché.

Au Michigan, l’espèce a été signalée dans des terrains sableux secs et dégagés (Voss, 1972) et plus particulièrement dans les milieux sableux occupant les ouvertures de forêts ou savanes de chêne (Penskar, comm. pers., 2005). Dans la région des Grandes Plaines, l’espèce a été observée au bord de chemins, dans des pâturages et dans des terrains incultes (McGregor et al., 1986). Ces différentes observations permettent de conclure que l’espèce pousse à la fois dans des milieux naturels et dans des milieux modifiés par les activités humaines.

Les processus naturels de perturbation sont importants pour l’A. basiramea. En effet, la présence de processus écologiques pouvant maintenir des milieux sableux dénudés et dégagés est considérée comme un besoin de l’espèce en matière d’habitat. Dans certaines stations, il se peut que le feu soit nécessaire pour créer et maintenir de tels milieux. Par exemple, depuis des années, la Première Nation Beausoleil effectue un brûlage dirigé chaque printemps dans le terrain où se trouve une des principales sous-populations locales de l’espèce, pour y entretenir un terrain de base-ball, et ce brûlage de faible intensité a permis de maintenir un terrain sableux dégagé d’excellente qualité où peut prospérer l’A. basiramea. Dans le parc national des Îles-de-la-Baie-Georgienne, le feu a déjà joué un rôle dans l’écosystème, mais ce rôle n’a pas encore été établi clairement (Quenneville, comm. pers., 2006). La sécheresse et l’abattage des arbres par le vent pourraient être d’autres processus naturels aidant à garder ces milieux dégagés. Il se peut qu’un rôle semblable soit joué par certains processus opérant sur les rivages, comme l’abrasion glacielle et les fluctuations du niveau du lac.

À l’île aux Chrétiens, plusieurs des endroits où pousse l’A. basiramea ont déjà été des champs labourés. Cependant, on ne sait pas si ce type de perturbation pourrait aujourd’hui créer des milieux convenant à l’A. basiramea, car il est possible que certaines espèces introduites depuis puissent empêcher l’A. basiramea de coloniser rapidement les terrains récemment perturbés.

Autrefois, l’habitat de l’A. basiramea n’était pas nécessairement maintenu en un lieu donné par le feu ou les autres sources de perturbation, mais se maintenait plutôt en demeurant présent dans l’ensemble du paysage. L’habitat de l’espèce est caractérisé par un type de végétation de début de succession qui apparaissait autrefois dans les terrains perturbés puis disparaissait graduellement à mesure que la couverture végétale devenait complète, puis apparaissait à nouveau ailleurs dans le paysage à la faveur d’une nouvelle perturbation. Un régime semblable a été signalé dans le cas de la savane à chêne à gros fruits, à l’île Manitoulin, en Ontario (Jones, 2000). Or, comme la dynamique naturelle qui créait des milieux favorables dans le paysage est peut-être disparue, le rétablissement de l’espèce exigera le maintien des parcelles d’habitat qui existent actuellement.

1.1.6 Description de la « résidence »

Le fait d'endommager ou détruire le milieu immédiat où poussent les individus d'Aristida basiramea aurait pour effet d'endommager ou détruire ces individus eux-mêmes. Par conséquent, il n'est pas nécessaire de décrire la « résidence » de cette espèce pour pouvoir appliquer les interdictions générales aux termes de la Loi sur les espèces en péril.

1.1.7 Rôles écologiques

Le rôle écologique de l’espèce n’a pas encore été étudié. Allred (2001) signale que les cailles et les petits mammifères consomment de petites quantités de graines de la plante. On peut aussi supposer que l’Aristida basiramea peut fournir abri et nourriture à certains insectes se préparant à l’hiver, vers la fin de la saison de végétation. Il se peut enfin que l’espèce joue un certain rôle dans la colonisation ou la stabilisation des terrains secs dégagés à sol de texture grossière.

