Albatros à pieds noirs (Phoebastria nigripes) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 3

Information sur l'espèce

Nom et classification

Nom scientifique

Phoebastria nigripes Audubon 1839

Nom français

Albatros à pieds noirs

Nom anglais

Black-footed Albatross

Nom autochtone

Sk’aay (haïda; Harfenist et al., 2002)

Classification

Classe

-Oiseaux

Ordre

-Procellariiformes

Famille

-Phoebastria

Genre

-Phoebastria

Espèce

-nigripes

La classification suit celle de l’American Ornithologists’ Union (AOU, 2005). En 1839, Audubon a d’abord nommé l’espèce Diomedea nigripes, mais Nunn et al., (1996) a recommandé de rétablir le genre Phoebastria et de reclasser les quatre espèces d’albatros du Pacifique Nord dans ce genre pour résoudre les problèmes de paraphylie au sein de Diomedea. La situation taxinomique officielle de l’Albatros à pieds noirs a été modifiée en 1997 (AOU, 1998; Integrated Taxonomic Information System (ITIS), 2006; NatureServe, 2006).

Noms vernaculaires :

En français, l’espèce porte également le nom d’« albatros à pattes noires » (Service canadien de la faune, 1991). La plupart des synonymes vernaculaires anglais de l’Albatros à pieds noirs viennent des marins. Parmi ces synonymes, qui servent parfois à désigner toutes les espèces d’albatros (Jameson, 1961), figurent « gooney » ou « gooney bird », avec les variantes orthographiques « gony », « goony » et « goonie » (Mayr, 1945; Yocum, 1947; Alexander, 1955; Hatler et al., 1978; American Heritage Dictionary, 2004). Aux États-Unis, l’espèce a également pour noms communs « Black Albatross », « moli » et « ka’upu » (hawaïen) (US Fish and Wildlife Service, 2005a; Hawaii Department of Land and Natural Resources, 2005). En espagnol, le synonyme vernaculaire est « Albátros pata negra (ITIS 2006). En japonais, le terme qui désigne les albatros en général est « aho-dori » (qui signifie « oiseaux fous »), et celui qui désigne l’Albatros à pieds noirs est « Kuroashiahoudori » (Oikonos, 2005).

Description morphologique

D’une longueur de 64 à 74 cm et d’une envergure des ailes de 193 à 216 cm, l’Albatros à pieds noirs est un membre relativement petit de la famille des Diomédéidés (figure 1; Whittow, 1993). La masse corporelle varie de 2 800 à 4 975 g (Whittow, 1993; Nunn et Stanley, 1998; Sibley, 2003; K. Morgan, comm. pers.). Hormis la base du bec, le dessous des yeux, la base de la queue et les tectrices sous-caudales, qui sont blancs, les oiseaux adultes sont entièrement brun sombre (Whittow, 1993; Hyrenbach, 2002). Ce plumage blanc devient de plus en plus étendu jusqu’à l’âge du premier accouplement (c.-à-d. de 5 à 6 ans; Hyrenbach, 2002). La couleur du bec varie de noisette foncé, avec une base noirâtre, à gris noirâtre luisant (Harrison, 1983). Les pattes et les pieds sont noirs. Les oiseaux juvéniles ont un plumage plus foncé que les adultes, et leurs tectrices sus-caudales et sous-caudales sont dépourvues de marques blanches. Les ailes longues et étroites permettent un vol stable (Sibley, 2003). En mer, on peut confondre les Albatros à pieds noirs avec les Albatros à queue courte (P. albatrus) immatures. Toutefois, chez ces derniers, le bec et les pieds sont roses (et non de couleur foncée), la taille générale est plus grande, avec une longueur dépassant de 84 à 94 cm, et l’envergure des ailes est de l’ordre de 213 à 229 cm (Harrison, 1987). Les individus des deux sexes de l’Albatros à pieds noirs se ressemblent, mais les mâles sont généralement plus gros que les femelles, et leur bec est plus long (Rice et Kenyon, 1962a; Whittow, 1993). D’après Warham (1990), le dimorphisme sexuel est tel qu’il est possible de distinguer le mâle de la femelle dans le couple. Les oiseaux qui nichent au Japon seraient plus petits que ceux d’origine hawaïenne (Walsh et Edwards, 2005). 

Figure 1. Albatros à pieds noirs (Phoebastria nigripes). (Photo de L.K. Blight)

Figure 1. Albatros à pieds noirs (Phoebastria nigripes).(Photo de L.K. Blight)

L’Albatros à pieds noirs se reproduit occasionnellement avec l’Albatros de Laysan (P. immutabilis). Les hybrides qui en résultent sont gris perle, à dos gris foncé, à ventre pâle et à bec foncé (Fisher, 1972; Whittow, 1993).

Description génétique

Au cours de la dernière décennie, la disponibilité et le recours à des analyses génétiques ont ravivé une vieille controverse (voir Alexander et al., 1965) au sujet de la classification des Diomédéidés (Nunn et al., 1996; Nunn et Stanley, 1998; Robertson et Nunn, 1998; Penhallurick et Wink, 2004). Bien que le débat se poursuive sur la taxinomie des espèces d’albatros de l’hémisphère Sud (Nunn et al., 1996; Robertson et Nunn, 1998; Penhallurick et Wink, 2004), la monophylie et la reclassification des albatros du Pacifique Nord dans le genre Phoebastria (à partir du genre Diomedea) sont bien soutenues par des données sur la morphologie et le comportement ainsi que par des données issues du séquençage du gène du cytochrome-bmitochondrial (Nunn et al., 1998; Penhallurick et Wink, 2004). D’après les distances entre acides aminés, la séparation du genre Diomedea et du genre Phoebastria s’est produite il y a environ 13,2 millions d’années. Dans le genre Phoebastria, l’Albatros à pieds noirs est une lignée bien distincte puisqu’il a divergé de son parent le plus proche, l’Albatros de Laysan (P. immutabilis), il y a quelque 7,9 millions d’années (Penhallurick et Wink, 2004).

En ce qui concerne les populations actuelles d’Albatros à pieds noirs, l’analyse de l’ADN mitochondrial (gène du cytochrome-b) indique une importante différenciation génétique (ΦST = 0,914; p< 0,0001, d’après 1 000 permutations)entre les oiseaux qui nichent à Hawaï et ceux qui nichent au Japon. Par conséquent, il y a peut-être isolement reproductif de ces 2 populations, et ce, même si les aires de répartition en mer se chevauchent considérablement (Walsh et Edwards, 2005). Aucune autre étude n’appuie cette hypothèse, mais des séquences génétiques de tiques [Argasidés : Carios capensis (Neumann)] vivant sur des Albatros à pieds noirs du Japon et d’Hawaï montrent la possibilité d’un flux génique médié par les albatros entre les populations de tiques dans les sites de ces 2 endroits (Ushijima et al., 2003). Vu les données limitées, il est difficile d’établir l’origine des oiseaux qui visitent les eaux canadiennes, mais une étude de 13 prises accessoires d’une pêche à la palangre en Colombie-Britannique (2002-2003) a déterminé qu’elles étaient toutes des albatros d’origine hawaïenne (Walsh et Edwards, 2005).

Unités désignables

Sans objet.

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