Cimicaire élevée (Cimicifuga elata) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Biologie

Aucune donnée n’a été publiée sur la biologie de la cimicaire élevée en Colombie-Britannique. Par contre, des études ont été effectuées sur les populations des États de Washington et de l’Oregon, où l’espèce est plus abondante, en particulier sur la pollinisation et son rôle dans l’évolution (Pellmyr, 1985; Pellmyr, 1985a; Pellmyr, 1986) ainsi que sur la variation génétique des populations et l’effet de la rareté sur cette dernière (Evans, 1993). On a également étudié les principes actifs d’intérêt pharmacologique que renferment certaines espèces du genre Cimicifuga, surtout en Extrême-Orient (Shibata et al., 1980).

Phénologie

La plante apparaît au printemps, forme ses boutons floraux à la fin du printemps et fleurit entre le milieu ou la fin de juin et la fin de juillet, parfois jusqu’en août. Des expériences menées par Kaye et Kirkland (1994) ont montré que la stratification au froid favorise la germination des graines et que le taux de germination est faible. Les graines de la cimicaire élevée sont lourdes, et on ne connaît aucun agent privilégié de dispersion (Kaye et Kirkland, 1994). Des expériences de croissance sous lumière abondante (Anonyme, 1996) ont donné des sujets reproducteurs en trois ans. Dans des conditions moins favorables, la plante peut mettre six ans pour atteindre le stade de la reproduction. On a rarement observé des sujets en fleurs dans les peuplements forestiers mûrs, alors qu’on a observé des inflorescences bien développées sur des sujets établis dans des lieux dégagés.

Pollinisation

La cimicaire élevée est pollinisée par des bourdons, des abeilles solitaires, l’abeille domestique introduite et des syrphidés. Ses fleurs sont également visitées par des coléoptères et de petites mouches butineuses (Pellmyr, 1986). Evans (1992) a observé sur les fleurs de la cimicaire élevée plus d’abeilles solitaires que toute autre espèce de pollinisateur. Cette plante n’est ni adaptée à la pollinisation croisée, ni attrayante pour les pollinisateurs, et elle est autofertile. Les fleurs ne produisent pas de nectar et sont, par conséquent, peu butinées. De plus, la corolle n’est pas voyante et ne présente aucune marque pouvant guider les pollinisateurs ni aucune structure servant à appliquer le pollen sur le corps des butineurs. Toutes ces caractéristiques indiquent plutôt une tendance à l’autopollinisation (Evans, 1992). Autre indice d’autopollinisation : le nombre de staminodes est réduit (Pellmyr, 1985a); en fait, l’espèce est normalement dépourvue de staminodes (Evans, 1992). En outre, la cimicaire élevée croît dans des milieux où l’on trouve peu d’espèces à fleurs attrayantes et, par conséquent, ne peut tirer profit de façon opportuniste du pouvoir d’attraction des espèces qu’elle côtoie. La géitonogamie, ou pollinisation entre deux fleurs du même sujet, suffit à assurer la fécondation en une seule visite de butineur (Pellmyr, 1986). Par contre, contrairement aux caractéristiques décrites précédemment, le mode de floraison de la cimicaire élevée est favorable à la pollinisation croisée. Les fleurs d’une même grappe ne s’épanouissent pas toutes en même temps, mais de façon séquentielle, ce qui a pour effet de prolonger la floraison et, par conséquent, d’augmenter les chances de pollinisation croisée. Evans (1992) a constaté que la floraison dure de 19 à 47 jours, et que le taux de floraison moyen est de 10 boutons floraux sur 23. Un taux plus élevé ne semble pas augmenter le taux de pollinisation croisée; la densité des fleurs dans la population a probablement une plus grande incidence sur la reproduction (Pellmyr, 1986).

Détails de la page

Date de modification :