Mouette rosée (Rhodostethia rosea) : programme de rétablissement : chapitre 1


1. Contexte

1.1 Évaluation de l'espèce par le COSEPAC

Date de l'évaluation : Avril 2007

Nom commun : Mouette rosée

Nom scientifique :Rhodostethia rosea

Statut selon le COSEPAC: Menacée

Justification de la désignation :Cette espèce est présente au Canada en petit nombre et en très peu d'emplacements. Parmi les menaces qui pèsent sur elle, on compte les perturbations dans certaines aires de reproduction et des modifications dans le régime des glaces et de la neige liées aux changements climatiques.

Présence au Canada : Nunavut, Manitoba

Historique du statut selon le COSEPAC : Espèce désignée « préoccupante » en avril 1981. Réexamen et confirmation du statut en avril 1996. Réexamen du statut : l'espèce a été désignée « menacée » en novembre 2001 et en avril 2007. Dernière évaluation fondée sur une mise à jour d'un rapport de situation.

1.2 Description

La Mouette rosée (Rhodostethia rosea) est une mouette de petite taille qui possède une queue cunéiforme et un collier noir. Durant la saison de reproduction, la poitrine de la Mouette rosée prend une teinte rose vif.

Figure 1. Mouette rosée (Rhodostethia rosea)
© Sa Majesté la Reine du chef du Canada
(Mark Mallory, Environnement Canada).

Figure 1. Mouette rosée © Sa Majesté la Reine du chef du Canada (Mark Mallory, Environnement Canada).

La Mouette rosée se reproduit surtout dans l'Arctique eurasien, mais aussi à quelques emplacements connus au Canada. Elle ne migre pas vers le sud comme la plupart des oiseaux d'Amérique du Nord. Elle semble plutôt se déplacer autour du pôle Nord jusqu'à la bordure de la banquise de la mer de Béring (Alvo et al.,1996).

Le nid peut-être une cavité dans le sol ou un amas de mousse en forme de coupe, ou il peut être situé dans des touffes de carex (Chartier et Cooke, 1980; Macey, 1981). Les œufs de la Mouette rosée sont de couleur olive marquée de taches d'un roux pâle (Ehrlich et al., 1988). Ils mesurent environ 30 mm sur 43-46 mm (Béchet et al., 2000). La couvée compte en général trois œufs, mais elle peut aussi contenir un ou deux œufs. Les deux parents participent à l'incubation (Macey, 1981) qui dure de 21 à 22 jours. Les oisillons effectuent leur premier vol environ 20 jours après l'éclosion (Chartier et Cooke, 1980; Ehrlich et al.,1988). Au Canada, l'éclosion a lieu vers la mi-juillet (Macey, 1981).

1.3 Population et répartition

1.3.1 Situation nationale et mondiale

La Mouette rosée est une espèce arctique dont la répartition est circumpolaire (Macey, 1981). Les lieux de reproduction principaux se trouvent dans le nord-est de la Sibérie (Macey, 1981). Il existe d'autres lieux de reproduction sur l'île de Spitsberg dans l'archipel de Svalbard (Norvège), sur quelques îles du Groenland et dans le nord du Canada (Béchet et al., 2000; Mallory et al., 2006).

Il existe très peu de données sur l'abondance de l'espèce, que ce soit au Canada ou ailleurs dans le monde. La population mondiale de la Mouette rosée, que l'on estime à quelque 50 000 individus adultes (Degtyaryev, 1991), est considérée comme vulnérable ou apparemment non en péril (G3G4). Selon les rapports relatifs oiseaux qui passent par Point Barrow, Alaska, lors de la migration, la population mondiale semble stable (Divoky et al., 1988).

Au Canada, la Mouette rosée a probablement toujours possédé un faible effectif dispersé dans le Bas-Arctique et le Haut-Arctique. Quelques petites colonies forment une population connue totale qui compte entre 0 et 10 couples chaque année. La Mouette rosée est inscrite comme une espèce menacée à l'Annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral et est considérée comme une espèce rare au pays (N2B) (NatureServe, 2004).

1.3.2 Répartition au Canada

On connaît quatre aires de reproduction au Canada : l'île Prince-Charles, au Nunavut, les îles de Cheyne, au Nunavut, une île sans nom dans le détroit de Penny, au Nunavut, et Churchill, au Manitoba (figure 2). Il existe également des observations occasionnelles de la Mouette rosée au sud des lieux de reproduction en Colombie-Britannique, en Ontario, en Nouvelle-Écosse, et à Terre-Neuve-et-Labrador (Macey, 1981).