1.1.8 Importance pour les humains

L’Aristida basiramea est présente dans deux localités où la Première Nation Beausoleil vit depuis un certain temps, l’île aux Chrétiens et l’île Beausoleil. L’hypothèse d’une importance culturelle de l’espèce mérite d’être étudiée, car elle pourrait aider à expliquer l’origine et le maintien des principales populations canadiennes de l’espèce. De plus, l’A. basiramea est présent dans plusieurs lieux ayant une importance culturelle pour la Première Nation Beausoleil.

L’A. basiramea ne présente aucune importance économique connue.

1.1.9 Menaces

La disponibilité de l’habitat est considérée comme le principal facteur limitatif pour l’Aristida basiramea en Ontario. Presque toutes les menaces pesant sur l’espèce (tableau 2) visent en fait son habitat. Or, comme il n’y a que cinq stations connues de l’espèce, toute perte d’habitat est extrêmement grave.

Outre les menaces à l’habitat décrites au tableau 2, il est possible que le changement climatique que connaît la planète puisse affecter l’A. basiramea. On sait que l’A. basiramea pousse dans des milieux très chauds et très ensoleillés, sur des substrats secs fortement exposés. De plus, d’autres espèces poussant dans ces milieux, notamment le Danthonia spicata, présentent des adaptations semblables. Par conséquent, tant qu’on ne connaîtra pas mieux les conditions futures, il sera difficile d’établir si le changement climatique tend à favoriser l’A. basiramea ou à lui nuire.

 

Tableau 2. Menaces pesant sur l’Aristida basiramea et son habitat, avec indication de leur gravité
Menace Anten Mills Île Beausoleil Cazaville Île aux Chrétiens Lac Macey
Caractère limité de l’habitat grave grave faible faible grave
Extraction de sable nulle nulle grave nulle nulle
Succession végétale et absence de certains processus écologiques grave faible faible faible moyenne
Lotissement grave nulle nulle moyenne nulle
Plantation de conifères grave nulle faible faible nulle
Espèces envahissantes faible faible faible grave moyenne
Utilisation de véhicules tout-terrain (VTT) faible nulle moyenne faible moyenne
Pratiques agricoles nulle nulle faible nulle nulle
Dépôt d’ordures grave nulle grave moyenne grave

Sources : Jones (2005); Barbeau et Brisson, 2004; COSEPAC, 2002; observations personnelles de membres de l’Équipe de rétablissement.


Caractère limité de l’habitat

En Ontario, il existe à l’heure actuelle très peu de milieux répondant aux besoins de l’Aristida basiramea, qui ne pousse que dans des terrains sableux dégagés; les communautés végétales associées à ces milieux y sont gravement en péril, et la cote S1 ou S2 leur a été attribuée par le Centre d’information sur le patrimoine naturel (CIPN) de cette province (Bakowsky, 1996). Au Québec, la station de Cazaville se trouve dans la seule grande zone sableuse déboisée du sud-ouest de la province (Barbeau et Brisson, 2004). Des milieux sableux dégagés convenant à l’espèce continuent de disparaître à cause de la suppression des incendies, de la modification des processus opérant sur les rivages, de la succession végétale et de plusieurs autres facteurs, décrits ci-dessous.

Extraction de sable

Les terrains sableux dégagés sont souvent des endroits qui conviennent à l’extraction commerciale de sable. L’exploitation d’une sablière détruit à la fois les plantes et leur habitat, mais les milieux perturbés dégagés ainsi créés peuvent par la suite constituer un habitat pour l’espèce (COSEPAC, 2002). Deux des six sous-populations de Cazaville se trouvent sur des terrains d’où on extrait actuellement du sable (Barbeau et Brisson, 2004).

Succession végétale et absence de certains processus écologiques

La succession végétale, aboutissant à la formation d’un couvert forestier, fait en sorte que des terrains naturellement dégagés finissent par ne plus convenir à l’Aristida basiramea. Normalement, l’habitat de cette espèce ne devrait exister qu’en début de succession végétale, mais un milieu dégagé peut se maintenir de nombreuses années par l’effet du feu, de la sécheresse, des processus riverains (abrasion glacielle, fluctuation du niveau des eaux, etc.) ou d’autres formes de perturbation naturelle. En l’absence de tels processus, la végétation finit par être trop dense pour l’A. basiramea. Des changements liés à la succession végétale peuvent être observés dans toutes les stations.