Churchill

À l'heure actuelle, Churchill est le site de reproduction le plus fréquenté par la Mouette rosée au Canada même si, au cours des dernières années, la reproduction y est devenue sporadique (COSEPAC, en prép.). La présence de l'espèce près de Churchill est observée depuis 1978. La première reproduction a été relevée en 1980, et plus de 10 individus ont fait l'objet d'observations en 1982 (annexe A). Il est difficile d'évaluer la reproduction en raison, d'une part, de l'éloignement de l'emplacement de reproduction actuel de Churchill, et, d'autre part, de la vulnérabilité de l'espèce au dérangement par l'humain. Les ornithologues amateurs et les biologistes ont donc évité de faire des relevés dans ce secteur (B. Chartier, comm. pers.). La Mouette rosée est également observée en compagnie d'autres espèces de mouettes au Prince of Whales Fort National Historic Site, près de Churchill, mais leur reproduction à cet endroit n'a pas été observée.

Figure 2.  Répartition de la reproduction connue de la Mouette rosée (Rhodostethia rosea) au Canada

Figure 2. Répartition de la reproduction connue de la Mouette rosée (Rhodostethia rosea) au Canada
Îles Cheyne

La Mouette rosée s'est reproduite aux îles Cheyne en 1976 et en 1978, et il est possible que l'espèce ait niché à cet endroit pendant plusieurs années. On a observé jusqu'à sept couples de mouettes au cours d'une même année (MacDonald 1978; MacDonald, comm. pers., in Alvo et al., 1996). Aucune mouette n'a été trouvée aux îles Cheyne en 1986 (Alvo et al., 1996), 2002, 2003 ou 2004, et aucun signe de reproduction n'a été relevé durant ces années (Mallory et al., 2006) (annexe A). Toutefois, quatre couples d'oiseaux ont pu être observés à ce site en juillet 2006, et au moins trois d'entre eux nichaient (Mallory et al., 2006).

Île du Prince-Charles et île Air Force Island

On a découvert un seul couple de Mouettes rosées se reproduisant sur l'île du Prince-Charles en 1997 (annexe A) (Béchet et al., 2000). On ne sait toutefois pas si ce couple y avait niché en d'autre temps. Malgré des relevés terrestres et aériens intensifs, aucun autre individu de l'espèce n'a pu être trouvé sur l'île du Prince-Charles et l'île Air Force en 1996 et en 1997, ni durant les relevés aériens effectués au cours des années précédentes (voir Béchet et al.,2000). Il est cependant possible que la Mouette rosée vienne se reproduire régulièrement dans ce secteur car des observations indépendantes, mais non confirmées, de l'espèce ont été faites sur la côte sud-est de l'île en 1984 (Béchet et al., 2000).

Île sans nom du détroit de Penny

Une petite colonie d'environ cinq couples reproducteurs a été trouvée sur une île sans nom du détroit de Penny en juillet 2005 (Mallory et al., 2006), à environ 80 km des îles Cheyne. Cette île n'a accueilli aucune Mouette rosée de 2002 à 2004. L'apparition et la disparition d'oiseaux reproducteurs à certains sites du détroit de Penny laissent supposer que la Mouette rosée dans le Haut-Arctique peut utiliser les colonies de façon intermittente, se déplaçant peut-être pour éviter les prédateurs qui ont repéré les emplacement de nidification.

1.4 Besoins de la Mouette rosée

1.4.1 Besoins biologiques et besoins en matière d'habitat

Habitat de reproduction

La plupart des Mouettes rosées se reproduisent en Sibérie, où l'habitat est constitué de toundra arbustive où on trouve des cariçaies et de nombreux étangs (Densley, 1991). Au Canada, la Mouette rosée se reproduit dans différents types d'habitat. La seule exigence pour la reproduction, apparemment commune à tous les sites, est la présence de nappes d'eau libre comme des lacs, des étangs ou des ouvertures dans la banquise (Macey, 1981). Les terres humides marécageuses situées dans la toundra subalpine et boréale (Blomqvist et Elander, 1981) constituent l'habitat le plus communément utilisé par la Mouette rosée, bien que celle-ci semble aussi apprécier la toundra arctique et les récifs de gravier (Macey, 1981; Béchet et al., 2000; Mallory et al., 2006).