Lotissement

Un certain degré de perturbation par les activités humaines s’est avéré profitable à l’espèce, en créant des terrains dégagés, mais les travaux de lotissement peuvent endommager ou même détruire l’habitat de l’espèce. La construction d’immeubles et le pavage d’entrées pour les autos éliminent carrément l’habitat de l’espèce. L’aménagement paysager peut recouvrir des superficies de sol dénudé et permettre l’introduction d’espèces envahissantes. L’occupation humaine des zones sableuses a également pour effet d’augmenter les besoins en matière de suppression des incendies. Le lotissement a provoqué la disparition de la plus grande partie de la population d’Anten Mills en 2003 et 2004. Le lotissement pourrait menacer d’autres milieux propices au rétablissement dans le comté de Simcoe, en Ontario, étant donné l’expansion rapide des municipalités voisines de Barrie et de Wasaga Beach. La construction résidentielle pourrait menacer une des sous-populations du lac Macey. Par ailleurs, dans le cadre d’un relevé mené récemment à l’île aux Chrétiens, Jones (2005) a constaté que l’espèce y est modérément menacée par le lotissement ou les activités connexes, particulièrement là où l’A. basiramea pousse dans des terrains dégagés situés dans le village ou à proximité.

Plantation de conifères

Depuis les années 1920, de nombreux programmes ont été entrepris pour stabiliser les sols fortement sujets à l’érosion éolienne et pour améliorer les terrains dénudés. La plantation de conifères, aboutissant à la formation de peuplements fermés, a déjà éliminé des milieux qui auraient pu convenir à l’Aristida basiramea à Anten Mills et à Cazaville (occurrence no 2). Les projets de plantation de conifères constituent toujours une menace à Cazaville, tandis qu’à Anten Mills la croissance des arbres et la fermeture progressive du couvert forestier continuent de réduire la superficie de terrain dégagé (COSEPAC, 2002; Barbeau et Brisson, 2004).

Espèces envahissantes

Plusieurs espèces envahissantes ont déjà été signalées dans l’habitat de l’Aristida basiramea, dont les suivantes :

  • nerprun bourdaine (Rhamnus frangula)
  • pin sylvestre (Pinus sylvestris)
  • centaurée maculée (Centaurea maculosa)
  • mélilot blanc (Melilotus alba)
  • épervière piloselle (Hieracium pilosella)
  • petite oseille (Rumex acetosella)

Ces espèces peuvent envahir rapidement les terrains dégagés nécessaires à l’A. basiramea et y former un couvert végétal. Il convient d’accorder une attention particulière au pin sylvestre, qui se propage rapidement dans les stations du lac Macey et d’Anten Mills (COSEPAC, 2002), à la centaurée maculée, qui domine maintenant la végétation en périphérie de la population du lac Macey (Gary Allen, comm. pers., 2005), et au mélilot blanc, qui se répand à l’île aux Chrétiens (Gary Allen, comm. pers., 2005). À l’île aux Chrétiens, l’épervière piloselle tend à occuper entièrement les espaces libres existant entre les touffes de graminées, ce qui rend inutilisables ces espaces qui seraient autrement très favorables à la croissance de l’A. basiramea (Jones, 2005); il en résulte pour cette espèce une perte importante d’habitat. Selon les connaissances actuelles, les plantes envahissantes pourraient constituer un problème important pour la qualité de l’habitat. Des études sur l’utilité du brûlage et d’autres pratiques pour atténuer les effets des plantes envahissantes sur l’A. basiramea seront envisagées à l’étape des plans d’action.

Utilisation de véhicules tout-terrain (VTT)

L’utilisation modérée des VTT peut aider à garder dégagés les milieux sableux et ainsi procurer à l’espèce un habitat. Cependant, le passage des VTT a également pour effet d’écraser les plantes et d’endommager la végétation. À Cazaville, 4 des 6 sous-populations sont traversées par des pistes de VTT. L’utilisation accrue de ces véhicules, notamment à l’extérieur des pistes, menace à la fois les plantes et leur habitat (Barbeau et Brisson, 2004). On ne connaît pas l’intensité d’utilisation des VTT dans les autres stations de l’Aristida basiramea.