Churchill, Manitoba -- L'emplacement de reproduction de Churchill représente la latitude mondiale la plus méridionale à laquelle la Mouette rosée se reproduit (Chartier et Cooke, 1980). La zone spéciale de protection de Churchill (Churchill Special Conservation Area) a été créée pour protéger les sites de reproduction de la Mouette rosée aux environs de Churchill. L'habitat du site de reproduction initial de la Mouette rosée se composait de buttes couvertes de végétation surplombant de la toundra humide dominée par des graminées ou des carex, de petites mares ou des lacs peu profonds. Ces buttes présentaient un couvert végétal dominé par des graminées, des lichens et des saules (Salix sp.) (Chartier et Cooke, 1980; Macey, 1981; Alvo et al., 1996). Les trois sites de nidification décrits par Chartier et Cooke (1980) se trouvaient près de l'eau, habituellement dans des marais de Carex aquatilis. Cet emplacement de reproduction initial a été  temporairement inondé en 1984, et depuis, la Mouette rosée s'est installée en amont, où elle niche avec la Mouette pygmée (Larus minutus) et la Sterne arctique (Sterna paradisaea) (R. Koes, comm. pers. et B. Chartier, comm. pers.). Aucune route ne permet d'accéder à cet endroit. Il n'existe aucune description de l'habitat du nouvel emplacement de nidification. Ce nouvel emplacement se trouve à l'intérieur des limites de la zone spéciale de protection de Churchill.  Il pourrait y avoir de l'habitat convenable supplémentaire dans les basses terres de la baie d'Hudson (Alvo et al., 1996).

Île Prince-Charles, Nunavut -- À l'île Prince-Charles, le nid se trouvait sur une butte élevée recouverte de mousse et de saules. Le territoire entourant le nid se composait d'un réseau de lacs, de taille moyenne situés dans un secteur de toundra sèche et de gravier où la densité de végétation est faible; le secteur entourant directement le nid était toutefois entièrement recouvert de végétation (Béchet et al., 2000). La Mouette rosée y nichait avec la Sterne arctique (Béchet et al., 2000).

Îles Cheyne dans le détroit de Penny, Nunavut -- La Mouette rosée nichait dans une colonie de Sternes arctiques sur de petits récifs de gravier mesurant environ 400 m de long sur 1 m de haut (MacDonald, 1978).

Île sans nom dans le détroit de Penny, Nunavut -- On a trouvé les nids de la Mouette rosée dans une zone de gravier envahie par de la mousse sur une île de récif de gravier mesurant 3 km de long (Mallory et al., 2006). La Mouette rosée y nichait avec la Sterne arctique et la Mouette de Sabine (Xema sabini).

Oiseaux non reproducteurs en été

Durant l'été, les adultes non reproducteurs et les immatures utilisent les secteurs où il y a de la glace à la dérive dans l'océan Arctique eurasien jusqu'au pôle Nord (Hjort et al., 1997). Plus particulièrement, en bordure de la plate-forme continentale (rebord de la plate-forme continentale) qui associée à la présence d'un grand nombre d'oiseaux en raison de sa productivité élevée résultant de la remontée d'eau chargée de nutriments (Hjort et al., 1997).

Migration

À l'automne, la Mouette rosée effectue un bref séjour dans l'océan Arctique mais celui gèle quelques semaines plus tard, et elle se déplace alors vers l'ouest et le sud en empruntant le détroit de Béring pour passer l'hiver dans la mer de Béring et la mer d'Okhotsk (Degtyarev et al., 1987; Zubakin et al., 1990). La Mouette rosée semble préférer s'alimenter dans la glace qui s'est détachée en bordure de la banquise de l'Arctique parce que ces secteurs sont très productifs, que les proies y sont abondantes et relativement faciles à repérer (Macey, 1981; Alvo et al., 1996; Stirling, 1997).

Régime alimentaire

On sait très peu de choses concernant le régime alimentaire ou le comportement de recherche de nourriture de la Mouette rosée. Dans les lieux de reproduction en Sibérie, la Mouette rosée se nourrit surtout d'insectes et il lui arrive à l'occasion de se nourrir de poissons et de petits mollusques (voir Macey, 1981). Blomqvist et Elander (1981) laissent entendre que les petits poissons et les invertébrés constituent le régime alimentaire de base de la Mouette rosée. En Alaska, la Mouette rosée se nourrissait surtout de morue polaire (Boreogadus saida) (Divoky, 1976. À l'île Prince-Charles, on a observé des individus reproducteurs qui cherchaient leur nourriture en survolant la surface de l'eau ou en marchant le long du rivage; ces oiseaux se nourrissaient peut-être de petits crustacés ou d'insectes (Béchet et al., 2000). À Churchill, on a observé des individus de l'espèce qui ramassaient de petites choses sous la surface de l'eau des étangs et, aux îles Cheyne, on en a observé d'autres qui volaient jusqu'au bord de la banquise pour se nourrir (Macey, 1981). Au cours de l'automne et de l'hiver, la Mouette rosée compte sur la grande quantité de nourriture disponible le long de la banquise. C'est sans doute aussi l'abondance de nourriture qui attire chaque automne une grande population d'oiseaux dans la mer de Tchouktotka (Macey, 1981).