Pratiques agricoles

La plus grande partie de la station de Cazaville est entourée d’exploitations agricoles, et certaines des sous-populations de cette localité se trouvent dans des champs laissés en jachère, ce qui témoigne de l’utilisation passée de ces milieux à des fins agricoles. Une zone qui convenait autrefois à l’espèce a subi des travaux de nivellement et de terrassement en 2003 en vue d’une plantation en 2004 (Barbeau et Brisson, 2004). La zone où se trouve une des principales populations de l’île aux Chrétiens a été utilisée comme terre agricole et comme pâturage dans le passé. Aucune partie de cette zone n’est actuellement utilisée comme pâturage. Cependant, le broutage par le bétail a été considéré comme une menace pour les milieux dégagés naturels, car il favorise parfois l’introduction de mauvaises herbes et une réduction de la fréquence des espèces indigènes (Jones et Jalava, 2005; Reschke et al., 1999). Par ailleurs, bien que le plan d’aménagement officiel du canton de Tiny assure une certaine protection à la station du lac Macey, l’utilisation agricole de ce terrain n’est pas exclue (The Planning Partnership, 2000).

Dépôt d’ordures

On estime souvent, à tort, que les terrains naturellement dénudés sont des terres perdues qui peuvent être utilisées sans discernement. Les gens ne reconnaissent pas à ces terrains sableux la même valeur esthétique qu’aux forêts. Cette erreur de jugement augmente les risques de dégâts ou de destruction d’origine humaine. Il arrive souvent, en particulier, que les terrains dénudés servent de décharges clandestines pour les ordures.

1.1.10 Lacunes dans les connaissances

  1. Les populations découvertes durant l’automne 2005 aux alentours du parc provincial Awenda sont en fait des sous-populations de la station du lac Macey. Cependant, ces découvertes semblent indiquer qu’il pourrait exister d’autres stations de l’espèce dans le sud de la région de la baie Georgienne, notamment dans d’autres îles sablonneuses et dans de petites parcelles de terrain sableux parsemant le paysage de manière aléatoire. Il est vrai que la région a déjà été relativement bien étudiée sur le plan botanique, mais il faut se rappeler que l’espèce a un développement très tardif et ne fructifie pas avant la fin septembre, soit à une époque où les travaux de botanique sont normalement terminés pour l’année. Il y aurait donc lieu de mener un relevé de l’Aristida basiramea dans les milieux convenant à cette espèce, au moment de l’année où elle est le plus facile à détecter.
  2. On ne sait pratiquement rien de la dynamique, des tendances et de la viabilité des populations de l’espèce, particulièrement en ce qui a trait au rôle du réservoir de semences du sol. Comme plusieurs des stations n’ont été découvertes qu’en 2001 et que la plupart n’ont pas été réétudiées, il faudrait recueillir de nouvelles données sur ces populations. Un programme de suivi permettra de combler cette lacune.
  3. Il faudrait aussi mieux comprendre les processus écologiques contribuant à maintenir la disponibilité de milieux convenant à l’espèce. Que faut-il faire pour maintenir la qualité de l’habitat? Le brûlage dirigé est-il nécessaire? Quels sont l’historique et le cycle naturel des incendies dans chacune des stations? D’autres méthodes, plus mécaniques, seraient-elles suffisantes pour dégager le terrain? À l’île aux Chrétiens, le prélèvement et la translocation d’individus feront l’objet d’un suivi, mais celui-ci permettra seulement de commencer à combler cette lacune dans les connaissances.
  4. Les Autochtones disposent-ils de connaissances traditionnelles ou d’éléments de leur histoire qui auraient trait à l’espèce? Il pourrait être utile d’établir s’il existe un lien entre l’utilisation actuelle et passée du territoire par les Autochtones et la répartition actuelle de l’A. basiramea, car une telle étude aiderait à expliquer cette répartition et à déterminer si certaines pratiques d’utilisation des terres favorisent le maintien de l’espèce.

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