1.4.2 Rôle écologique

On connaît très peu l'écologie de la Mouette rosée et son rôle dans les écosystèmes arctiques. À en juger par son régime alimentaire et ses emplacements de reproduction, on suppose qu'elle joue un rôle semblable à celui de la Mouette de Sabine, de la Mouette blanche (Pagophila eburnea) et de la Sterne arctique. Ces quatre espèces se nourrissent surtout d'invertébrés et de petits poissons, quoique la Mouette de Sabine tend à se nourrir davantage dans les habitats dulcicoles. La Mouette de Sabine et la Sterne arctique migrent toutefois vers le sud durant l'hiver (vers les tropiques ou les latitudes australes plus hautes), tandis que la Mouette blanche et la Mouette rosée sont bien adaptées pour vivre toute l'année dans les régions polaires couvertes de glace. La Mouette blanche et la Mouette rosée se nourrissent vraisemblablement de charogne (surtout la Mouette blanche). Comme il n'existe aucune étude détaillée sur la Mouette rosée, il est impossible de faire un examen plus détaillé de son rôle écologique à l'heure actuelle.

1.4.3 Importance pour l'être humain

La Mouette rosée semble avoir un rôle assez minime dans la vie traditionnelle des Autochtones de l'Arctique canadien (même si la Mouette rosée est la proie des chasseurs autochtones en Alaska; Macey, 1981). Les Inuits récoltent les œufs de nombreuses espèces, dont ceux des mouettes (Priest et Usher, 2004), mais la récolte de cette espèce (adultes et œufs) au Canada est probablement faible. Une Mouette rosée a été prise près de la baie de l'Arctique dans les années 1980, et au printemps 2006, un oiseau adulte a été tué par balle près de Pond Inlet (Mallory, données inédites). Compte tenu du très faible effectif de cette espèce, de sa présence imprévisible et de l'éloignement de ses colonies, la récolte de subsistance a sans doute été négligeable.

Comme il s'agit d'une espèce rare, la Mouette rosée est très importante pour la communauté des ornithologues amateurs (Macey, 1981; Alvo et al., 1996), qui apprécient aussi sa valeur esthétique et sa contribution à la biodiversité.

1.4.4 Facteurs limitatifs

La couverture de glace et les conditions météorologiques jouent probablement un rôle essentiel sur le succès de reproduction et la survie de l'espèce (Stirling, 1997). Les événements météorologiques, comme les inondations et les printemps froids qui se prolongent, peuvent diminuer considérablement la reproduction (Macey, 1981). Par exemple, un gros orage survenu en 1986, en Sibérie, a causé la mort de cinq oisillons sur un groupe de six (Densley, 1988). Même si on ne connaît pas les répercussions du changement climatique sur la Mouette rosée, il est possible que les sites de reproduction privilégiés par l'espèce changent de place.

La faible productivité de la Mouette rosée peut restreindre ses capacités de rétablissement. La Mouette rosée est probablement semblable aux autres espèces arctiques c'est-à-dire il s'agit d'une espèce longévive qui connaît un taux de reproduction lent; par conséquent, les populations se rétabliraient lentement à la suite d'échecs de reproduction répétés (Macey, 1981).

1.5 Menaces

Étant donné que la présence de la Mouette rosée est connue à seulement quatre endroits au Canada et que chacune des populations est très réduite, tout facteur qui influencerait le succès de reproduction ou la survie pourrait avoir de sérieuses répercussions sur la persistance de l'espèce au Canada. Les menaces à la survie de l'espèce sont présentées ci-dessous, par ordre d'importance.

1.5.1 Dérangement par l'humain

Churchill est un endroit très connu des ornithologues amateurs, et la possibilité d'y observer la Mouette rosée contribue à la popularité de Churchill comme destination (Hamel, 2002). Toutefois, le dérangement causé par la présence d'ornithologues amateurs, de photographes et de touristes constitue une menace pour la Mouette rosée au Canada (Macey, 1981). La présence humaine dérange la Mouette rosée et pourrait entraîner une réduction du succès de reproduction. On a constaté l'abandon d'au moins un nid à cause de la trop grande proximité d'un photographe (Alvo et al., 1996). La présence d'ornithologues amateurs à moins de 100 m d'un nid dérange la Mouette rosée (Béchet et al., 2000). C'est pourquoi il est recommandé de ne pas approcher les nids à une distance de moins de 200 m.

L'éloignement des sites de reproduction du Nunavut contribue à la protection des oiseaux. Le site de reproduction initial à Churchill était le site le plus facilement accessible aux humains, mais depuis que l'espèce s'est déplacée plus loin du centre de Churchill, la menace du dérangement par l'humain a diminué. Toutefois, le potentiel de dérangement est toujours présent : il arrive que des hydroglisseurs et des hélicoptères, exploités par des entreprises de tourisme, s'approchent des nids de la Mouette rosée situés aux environs de Churchill (B. Chartier, comm. pers., in Hamel, 2002).

1.5.2 rédation

Les prédateurs connus de la Mouette rosée sont les goélands (Larus spp.), les labbes (Stercorarius spp.), le renard arctique (Alopex lagopus), la belette, et l'ours blanc (Ursus maritimus) (Alvo et al., 1996). En Russie, les goélands et les labbes sont les principaux prédateurs de la Mouette rosée (Densley, 1991) et, dans les îles Cheyne, on soupçonne le Goéland bourgmestre (Larus hyperboreus) de s'attaquer aux oisillons (Alvo et al., 1996).

Les prédateurs auraient été en partie responsables du faible taux de reproduction de l'espèce à Churchill entre 1980 et 1987 (Densley, 1988), et le Goéland argenté (Larus argentatus) constitue, encore aujourd'hui, un élément important affectant les populations de l'espèce qui vivent aux environs de Churchill (B. Chartier, comm. pers.). Le nombre de Goélands argentés dans ce secteur aurait augmenté en raison de la présence d'un grand dépotoir à ciel ouvert qui attire les oiseaux. Au cours des 15 dernières années, le Goéland argenté a commencé à nicher dans des étangs situés sur des îlots, ce qui augmente son succcès car les prédateurs ne peuvent atteindre les emplacements de reproduction (B. Chartier, comm. pers.).

Même si la Mouette rosée et la Sterne arctique partagent des colonies lors de la nidification, il semble que la Mouette rosée soit plus susceptible de subir la prédation par le Goéland argenté. Quand un prédateur les survole, la Sterne arctique quitte rapidement son nid, contrairement à la Mouette rosée qui est plus lente à prendre son envol, ce qui permet au Goéland argenté de repérer l'endroit où se trouvent les œufs et les oisillons (B. Chartier, comm. pers.).

1.5.3 Perte et destruction de l'habitat

La perte et la destruction de l'habitat constituent une menace pour la Mouette rosée. En 1984, le marais Akudlik a été inondé, et tous les sites de nidification utilisés précédemment ont ainsi été  submergés (Gallop, 1984). Une perte temporaire de l'habitat de cette nature peut réduire la reproduction et amener un déplacement des emplacements de reproduction au cours des années suivantes (Hamel, 2002). Le déplacement de l'emplacement de reproduction qui a suivi l'inondation à Churchill et par la suite, l'éloignement plus grand de l'emplacement de la colonie de reproduction expliqueraient en partie le déclin dans les mentions de nids observés depuis 1984 (Hamel, 2002).

Le forage pétrolier et l'élimination des déchets provenant d'activités minières aux haltes migratoires utilisées l'automne sont également des menaces qui pèsent sur l'espèce. Durant la migration d'automne, les Mouettes rosées se rassemblent en grand nombre et deviennent ainsi plus vulnérables aux activités polluantes comme les déversements de pétrole, qui modifient la disponibilité des proies (Divoky, 1988). Bien que cette menace se manifeste généralement à l'extérieur du territoire relevant de la compétence canadienne, elle peut porter atteinte à la population canadienne et mondiale de l'espèce.

1.6 Mesures achevées ou en cours

  • Relevés continus des oiseaux reproducteurs, dont la Mouette rosée, réalisés dans le Haut-Arctique par M. Mallory et G. Gilchrist (de 2002 à 2006).
  • Rapport de situation du COSEPAC sur la Mouette rosée mis à jour par R. Knapton (COSEPAC, 2007).

1.7 Lacunes dans les connaissances

Bon nombre de caractéristiques du cycle biologique de la Mouette rose sont inconnues, et ce, à l'échelle mondiale, notamment le succès de reproduction et celui d'envol, la survie des adultes et des juvéniles, les causes de mortalité, le taux de prédation, la philopatrie aux sites de naissance et de reproduction ainsi que les préférences en matière d'habitat et d'alimentation. De la même façon, il existe très peu de données sur les territoires d'hivernage et les voies migratoires ou sur les effets des conditions météorologiques et du changement climatique sur la survie.

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